SCRATCH!!!!

A l'invitation de loupbleu (merci à lui), nous re-postons sur un fil à part notre "chronopoème": un poème conçu pour être lu à haute voix en une minute, avec interruption abrupte à la clé en cas de dépassement. Par écrit l'exercice ne parait pas avoir trop de sens, mais vous jugerez de comment nous sommes arrangés pour contourner la difficulté - pour tricher, quoi, hé hé hé...

Comme l’indique notre nom de guerre, le chronopoème pour nous est absolument contre-nature. C’est pourquoi nous avons d’abord pensé à intituler le nôtre :
« L’hérésie ne mange pas de pain – minute métaphysique. »
(Ou : « ronde minute. »)

Mais après réflexion le titre en est simplement :





Une minute, c’est long
La vie est courte
Talonné par la peur d’être
interrompu
Le temps n’a pas de sens
Pour nous
Mais le néant
D’une minute
interrompue
C’est long
Une minute
Mais la vie
C’est le néant
interrompu
Elle est courte
L’interruption
Courte ou longue
n’a pas de sens
Talonné par la peur d’être
interrompu
Une minute, c’est long
La vie
Dites-moi que vous en avez assez
Le néant
N’a pas de sens
Pour nous
interrompus
D’une minute
à l’autre
Dites-moi que vous en avez assez
du temps
Une brève
Une longue
Un silence
interrompu
Une minute
C’est long
La vie
est courte
Ce néant
interrompu
De paroles
De chansons
interrompues
(Autres temps)
(Autres mœurs)
(Autre langue)
« Repeat
to fade »

Quand on connaît les contraintes on peut trouver ça bien joué. Je trouve ça bien joué, parce que, c'est vrai, la minute peut bloquer le récitant à tout moment sans gros dégâts.
Mais ça me parle pas plus que ça
Bravo pour avoir testé la chose ! ;-)

Je répète et développe un peu la critique faite ailleurs :

C'est tout à fait ça dans l'esprit ! texte en rapport à la contrainte (dit principe de Roubaud pour les experts oulipiens).

J'aime le rythme, les "interrompus", surtout le traitement subtil -peut-être même ironique ?) de la thématique du temps (de l'anachronie ?). Bravo !

Me fait penser à "Merci" de Pennac. Oui, je sais, c'est sans doute pas flatteur, mais voilà l'idée que ça éveille en moi, celle d'un monologue lancinant dont le but est de remplir l'espace et le temps. Exercice pas facile, parce qu'on aurait tendance à dire n'importe quoi, justement, pour remplir. Ici ça a un sens, assez profond, même si pas forcément mis en valeur de la meilleure des manières qui soient.

Il me plait ce petit poème, je viens de le lire à haute voix, et les répétitions ça en jette je trouve ;0)
Des expressions intéressantes, j'aime le "talonné par la peur d'être"

J'aime beaucoup l'idée de jouer avec les contraintes. La manière de méler le fond et la forme est intéressante. Par contre, si la démarche me plait, l'essence même du texte reste assez superficielle; les références au sens du temps et du néant sonnent bien mais un peu creux quand même !