"Loin du conte"

Cyprès des souvenirs que nous fredonnerons,
Si proches de nos vies et de leurs deux chaleurs,
Tout près du point limite où ils se confondront,
Là seront les mots dits de notre unique chœur.

Nos pas s'éclipseront loin des sentiers ardus
Les idées souriront à nos fertiles âmes
Adolescents secrets nous serons confondus
Mais rien ne tuera plus l'envol de nous, ma dame

Le silence complice enfouira nos blessures
Ta peau couleur silice appellera ma main
Tes souffrances rosées se fondront dans les mûres
Je viendrai sur tes lèvres te parler de demain

La plaine sera vaste à nos doigts emmêlés.
Tes cils longs et courbés redresseront le ciel.
Les esprits seront calmes et non plus affolés
Là rejaillira l'espoir avec un goût de miel

Chauffés à cette farandole d'escarbilles,
Nos deux corps danseront sous la lumière ombrée
Offerte par le feu. La douceur des charmilles
Scellera cet instant d'une extase sacrée

Le Temps sera ravi de nous savoir si fous.
Arrêtant les pendules il nous rendra hommage.
Du nectar de nos gorges ils nous rendra si soûls
Qu'il en fera, réjoui, notre unique breuvage.

La Terre émerveillée par cet hymen céleste
Nous emportera seuls vers de vierges rivages.
Nous les repeuplerons d'enfants toujours plus lestes
Qui partiront sans nous quand nous n'aurons plus d'âges.

Que vienne notre amour à blesser nos espoirs,
Jamais il ne mourra dans des peines immondes
Et des enfants heureux, dans leur lit, tous les soirs,
Reliront notre histoire avec les yeux du monde

Leurs parents, bienveillants, sècheront leurs tourments
En parlant de nous deux comme on parle des rêves
Mais se demanderont, tout bas, secrètement,
Si ce conte charmant ne vit pas sur tes lèvres

Bon, suis poète maladroit moi alors difficile d'être bon dans la critique, j'essaie tout de même : bien écrit c'est certain, mais un brin trop classique à mon goût, tant du point de vue de la forme que de celle du fond. Ceci n'étant que mon avis.

Superbe ! Jean-Michel Bollinger.
Le fond est romantique à souhait et c’est dit dans une forme harmonieuse, classissique, et bien balancée.
Un vrai beau poème qui a belle allure et du souffle !
Avec un petit goût de démodé qui me réjouis.
Un détail : je me suis demandé pourquoi : « Cyprès » au lieu de : « Si près » ?
Et puis un tout petit « re » de trop !
« Là (re)jaillira l’espoir avec un goût de miel »
Et on pourrait encore chicaner sur :
« Chauffés à cette fa-randole d’escarbilles ».
(Petits détails !)
Vraiment, un très beau poème dans une forme devenue très rare, peut-être parce que très difficile…

La Terre émerveillée par cet hymen céleste
Nous emportera seuls vers de vierges rivages.
Pfiou ! Ca sonne comme si c'était de l'alexandrin ! C'en est ? Ah, oui, mais c'est bien sûr ! ;-) Superbe !
J'y connais rien, non plus, en poésie. Mais je me force. Et je lis toujours à haute voix. Tes phrases balancent bien à l'oreille, à part quelques petits heurts, sans gravité.
Une petite redondance aussi, au début : confondront et confondus, un peu trop proches.
Mais bravo pour ce travail, ça ne doit pas être évident.
;-)

Bienvenue Jean-Michel Bollinger !

je trouve ton poème très habile mais la forme par trop classiqque à mon goût m'empêche d'être émue par son contenu.

Une belle maîtrise de la forme poètique et de la versification, les images sont suggérées avec beaucoup de douceur. Je le trouve très "sucré" ce poème et ce n'est pas pour me déplaire! Néanmoins le coté "désuet" me gène et, tout comme Kilis, ça m'a empéchée d'être réellement touchée. C'est un peu comme si les pieds, la mesure rythmique, les rimes constituaient des barrières, freinaient l'élan émotionnel.
J'ai retenu ce vers, je ne sais pas pourquoi mais il me plait :
"Je viendrai sur tes lèvres te parler de demain "

Merci à vous pour ces remarques toujours pertinentes (je parle des compliments bien sûr ;-)) et en tous points aussi sympathiques que constructives.
J-M

J'aime beaucoup ces deux vers:
Je viendrai sur tes lèvres te parler de demain
La plaine sera vaste à nos doigts emmêlés

Quelques vers me paraissent moins heureux que d'autres:
Si proches de nos vies et de leurs deux chaleurs (le mot chaleur)
Chauffés à cette farandole d'escarbilles (le mot chauffés)
Offerte par le feu. La douceur des charmilles (douceur ou charmilles)
Nous les repeuplerons d'enfants toujours plus lestes (lestes... bof!)

Un poème très classique, chantant, qui se mérite davantage à haute voix qu'à lecture basse. Tu maries élégance, romantisme et classicisme. Un texte d'un autre âge, j'aime bien le rythme que tu lui as donné.

Sahkti a écrit:

Quelques vers me paraissent moins heureux que d'autres:
Offerte par le feu. La douceur des charmilles (douceur ou charmilles)

Je ne dis rien sur toutes les remarques et même j'apprécie cette lecture plus qu'attentive d'un texte qui n'est qu'un petit plaisir d'écriture et ne prétend pas à la perfection ni formelle ni lexicale. En revanche, pour douceur et charmilles, je ne comprends pas bien où pourrait se trouver l'ambiguïté, les charmilles étant par extension un berceau de verdure (selon le Robert 1).
La douceur d'un berceau de verdure...
Scellera etc etc etc...
Où donc me serais-je planté ?
J-M

Il n'est pas question ici de s'être planté ou non Jean-Michel. Mais il me semble que douceur et charmilles mis ensemble, il y a redondance, qui paraît plus forte parce que succédant à la notion de feu. Les charmilles parlent d'elles-mêmes et il me semble, mais ce n'est que mon avis, que la notion de force et de puissance qui se dégage du mot feu aurait gardé toute sa valeur sans l'utilisation de douceur à côté de charmilles.

Pas question de plantage ? Ouf, je suis rassuré.
Merci pour ces explications qui éclairent ta remarque d'un jour nouveau, que je te souhaite d'ailleurs agréable.
J-M