La mouche

La mouche

Une fenêtre ouverte.
C'est samedi, c'est l'été,
je crois.
Le soleil qui traînaille
sur le mur de ma chambre aux relents de fruits sûrs.
Ils ne sont pas venus,
mais peut-être demain,
demain…

Par la fenêtre une mouche.
Et ce sommeil qui rampe en indien dans ma tête.
Sous ma paupière
des rivages...
Oh, cette mouche encore
sur mon front qui
se gave de  ma sueur.

Il faudra que je songe à bouger l’autre jambe
ou bien que je demande
sur ma peau une main…
Cette chambre petite est déjà bien trop vaste
pour la mouche obstinée.

Dans le couloir, des pas. 
Je vous entends, je vous entends, vous riez,
vous riez de vos vies,
vous parlez de vos vie
et vous vous en allez.
Je n'entends plus
vos pas,
je
n’entends
plus...

Qu’on ferme la fenêtre !

Hellion a écrit:Par la fenêtre une mouche.
Et ce sommeil qui rampe en indien dans ma tête.
Sous ma paupière
des rivages...
Oh, cette mouche encore
sur mon front qui
se gave de ma sueur.

j'imagine la scène et l'énervement quelle peut provoquer

le sommeil qui rampe en indien dans la tête est une belle trouvaille
çà m'arrive souvent

j'ai bien aimé

merci So-Back !


Peut-être convie-il que je précise que ce poème est dédié au jeune Vincent Humbert qui fut victime en septembre 2000 d'un très grave accident de la circulation qui le rendit tétraplégique mais (après plusieurs mois de coma) n'altéra pas pour autant sa conscience ni sa lucidité. Vincent supplia qu'on le laissât mourir, adressant même à cet effet une requête au président Jacques Chirac. Cette mort lui fut finalement consentie grâce au courage de sa mère et à celle d'un médecin qui fut d'ailleurs exposé aux côtés de cette dernière à une procédure pénale criminelle pour empoisonnement.


Durant trois ans, le jeune homme, incapable du moindre mouvement sauf du pouce droit grâce auquel il communiquait, demeura, les yeux cousus, étendu sur son lit d'hôpital…

Magnifique hommage ! Le confinement absolu... mourir doit être doux

Ce poème m'a donné des frissons dans le dos; Je me suis imaginé confiné et impuissant dans mon propre corps.....Brrr
Bravo, c'est ce que l'on demande à un poème, il doit laisser une impression quelle qu'elle soit!

Atouts deux, merci.