Petite digression bucolique...

Des touches, des cascades et des aplats de vert absinthe, malachite et Véronèse. Des strass sur un miroir d’eau et de ciel, des reflets indigo dans le vent quand il court à l’ombre des cyprès, et de l’ambre dans les paumes des feuilles ensoleillées. Les feuillages fins frétillent, les branches lourdes oscillent avec largesse et sérénité, un résineux lourd et massif demeure impassible non sans fierté. De petits esprits volatiles mus par la même inspiration, légers, insouciants, baignent dans le cyan, glissent sur les couleurs et traversent les courants. Des caresses délicates enveloppent les corps de bois rêches, une houle de fleurs odorantes printanières taquine les abords des prés frais, Euros s’engouffre avec vigueur dans les crevasses rocheuses séculaires puis se faufile, apaisé ou peut-être fourbu, entre les branches délicates des cerisiers en fleurs et de leurs pétales fragiles. Sur le sentier bordé de taillis désinvoltes déjà un peu secs, la neige du printemps, des flocons de pollen doux et blancs paressent à tomber, si légers, sur mes épaules et dans mes cheveux. Je parviens à une chute d’eau dévalant quelques gros rochers lisses. Des kyrielles de murmures subtils et de frémissements. Des éclats de citrine émaillent ma vue. Ici les éléments se mêlent allègrement. Théâtre délicat, j’immerge mes pieds nus dans la fraîcheur cristalline, je décris des cercles à la surface, ils bercent les berges graminées. Des pépites d’or flottent dans les rais de lumière. Je ne serais pas surprise d’apercevoir quelque elfe ou farfadet dansant au pied d’un chêne.

Un peu mièvre à mon goût, mais joli, soigné, je ne saurais dire le contraire.

Une remarque :
« des reflets indigos (certes, les noms communs pris comme adjectifs de couleurs ne s’accordent pas, sauf fauve, rose, écarlate, mauve, indigo, pourpre) dans le vent »

Effectivement ça s'emmêle, effectivement c'est délicat, mais pour apercevoir un farfadet, encore faudrait-il que le sujet décrive des reflets dans l'eau, l'eau qui surnaturalise, qui dérréalise toutes ces matières qu'il nous évoque. On laisse encore le lecteur sur la berge, là où un farfadet ne risquerait pas de se montrer.

Je reconnais des qualités à ce texte, mais il est un peu "trop joli" et je trouve que le nombre d'adjectifs plombe le côté léger.
Et c'est Euros ou Eros qui s'engouffre avec vigueur ?

Je rentre de plusieurs semaines de travail, très prenant en temps et en énergie, à tenter de venir en aide à des personnes en souffrance. Sûrement pourquoi j’ai eu envie de tenter une petite parenthèse douce et légère, mais on dirait bien que je suis franchement pas douée pour écrire doux et léger, catharsis oblige, on dirait bien que mon créneau soit plutôt d’un ordre tout autre. Tant pis.

En tous cas, merci beaucoup socque et Enyo.

Pardon coline Dé, je n’ai vu ton message qu’après avoir posté le mien. Je te remercie d’être intervenue.
Euros, c’est le vent du sud-est.
Enyo, j’en profite pour dire que, justement, je voulais que le merveilleux n’apparaisse que dans la dernière phrase, une sorte de crescendo de la féerie de la nature qui aboutit à la féerie surnaturelle en toute fin, une fin comme le début d'autre chose, libre à l'imagination du lecteur. Bon ben c’est loupé d’accord.
Je vous salue chers commentateurs, merci encore d'être intervenus.

J'ai appris quelque chose qui me réconforte : en ce moment je dépense plein de vent du sud-est ! ^^Merci, Titia, c'est beaucoup plus agréable !
Je comprends ton envie de faire quelque chose de doux et léger, et il ne s'en faudrait pas de beaucoup pour que ça le soit : juste supprimer des adjectifs, me semble-t-il...

Zéphyr ça aurait été mieux, un vent printanier, ça correspond au reste, tout le monde comprendrait et en plus ça sonne bien.
PS : méfiance aux bourrasques annoncées d’ici les soldes d’été coline Dé
B(r)ises

J'ai dû mal m'exprimer Titia et je m'en excuse : tu prends le parti du crescendo sur la féerie naturelle aboutissant à du surnaturel en conclusion, et on ne te l'enlèvera pas. Seulement, une touche de sel, poivre, ou autre épice de ta concoction dans ta partie plus naturelle ne serait pas de refus. Voiloute ^^

Oui, une petite touche ou deux de fantastique parsemées un peu avant la fin pour instaurer un certain doute (nature (féerique) ou féerie (de la nature) ?)… Euh, suis pas sûre d’être claire là mais bon je me comprends…