Tigre en papier
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Tigre en papier
Toile d’artères tissées qui ont conquis le ciel, lignes de métro suspendues, files de véhicules glissant sur les entrelacs des rubans de bitume...Des dizaines de kilomètres de pancartes publicitaires défilent au rythme des annonces diffusées nuit et jour sur des écrans géants.
Des tours sans racines toisent l’histoire de notre civilisation aux mâchoires d’argile. Elles ouvrent à coups de griffes les labyrinthes de couloirs qui relient entre elles les construction d’un nouveau culte.
Escaliers mécaniques, myriades d’ampoules, millions d’écrans connectés, milliards d’objets inutiles protégés par des comptoirs rutilants derrière lesquels des hommes et des femmes, à peine sortis de l’enfance, battent le tempo techno d’une logique.
Les prêtres du nouveau culte, jeunes androgynes, héros de mangas incarnés, supplantent les plus anciens au fur et à mesure que le temps les endommage. Et si l’ obsolescence programmée ne consistait pas à faire des machines à l’image de l’Homme mais de faire des Hommes des machines? Je me demande ce que deviennent les vendeurs périmés aux tempes grisonnantes. On n’en voit plus en dehors des boutiques aux devantures d’autrefois. Existe-t-il un hangar aux enchères pour les humains déshumanisés et décrépis ?
Toutes les 20 minutes, deux rames de métro s’arrêtent à la station centrale. Un homme en gilet jaune pousse, tasse, entasse, retient les dizaines de voyageurs qui attendent, les traits tirés sagement rangés les uns derrières les autres.
Au Nord Est, l’avenue qui rejoint la mer borde des ruelles de maisons en bois ancrées au rivage. Sur leurs échasses, elles tournent, virent, se perdent, se brisent, s'arrêtent, égarent l’étranger en excitant sans répit sa curiosité : et après ? et plus loin ? Et par là ?..
Leurs guirlandes de lanternes rouges aux cils jaunes, suspendues aux câbles électriques, font de l’œil. Elles aguichent le passant en trahissant leurs petits temples accrochés à droite des portes de l'intimité.
Errant de l’un à l’autre, engourdis par les vapeurs d’encens, la conscience se réveille au pied d’un temple .
Après avoir gravi quelques marches et fait quelques pas sur une petite esplanade, la porte de l’horizon flanquée de deux colonnes écarlates au toit retroussé, dénude la marée qui se répand onctueuse, parfumée au pétrole et aux immondices.
La tôle ondulée de la baie déhanche des cargos atones. Indifférents aux clapotis de l'âme, quatre pêcheurs jouent au Mah- jong dans la brume du crépuscule. Ciel et eau, évanescents, brouillent chacune des fiches qui claque sur la table en bois.
Des tours sans racines toisent l’histoire de notre civilisation aux mâchoires d’argile. Elles ouvrent à coups de griffes les labyrinthes de couloirs qui relient entre elles les construction d’un nouveau culte.
Escaliers mécaniques, myriades d’ampoules, millions d’écrans connectés, milliards d’objets inutiles protégés par des comptoirs rutilants derrière lesquels des hommes et des femmes, à peine sortis de l’enfance, battent le tempo techno d’une logique.
Les prêtres du nouveau culte, jeunes androgynes, héros de mangas incarnés, supplantent les plus anciens au fur et à mesure que le temps les endommage. Et si l’ obsolescence programmée ne consistait pas à faire des machines à l’image de l’Homme mais de faire des Hommes des machines? Je me demande ce que deviennent les vendeurs périmés aux tempes grisonnantes. On n’en voit plus en dehors des boutiques aux devantures d’autrefois. Existe-t-il un hangar aux enchères pour les humains déshumanisés et décrépis ?
Toutes les 20 minutes, deux rames de métro s’arrêtent à la station centrale. Un homme en gilet jaune pousse, tasse, entasse, retient les dizaines de voyageurs qui attendent, les traits tirés sagement rangés les uns derrières les autres.
Au Nord Est, l’avenue qui rejoint la mer borde des ruelles de maisons en bois ancrées au rivage. Sur leurs échasses, elles tournent, virent, se perdent, se brisent, s'arrêtent, égarent l’étranger en excitant sans répit sa curiosité : et après ? et plus loin ? Et par là ?..
Leurs guirlandes de lanternes rouges aux cils jaunes, suspendues aux câbles électriques, font de l’œil. Elles aguichent le passant en trahissant leurs petits temples accrochés à droite des portes de l'intimité.
Errant de l’un à l’autre, engourdis par les vapeurs d’encens, la conscience se réveille au pied d’un temple .
Après avoir gravi quelques marches et fait quelques pas sur une petite esplanade, la porte de l’horizon flanquée de deux colonnes écarlates au toit retroussé, dénude la marée qui se répand onctueuse, parfumée au pétrole et aux immondices.
La tôle ondulée de la baie déhanche des cargos atones. Indifférents aux clapotis de l'âme, quatre pêcheurs jouent au Mah- jong dans la brume du crépuscule. Ciel et eau, évanescents, brouillent chacune des fiches qui claque sur la table en bois.
soledad- Nombre de messages : 86
Age : 62
Date d'inscription : 04/02/2018
Re: Tigre en papier
Très beau texte, qui donne à voir de façon saisissante le contraste entre deux mondes juxtaposés. L'absence de toute silhouette humaine ajoute encore à la force évocatrice.
Re: Tigre en papier
Il n'y a pas de tigre non plus … quoique ...
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 70
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
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