Salomé

[Némésis]

Voici donc le premier texte que je me décide à mettre en ligne sur ce forum. A la base c'est la préquelle à une fanfiction que j'ai crée (en lien avec la série "Highlander"), mais objectivement cette histoire se lit parfaitement indépendamment et ne fait pas du tout référence à la série en question.
Il s'agit en fait de la réécriture d'une histoire biblique, celle de Salomé et Jean-Baptiste.

@ noter : Je m'appuie sur l'histoire retranscrite par les écrits bibliques à la base, mais en faisant ma propre version et donc en prenant mes libertés d'avec le récit original. Je n'ai néanmoins pas pu (ou plutôt voulu) faire abstraction complète de la dimension religieuse de l'histoire qui est importante pour expliquer le contexte historique et certaines réactions. Il m'arrive de trouver les récits religieux très barbants mais j'ai fais de mon mieux pour que cela ne soit pas le cas ici
Ce sera surtout dans la parole de Jean Baptiste que subsistera cet aspect de "piété".
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Mes personnages :
- Elissha/Salomé Née vers l'an 04 de notre ère
- Yaokanann , aussi connu sous le nom de Jean-Baptiste selon l'usage latin) Date de naissance inconnue.
- Hérodiade Princesse de Judée, petite fille d'Hérode le Grand, née en l'an 12 avant JC

******
AN 5 DE NOTRE ERE
A une époque où la Judée est sous le contrôle de Rome, Hérodiade, par soif de pouvoir, fait assassiner son époux, Hérode Philippe, homme faible et sans ambition politique. Elle s'enfuit de Rome pour épouser le demi-frère de ce dernier, Hérode Antipas, Tétrarque de Galilée et de Pérée. Ce faisant, elle abandonne sans remord son unique enfant, une petite fille d'un an prénommée Salomé, persuadée que son union avec Antipas lui donnera bien d'autres occasions d'enfanter. Ce dernier répudie sa première épouse, princesse Nabatéenne, pour épouser Hérodiade, princesse à la beauté légendaire.

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AN 29 DE NOTRE ERE, TIBERIADE (actuelle Israël)
La nuit tombait sur Tibériade, capitale édifiée par Antipas près du lac de Galilée en l'honneur de l'empereur Tibère en un temps où les relations avec Rome n'avaient pas encore tourné au conflit sanglant, mais les rues tortueuses de la cité ne désemplissaient pas. Une foule grouillante se pressait à côté des échoppes et des tentes à l'intérieur desquelles marchands et charlatans ventaient à corps et à cris les qualités de leurs produits respectifs. Quelques diseuses de bonne aventure qu'on traitaient de sorcières attendaient au coin des rues dans l'espoir de harponner au passage les voyageurs qui se seraient un peu trop attardés. Une jeune femme enveloppée dans une longue cape sombre et portant un sac de toile sur l'épaule se frayait un chemin dans la ville illuminée par des torches. Hésitante, elle marqua une pause devant un passage étroit et sombre s'enfonçant entre deux pâtés de maisons. Elle finit par s'y engager avec précaution, veillant à ne pas marcher sur le corps d'un ivrogne, endormi en travers de la chaussée. La passage la mena à une petite place où semblaient s'être donnée rendez-vous toute la lie de Tibériade. Les maisons en terre sèche à trois niveaux formant le cadre de cet endroit avaient pour la plupart été abandonnée depuis longtemps et reconverties en auberges qu'il aurait été plus juste de qualifier de vulgaires bouges, où il était peut être plus dangereux de passer la nuit qu'à la belle étoile…

Elle passa la porte d'un de ces établissements, pénétrant sans préambule dans une immense salle occupant tout le rez-de-chaussée, où étaient regroupés dans une proximité malsaine hommes, femmes et enfants… L'ameublement se résumait à quelques banquettes et tables autour desquelles se retrouvait la plupart des artistes et des pauvres de la cité. Certains grignotaient un morceau de pain et une soupe maigre ; d'autres observaient ces derniers d'un œil envieux; d'autres enfin se préparaient à dormir à même le sol, à peine couverts d'une peau de chèvre laminée.

Disposant d'un peu d'argent, la nouvelle venue s'approcha d'une femme et lui demanda si elle pouvait avoir une chambre. Cette dernière lui jeta un regard désapprobateur avant de lancer d'une voix forte et sèche :
- Qu'est-ce qu'une jolie gamine comme toi fait toute seule dans une grande ville comme Tibériade ?!
- Je viens pour… commença-t-elle à se justifier.
Elle se retint d'en dire plus. Révéler qu'on venait de Rome était une très mauvaise idée étant donné les circonstances actuelles : Le simple nom de la cité impériale avait le don d'éveiller méfiance et colère. Quant à avouer qu'on venait de si loin simplement dans le but d'être près de l'homme qu'on aime sans espoir, c'était risquer de se mettre dans une position compromettante. Elle paya donc pour la nuit, remonta un peu son voile et suivit la femme jusqu'à sa chambrette. Une fois au calme, elle retira le voile qui masquait son visage et détacha ses cheveux retenus jusque là en un chignon haut. Elle les libéra en se secouant un peu la tête, plongea ses deux mains dans le broc d'eau qu'on lui avait apporté et entreprit d'ôter la couche de poussière qui s'était collée à sa peau. Elle avait voyagé tout le jour à bord d'une charrette tirée par deux mulets et guidée par une vieille femme qui n'avait cessé de lui vanter la qualité de ses deux fils qui l'attendaient chez elle. Arrivées au domaine, la vieille lui avait proposé l'hospitalité pour la nuit, mais la simple vue des deux fils - deux grands gaillards au regard inquiétant - avait persuadé la jeune fille de filer dès que possible en toute discrétion. Elle avait marché jusqu'à Tibériade, soit une distance de cinq lieux et appréciait le fait d'avoir à présent un toit au dessus de sa tête.

Après qu'elle eut bloqué la porte de sa chambre en tirant le lit tout contre, elle s'allongea dessus et goûta à un peu de repos. Son sommeil, bien que profond, fut troublé au beau milieu de la nuit par un bruit. Elle tourna la tête et observa la poignée de porte tourner dans un sens, puis dans l'autre sans guère de trouble, car elle était parfaitement consciente que voyager seule l'exposait à la convoitise des hommes. Elle s'était habituée à ce genre de situations depuis longtemps et ne faisait confiance à personne d'autre qu'à elle même. L'intrus abandonna au bout de quelques minutes, mais la jeune fille avait eu le temps de jeter un œil par la serrure et de reconnaître le visage de l'époux de la gérante, un visage sur lequel se lisait un mélange de dépit et de désir lubrique inassouvi qui donnait à sa tête un air d'outre gonflée et rouge. Après cela, elle tenta sans succès de retrouver le sommeil. Ce n'était pas tant ce qui venait de se passer qui la maintenait éveillée que la pensée obsédante qu'elle n'avait pratiquement plus d'argent. Elle songea qu'il lui faudrait encore s'exhiber le lendemain pour gagner de quoi se nourrir.

*******
Elle quitta l'auberge avant l'aube avec toutes ses possessions et commença à explorer la cité. Elle savait que l'homme qu'elle aimait était là, quelque part, bien qu'elle ignorât tout du motif de sa présence… La journée passa très vite et même si elle ne progressait pas dans sa quête, elle ne se décourageait pas pour autant et n'envisageait pas une seule seconde s'être trompée. Elle s'occupa une partie de la journée en s'arrêtant le long d'une rue animée, jetant son sac à terre et détachant son voile pour l'étendre devant elle. Après quoi elle se défit de sa cape, dévoilant un corps de danseuse aux muscles fins et allongés. Le soleil accentuait la teinte dorée de son épaisse crinière qu'elle avait réunie en une tresse qui lui tombait sur le côté. Elle portait un caleçon noir typiquement oriental sous une sorte de tunique orientale d'un rouge sombre qui s'arrêtait à mi-cuises. Une ceinture de pendeloques brillantes et légères ceignait sa taille et les longs bracelets qu'elle portait à ses poignets s'accordaient à ses pendants d'oreilles. Ainsi vêtue et parée, elle commença à danser pour gagner de quoi survivre….

Elle amorça par quelques mouvements d'assouplissements, puis se lança dans une chorégraphie qu'elle avait appris longtemps auparavant. Chacun de ses mouvements était contrôlé à la seconde même par son propre corps, sans même qu'elle eut à y penser. Ce faisant, elle aimait observer les réactions autour d'elle. Elle le faisait toujours avec fatalité, persuadée que la nature humaine était la même partout. Et généralement elle trouvait de quoi conforter cette idée. Le regard des femmes n'exprimait que désapprobation hautaine et jalousie refoulée; les hommes eux la dévoraient d'un regard qui la dégoûtait… Nul homme ne l'avait jamais touchée et elle s'était jurée que nul ne la toucherait jamais excepté…
Elle laissa sa pensée suspendue…

Se lançant en avant, elle prit appui sur ses mains - les talons en l'air - et parcourut l'estrade comme un étrange animal, puis s'arrêta, brusquement… Sa nuque et ses vertèbres faisaient un angle droit. Elle tourna la tête en direction d'un autre attroupement. Curieuse par nature, elle se redressa prestement, ramassa ses affaires sous les yeux dépités des passants, récolta un peu d'argent au passage et traversa la foule pour savoir quelle était la cause de ce regroupement.

Elle approcha et, émerveillée malgré elle, murmura :
- Yaokanann…

[Némésis]

Il se tenait debout, au cœur même de la place, conforme à tout ses souvenirs. Revêtu d'une longue robe blanche de berger, il portait un bouc sombre qui accentuait la gravité de l'expression de son visage. Une femme se tenait face à lui. Bien qu'elle fut d'âge mur, elle n'en demeurait pas moins fort belle et dotée d'une prestance étonnante. Ses vêtements et ses bijoux trahissaient une condition élevée. A cet instant précis, son visage reflétait un mélange de colère et de fascination face à celui qu'on appelait de toute part "le prophète et messager de Dieu". Dans son regard à lui ne se lisait qu'une expression froide et calme, mais la façon brusque qu'il eut de la désigner à l'aide de la longue crosse sur laquelle il s'appuyait avait tout de l'acte d'accusation. La femme le foudroya d'un regard noir et s'esquiva rapidement, protégée par un corps de gardes. La jeune fille ne se soucia pas de s'informer sur la situation, elle ne portait d'attention à cet homme, Yaokanann, l'homme pour qui elle avait fait tout ce chemin…

*********
Elle l'avait connu, toute petite, alors qu'il visitait les orphelinats. Elle n'avait que huit ans à l'époque mais son cœur s'était empli d'amour pour lui au cours de cette visite, et cet amour ne l'avait jamais quitté depuis lors… Des années durant, elle avait patienté, persuadée qu'il reviendrait la chercher. Les femmes qui servaient de pseudo-mères aux enfants abandonnés parlaient souvent de cette étrange enfant au regard vague et dont on ne savait jamais ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Ses accès de colères, bien que rares, avaient laissé une trace profonde dans les mémoires. Une anecdote revenait fréquemment dans les discussions qui occupaient leurs jours : Un petit garçon avait attrapé un bébé oiseau. Elle avait réclamé l'animal mais l'enfant l'avait donné à une autre fillette. Elle n'avait rien dit mais s'était approchée un peu plus tard, comme pour caresser l'oisillon. Sans prévenir elle avait arraché l'animal des mains de sa légitime propriétaire et l'avait étouffé d'une main avec un petit sourire, ajoutant en zézayant qu'il avait envie de se reposer.

Avec le temps elle avait semblé mieux contrôler ses émotions mais nul ne lui faisait vraiment confiance. Elle en souffrit et fit de son mieux pour prouver qu'en toute bonne fois elle avait changé. Lasse, elle avait fini par s'en aller tenter sa chance ailleurs.

Croisant la route d'une troupe de danseurs, elle s'était initié à cette pratique par elle même en les observant avec attention. Très douée, ils avaient fini par l'intégrer au groupe et c'est au cours d'un de leurs voyages qu'elle l'avait revu…. Toujours aussi beau et fier, avec son profil d'aigle, ses cheveux bruns légèrement bouclés, ses traits aigus, un peu durs… Le cœur battant, elle ne s'étonna même pas qu'il n'eut pas prit la moindre ride. Elle l'avait approché et lui avait parlé, le cœur prêt à exploser. Il avait répondu à ses questions qu'elle avait habilement formulées pour qu'il s'imagine qu'elle ne s'intéressait qu'à la parole divine dont il était le messager. Ils s'étaient revus le soir même et avaient parlé toute la nuit, et il y avait une telle passion et une telle force dans chacun de ses mots qu'elle s'était sentie comme happée par les croyances qui étaient les siennes.

Il était reparti dès le lendemain sans prévenir qui que ce soit dans une autre ville et elle n'avait pas entendu parler de lui pendant plus d'un an. Persuadée que Dieu était pour quelque chose dans leur rencontre, et qu'ils étaient destinés l'un à l'autre, elle entreprit de le retrouver. Elle quitta la troupe et commença à le suivre dans ses déplacements sans qu'il n'en sache rien. Et c'était ainsi qu'elle avait gagné Tibériade…

*****************
La jeune fille était ignorante de la situation difficile dans laquelle Yaokanann s'était lui même mis. La guerre sévissait depuis des années entre Hérode Antipas et les Romains. Une situation qui rongeait ce dernier, et avait fait de lui un vieillard las et colérique. Son aigreur et ses accès de violence avaient vite lassé sa belle épouse, Hérodiade, qui bien qu'ayant elle aussi subi les atteintes du temps, était encore d'une beauté indéniable. On racontait d'ailleurs qu'elle faisait fréquemment usage de son charme légendaire pour s'attirer les faveurs de beaux soldats.

Un jour, Yaokanann se présenta devant le palais d'Hérode Antipas et demanda à le voir. Le garde lui répliqua en riant qu'il devait être bien effronté pour oser se présenter dans d'aussi pauvres atours à la porte du palais et prétendre à voir le roi. Hérodiade qui passait par là jeta aussitôt son dévolu sur ce mystérieux inconnu au regard flamboyant. Elle descendit les rejoindre et lui demanda qui il était tout en lui adressant un sourire exquis auquel il ne sembla pas prêter attention. Il répliqua qu'on l'appelait Yaokanann en ces terres, mais qu'on le connaissait aussi sous le nom de Jean Baptiste à Rome. Hérodiade, pour avoir vécu là bas, savait qui il était.
- Et toi, sais-tu qui je suis ?! demanda-t-elle d'un ton suave.
- Oui, fit il en reculant un peu, tu es Hérodiade, princesse de Judée, épouse adultère et meurtrière de Hérode Philippe, énonça-t-il de son ton le plus froid.
A ces mots, Hérodiade faillit perdre le contrôle sur elle même.
- Je suis l'épouse du roi Hérode Antipas ! protesta-t-elle vivement, et reine légitime de ce pays, alors surveille ton langage où il pourrait me prendre l'envie d'avoir ta tête comme trophée dans mon palais !
- Tu es une pécheresse, et si je suis là c'est pour dénoncer tes crimes ! Et devant Dieu ton crime est multiple : non seulement tu as tué ton époux et abandonné ton enfant, mais en plus tu as commis le crime d'inceste en épousant ton oncle. Enfin tu as transgressé la loi juive en épousant le demi-frère de ton défunt époux.
- Tais toi vil calomniateur !!! s'exaspéra Hérodiade. Tu ne me connais pas !
- J'en sais suffisamment pour voir que Dieu t'as condamnée comme je le fais aujourd'hui en public. Il t'as punie en rendant stérile cette union contre nature !
- Que veux tu, toi ?!
- Que tu soit répudiée… Et que ton époux respecte de fait la loi divine. Sans quoi vous mènerez le royaume à sa destruction.
La foule alentour s'était rapprochée et commençait à s'inquiéter de ce discours de mauvaise augure. Certains ne voyaient en cet homme étrange qu'un messager du diable, d'autre y voyait une taupe des romains, d'autres enfin partageaient son mépris pour Hérodiade et le soutenaient.

La jeune fille était arrivée alors que la conversation avait pris un ton plus dur. Hérodiade venait de conseiller froidement à Jean-Baptiste de se taire sans quoi il pourrait perdre plus que sa dignité. Après quoi, royale, elle était retournée s'enfermer dans son palais.

Jean Baptiste avait laissé planer un regard dur sur la foule, et ce regard s'était figé sur la jeune fille. Il s'approcha et s'étonna avec une douceur inhabituelle de sa présence en ses lieux :
- Toi ?
Elle baissa la tête.
- Je vais finir par croire que tu me suis s'amusa-t-il, perdant quelques secondes durant de sa légendaire froideur.
- Et tu ne te tromperais pas en supposant cela, avoua la jeune fille en baissant les yeux.
Yaokanann la dévisagea avec encore plus de surprise.
- Allez viens, se décida-t-il en l'entraînant avec lui jusqu'à une échoppe où il lui offrit le premier repas digne de ce nom qu'elle ait eu depuis longtemps.

Une fois dans la taverne, ils parlèrent.
- Quel est ton nom ? demanda-t-il.
Elle leva la tête et murmura qu'à l'orphelinat on lui avait donné le nom d'Elissha.
- Tu es orpheline ?
Elle releva la tête, découvrant avec peine qu'il ne se souvenait pas du jour où, plus de quinze ans auparavant, ils s'étaient croisés dans les couloirs de cet orphelinat insalubre et triste… Elle ne lui en dit pourtant rien, se contentant de hocher affirmativement de la tête.
- Ta parole m'a marquée et c'est pour cela que je t'ai suivi, murmura-t-elle. Tu ne m'en veux pas ?
Yaokanann observa la jeune fille avec attention. Dans ses grands yeux d'un bleu clair se lisait un étrange mélange de tristesse et d'espoir.
- Bien sur que non, répondit-il. Si j'ai pu te toucher par ce que je t'ai dit, tu es la bienvenue. Nous sommes tous de la même famille, celle de dieu.
Elissha leva les yeux au ciel, un peu fatiguée de n'entendre parler que de Dieu. Elle grignota un peu, réfléchissant à la manière d'aborder le sujet qui l'intéressait. Enfin, l'inspiration lui vint :
- Que pense Dieu de l'amour ?
- Dieu est amour, il nous aime tous, se contenta-t-il de répondre
- Alors c'est un sentiment positif ?! insista-t-elle.
- Oui… Tant qu'il ne transgresse pas les lois divine et ne nous conduit pas à commettre de choses qui outrepasseraient la raison.
- Et toi, se lança-t-elle, tu as déjà aimé ?
L'homme resta un instant stupéfait non de la question, mais de la façon innocente dont elle avait été posée. Il n'était pas stupide et savait qu'elle ne lui parlait pas d'amour divin à cette seconde mais d'amour humain, charnel. Il se décida néanmoins à y répondre :
- Oui. Une fois. Reconnut-il sombrement. C'était il y a longtemps, et elle est morte.
Elissha baissa les yeux, à la fois gênée et heureuse de cette révélation. Yaokanann ne la jugerait peut être pas trop durement si elle lui confessait ses sentiments, ayant déjà connu l'expérience de l'amour.
- Et… Crois tu que tu pourrais aimer encore aujourd'hui ?
- Je l'ignore. Il me semble qu'aujourd'hui je ne suis prêt à m'offrir qu'à Dieu.
La jeune fille, obstinée, fit mine de ne pas avoir entendu la fin de sa réponse.

A suivre....

Merci d'avance à ceux qui auront lu ce texte, dites moi si vous avez aimé !^^

[Charles]

Bon, tout d'abord, bienvenue parmi nous.

Je ne connais pas grand chose à la religion en général et encore moins à l'histoire biblique en question donc difficile pour moi d'apprécier la "réécriture"... Donc je suis loin d'être la personne la plus à même de donner son avis sur ton texte. (Ceci étant, je le donne quand même ;-))

Il y a une qualité d'écriture certaine, le style reste classique, linéaire, très narratif et cela colle parfaitement à ce que tu entreprends de raconter. Pour ma part, je ne suis pas trop "client" de ce genre de texte, je trouve que ce n'est pas assez "vivant". Ca manque d'émotion, de dialogue, de vie, d'humour... Voilà, mais je le répète, ça ne vient pas de ton écriture mais je crois plutôt que c'est inhérent au genre "récit biblique/épopée ..." que tu affectionnes. Bref, on a pas les mêmes goûts ;-)

[Aegis]

C'est propre et sobre. Tu as les bases de l'histoire, du personnage etc. C'est plutôt bien en ce sens. Pour la réécriture, j'attends de lire l'ensemble pour donner mon opinion, mais de toute façon tu es libre de réécrire comme tu veux. Tu as tous les droits...
Je crois que ton texte mérite que tu le mûrisse sur le plan de l'expression, pour lui donner plus de personnalité, plus d'effets (selon ce que tu recherches), un style plus "personnel" et moins "neutre": ça peut être le style de la parabole et du conte, ou plus émotionnel dans une tonalité plus dynamique. Mais pour ça, il faut déjà que tu écrives l'ensemble et que tu laisse reposer. Que tu cherches aussi ton écriture (et ça, ça se fait d'année en année)
Sauf si, bien sûr, ton style est celui que tu crois correspondre idéalement à ton propos, celui que tu préfères par dessus tous. Ce qui est aussi ton choix.

Bref, c'est bien... et tous mes encouragements!

[Aegis]

Ah et toutes mes excuses pour mon ton un peu "professoral":p

[Némésis]

Tout d'abord, je vous remercie de vos commentaires à tous les deux !
En ce qui concerne le côté "neutre" et "très narratif" dont vous parlez, c'est en effet un choix personnel. Je voulais écrire ce récit d'un point de vue extérieur et avec un recul qui se sente à la lecture pour donner une certaine distance qu'on ressent généralement dans tout ce qui est récit mythique (à mes yeux en tout cas) ou conte. Mais en dehors de cela j'ai écris d'autres textes dans un style beaucoup plus dynamique ; en fait j'adapte ma façon d'écrire au type de récit que je veux composer et comme tu le suggères Aegis je pensais que celui-ci conviendrait le mieux pour cette histoire.
Pour ce qui est de "laisser reposer" mon texte, je suis tout à fait d'accord sur ce point là. Je le fais avec tout mes textes !

[Invité]

Lu, je suis très loin du sujet mais j'ai apprécié la fluidité de ton écriture.
Je suis impatient de te lire dans un registre autre.

:-)

[Aegis]

En ce qui concerne le côté "neutre" et "très narratif" dont vous parlez, c'est en effet un choix personnel. Je voulais écrire ce récit d'un point de vue extérieur et avec un recul qui se sente à la lecture pour donner une certaine distance qu'on ressent généralement dans tout ce qui est récit mythique (à mes yeux en tout cas) ou conte. Mais en dehors de cela j'ai écris d'autres textes dans un style beaucoup plus dynamique ; en fait j'adapte ma façon d'écrire au type de récit que je veux composer et comme tu le suggères Aegis je pensais que celui-ci conviendrait le mieux pour cette histoire.

Dans ce cas, pour le retravailler éventuellement, tu pourras ajouter quelques effets au niveau du lexique ou de la syntaxe, pour mettre en avant la force du personnage (par exemple quand les personnages se regardent)... Ce qui peut t'aider c'est de voir du côté du pastiche des écritures bibliques ou de contes, réflechir justement sur le côté laconique et équivoque du style.

[mentor]

D’abord, je vais pointiller [du mot pointilleux ;-)] : D’après les dates Hérodiade est née en –12 et Salomé en +4, la maman avait donc 15 ans en se mariant, 16 ans en accouchant, puis elle fait assassiner son mari et va épouser H.Antipas, le tout à 17 ans ? Quelle précocité ! ;-) Mais je veux bien le croire.
Une ch’tite redondance : « un caleçon noir typiquement oriental sous une sorte de tunique orientale »
Et puis quelques petits trucs bien « bateau » comme « Dieu est amour, il nous aime tous », bof ;-)
Sinon ? Ben moi je veux bien la suite de ton histoire, c’est bien écrit, bien construit, pas lourd pour un piastre. Ca ne semble pas très original pour l’instant (avec même une petite impression de déjà lu), mais je suppose et j’espère que tu vas nous faire une suite palpitante ! ;-)
Merci Némésis.

[Sahkti]

Connaissant +/- l'histoire originale, je tiens à te dire que tu l'as rendue beaucoup moins figée et barbante dans ta réécriture et ça, ce n'est pas simple!
Tous les éléments y sont, les bases de l'Histoire, l'importance des protagonistes et le fil conducteur de leur destin.
Je comprends ton choix de ce mode narratif qui te permet de prendre de la distance par rapport au sujet et de raconter tout cela comme pouvaient le faire certains historiens antiques qui relataient les faits de leur époque. Manque peut-être tout de même un peu plus de vivacité par moments, histoire que tout ne se lise pas sur un ton linéaire identique et un peu ronronnant.
N'étant pas une grande fan des textes historiques, je reconnais me lasser assez vite, au bout de quelques pages, donc je ne pense pas pouvoir tenir si c'était plus long ou avec de nombreux autres épisodes; mais je trouve que tu as fait un bon travail de réécriture, vraiment.

[Némésis]

Mentor : En ce qui concerne les dates, il est vrai que ca peut paraître un peu rapide, mais il ne faut pas oublier qu'à cette époque, l'espérance de vie était courte et qu'on marriait les filles très jeunes ! (d'ailleurs l'une des raison c'est que les filles très jeunes sont très fertiles). J'ai fait des recherches mais il n'y a de date de naissance (incertaine) que pour Hérodiade, j'ai donc arrangé les choses à ma façon !

Quant à "Dieu est amour", c'est vrai que j'aurais du approfondir ! ^^ J'ai d'ailleurs trouvé ca qui pourrait être un bon point de départ à un élargissement de la question dans le texte : "Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui" (Première Lettre de saint Jean ) Enfin, bref ca demande plus de recherches c'est juste ^^

Sahkti : Merci d'avoir lu et de tes commentaires !

... raconter tout cela comme pouvaient le faire certains historiens antiques qui relataient les faits de leur époque

C'est exactement ce que je voulais que le lecteur ressente ! ^^

Tout ce que j'ai posté jusque là servait à introduire les persos et l'action, d'où peut être le côté un peut plat ou "ronronnant" comme tu dis, mais je vais faire de mon mieux pour que ca évolue vers un texte plus "actif".

J'ajoute qu'il y a un choix là aussi dans le côté "ronronnant" de la narration, parce que quand je pense "Orient" et "antiquité", je pense à une civilisation où tout est beaucoup plus mesuré au niveau du temps que dans la vie actuelle, et je voulais faire ressentir cette différence de rythme à travers le ryhtme du texte. (je ne sais pas si je suis très claire là lol)

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