Jeûne à la boulange

…………J’entre, suis pas pressé alors je traîne un peu à regarder de ci de là, à me remplir les narines de fragrances boulangères, avant que de m’approcher de la vendeuse pour poliment lui demander de me refourguer une baguette croustillante, chaude et tout et tout. Et ma baguette, croustillante, chaude et tout et tout, je me la vois déjà prendre en sandwich une tranche de rôti de bœuf froide et saignante, des oignons frais et blancs, quelques rondelles de tomates, des cornichons, le tout sur un lit de mayonnaise, le tout accompagné d’un verre de Tursan 100% du coin.
…………Bref, j’ai déjà les crocs plantés dans ma collation, j’en salive, je suis quasi extatique comme garçon, limite en lévitation cérébralo-culinaire lorsqu’une bonne femme me grille la place et sous mon nez, rafle toutes les baguettes.
…………Je me laisse pas faire, ça en fait pas mal des baguettes et sans doute n’en a t-elle pas besoin d’autant, une de plus, une de moins… aussi, très courtoisement, je lui propose de m’en céder une, que bien sur je paye illico presto. J’insiste, l’encourage à penser que déjeuner seul parce que votre copine — fonction publique oblige — réunionite toute la sainte journée, c’est déjà pas drôle. Sans parler que ça fait dangereusemeent chuter les statistiques de Cosmopolitan… Un monde sans amour… alors se faire retirer le pain de la bouche… Pitié !
…………Sauf qu’elle est accrochée à son téléphone portable, que donc, elle entrave que dalle à mon discours, pire : elle ignore mes suppliques, méprise mes lamentations, poursuis sans ciller sa conversation d’une débilité abyssale, attrape ses baguettes, fait volte-face puis se tire, téléphone toujours scotché à l’oreille :
…………« Et patati et patata, et ceci-cela, patin coufin et blablabla, ihihihihi »
…………C’est pile ici que je remarque qu’elle est enceinte, pile là que je réalise, que je comprends enfin le proverbe : Tant va la cruche « Allo » que bien sûr : elle est pleine, et qu’à la fin : elle se casse »
…………Dommage que ce soit avec mon pain.

Ca sent le vécu à pleines narines !
Le monde est injuste mais tellement savoureux sous ta plume ;-)

Ah Yali ! c'est le proverbe (détourné) qui t'a donné l'idée du texte, ou bien l'inverse ?? :-))
Alors bon, moi justement là j'ai trouvé que l'utilisation de ce proverbe à la fin rabaissait un peu le niveau du texte lui-même, même si ça fait sourire pour finir. Tu comprends ? Mais ce n'est que mon avis à moi tout seul.
Et puis, dis, te connaissant, j'aurais attendu "le tout sur lit de mayonnaise" et non pas "sur UN lit"... :-)))
Sympa en tout cas.

Agréable à lire, vivant, léger. On dirait un truc que n'importe qui aurait pu vivre et raconter en rentrant du boulot. C'est très anecdotique, donc je ne comprends pas trop le "pourquoi" du texte, mais bon, il est pas toujours obligé d'y avoir un "pourquoi" bien profond. C'est un bon divertissement et tu écris bien, que demander de plus?

Ceci dit, cette petite partie m'a un peu dérangé parce que tu répètes deux fois la même formule : "le tout sur un lit de mayonnaise, le tout accompagné d’un verre de Tursan 100% du coin." Je ne crois pas que ce soit absolument nécessaire.

Un bon texte qui fait du bien.

Ça aurait sympa de la part de la boulangère, après avoir entendu tes gentilles suppliques auprès de la femme enceinte affamée, de retirer une baguette du lot et de te la refiler, puisque tu payais illico presto. Y a plus de bon commerçant :((

Une tranche de vie de tous les jours, événement anodin teinté d'un charme particulier parce que raconté par toi, ça fait du bien.

PS: mince, mes certitudes en ont tout de même pris un coup en apprenant que même dans les bleds paumés de France profonde, y a des gens qui restent scotchés au téléphone dans les petites boutiques. Tout fout le camp!!

Un texte croustillant :-) (désolé j'ai pas pu m'empêcher de la faire !)
J'aime la partie gourmande, le proverbe de la fin me ravit !
Par ailleurs, bref, à mon avis c'est un peu trop rapide quelque part, manque peut-être encore un peu d'énervement pour que la fin soit totalement jouissive.

* * *

Hors-sujet en passant :
J'ai pensé en lisant à un passage de scène de boulangerie dans un spectacle de Jean-Jacques Vannier, "l'envol du pingouin", que je trouve par ailleurs excellent. Lui développe une scène de même style jusqu'au surréalisme.

Superbe, surtout le proverbe final, celui-là, c'est du grand art ! Je ne comprenais pas pas ce que venait faire la femme enceinte là dedans... Je te voyais mal changer d'avis sur la dite-personne à cause de son état. Le proverbe final éclair ma lanterne et je me marre !

Je la vois bien ta baguette chaude et croustillante mais pour ce que tu mets dedans par contre, on a pas les même idées de sandwitch ! ;-)

c'est comme ça que je t'aime mon yalinou, à la boulange ou au café, avec ta faim, ta soif qui nous met l'mot à la bouche.
j'en veux encore de l'anecdote si elle ressemble à ça.
Donne m'en encore du quotidien.

J'aime bien cette tranche de vie, c'est vrai que tu sais bien les raconter.
Bon texte !

Savoureux ton petit texte yali! ça donne les crocs, je m'en vais inspecter mes placards...

Un plaisir à lire ! Il est midi passé... la description du sandwich m'a fait saliver!

C'est rapide et efficace (peut être trop rapide?) et le proverbe... Enfin c'est jouissif.

Au plaisir de te relire.

Un morceau de Yali que je n'avais pas commenté ?

Comment cela se fait-il ?

Et, qu'en dire ? Quand la facture textuelle hurle l'évidence.

Sinon que cela donne faim. D'écrire bien sûr.

tu devrais peut etre écrire pour des guides culinaires...je ne vois pas l'interêt d'une anecdote à la boulangerie où de plus il ne se passe rien ,bref on dirai qu'en fait t'as rien à dire mais c 'est peut être là ton propos ..."ne rien dire"...quand à ta plume,que beaucoup semblent apprécier,je trouve qu'elle se veut personnelle voir originale alors qu'elle révèle un grand vide: au final il n'y a aucun fond,pas de besoin de dire quelque chose .Cependant ,c'est comme la pub, ça parle aux gens parceque dans ce quotidien inutile que tu décris tout le monde s'y retrouve...

cheyenne a écrit:tu devrais peut etre écrire pour des guides culinaires...je ne vois pas l'interêt d'une anecdote à la boulangerie où de plus il ne se passe rien ,bref on dirai qu'en fait t'as rien à dire mais c 'est peut être là ton propos ..."ne rien dire"...quand à ta plume,que beaucoup semblent apprécier,je trouve qu'elle se veut personnelle voir originale alors qu'elle révèle un grand vide: au final il n'y a aucun fond,pas de besoin de dire quelque chose .Cependant ,c'est comme la pub, ça parle aux gens parceque dans ce quotidien inutile que tu décris tout le monde s'y retrouve...

Alors là, c'est un petit tricot d'aberrations haut de gamme!
.

cheyenne a écrit:tu devrais peut etre écrire pour des guides culinaires...je ne vois pas l'interêt d'une anecdote à la boulangerie où de plus il ne se passe rien ,bref on dirai qu'en fait t'as rien à dire mais c 'est peut être là ton propos ..."ne rien dire"...quand à ta plume,que beaucoup semblent apprécier,je trouve qu'elle se veut personnelle voir originale alors qu'elle révèle un grand vide: au final il n'y a aucun fond,pas de besoin de dire quelque chose .Cependant ,c'est comme la pub, ça parle aux gens parceque dans ce quotidien inutile que tu décris tout le monde s'y retrouve...

Déjà, je coince sur " quotidien inutile". Tu y mets quoi comme justification ? On ne devrait écrire que sur du mensuel ? Annuel ? Intemporel ? L'écriture devrait, telle le facteur, véhiculer des messages ? Etre utile ? On tombe là dans ce que tu vilipendies : le message publicitaire, qui, lui, est utile voire même utilitaire !
Etre peintre, c'est être capable de bien peindre ( avec des mots ou des pinceaux) quel que soit le motif: ce n'est pas le sujet qui fait l'intérêt d'un texte ou d'un tableau, mais la façon de le traiter.
Et je trouve, là, que c'est bien enlevé, un croquis rapide et vivant, très agréable, à déguster tout chaud !

cheyenne a écrit:c 'est peut être là ton propos ..."ne rien dire"...quand à ta plume,que beaucoup semblent apprécier,

c'est grave, docteur ?

j'imite quelqu'un là, mais je sais plus qui ;-)

Cheyenne, tu me fais penser à cette phrase qu’a eu un critique culinaire de mes amis — si, si — adepte du futile s'il en est, alors que nous finissions notre repas et que la serveuse nous tendait nos cognac avec une froideur réfrigérante :
— Elle, les seules fois où ses doigts fouillent son corps c’est pas pour se donner du plaisir mais pour constater qu’elle saigne.

Yali a écrit:Cheyenne, tu me fais penser à cette phrase qu’a eu un critique culinaire de mes amis — si, si — adepte du futile s'il en est, alors que nous finissions notre repas et que la serveuse nous tendait nos cognac avec une froideur réfrigérante :
— Elle, les seules fois où ses doigts fouillent son corps c’est pas pour se donner du plaisir mais pour constater qu’elle saigne.

Ça me rappelle ce tube Punk:

Ouap Oaup lapidoup
Le pape ne voit plus sa biroute
il ne s'en ai jamais servi
que pour soulager sa vessie.

^)^

Vous avez fini d'être désagréables les un avec les autres? (oui je sais le monde n'est pas tout beau, pas tout blanc...) enfin je veux dire quand c'est pas Yali qui tape sur Euterpe ou le contraire, c'est CHeyenne qui tape sur Yali, et puis de quelle manière! La critique sert à avancer mais elle a aussi ses limites qui sont celle de la bienveillance.

Je ne sais pas si je suis d'accord avec toi, Argon. Si tu veux dire qu'il est souhaitable de faire des critiques dans le but d'aider l'auteur à voir son texte sous un autre angle et non de le rabaisser, je suis absolument de ton avis. En revanche, si tu penses qu'il ne faut pas dire ce que l'on pense si ce n'est pas élogieux, juste pour ne pas faire de vagues, je ne suis pas du tout de cet avis : on est en train de crever du consensus mou, de l'incapacité à prendre position, de l'intolérance de plus en plus grande au moindre débat, de peur que celui-ci ne tourne au conflit, et cette tendance FAIT LE JEU des manipulateurs de tout poil, politiques et autres, qui s'appuient sur la masse molle pour contrer rares les extrémistes qui tentent de s'opposer.
Je crois qu'il est important de prendre ses marques, sans excès d'agressivité, évidemment.
Et ne pas s'identifier à ce qu'on a écrit : on en écrira d'autres, des moins bien et des mieux; c'est pas parce qu'on a fait sous soi un petit texte merdique qu'on doit ni le défendre comme chef d'oeuvre, ni se couvrir de cendres!

Je précise que ce que je viens d'écrire est une généralité et pas destiné à commenter le texte de Yali...donc ne devrait pas se trouver dans ce fil ? ? ?
(j'ai du mal à savoir où doit aller quoi)

Il s'agit, sur ce site, et depuis le début, de dire ce que l'on pense dans les commentaires. Certains ont le droit d'être un peu "désagréables", mais c'est mieux qu'un consensus mou. Disons que c'est notre conception de la bienveillance. Il n'est pas question de trancher sur "qui a raison", mais il n'est pas question de parler d'autre chose que d'un texte et de littérature.

Revenons un peu à la littérature, et à ce qui se joue :

- En effet, il ne "se passe" rien dans ce texte. Le narrateur ne fout même pas une baffe à la nana ou à la boulangère, la femme n'accouche pas comme ça au milieu des croissants, bref, rien... Or, précisément, la littérature est généralement ainsi (il faut lire un peu).

L'écriture ici n'est pas en "vide" mais en "creux".

Ecrire des choses qui "parlent" aux gens, c'est dans un sens, l'objectif.

Bref : Cheyenne, tu as le droit de ne pas aimer ce texte, et de le dire. Il me semble que dans ton commentaire, tu te trompes sur ce qu'est la littérature.

* * *

Voilà, à chacun le droit de ne pas être d'accord, mais de grace, élevez le débat au-dessus d'un soi-disant conflit de personnes...

J'aime bien quand les adages sont détournés ou servent le propos.
C'est très bien fait. bravo.
Quand elles ont un jésus dans la brioche, c'est pain sec et eau.

Petite leçon de savoir-vivre confirmant si besoin était qu'il est indispensable d'aller dans le sens de ce que femme veut.
Parce qu'il est difficile d'écrire sur rien, j'apprécie l'exercice, sobre, posé, bien ficelé.