Mangez Euterpe!

[euterpe]

Puisses vos langues acerbes et aiguisées lécher de long en large ce nouveau poème. Je ne doute pas un seul instant, d'ailleurs, que plus de la lécher vous la transperciez. Grand bien m'en fasse!


S comme Sec

Ici, on n’aime pas son prochain. Sa qualité : être proche, ou, celui dont on est proche. La personne la mieux placé pour vous trahir. On est toujours trahi par des gens qu’on affectionne ou que l’on estime ; ceux qui nous indiffèrent ne peuvent nous atteindre. Alors on guette, on surveille pour être le premier à frapper. Chaque mouvement doit être identifiable, quantifiable, puis catégorisé selon certains critères détenus par des gens certains.
Si vous ne les règles on vous mettra tranquillement sur le bord de la route et ceux qui ralentiront pour profiter du triste spectacle que vous affichez, vous jetteront de la première jusqu’à la dernière pierre. Celui qui est sur le bord de la route c’est le faible, l’étrange, le différent. C’est naturel, sûrement un réflexe hérité de l’activité du cortex reptilien.
Moi je n’ai pas ce problème : Fou, noir, nabab, éclopé, pauvre, juif, femme, avocat, abruti c’est pareil. Tous ont leur mot a dire. J’ai beaucoup travaillé en sacrifices pour en arriver là. Tu me vois toujours souriant mais... La vie m’a vidé de toute substance. Après tout un sourire c’est juste un bête jeu de neurones qui s’activent pour faire bouger quelques tissus de viande. Tout est parti ! Ma joie, ma haine, ma nostalgie, mon Amour... Mon sol est pourri et traîne une odeur de soufre.
Un désert sans vent, sans dunes, sans rien. Regarde devant néant. A l’ouest des démons énumèrent joyeusement mes péchés... Et qui a envie de rencontrer ses démons ? Même s’ils sont bons on n’est jamais sûr de rien après tout. Je connais leur objectif. Ils voudraient une larme. Je n’ai plus de larmes à verser messieurs désolé. Ca supposerait réhydrater cette terre sèche. Prendre le risque qu’une jeune pousse de vie un peu plus audacieuse que les autres pointes vers le ciel. En quelques temps elle grandirait et me gâcherais ce fabuleux paysage que j’ai mis tant d’années à façonner. Une pousse d’émotion... J’aurais vite fait de la désherber. De toute façon ce n’est qu’un écho lointain. Je ne l’entends plus a présent..
A l’est le soleil emporte ses espoirs dans sa cachette. Au commencement, comme un papillon attiré vers son idylle lumineuse, je m’abandonne à cette chaleur irrésistible qui fait bourdonner tout les sens. La flamme qui va s’éteindre dans ses derniers instants se fait plus éclatante. Je me croyais assez fort pour affronter de face cette beauté ultime, que je serais assez exceptionnel. Je l’ai trop profanée du regard et elle s’est vengée. Mes yeux brûlent, ma gorge est sèche, mes doigts picotent. Aujourd’hui noyé de silence et de lumière je ne peux faire un pas de plus au risque de trébucher. Et derrière... Je ne regarde jamais derrière.
Mon désert n’a qu’une odeur et blesse la figure d’un triste sourire. J’ai préféré enlever les boutures avant de trop souffrir. Quelques femmes ont essayé de planter une graine en moi ; pour créer une forêt qui regorgerait de sentiments inutiles et encombrants. Des naïves, des ambitieuses, des orgueilleuses. Toutes suffoquent tellement j’empeste et se perdent car je suis identique en tout point, sans début ni fin. Qui veut s’aventurer en moi s’en mordra les doigts.
Je ne peux pas voir tout ces beaux grands arbres coupés par ma faute. Moi il n’y a rien à tailler, les gens savent a quoi s’attendre. A la fin de sa vie on fini entouré de souches. A quoi bon ? Pour s’asseoir dessus et s’attrister ? Non je ne pourrais pas vivre entouré de souches.
Tous me dégoûtent. Chacun pour soit et Dieu même pas pour tous ! A force de lire entre les lignes je me suis mis en marge de la marge. Ils savent que ma compagnie est sans détours ni surprises. Je suis sec un point c’est tout. Eux sont tout en ravins, bosses, volcans et prairies, lacs, roses et orties ; en chemins sinueux dans lesquels ils perdent leur temps. Hypocrites ! Ils pensent avoir leur chance dans la course à l’existence. Tous le monde veut devenir quelqu’un et par conséquent tout le monde a droit a sa part de génie. Quitte à broyer les autres sur sa route. L’issue de cette reconnaissance éphémère à pour fin de sombrer dans le désintéressement le plus noir. Une fin en soit pour la plèbe. L’ambition des petites choses nourrit l’égoïsme. Au final on oublie ceux qui nous entourent et qui mériteraient de l’attention. Sacrifier ceux qui nous aiment et écraser les inconnus au profit de son quart d’heure de gloire c’est céder a la facilité. C’est corrompre sa part d’humain contre un moment illusoire.
Tu vois, je ne suis qu’un désert aride sans arbres à couper. Je ne dois rien a personne et je ne m’en porte que mieux. Pas de père de frère ni de soeur, pas plus de mère, non plus d’enfants. Seulement cet arôme de sel qui me suit jusque dans mon sommeil. Je l’entretien car mon objectif est limpide. La vie est si courte et la mort si longue. Même pas un instant comparé a l’immensité du temps. Même pas un grain de sable sur la plage. Le jour où je m’en irai je ne donnerais de regrets à personne. Pas un cri, pas un pleur, pas de souffrance... Que souhaiter de mieux a son prochain?
[...]
Quand la Mort se couchera sur moi me couvrant de son drap étoilé, furtive comme le souffle d’un baiser volé et laissera goutter en moi, a la source de ses lèvres, cette précieuse eau de vie à la saveur d’oubli ; le fumet âpre qui me hante se changera en un parfum de fleurs qui m’emportera pour l’éternité.


PS: Les sujets de poésie ne sont portés que sur deux choses:
L'amour et la mort. Ils sont décliné de toutes les manières du monde, ce sont des raisons universelles. Le reste des broutilles...
"On ne fait pas de bonne littérature avec des bons sentiments"
L'amour est un réflexe instinctif qui pousse l'Homme à la reproduction. Il est un instinct poussé a l'extrême, passionnant et passionné(d'où la perte de raison). Mais c'est trop léger.
La mort, elle, pèse comme une enclume. Insaisissable, incompressible, personne ne sait et personne ne saura, donc milles mondes a imaginer, milles façons d'y goûter, milles raisons d'appréhender... Je trouve ça plus intéressant.
C'était par rapport a une remarque émise sur l'un des textes que j'avais posté. Ou, peut-être que c'est la fatigue qui m'emporte; en tout cas ça sera ça de dit en plus!

[Krystelle]

Ceci n’a rien d’un poème à mes yeux ni même d’un poème en prose. Il y a certes beaucoup d’images dans ce texte, certaines sont d’ailleurs assez suggestives mais je ne retrouve ici ni le rythme, ni les combinaisons de sonorités, ni une réelle expression sensorielle qui me permettrait d’assimiler ces lignes à de la poésie.
Le ton est didactique et sermonneur. Tu prêches ici pour le cynisme et pourquoi pas mais les idées s’emmêlent et rendent la démonstration peu probante.
Ce genre de réflexions sur la vie, la mort, les relations avec son « prochain »… manque généralement de force lorsqu’elles s’appuient ainsi sur des raisonnements en forme de sentences qui s’alignent les unes après les autres et tendent à démontrer le caractère exceptionnel de l’auteur qui se situe en marge d’une pensée qu’il voudrait unique. Finalement tu tombes dans un manichéisme un peu simpliste et même si tout ceci est loin d’être dénué d’intérêt, ces lignes auraient mérité un traitement plus subtil.
D’autre part, quelques phrases heurtent l’oreille, celle-ci par exemple « Je me croyais assez fort pour affronter de face cette beauté ultime, que je serais assez exceptionnel » et certaines maladresses dans l’écriture tendent à montrer que ceci a été expédié peut-être un peu trop rapidement.

[euterpe]

Je ne parles pas dans ce texte. C'est la voix d'un autre c'est pas parce qu'on utilise je que c'est l'auteur qui parle!
[D’autre part, quelques phrases heurtent l’oreille, celle-ci par exemple « Je me croyais assez fort pour affronter de face cette beauté ultime, que je serais assez exceptionnel » ] C'est vrai que ça craint mais j'ai pas accès à la bonne version...
J'imaginais une personne qui n'a un coeur détruit par les Hommes et qui se protège tant bien que mal en guardant de l'Amour pour ces Hommes. C'est ce que je voulais exprimer.

[Sahkti]

L'amour et la mort. Certes.
L'amour, trop léger. Donc allons-y pour la mort. Certes, bis.
On peut parler de la mort de mille façons, dis-tu et tu as raison. Sauf que je trouve ton texte plutôt conventionnel, empli d'idées et de jugements tout faits et de phrases un peu bateaux, soigneusement distillés au milieu d'un texte cynique qui sonne comme une revendication. Mais une revendication de quoi... difficile à dire. Et c'est là que le bât blesse. Le propos ne se distingue finalement pas vraiment des autres, il raconte encore et encore la même chose, avec un ton différent, plus violent, mais le contenu est le même.
Donc la surprise ou l'originalité ne jouent - hélas- pas dans le cas présent et la forme ne me paraît pas suffisamment novatrice ou étonnante pour ramasser le tout (ce qui était le cas dans un autre de tes textes pourtant).
J'aime la puissance et la rage que tu distilles dans ton récit mais c'est noyé par une forme somme toute attendue, c'est dommage (et ce n'est bien sûr que mon humble avis qui vaut ce qu'il vaut, rien de plus)

[Sahkti]

J'imaginais une personne qui n'a un coeur détruit par les Hommes et qui se protège tant bien que mal en guardant de l'Amour pour ces Hommes. C'est ce que je voulais exprimer.

Jésus Christ, par exemple...

[Contenu sponsorisé]