Rapport 34.

[Orakei]

Rapport 34.

Deux heures de train, deux de taxi, deux degrés sur le mercure, deux morts ce soir là à Montpellier.

Elle.
Rien ne bougeait à l'intérieur, c'est ce qui me frappa lors de mon arrivée. Au dehors, il faisait froid, la morte avait acheté un livre d' Henri Michaux très tôt le matin, mais je ne l'ai su qu' après avoir reconnu les corps.

Moi.
La judiciaire avait décampé, j'étais le seul à être en retard, il ne m'avait même pas appelé pour savoir ce qu'il m' étais arrivé. Le salon était jaune, rouge, ocre, sombre. Le sol était tiède. Oui, tiède, les murs aussi, tiède. J'ai pensé qu'il était inquiétant ce pavillon vide, puis j'ai oublié, je me suis endormi sur mes bras croisés, posés sur la table basse, assis en tailleur sur le tapis maculé de poils canins, un air Deutsche Grammophon dans mes oreilles, un peu chaudes. Les morts c'était pour après, le lendemain, je pensais. Il était déjà vingt-trois heures.
Ici je me sentais bien, ici c'était comme si mon lit était fait depuis quinze ans. Ici il était venu chercher le Berreta, dans la cuisine, entre les verres Spider man et les mugs Starbucks Coffee. Oui, ici même où le parquet brûle quand à l'extérieur le bitume gèle. Deux degrés à Montpellier c'est trop froid, trop froid pour être heureux. A deux degrés, il ne manque plus que la pluie pour se flinguer. Enfin c'est à cela qu' ils pensent les Montpelliérains. Eux, ils sont mous et ils ont le sang chaud, ils vibrent sur les pavés, ils fument, il boivent du rosé aux terrasses, il parlent fort, ils sont bourgeois, ils aiment l'art et le Handball. Ils tuent leur voisin quand ils ont froid.

Lui.
Lui se glaça en une seconde. Quand il l' aperçu derrière la baie vitrée. Quand il l' aperçu, sa femme. Elle, Henri Michaux et le voisin. Le voisin qui se délectait de vers adultérins.
Moi, je ne vois pas d'enquête possible, je ne vois que ça.
Elle qui s'écrase d'habitude mais qui baise quand il est en voyage d'affaire, elle qui baise en hurlant du Henri Michaux, elle qui baise avec un autre que lui, elle qui baise en hiver, elle qu'il tua. De sang froid.


Inspecteur Seymour, Paris IIème.

[Kash Prex]

Un style d'écriture spécial, avec des insistances surprenantes : "Le sol était tiède. Oui, tiède, les murs aussi, tiède". Ce passage m'a un peu accroché, on sent que c'est volontaire mais pour autant je n'ai pas trouvé ça agréable. Toutefois le tout est très bien mené, on comprend petit à petit, par bribes d'histoire, et je suis bien rentré dans ta description de la scène. Globalement plutôt bon donc =)

[Invité]

Ce coup si c'est moi qui est totalement tombé sous le charme.
le propos, l'écriture.Le tout me laisse admiratif.
Ce format court te vas bien . Il y a un peu de Kilis (et d'autres) là dedans.
tu as de très bonnes inspirations et modèles.

Enfin c'est à cela qu' ils pensent les Montpelliérains. Eux, ils sont mous et ils ont le sang chaud, ils vibrent sur les pavés, ils fument, il boivent du rosé aux terrasses, il parlent fort, ils sont bourgeois, ils aiment l'art et le Handball. Ils tuent leur voisin quand ils ont froid.

J'aurais fusionné les deux phrases pour atténuer le thème "Montpellierains".
Je te laisse étudier ça.

[ninananere]

Moi aussi, je suis sous le charme. C'est court, ça trace droit au principal, mais moi, j'en redemande... (+ long, un tout petit peu... ?)

[Sahkti]

Orakei, quel plaisir! J'ai beaucoup beaucoup aimé ton texte. Pour son découpage, sa froideur, sa multi-vision et puis ce style détaillé et épuré à la fois, pas simple à manier. Bravo!

[Orakei]

Merci à tous c'est agréable de bonnes critiques... :-)
Panda, je suis d'accord avec toi, cela m'avait posé problème à l'écriture.
Nina, je vais peut-être essayé de pondre un nouveau rapport de l'inspecteur Seymour un de ces jours... ;-)

[Charles]

Moi aussi, j'aime beaucoup ! L'ambiance, le style, l'intrigue ... tout y est. A l'occasion, tu pourrais tenter d'écrire une nouvelle avec cet inspecteur de Montpellier. Je crois que ça pourrait être pas mal du tout !

[lilou]

16 ans! Tu es prometteur. Une ambiance à couper au couteau, un style clair, agréable à lire. J'en redemande.

Lilou

[Lyra will]

J'ai bien aimé, pas adoré parce que pas fan du genre à la base, mais ça se lit bien, l'écriture est fluide. Le dernier paragraphe est très bien !

[Orakei]

cet inspecteur de Montpellier

Non, il est de Paris, il descends en Province pour certaine affaires. Dans le prochain épisode il va à Brest... (voir nouveau fil).

[Krystelle]

Un texte décousu, morcellé dont on reconstitue les pièces pour découvir un puzzle final bien ficellé. Il y a dans ces lignes les prémices d'un style fort et personnel et, s'il reste perfectible, il n'en reste pas moins très agréable à lire.

[Charles]

cet inspecteur de Montpellier

Non, il est de Paris, il descends en Province pour certaine affaires. Dans le prochain épisode il va à Brest... (voir nouveau fil).

Encore mieux alors s'il voyage ;-) J'espère bientôt une enquête à Annecy, vers chez moi ;-)

[Kash Prex]

Annecy ? Je suis de Sallanches... =)

[Charles]

Annecy ? Je suis de Sallanches... =)

Réponse dans le fil "Débats, bill &..." ;-)

[bertrand-môgendre]

Orakei, l'idée d'écrire un scénario, t'a-t-elle déjà traversé l'esprit ? Tes textes fleurent bons les images mises en scène. Tu as les décors, les personnages, l'intrigue.

[Orakei]

Orakei, l'idée d'écrire un scénario, t'a-t-elle déjà traversé l'esprit ? Tes textes fleurent bons les images mises en scène. Tu as les décors, les personnages, l'intrigue.

J'avoue que non mais maintenant que tu me l'as dit, pourquoi pas. Par contre je ne sait pas vraiment m'y prendre, y a t-il des codes, des règles à respecter, comme écrire, qu'est-ce qu'un scénario en fait ? Parceque je ne sais pas en quoi consiste concretement l'écriture d'un scénario ( notes, narration, plan ?????).

Merci Bertrand.

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