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EXERCICE en direct : mercredi 18 janvier 2006, 21h

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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 20:17

Mots imposés:

aligot
poésie
musique
peignoir
morne
bidule
casquette
orange
bécasse

Lieu: un garage (dedans ou à proximité)

Couleur dominante: cyan

Thème: Vous arrivez dans un endroit où personne ne parle votre langue. Que se passe-t-il?
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Message  Zou Mer 18 Jan 2006 - 20:17

Sahkti, tu peux poster le récapitulatif ?
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Message  mentor Mer 18 Jan 2006 - 20:17

jonjon21 a écrit:
mentor a écrit:
jonjon21 a écrit:
Zou a écrit:Oui, mais ça a un rapport avec le fromage et la purée ?
non, seulement avec les bécasses.
une fricassée de bécasses en purée aligot avec un bourgogne aligoté, hmmmm
Avec du fromage orange!
c'est quoi ce bidule? ;-)

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Message  Loupbleu Mer 18 Jan 2006 - 20:18

Sahkti a écrit:C'EST PARTI, A VOS MARQUES...

Euh... C'est parti quoi où ?
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Message  Jonjon Mer 18 Jan 2006 - 20:18

Sahkti a écrit:Mots imposés:

aligot
poésie
musique
peignoir
morne
bidule
casquette
orange
bécasse

Lieu: un garage (dedans ou à proximité)

Couleur dominante: cyan

Thème: Vous arrivez dans un endroit où personne ne parle votre langue. Que se passe-t-il?

Personne ne parle ma langue? Wow... ça ressemble à ici!
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 20:18

Des questions?

Je vous propose de poster à 22.30 (ou avant).
Nombre de signes variable jusu'à 3000- 3500
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Message  Loupbleu Mer 18 Jan 2006 - 20:19

Loupbleu a écrit:
Sahkti a écrit:C'EST PARTI, A VOS MARQUES...

Euh... C'est parti quoi où ?

Ca y est j'ai compris :-)
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Message  Kilis Mer 18 Jan 2006 - 20:19

que fait-on Sahkti?
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EXERCICE en direct : mercredi 18 janvier 2006, 21h - Page 3 Empty Re: EXERCICE en direct : mercredi 18 janvier 2006, 21h

Message  Kilis Mer 18 Jan 2006 - 20:19

OK vu!
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 20:20

ça vous apprendra à papoter ailleurs pendant que je cause ici
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Message  Loupbleu Mer 18 Jan 2006 - 20:26

Chef, chef j'ai une question !!! Mince ça va être trop tard...
Les mots, on doit les placer dans l'ordre ou dans le désordre ?
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Message  Bluewitch Mer 18 Jan 2006 - 20:28

chut :o)
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 20:30

comme on veut, dans le désordre ça marche, bien sûr!
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Message  Jonjon Mer 18 Jan 2006 - 20:37

Ah! Dieu... pourquoi ais-je dit "cyan"....?
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Message  Bluewitch Mer 18 Jan 2006 - 20:42

parce que ça rime avec chiant
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 20:43

jonjon21 a écrit:Ah! Dieu... pourquoi ais-je dit "cyan"....?
:)))))))))))
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Message  Loupbleu Mer 18 Jan 2006 - 20:44

Bluewitch a écrit:parce que ça rime avec chiant
Pfff si vous commencez à ma piquer mes jeux de mots nuls :-)
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Message  Bluewitch Mer 18 Jan 2006 - 20:47

Loup, si t'étais pas toi, je te gifflerais pour la cause
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Message  Bluewitch Mer 18 Jan 2006 - 21:05

Mon Trésor, c’est un vrai de vrai, un mâle, un viril. Il travaille dans une carrosserie, près de la rue d’Aligot, et quand il vient me voir, sous sa casquette et dans son bleu qu’est plutôt devenu turquoise à force d’être lavé, ça sent l’huile de moteur et l’attente du frais. J’aime ça, cette odeur de mon homme. Vous me direz, c’est pas ce qu’il y a de plus romantique, ni de plus délicat. Mais c’est notre poésie à nous. Celle des marques sur les mains et des ongles un peu sales, quand il me dit qu’il n’ose pas me toucher.
Sauf que, hier, il m’a demandé d’aller l’attendre chez « Bidule », le café tout près du garage. Il m’a dit : « Prend-toi un café et pense à moi, mon amour, comme moi je pense à toi quand t’es pas là et que je dors sur le divan pour pas voir le lit vide. Et quand t’auras bien pensé, j’aurai sûrement fini le boulot et je viendrai te rejoindre. » Et je l’ai fait.
J’ai attendu, en buvant mon jus d’orange et en grattant la nappe cirée plutôt vieillotte du café. Dessus, on voyait une mer bleu vert, une île paradisiaque fanée, effacée du monde par les coups de lavette (*).
En fait, j’avais demandé une « blanche », avec une tranche de citron, et la fille, elle m’avait amené un jus d’orange. Deux fois. J’ai voulu parler plus fort, me disant qu’avec la musique de fond, c’était possible qu’elle n’ait rien compris. Mais non, pas possible, trois jus.
J’ai tenté autre chose, un vin rouge : elle a souri et m’a amené un Fristi, la bécasse ! Je commençais à trouver le temps long et morne, je n’ai plus insisté. Très long, le temps, très morne. Alors j’ai encore un peu attendu.
Puis j’ai pensé qu’il avait beaucoup de boulot, mon homme, qu’il avait pas pu se libérer plus tôt comme promis alors, j’ai voulu lui faire une surprise. J’avais mis une jupe en coton et du bleu sur les yeux. Que pour lui. Si j’attendais encore, le bleu serait parti et la jupe froissée.
Alors je suis sortie, et j’ai marché jusqu’au garage.
C’était presque vide, encore quelques mécaniciens, c’est tout. J’ai demandé où il était, mon trésor, on m’a dit, dans les bureaux. J’y suis allée.
Il était en train de parler avec la secrétaire, une jolie fille toujours bien habillée. Elle portait un petit top moulant, bleu comme ses yeux. Elle m’a vue, et puis lui m’a vue. Il semblait gêné. M’a souri, m’a regardée, n’a plus souri, a souri. C’était bizarre.
- Ah, c’est toi. Désolé pour le retard. J’étais retenu. Pourtant, il fallait bien qu’on parle, tu sais… Ca aurait été mieux que tu m’attendes là-bas, enfin… pour parler. Parce qu’ici, c’est moins…
- On peut rentrer chez moi et parler, mon chéri ?
- En fait, c’est que…
C’est là que j’ai commencé à ne plus rien comprendre. Il me parlait quelle langue, mon homme ? Cette histoire d’évolution, d’incompréhension, de rencontre, que nous, ça n’était plus pareil, qu’il fallait réfléchir, changer, prendre du recul, se laisser du temps, trop vite, trop lent… Vraiment, non, je ne comprenais pas ce qu’il me racontait.
C’est seulement quand elle m’a regardée que j’ai compris quelque chose. Qu’à côté d’elle j’étais aussi élégante qu’une mémé en peignoir, que j’ai senti mon ventre trop flasque, mes mains trop moites, mes lèvres trop sèches. Tout.
Ca oui.
Mais lui, je ne l’ai pas compris. Et vous ?



(*) Vous savez bien: torchon. ;o)
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Message  mentor Mer 18 Jan 2006 - 21:22

.
Aéroport de Kingston. Tarmac brûlant. Ca se sent même à travers la semelle des chaussures ! Atmosphère moite sous un soleil lourd. Pour ça, pas trop dépaysé.

On se dirige tous à pied vers le terminal couleur cyan pour récupérer nos bagages. Ca va vite, Le tapis roulant crache sa cargaison par à-coups. Je récupère mon sac et file vers le guichet de douane où officie un fonctionnaire au regard morne.
Pas de problème. Peut-être parce que « j’ai la bonne couleur »… Va savoir.

J’arrive de Pointe à Pitre pour une semaine de travail chez un gros client. Pas trop le temps de traîner, je passe chez Hertz récupérer les clés de la voiture réservée avant mon départ.
Jusque là c’est parfait: j’ai juste eu besoin de donner mon nom. Le reste s’est déroulé sans anicroche.

Une musique rasta assez lancinante résonne dans les haut-parleurs de l’aérogare, couleur cyan, même à l’intérieur! Les gens ont une drôle de démarche ici: on dirait qu’ils dansent, tous, en marchant.
Les jeunes-coiffures-affros-casquette-zyva-chemises-à-fleurs côtoient les costumes-cravates-gourmette-en-or dans l’air humide brassé par d’immenses ventilateurs de plafond. La foule est dense et bruyante. L’ambiance bon enfant.

Beaucoup d’enfants, justement. Vraiment beaucoup. Pas comme en métropole! Chaque fois que j’y vais, en métropole, j’ai l’impression de débarquer dans une gigantesque maison de retraite…
Faudrait peut-être penser à faire vite fait 2,2 enfants par foyer hein les filles?! Parce que avec 1,8 vous êtes pas sortis d’affaire pour nous payer nos retraites! Oups! Pardon pour la digression.

Me voilà au volant d’une Twingo orange dernier cri. La sellerie est tout en nuances de cyan. Ils semblent apprécier cette couleur ici ! On dirait une Play-Mobil avec tous ces gros boutons ronds et tout ce plastic. Double airbags, climatisation climatique s’il vous plaît: à chaque fois que la clim s’enclenche j’ai l’impression de perdre 10 chevaux sur les 60 qui se cachent sous le moteur. Et ils s’y cachent bien ! Ouah les reprises!

J’ai trouvé facilement la sortie en suivant les panneaux « City ». City, ça je comprends encore. Mais on m’a prévenu : « quand tu seras là bas, tu auras un interprète pendant tout le temps de tes rendez-vous. Mais dès que tu seras seul, fini. Alors débrouille-toi pour qu’il ne t’arrive rien ».

Papa et maman m’avaient bien dit de bosser un peu plus mon anglais… Fainéant va!
A Dieu vat!

A peine ce cri d’espoir intérieur jeté, la voiture se met à tousser. Puis elle éternue, se cabre - 10 chevaux de moins - rue – encore 10 de perdus – pousse une sorte de hennissement plaintif – encore 10 – et finit par s’étouffer sur l’herbe du bas-côté.

Je suis en rase campagne, à 10 bons kilomètres de la City. Mon portable n’est évidemment pas opérationnel pour le réseau local. On peut pas penser à tout, hein?!

Me voilà donc à tendre le pouce vers le haut à l’intention du véhicule que j’aperçois, à une centaine de mètres.

Bonheur, il stoppe. Serviables ici! Faut dire que je suis bien sapé, non mais.

- Yeah? What could I do for you? Wanna get into my car, boy?

Une jeune fille craquante avec une frimousse adorable a prononcé ces quelques mots que je n’ai pas compris. Mais le regard, le geste pour ouvrir la portière, le cv que je devine ont suffi à me décider.

Je m’empare de mon sac resté dans la Twingo et je monte à côté de Suzy.
Ben oui, dans le flot de paroles qui ont suivi, la seule chose que j’ai retenue – et comprise - est qu’elle s’appelle Suzy. Ma foi, ça me suffit. Elle m’a pas semblé trop bécasse puisqu’en lui montrant le porte-clé Hertz, elle m’a expliqué en 4500 mots en 2 minutes qu’elle avait pigé ce que je voulais: aller chercher une autre voiture chez mon loueur.

Nous y sommes déjà. Elle m’accompagne au bureau et se charge d’expliquer la situation à un employé à moitié endormi. Celui-ci se décide à prévenir un mécano surgi de nulle part et qui attrape au vol quelques bidules en forme d’outils, les entasse dans une sacoche, me prend d’autorité les clés que je tenais en mains et sort sans un mot.

L’autre, celui du bureau, à moitié réveillé cette fois, me remet une autre paire de clés et baragouine une explication oiseuse qui me fait autant d’effet que la pluie sur les plumes d’un canard.

C’est donc Suzy qui reprend les rênes de la situation et m’entraîne vers sa propre voiture dans laquelle je dois à nouveau m’installer.

Destination? Va savoir.

Je le sais rapidement : un mignon 2 pièces-cyan-cuisine-salle-de-bain-vue-sur-lac dans un quartier résidentiel de la capitale jamaïcaine.
Revenue de la douche en peignoir cyan, la belle Suzy se met aussitôt à la confection d’un aligot local à base de fruits d’arbre à pain bouillis - écrasés à la fourchette s’il vous plaît – mêlés à une tomme de Kingston mémorable. Le résultat est digne d’une poésie de Rimbaud sauce Verlaine.

Quant au dessert, je vous en épargnerai les détails… Disons que lorsqu’il ne s’agit plus que d’une question de langues, certaines situations peuvent se passer des mots…
.


Dernière édition par le Mer 18 Jan 2006 - 22:12, édité 2 fois

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Message  Bluewitch Mer 18 Jan 2006 - 21:24

Bonne nuit à tous. Je vous lirai demain. Bizzzzz
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Message  Jonjon Mer 18 Jan 2006 - 21:26

Je m'excuse tout de suite pour cette improbable histoire... :-P

Je regarde par la fenêtre de la maison, que m'a prêté un ami français à moi, et je la vois. C'est qui cette bécasse, cette impertinente au long nez qui me reluque jour après jour, passante sur le trottoir ? C'est qui cette femme qui s'accoutre étrangement, l'air niaise dans sa robe d'été bleue aux motifs d'oranges et de pamplemousses ? D'où sort cette silhouette qui au lever du soleil comme au coucher se plante comme une asperge devant la maison ? Pourquoi m'observe-t-elle, ce soir, pendant que mange mon délicieux aligot, et me coupe ainsi l'appétit ? J'arrive à peine dans un Paris sans tour Eiffel, au ciel cyan, moins photogénique que sur les cartes postales, morne et décevant, et je me fais déjà dévisager, comme si par ma seule apparence, par mon unique démarche, on devinait déjà que suis Québécois. Je n'ai même pas encore ouvert la bouche, ne leur ai jamais adressé la parole, de sorte qu'ils n'ont pas encore entendu l'accent symptômatique qui afflige mes mots. J'habite à côté d'un garage, vieille bâtisse qui sent l'essence et l'huile à moteur, deux odeurs qu'un piéton comme moi ne peut que haïr. Un bâtiment cyan, justement, perdu dans le cliché, et d'où jaillissait dès six heures du matin, la musique cinglante des perceuses, des compresseurs à air et tous ces bidules terriblement dérangeants. Je ne dors que très peu la nuit, suivant l'horaire impossible du garage, guettant à mon tour la femme fruitée, vêtu d'un peignoir qui ne m'appartient pas. Parfois, la femme était rejointe par un garagiste à casquette cyan - je commençais à remarquer une thématique parisienne, ici - qui à son tour m'observait, me regardait avec insistance. Un jour, je trouve le courage de sortir (en peignoir) et de leur demander pourquoi ils restaient là toute la journée. Ils me répondent alors dans une langue qui m'est inconnue. Ce n'était pas de l'argot parisien, ça j'en étais convaincu. Un homme qui passait par là s'arrête en nous voyant gesticuler et crier comme si ça nous aidait à mieux nous comprendre. Il parle français. Ravi, je lui explique la situation. Il répète mes mots aux deux bozos dans leur langue et les écoute attentivement tandis qu'ils lui répondent. Puis, il se tourne vers moi.
- Monsieur, je crois qu'il y a un malentendu.
- En effet, c'est ce que je crois également.
- Vous n'êtes pas chez vous, ici.
- Vous ne m'apprenez rien, Monsieur ; j'ai emprunté cette maison à un ami français qui...
- Justement. Cette maison appartient à Madame, ici.
- Impossible.
- Cette femme a trouvé refuge dans la maison d'un des garagistes en attendant votre départ, croyant que vous étiez un sans-abri.
- Un sans-abri?
- Vous devriez la remercier de son hospitalité. Ah! Et un dernier détail, Monsieur...
Je le regarde, silencieux, confus.
- Vous n'êtes pas à Paris... ici, c'est Moscou.
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 21:26

Je me souviens que petite, je me promenais souvent avec mes parents au bord de l'océan. L'eau, furieuse et violente, avait des reflets cyan, toute la colère du monde se lisait dans son écume aux teintes d'aligot. Maman aimait me raconter que la musique produite par les vagues les jours de tempête ressemblait aux cris des femmes de l'île qui avaient perdu leur mari ou leur fils en mer. On les voyait en larmes, parfois vêtues d'un simple peignoir, égréner de mornes litanies dans l'espoir de voir revenir les leurs. Je n'arrivais pas à trouver cette histoire triste, je n'en retenais que la beauté du geste, la poésie de l'attente, tout cela avait une tournure romantique et dramatique à mes yeux qui correspondait assez bien aux films de princesse que je tournais le soir dans mon lit en écoutant le murmure du vent frapper aux volets.

Me reste le souvenir qu'un soir, après une balade baignée par le bleu sombre de la nuit tombante, mes parents m'ont déposée devant ma chambre en m'accordant l'autorisation de lire à la lampe de poche. Je pouvais allumer ma lampe de chevet, c'étaient les vacances et j'avais le droit de m'endormir à l'heure qui me plaisait, mais j'aimais m'abîmer les yeux sous cette lueur orange qui donnait à la chambre un petit air mystérieux. Le calme régnait sur la maison, aucun bruit n'était perceptible, à l'exception d'un grattement dans le jardin qui se faisait de plus en plus fort. Apeurée, terrifiée même, mais décidée à jouer les intrépides par vanité ou par bêtise, je me suis précipitée à la fenêtre ouverte et j'ai plongé mon regard dans l'obscurité en chuchotant "Qui est-là?". A peine ces mots prononcés, un bruissement m'a fait sursauter, on aurait dit des ailes ou plutôt des tissus de soie, impossible à identifier avec précision. Il m'a semblé apercevoir, sortant d'un vieux garage en bois situé au fond du jardin, une forme longue et fine s'envoler vers le ciel en déposant derrière elle des traînées de poudre orange. Etait-ce un rêve? J'étais pourtant éveillée. Intriguée, enchantée, effrayée, tout cela à la fois, j'ai regagné mon lit en me disant que la maison étaient cernée par des animaux dangereux qui pouvaient voler et venir nous dévorer et qu'il fallait que je me protège en me cachant sous l'édredon.

Rien à faire, le bruit était à nouveau présent, encore plus fort. Dévorée par la curiosité, j'ai enfilé mes pantoufles, posé une vieille casquette sur ma tête et pris un drôle de bidule dans un tiroir qui pouvait me servir d'arme au cas où. Au cas où quoi, je n'en savais trop rien! Peu m'importait si j'avais l'air d'une bécasse ainsi affublée, prête à partir à la chasse à l'inconnu, je voulais savoir à tout prix! A pas de loup, je suis sortie de la maison et prise d'une sorte de frénésie incontrôlable, je me suis mise à courir vers le garage en espérant prendre sur le fait les créatures qui y avaient élu domicile. Peut-être une espèce rare d'oiseaux, Maman disait qu'il en nichait de temps en temps à Inishshark. Une fois la porte entrouverte, je suis restée sans voix! Se déplaçaient devant moi des êtres irréels s'exprimant dans une langue que je ne comprenais pas. Paralysés par ma présence, ils se sont tus un moment avant de reprendre leurs palabres qui ressemblaient vraiment à du charabia. Ce que j'avais pris pour de la poudre orange était en réalité une longue chevelure couleur de braise. Une dizaine de paires d'yeux bavards me fixaient, une femme m'a tendu la main en plongeant son regard azur dans le mien. Elle me parla rapidement, je lui fis signe que sa langue m'était inconnue, que j'allais repartir. Elle m'installa auprès d'elle, avec une certaine affection qui m'étonna un peu, puis commença à mes raconter des histoires dont je ne saisis pas le moindre sens. Le son de sa voix était agréable, je me suis laissée aller dans ses bras et j'ai écouté leurs conversations jusqu'au bout de la nuit, sans rien comprendre mais convaincue de partager, peut-être, de fabuleux secrets.

A mon réveil, j'étais dans mon lit, au chaud, une mèche de cheveux roux dans la main et des mots étrangers dans la tête. Je me suis levée en vitesse et j'ai traversé le jardin pour me rendre dans l'ancien garage. Quelle n'a pas été ma surprise de le découvrir rempli d'objets rouillés et encombrants, disposés un peu partout dans la pièce, empêchant plus de deux personnes de se tenir ensemble dans le lieu. Je suis repartie en courant, demander à mon père si il avait entreposé de vieilles affaires dans le garage ce matin-là, il s'est mis à rire avant de me répondre que le garage avait toujours été le cache-misère du coin. J'ai commencé à lui raconter ce qui s'était passé la nuit, il s'est mis à rire de plus belle en me conseillant d'arrêter les lectures nocturnes sous les draps et en m'assurant que j'avais rêvé.
Je me souviens avoir pleuré. A chaudes larmes. Déçue que tout cela ne soit qu'un rêve. Mais il y avait les cheveux roux et cette langue bizarre qui s'était inscrite dans mon esprit. Il me restait Maman, mon seul espoir. Après lui avoir raconté ce que Papa prenait pour un songe, elle s'est levée et sans dire un mot, a sorti une boîte de l'armoire. Dedans se trouvait une autre mèche de cheveux roux! Et une photographie. La dame du garage! C'était elle! J'ai regardé Maman, j'ai pris la photo en main et ai lu au verso "Maureen at 24". Maureen... Mon arrière-grand-mère... Je n'ai pas dit un mot, j'ai glissé la mèche dans la boîte à côté de sa jumelle, remis la photo en place et suis partie le coeur léger écouter le chant des veuves au bord de la mer d'Irlande.
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Message  aurelyetmarilou Mer 18 Jan 2006 - 21:32

Voilà le mien, je ne pense pas avoir fait la longueur correcte mais c'était amusant à faire. Bonne soirée!


Y'a pas à dire, l'aligot ca tient au ventre. J'ai bien fait d'aller "à la Bécasse Bleue", même si l'aspect extérieur était plutôt morne, la qualité de mon repas était plus que satisfaisante.
Bon, maintenant, il faut que j'aille déposer ma petite voiture chez le garagiste, j'espère qu'elle ne m'a pas lâchée complètement cette fois. Je ne voudrais pas rester dans ce coin perdu trop longtemps. Ma douce m'attend à la mer, et moi il me tarde de voir ma peau virer à l'orange au lieu de ce teint grisâtre, hérité de l'atmosphère pesante parisienne.
Tiens, m'y voilà. "poliska katrna". Ils ont un drôle de patois dans le coin. Je ne vois pas le rapport avec un garage. Enfin, entrons tout de même.
"Bonjour mon ami", dis-je à un bonhomme d'allure un peu étrange, qui se baladait en peignoir turquoise parmi les carcasses de voitures.
"Jebsu", répondit-il.
"-Plait-il?"
-Paneb ben ma!"
Ai-je une poussière dans l'oreille? J'ai du écouter un peu trop fort la musique de ChérieFM tout à l'heure.
" -Excusez moi, mais je n'ai pas compris vos propos, j'ai l'impression d'entendre un mélange de russe et de congolais, mais nullement du français!"
-Japu peus kasitski malo!"
Mince alors, ça n'a pas l'air de le faire rire du tout, et j'ai vraiment l'impression que c'est sa façon de parler.
" Votre langage n'est pas dénuée d'une certaine poésie, mais si vous ne parlez pas français, you speak english?"
"No.
-Ah, me voilà rassuré. My car is out, you see? she is breaked. can you help me?
-poustu kian malovska.
-hmm hmm, bon peu importe , vous n'avez pas l'air d'ici. Sûrement êtes vous un pauvre expatrié qui travaille au noir dans des conditions indécentes, je vais voir votre chef. "
Il n'a pas l'air d'accord pour que je me balade dans son garage. Mais voilà qu'il ouvre son peignoir. Ce n'est pas que je n'aime pas l'anatomie masculine, mais elle me plait moins que celle de la gente féminine. Ah, je crois qu'il essaye de me montrer quelquechose. Un tatouage dans le bas de son dos. "Mafia kapast".Mafia, c'est un mot que je connais ça. Un mafieux garagiste? j'aurais tout vu.
Bon, c'est vrai que j'aurai pu le remarquer. Il n'y a pas l'air d'avoir beaucoup d'activité, à part un ou deux allemands qui s'énervent sur une roll's royce. Une roll's royce, un peu étrange tout de même, pour un coin qui a l'air de vivre grâce aux plants de pomme de terre.
Peu importe, il faut absolument qu'on répare ma titine, ce n'est pas une roll's royce, mais j'y tiens tout de même.
Je tire mon congrussien par la manche vers l'extérieur, histoire de lui faire comprendre qu'il serait bien de faire son travail.
Oula, ça ne lui plait pas trop mon geste.
"- JOUPAU STRIKA MAINSKI", crie-t-il vers le fond de son garage.
Je pense qu'il faudrait que je quitte cet endroit. Retrouver le bleu du ciel. Parce que voir débarquer une dizaine d'homme armés et accompagnés de trois femmes aux allures quelque peu douteuses, et aux formes plus que harmonieuses et avantagées par une tenue décadente, ça ne rassure pas.
"- POURSTAKI OUA PASI" s'énerve mon petit mafieux.
Petit peut-être, en tout cas, il a de la voix.
Mais, ils braquent leurs armes sur moi. Qu'ai je fait?
"-mais mais mais c'est une erreur!! Ne me tuez pas, je ne suis qu'un pauvre homme du type français moyen, qui voulait réparer sa voiture pour aller en vacances une semaine au bord de la mer, celles du français moyen, j'embête personne, je suis chef d'une petite entreprise de maçonnerie, je m'occupe pas de vos affaires. Chacun ses oignons comme on dit!!".
Sauf qu'ici, personne ne me comprend. Ils se jettent sur moi. Je ne comprend rien, ni à cet endroit, ni aux coups qui m'assaillent.
Bon je suis dehors, sain et sauf. Quelques bleus, mais je suis vivant.
Qui aurait cru que même en pleine campagne, dans notre chère France, on puisse trouver des voyous qui n'ont aucun scrupule à tabasser leurs prochains. J'avais bien raison quand je disais que la violence n'existait pas seulement dans les HLM.
Il est vrai que j'étais loin de me trouver en territoire français, dans ce maudit garage.
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 21:35

Salut aurelyetmarilou! Ça vous a plu de faire un exercice de ce type?
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Message  Kilis Mer 18 Jan 2006 - 21:39

Il pleut pas


Pas de chance, de toute évidence c’était fermé.
Et merde !
Il y avait un mot griffonné sur un carton huileux ficelé à la poignée de porte :

Et ta vise pas de refnir, s’aligot !


Merde de merde !
Devait pas y avoir un autre garage à moins d’une bonne dizaine de kilomètres. Bordel ! Qu’est-ce que je foutais là au milieu de nulle part avec mon bidon vide !
J’ai fait le tour de la baraque, y avait pas âme qui vive à part quelques poules maigres qui picoraient entre les carcasses de bagnoles. J’ai posé mon bidon au pied de la pompe à essence, une véritable antiquité comme on en voit parfois dans les films, et me suis assise sur le bidon. Je ne savais pas quoi faire, j’avais envie de pleurer. Alors me suis répété: il pleut pas et j’ ai pas mal aux dents ! il pleut pas et j’ai pas mal aux dents ! il pleut pas et j’ai pas mal aux dents , il pleut pas et… C’est un toc que j’ai quand ça va pas.
Je sais pas combien de temps suis restée comme ça à chantonner la tête entre mes mains… parce que, quand je l’ai relevée, le soleil était en train de se coucher baignant toute chose dans une douce lumière orange. C’est là que j’ai vu de la fumée qui sortait de la cheminée d’un vieil autobus. Me suis levée et rapprochée… Des gens habitaient là. Il y avait des rideaux déchirés aux fenêtre s et j’entendais de la musique. J’ai cogné sur la porte vitrée et appelé :
— Hou hou ! Y’a quelqu’un ?
Quand la porte s’est ouverte d’un coup sec j’ai sursauté. Dans l’encadrement, mais à moité dans l’ombre, se tenait une espèce de géante en peignoir et bigoudis qui braquait sur moi un fusil. Elle a fait un mouvement sec du menton puis émis une sorte d’aboiement que j’ai rien capté.
— Pardon j’ai bredouillé. Vous parlez français ?
— Waouf ! wouaf ! elle a fait
— Anglais alors ! espagnol ? me suis-je risqué en reculant.
— Waouf ! puis Grrr…Grrr. Waouf ! elle a répondu en avançant sur moi d’un air menaçant.
— Je… je… vais pas vous déranger plus… longtemps Ma.. dame.
Elle m’a poursuivie un moment parmi le dédale de voitures rouillée faisant voler les poules en tous sens, puis enfin elle est rentrée dans son bus. J’ai repris mon bidon et la route. Il pleut pas et j’ai pas mal aux dents, il pleut pas et j’ai pas mal aux dents, il pleut pas et j'ai pas…
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Message  Loupbleu Mer 18 Jan 2006 - 21:42

Ca doit vouloir dire : "joint de culasse".

Les garagistes, je connais la musique, c'est les mêmes n'importe où, dans la banlieue de Barnavitchy comme à Pantin : Ca soulève sa casquette, ça se gratte le crâne et ça conclut que c'est le joint de culasse. Ou une bielle, péter une bielle en Biélorussie, c'est cocasse.

Je suis paumé. Quelle idée j'ai eu aussi de profiter du jour de repos pour aller faire un tour dans l'arrière-pays... Morne plaine. Vingt degrés sous zéros. Des immeubles en béton partout, tellement gris qu'ils salissent le bleu du ciel. La poésie de l'endroit, bonjour ! A l'usine, au moins, ils parlent un peu anglais... Et ce putain de tacot que j'ai emprunté au boss et qui me lâche au garage de nulle part....

Il a dû voir que j'avais froid. Il pointe le bidule en ferraille qu'il tient à la main vers une porte. Je rentre. C'est chez lui. Une femme me reçoit dans un peignoir cyan avec des grands yeux azur.

Elle m'a laissé dans le salon, et me parle depuis la cuisine, pour touiller la tambouille; une sorte d'aligot au caoutchouc. Ca se trouve, c'est avec ça qu'il devrait me le réparer, mon joint de culasse.

Il y a une vieille couverture orange sur le canapé. Des bibelots de pacotille sur la télé allumée. Un épisode des envahisseurs, en biélorusse. Je lui réponds "hum hum", comme une bécasse, je lui ai pas avoué que je parlais pas la langue. Je suis paumé.

Je l'entends venir derrière moi. Elle se met à me chuchoter dans l'oreille. Je sursaute. Je vais dire quelque chose, je sais vraiment pas quoi, mais elle met son index sur mes lèvres. Ca sent le caoutchouc brûlé depuis la cuisine. Je suis pas linguiste, mais quand même, il me semble que le biélorusse, même chuchoté, ça se parle pas en mettant la langue dans le creux de l'oreille de son interlocuteur.

- Paf !

Le garagiste vient de me donner la confirmation. En tous cas, les baffes, elles font le même bruit dans toutes les langues.
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Message  Dorémi Mer 18 Jan 2006 - 21:44

- Bonjour Monsieur! Josette a rendez-vous.
- B'jour ma p'tite dame, Josette vous dites ....
- Josette oui, elle a pété une durite.
- Ben ça arrive, veux bien jouer au Docteur, elle est où vot’Josette ?
- Docteur? Ben Josette elle est là, sur le parking, toute de cyan vêtue
- Elle a de la suie partout ? Pauv’ dame. Vais voir avec le patron
- Non pas suie, cyan j'ai dit. Enlevez votre casquette, vous entendrez mieux...
- Vi, toujours se découvrir devant les dames. Mais m’appelle pas Juan, savez. Suis Al, Al le gros, comme les potes m’appellent
- Ah ben oui, m'étonne pas qu'on vous appelle l’Aligot, z'avez une tête de purée de pois! Bon pour Josette et sa durite en fait quoi?
- Elle a de la famille, sais pas, quelqu'un qu'on peut prévenir ?
- Oui bien sûr! Y a Papi Roger, le coupé, et Tata Francine, la berline! Et puis quoi encore?!
- Punaise, un juif et une allemande ensemble, c’est rare ça
- Hé, faut arrêter la bécasse le midi! Non, elle a pas de suie, pas de famille non plus, juste une durite qui a pété alors ce serait bien de vous magner le cigare et vous agiter un peu de la casquette pour me remettre ça en place !
- Vous parlez comme ma femme. Elle dit que c’est de la poésie pour les accros du peignoir, mais moi savez la poésie, j’entrave que dalle mais holà suis pas con non plus, je vois pas comment on peut réparer un accroc avec de la poésie.
- Vous voulez de la poésie ? vais vous en donner moi: soit vous vous remuez le bidule pour rapiécer Josette ou bien je vais vous arranger le bazar jusqu’à ce que vous puissiez plus marcher.
- Ben comme ça p’être que l’ambulance nous fera un prix pour deux. Z’êtes sûre que c’est pas vous qui l’avez arrangée la Josette. M’avez bien l’air agressive. J’ai plein de potes flics savez…
- Non mais faut arrêter d’écouter Lara Fabian en travaillant, ça vous déglingue le ciboulot apparemment !
- Ben quoi, il a l’art Fabian, il connaît la musique c’tit là. Faut dire qu’on l’a pris à pas d’âge dans la fanfare au village.
- Oui la fanfare, bien sûr… Vous savez quoi l’Aligot ? Josette et moi, on va vous laisser, hein, comme ça vous pourrez poétiser tranquillou avec votre épouse, jouer de la cymbale avec Fabian ou n'importe qui d'autre, je m'en fiche, ok?
- Non. Il sera pas dit que Al laisse une pauv dame en détresse pètée au riz juste sur le parking du garage . Vais la voir, moi. Dites c’est quand même bizarre, pour le riz ? Elle est allergique ou elle l’avait chargé ?
- Al, vous êtes idiot mais votre âme est grande, ça rattrape tout ce que vous n’avez pas dans le citron…
- Vous m’faîtes penser, vous êtes du coin ? Z’avez un peu de temps ? Ainsi pendant que je m’occupe de vot’copine, pourriez me faire quelques courses. Ce morneveu de patron, sens qu’il va encore me faire faire des heures sup. Et ma Rita va encore m’engueuler si je lui ramène pas des oranges. Elle fait un stage pour être jongleuse, jongleuse d’éléphant je crois, sais plus.
- Je ne connais pas Rita mais je l’aime déjà parce que bon Dieu elle a du mérite ! Alors ces oranges, on va les lui ramener. Mais j’espère que vous êtes pas trop pressé, parce que Josette, ce n’est qu’une voiturette…
- Pouviez pas le dire plus tôt?
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Message  Aegis Mer 18 Jan 2006 - 21:46

Roulements plaintifs des tambours. Leurs appels s’entendent bien au-delà du garage. Une musique ample. Laurence regarde attentivement chacun des musiciens. Par delà la tension de leur concentration extrême, une lueur intraduisible souffle dans leurs yeux. Ils suivent attentivement les deux possédés. Erzili a rendu visite à la mambo. Celle-ci se cabre, ondule, fait serpenter son corps dans des postures témoignant d’une extrême souplesse. loa Plus aucun charme n’honore son corps et son dépérissement que les artifices peinent à dissimuler. Les rides marquent son front comme autant d’entailles. Pourtant, alors que l’esprit la chevauche, une séduction à la puissance irrépressible émane d’elle. Tournoyante, vibrante d’une énergie maîtrisée, elle incarne la vierge éternelle, la putain des foules. La madone à la vie si éprouvante. Alors, dans cette danse, belle et fougueuse, débordant d’une ardeur juvénile, elle s’approche des assistants et des initiés, embrasse certains, enlace les autres. Puis elle retourne, dans un bon de cabri auprès du poteau-mitan autour duquel elle tournoie.
Les tambours battent, et battent encore, changeant de rythme, de tonalité. Autour, les hounsi chantent et chancèlent. Nouvelle visite. Son vévé inscrit au sol, c’est Baron Samedi, gardien des morts qui apparaît sous les traits d’un homme mûr. Celui-ci mêle alors sa danse à celle de la mambo. Une rasade de clairin s’engouffre dans son gosier et, drapé dans son habit noir, une caquette visée sur le crâne, il se contorsionne au milieu du cercle. Ses mains rugueuses s’agitent. Sur son visage buriné par le soleil, des grimaces se succèdent.
La cérémonie va tirer à sa fin : plus aucun loa ne se manifeste.
Saisie par la tension de l’instant, Laurence sent le vertige la saisir. Elle ne saisit que des fragments de ce qui se déroule. Prise au dépourvue, elle peine à comprendre le mystère qui se déroule là, sous ses yeux, à quelques mètres d’elle. A ses oreilles frappent des phrases incompréhensible en créole ses yeux couleur cyan se brouillent…Tout tournoie, pas seulement les danseurs, mais aussi les tambours, les vévés, les objets rituels, les fétiches. Le garage lui-même vibre.
L’espace d’une vision intérieure, elle se revoit sur le port de Jacmel, face à l’Atlantique d’un bleu rutilant sous le poids du soleil. L’Océan exhale encore par filets sa mémoire occultée, celle des navires déversant leurs cargaisons dans les îles. Dans ce coin d’Océan, Haïti se tapit. Ce morceau de terre oublié par le reste du monde porte le poids de sa malédiction. Les mornes étalent leurs flancs dénudés. La terre rouge boit les pleurs et pourtant la sécheresse persiste. Pays d’abandon, pays de misère. Avant même de débarquer, Laurence savait à peine à quoi s’attendre. Certes, dans son sac, les Gouverneurs de la Rosée lui tenaient compagnie et elle avait en tête tant de phrases d’Alexis. Pourtant, malgré cette littérature si réaliste et poignante, la poésie d’une langue mêlant français et créole, elle se savait réduite à l’innocence de la découverte en arrivant. Longtemps, ses yeux avaient accroché les reflets cyan de l’eau aux abords du bord, si proches de ses yeux. Couleur de son espoir, couleur des espoirs d’Haïti aussi. Une teinte suave démentant l’infamie pesant sur le pays.

Après le débarquement tout s’était passé si vite ; le passage par la ville de Jacmel et les vestiges des maisons coloniales, aujourd’hui décrépies. Dans l’embrasure d’une porte, une femme en peignoir orange crasseux, l’avait injurié de bécasse avait-elle cru. Mais ça devant être un terme créole mal entendu. Des discussions échangées avec les personnes venues l’accueillir. Un repas rapide dans un restaurant, avec un plat étrange, lui rappelant le bicot de son enfance. Et puis les sujets éternels avec un étranger : Toussaint-Louverture, presque 200 ans de dictatures, de mise à l’écart du monde, de vide, d’abus…. Jusqu’à son arrivée, en solitaire dans ce garage. Poursuivie par la tempête. troublant au loin l’eau couleur cyan, elle s'était réfugiée dans cet abri, y entendant des voix.
Surtout une, celle de la mambo en appelant à Papa Legba, maître des carrefours, jetant de l’eau au quatre coins de la pièce. Elle avait l’impression d’être dans un autre monde, dans l’apparition brutale de passage de littératures.


Une bourrasque éteint les bougies, secoue les tôles du garage, et la fait revenir à elle. Les tambours se sont tus. Les loas retirés. Le repos peut s’étendre….
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Message  Aegis Mer 18 Jan 2006 - 21:47

argh, à la fin il faut lire "d'un passage de littérature"
et je suis désolé, avec la hâte c'est encore un texte dense et de premier jet...
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Message  Dorémi Mer 18 Jan 2006 - 21:49

Ah au fait, pour info, Krystelle et Zou ont fait appel à l'équipe et dans ces cas là, c'est toujours sur moi que ça tombe parce que j'ai 4 mains!
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Message  Jonjon Mer 18 Jan 2006 - 21:54

BLUEWITCH: J'ai bien aimé le ton de l'histoire : léger, détaché. Je te félicite pour tes tours de passe-passe : la plupart des mots sont presque passés inaperçus à la lecture. Et c'est bien d'avoir pris le thème dans un sens plus figuré... vraiment, chapeau!

MENTOR: AH! du bon Mentor, chaud et humide... haha! J'ai vraiment aimé! Les mots sont bien insérés... le cyan m'a un peu dérangé, mais bon... il m'a dérangé dans mon propre texte alors... bravo!

SAHKTI: Ah lala, comme c'est beau! Comme c'est poétique! Quel talent! Quelle fluidité! Vraiment, je n'ai que du bon à te dire Sahkti! Même pas de constructif! Juste du très bon!

aurelyetmarilou : Bien, bien! Bon exercice! Quelques belles trouvailles! Les mots sont bien glissés! Pas spectaculaire, mais un texte plus qu'acceptable! Au plaisir de vous revoir dans un autre exo!

kilis: Hahaha! Oh j'ai adoré cette femme qui jappe! Je pouvais facilement me l'imaginer! Vraiment très amusant ton texte! Bel exo! Bravo!

Loupbleu: Ouais, ok... pas mal! La fin est amusante! Bon, ce n'était qu'un exo sous pression, alors je peux comprendre que ça me paraisse un peu... court... mais t'as toujours la possibilité de le retravailler et d'en faire un texte plus développé!

Dorémi: Le dialogue se prête toujours bien aux exos. C'est un texte dans un argot très français (pas québécois, en tout cas!) qui m'a quand même plu... la fin, on pouvait facilement la deviner à cause du thème, mais quand même! Bon travail!

Aegis: Oui, c'est très bien! Très poétique... le ton est peut-être un peu trop littéraire à mon goût pour ce genre d'exo, mais bon... c'est très bien, quand même! J'ai aimé!
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Message  Aegis Mer 18 Jan 2006 - 21:59

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
mince
je me suis trompé
je reposte le texte correct!!!! c'est le même, mais très très légèrement modifié
Mille excuses!!
Aegis
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Message  Aegis Mer 18 Jan 2006 - 22:00

Roulements plaintifs des tambours. Leurs appels s’entendent bien au-delà du garage. Une musique ample. Laurence regarde attentivement chacun des musiciens. Par delà leur concentration, une lueur intraduisible souffle dans leurs yeux. Ils suivent attentivement les deux possédés. Erzili a rendu visite à la mambo. Celle-ci se cabre, ondule, fait serpenter son corps dans des postures témoignant d’une extrême souplesse. Plus aucun charme n’honore son corps. Il en va de même pour son dépérissement que les artifices peinent à dissimuler. Les rides marquent son front comme autant d’entailles. Pourtant, alors que l’esprit la chevauche, une séduction à la puissance irrépressible émane d’elle. Tournoyante, vibrante d’une énergie maîtrisée, elle incarne la vierge éternelle, la putain des foules. La madone à la vie si éprouvante. Alors, dans cette danse, belle et fougueuse, débordant d’une ardeur juvénile, elle s’approche des assistants et des initiés, embrasse certains, enlace les autres. Puis elle retourne, dans un bon de cabri, auprès du poteau-mitan, autour duquel elle tournoie.
Les tambours battent, et battent encore, changeant de rythme, de tonalité. Autour, les hounsi chantent et chancèlent. Nouvelle visite. Son vévé inscrit au sol, c’est Baron Samedi, gardien des morts qui apparaît sous les traits d’un homme mûr. Celui-ci mêle alors sa danse à celle de la mambo. Une rasade de clairin s’engouffre dans son gosier et, drapé dans son habit noir, une caquette visée sur le crâne, il se contorsionne au milieu du cercle. Ses mains rugueuses s’agitent. Sur son visage buriné par le soleil, des grimaces se succèdent.


Saisie par la tension de l’instant, Laurence sent le vertige la saisir. Elle ne saisit que des fragments de ce qui se déroule. Prise au dépourvue, elle peine à comprendre le mystère qui se déroule là, sous ses yeux, à quelques mètres d’elle. A ses oreilles frappent des phrases incompréhensible en créole ses yeux couleur cyan se brouillent…Tout tournoie, pas seulement les danseurs, mais aussi les tambours, les vévés, les objets rituels, les fétiches. Le garage lui-même vibre.
L’espace d’une vision intérieure, elle se revoit sur le port de Jacmel, face à l’Atlantique d’un bleu rutilant sous le poids du soleil. L’Océan exhale encore par filets sa mémoire occultée, celle des navires déversant leurs cargaisons dans les îles. Dans ce coin d’Océan, Haïti se tapit. Ce morceau de terre oublié par le reste du monde porte le poids de sa malédiction. Les mornes étalent leurs flancs dénudés. La terre rouge boit les pleurs et pourtant la sécheresse persiste. Pays d’abandon, pays de misère. Avant même de débarquer, Laurence savait à peine à quoi s’attendre. Certes, dans son sac, les Gouverneurs de la Rosée lui tenaient compagnie et elle avait en tête tant de phrases d’Alexis. Pourtant, malgré cette littérature si réaliste et poignante, la poésie d’une langue mêlant français et créole, elle se savait réduite à l’innocence de la découverte en arrivant. Longtemps, ses yeux avaient accroché les reflets cyan de l’eau aux abords du bord, si proches de ses yeux. Couleur de son espoir, couleur des espoirs d’Haïti aussi. Une teinte suave démentant l’infamie pesant sur le pays.

Après le débarquement tout s’était passé si vite ; le passage par la ville de Jacmel et les vestiges des maisons coloniales, aujourd’hui décrépies. Dans l’embrasure d’une porte, une femme en peignoir orange crasseux, l’avait injurié de bécasse avait-elle cru. Mais ça devant être un terme créole mal entendu. Des discussions échangées avec les personnes venues l’accueillir. Un repas rapide dans un restaurant, avec un plat étrange, lui rappelant le bicot de son enfance. Et puis les sujets éternels avec un étranger : Toussaint-Louverture, presque 200 ans de dictatures, de mise à l’écart du monde, de vide, d’abus…. Jusqu’à son arrivée, en solitaire dans ce garage. Poursuivie par la tempête qui troublait au loin les eaux couleur cyan, elle s’y était réfugiée, entendant des voix.
Surtout une voix. Celle de la mambo en appelant à Papa Legba, maître des carrefours. Après avoir convié Laurence à se joindre à eux, elle jeta de l’eau au quatre coins de la pièce et lança d’autres imprécations. Laurence avait eu l’impression d’être dans un autre monde, dans l’apparition brutale d’un passage de littérature.


Une bourrasque éteint les bougies, secoue les tôles du garage, et la fait revenir à elle. La cérémonie va tirer à sa fin : plus aucun loa ne se manifeste. Les tambours se taisent. Les loas retirés. Le repos peut s’étendre….
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Message  mentor Mer 18 Jan 2006 - 22:04

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Bluewitch: triste mais beau ce texte. J’ai aimé comment tu racontes cette attente. Qui ne présage rien de mauvais. Au contraire. Et puis cette sorte de « blanc », puis le crescendo dans l’interrogation. On sent que la fille a le cerveau coincé par ce qu’elle se refuse à comprendre.
Très bien imaginé au niveau de la contrainte de la « langue ». Bravo.

Jonjon21 :super! Je me suis fait avoir par la chute! Bravo! « La femme fruitée »: très joli. Oui, histoire improbable mais tellement poétique finalement. Bien vu et bien raconté, merci.

Sahkti: quel beau conte, mais quel beau conte! C’est ravissant, tout simplement. J’ai adoré, rien d’autre à ajouter. ;-)

Aurélieetmarilou: "you speak english?" - "No” – “Ah, me voilà rassuré”: ça j’adore! Bon, petite histoire gentillette, sans plus. Je trouve que la langue que tu as inventée est très vraisemblable! « Ca l’fait! ». Merci et j’espère que tu (ou vous ?) reviendras!

Kilis: « Il pleut pas et j’ai pas mal aux dents ». Super comme toc pour se forcer à voir toujours les choses du bon côté en toutes situations. Faudra que j’y pense! Loufoque ton texte mais bien sympa. Imagination avant tout, c’est chouette.

Loupbleu: « une sorte d'aligot au caoutchouc » et « couler une bielle en Biélorussie »… Rien que pour ça! Et puis donc, on retrouve ta petite scène récurrente là, le troisième larron du couple! Toujours aussi bien amené d’ailleurs. « La langue qui se parle dans le creux de l’oreille », bravo Loup!

Dorémi: « faut arrêter d’écouter Lara Fabian en travaillant, ça vous déglingue le ciboulot » : excellent. Et ta description lapidaire du Juif me laisse pantois, et songeur… 100% dialogues, fallait oser! Bravo parce que c’est pas facile, surtout en restant du début à la fin dans le déjanté. Même pas ennuyeux! Oui, j’ai aimé aussi. Bravo pour cette première participation.

Aegis: Oh que ça me parle tout ça! Tu as peint cet univers de façon subtile et magistrale. J’aime cette façon de raconter. Me semble bien que tu connais ton sujet toi. Y a pas d’esbroufe, c’est du maîtrisé. Très belle description de la danse rituelle dans tout le premier paragraphe. La suite est plus explicative mais non moins intéressante. B-R-A-V-O!
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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 22:06

Dorémi a écrit:Ah au fait, pour info, Krystelle et Zou ont fait appel à l'équipe et dans ces cas là, c'est toujours sur moi que ça tombe parce que j'ai 4 mains!
et les neuf queues? t'oublies les neuf queues?
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EXERCICE en direct : mercredi 18 janvier 2006, 21h - Page 3 Empty Re: EXERCICE en direct : mercredi 18 janvier 2006, 21h

Message  Loupbleu Mer 18 Jan 2006 - 22:12

Bravo à tous pour cet exercice et encore merci à Sahkti pour l'organisation impec !

Désolé, je tombe de sommeil, je vous lis et commente demain.
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Message  mentor Mer 18 Jan 2006 - 22:12

On a perdu Lyra et Yali?! :-(

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Message  Sahkti Mer 18 Jan 2006 - 22:16

Merci à tout le monde, c'était sympa de participer! Je lis vos textes (que je vais commenter) et je me dis qu'une fois de plus, on a du bon!

La prochaine fois que j'organise un exo, pour varier, pas de prose, mais plutôt un exercice basé sur les sonorités ou la poésie, à voir.
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Message  mentor Mer 18 Jan 2006 - 22:20

Sahkti a écrit:La prochaine fois que j'organise un exo, pour varier, pas de prose, mais plutôt un exercice basé sur les sonorités ou la poésie, à voir.
Hum... vais réfléchir sérieusement à ça, d'ici là... ;-)

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