Renouveau

[euterpe]

Bon, vu que le poème(?) que j'ai posté semble trop "dense" je propose, avant que j'ailles voir ailleurs si j'y suis, un poème(!) plus aéré(bien qu'il soit de moindre qualité, je crois).

R comme rêve

De la haut, je distingue une montagne étrange.

La nuit m'aspire lentement.

Je descends.

Du sommet d'un mont voisin j'observe ce qui n'était, en fait,

Qu’une colline orgueilleuse.

C'est vrai qu'elle est charmante enroulée dans son écharpe de brume
cotonneuse;

Avec sa face austère qui pétille,

En ça et là, de petites lumières aguichantes.

Une lueur pleine de désespoir attire mon attention.

Je m'approche.

Le scintillement en souffrance émane d'une fenêtre.

Une femme au balcon retient ses larmes.

"Nous nous sommes fait l'un dans l'autre,

Aujourd'hui je ne suis plus qu'une source de malheur,

Pars! Tant que tes jambes te porteront, fuie moi!"

J'entends mais n'écoute pas.

Tout mes sens sont happés par ces deux grandes lunes noires

Qui illuminent sont visage.

Approches toi, va-t-en soulager vos deux âmes blessées.

"Je ne suis venu que pour t'aimer! Que racontes-tu?"

Elle prit une mine horrifiée.

"Non! Arrêtes, tu deviendras semblable à moi! Pars!"

Je n'écoute pas les mots; sa voix et son odeur de femme

M’appelle, me guide et je m'enivre et je me jette.

Une larme insolente de fraîcheur vint se dessiner sur sa joue d'enfant.

"Non!"

Une main titanesque gantée de nuit vint refermer la fenêtre d'une
chiquenaude. Brusquement le gouffre m'envahit.

Laisse-toi aller tranquillement dans ce grand rien,

Dans ce magnifique zéro sans bord.

Au bout de ce temps indéfini, tu finiras sûrement par être noyé de vide…

Est-ce si mauvais?

"Non!"

"Accroches toi!"

Je coule. Je touche le fond du vide,

Me redresse et commence à envisager des solutions pour repasser à
travers ce néant.

Ma pensée fut stoppée net par l'arrivée des spectres.

Ils t'ont encerclé, tu ne peux aller nulle part!

Ah ! Peste à celle qui t'a fait tomber dans ce piège!

Elle m'a avertie mais la déchirure que je porte...

C’est elle le poison et l'antidote. Réfléchis!

Lentement les longues faces molles, qui avaient emprunté,

Leurs sourires à de vilains clowns,

Ouvrirent leurs bouches défaites pour me faire ressentir

Jusque dans ma moelle et mes entrailles

Leur haleine putride.

Des langues hideuses se déroulèrent, puis comme des serpents, ondulent
jusqu'a moi.

Les esprits tournent autour de moi, dodelinant leurs têtes floues et
déconfites.

Les langues, ces boas dégénérés, se sont dressés et dansent,

Maintenant, avec la grâce des épis de blés secoués par le vent d'automne.

Ces créatures diaboliques n'ont pas eu de proie aussi tendre que toi
depuis longtemps.

On t'a jeté dans le vide avec empressement.

" Je suis venu pour l'aimer."

C’est elle le poison et l'antidote.

La source.

Je ne souffre plus.

Maintenant meurs.

Tu n'es plus qu'un résidu de souvenir perdu dans un rêve.

[benedicte]

exagérément noir pour moi avec une profusion de mots qui ne sont là que pour choquer désolée mais ce n'est pas ce que j'aime lire mais ça a peut être une valeur littéraire et là je ne connais pas suffisamment.

[euterpe]

J'aime les gens qui n'aiment pas car ça permet aux autres de se lâcher...
On ne fait plus d'écriture "Lamartinienne" où les bons sentiments "bercent mollement l'imagination". Choquer non pas pour choquer mais pour faire ressentir. Au moins j'aurais la satisfaction d'avoir réussi a produire une petite étincelle (même si elle est un éclat d'ombre) d'intérêt ou même de dégoût. C'est très valorisant pour moi. ;P

[Embruns]

Je ne trouve pas tes mots choquants. Par contre globalement j'ai du mal à rentrer dans ce texte qui ressemble pour moi plus à un conte halluciné qu'à une poésie. C'est très imagé et les images sont noires, de vieux démons intérieurs à têtes de serpents, des odeurs nauséabondes, un endroit maléfique. Malheureusement je trouve que la narration s'apparente plus à une aventure physique, et amène une sorte de "distanciation" vis à vis de ces douleurs qui, il me semble, sont avant tout intérieures. Ton texte parle d'une résignation douloureuse, de sentiments amers.
Pour conclure, de bonnes idées, mais pas convaincu par la narration "pseudo-héroique". Expression à ne pas mal interpréter, j'ai que ça sous la main... :-).
Il est probable que mon interprétation soit bien loin de la tienne, mais après tout, qu'importe.

[mentor]

Moi y a quelques trucs que j'aime bien : c'est les associations improbables de mots en apparences antinomiques, ça doit porter un nom ça, mais ça ne me revient pas.
Style :
Face austère qui pétille
deux grandes lunes noires qui illuminent son visage
le gouffre m’envahit
noyé de vide
Pour le reste, ben je lis ça comme la relation d'un cauchemar assez horrible comme on n'en souhaite à personne, mais ça me touche pas plus que ça.
Un ou 2 expressions par trop galvaudées type haleine putride
Au moins il va faire parler ton texte ! ;-)

[Loupbleu]

Moi y a quelques trucs que j'aime bien : c'est les associations improbables de mots en apparences antinomiques, ça doit porter un nom ça, mais ça ne me revient pas.

C'est un oxymore (ou oxymoron), (dont je suis censé être prêtre, ce qui n'a aucun sens d'ailleurs :-)

[Loupbleu]

Sur le fait qu'on ne fait pas de littérature avec de bons sentiments, je suis plutôt d'accord, mais ça serait bien que tu arrives à en convaincre Gavalda et autres Marc Levy :-). Je rajouterais que ça ne se fait pas non plus avec des mauvais sentiments.

J'ai préféré ce texte à "nouvelle arrivée". Tu manipules directement les images plutôt que des métaphores, ça nous plonge davantage dans ton univers.

Comme mentor j'ai aprécié certaines formules percutantes (le zéro sans bord, qui avaient emprunté leurs sourires à de vilains clowns etc.). Je trouve que tu as ce talent pour ces formules, et moi aussi je n'aime pas trop ces expressions plus usuelles. Je trouve que tu es bien meilleur quand tu innoves !

Concernant le texte, j'ai eu des problèmes avec le choix des temps qui alternent. Je pense qu'il faut mettre tout au passé ou au présent.

Une remarque pour laquelle je veux bien me faire insulter (vieux con me semblerait assez adapté), ce thème "noir fantastique", c'est de ton age. (Je dis ça parce que j'ai déjà lu pas mal de jeunes auteurs traitant de ce thème). Par ailleurs, ce n'est pas inintéressant, ton traitement est original. Ce n'est donc pas un reproche, mais une invitation à tenter d'aborder d'autres thèmatiques, si tu en as envie bien sûr (le noir réaliste si ça te tente ?).

Voilà, un texte qui comporte bien des aspects intéressants, on sent le plaisir des mots, il y a de belles trouvailles, et je pense tu peux l'améliorer (surtout le temps, et les expressions).

[mentor]

Moi y a quelques trucs que j'aime bien : c'est les associations improbables de mots en apparences antinomiques, ça doit porter un nom ça, mais ça ne me revient pas.

C'est un oxymore (ou oxymoron), (dont je suis censé être prêtre, ce qui n'a aucun sens d'ailleurs :-)

ah merci Loup !
Mais oxymore c'est pas un pléonasme ? (occis-mort !)
:-)))
Ouais, je sais, je l'ai pas inventée celle là, je sors...

[euterpe]

Ah oui gavalda! J'ai lu ensemble c'est tout et franchement c'et insipide au plus au point. Tout le bouquin tu te dis "il va se passer quelque chose"... Mais non... Bref...
"ce thème "noir fantastique", c'est de ton age". Euh... Pourquoi? J'ai déjà un petit bout de vie derrière moi pour ne passer pour une ado attardée!

[Sahkti]

Mouais... au risque de te décevoir et de courroucer ton jugement, je dois te dire que je trouve ton texte plat et sans grand relief, comme si tu avais voulu à tout prix mettre de la prose en poésie. Sauf que ce procédé ne marche pas avec tous les mots et que ton texte manque cruellement de liant. Si les idées peuvent plaire (et encore, je les trouve assez convenues en fait, désolée), je regrette que tu ne mettes pas plus de mordant dans ton texte.
Tu es dans l'erreur lorsque tu penses qu'il faut ooposer aéré à dense pour que ton poème plaise enfin. Ce n'est pas (seulement) la longueur et la densité des mots qui comptent mais aussi ce que tu en fais et comment tu arrives à jongler avec eux. Ici, tout cela sonne trop bricolé à mes yeux (mais ce n'est que mon avis, inutile de partir en courant voir ailleurs...) et c'est dommage parce que tu as de temps en temps quelques formules élégantes et bien trouvées, qui sont hélas noyées par tout le reste.

[euterpe]

Je ne fais pas aéré pour les gens. Je l'ai écrit depuis un petit moment et plaire n'est pas mon objectif (surtout a une communauté de 200 personne sur internet ==> n'y voyez aucun "jugement"). Comme tous ici, je crois que notre but est de suciter une émotion pas de plaire à l'un ou à l'autre et je suis désolé que ça ne te parles pas... et de toute façon comme je l'ai précisé dans le fil de présentation, c'est un pet. Je ne l'ai quasiment pas travaillé donc tout est bon à prendre. :-)

Aussi je vois partout le mot liant. Quelqu'un peut-il m'expliquer???

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