Petits jours

[milo]

L'aurore avait la gueule des petits jours, des petits riens
Des petites vies encore habitées par la nuit.

Les premiers humains s'emboitaient le pas dans le crachin, mal rasés, fardés de crèmes et d'odeurs synthétiques.
Certaines, rappelaient vaguement le parfum des fleurs.
Tombés du lit et du ciel noir en même temps que les étoiles, ils marchaient maintenant sur ma rétine. AVC dérisoires.
Les instants de paix semblaient lointains.
Aussi lointains que ces étoiles, qui il y a encore une heure, étaient les seules à nourrir mes cils.
Devant moi, défilait désormais l'histoire de la viande malade. Une histoire crue, celle des Hommes ; bourrés de cris, étouffants en silence dans des paysages bétonnés, gris, impropres à la vie telle qu'on l'imagine.
Une vie à peine rêvée, où la douleur a sa place.

Petit miracle de violence : le jour se levait
Dans la rosée naissante, quelques mains gantées cueillaient des poubelles
C'était l'automne
Et
Dans le peu de soleil que renvoyaient les fenêtres
Les passants semblaient bien moins grands que leurs ombres.

[Arielle]

Ah Milo, Toi, quand tu passes on ne peut pas te rater !
Cette aube est magnifique de noirceur.

[Invité]

C'est vraiment superbe
A déguster à la petite cuiller
Merci

[Mélusine]

Texte saisissant

J'ai adoré "l'histoire de la viande malade" "bourrés de cris"

Superbe description d'un matin et sa "cueillette" de poubelles !

[Invité]

c'est remarquable, ta constance et elle fait regretter quelquefois que tu ne veuilles pas sortir de ton ombre.
enfin bref... c'est particulièrement réussi sur un et des thèmes déjà abordés tant de fois. C'est très réussi.

[Sebastien K]

Petit miracle de violence : le jour se levait

J'adore cette poésie désabusée. Chapeau bas !

[Invité]

Hop hop hop ! Up !!!!

[Arielle]

Quelques fleurs de ce bouquet que j'ai aimées tout particulièrement!

Devant moi, défilait désormais l'histoire de la viande malade. Une histoire crue, celle des Hommes ; bourrés de cris, étouffants en silence dans des paysages bétonnés, gris, impropres à la vie telle qu'on l'imagine

Dans la rosée naissante, quelques mains gantées cueillaient des poubelles

Dans le peu de soleil que renvoyaient les fenêtres
Les passants semblaient bien moins grands que leurs ombres..

[Invité]

Ce poème illustre superbement cette définition du poème en prose

Le poème en prose se définit essentiellement comme un morceau de prose court et dense, travaillé et ciselé comme un bijou, fermé sur lui-même et produisant une forte impression esthétique. Cette exigence relative autant à la forme qu'au but recherché montre bien que la liberté du poème en prose ne correspond pas à un laisser- aller esthétique. Le poème en prose est la manifestation d'un esprit d'individualisme qui refuse les principes d'un monde établi.

[CROISIC]

Bonjour Milo, heureuse de te lire ici.
L'élégance du choix de tes mots rend encore plus cruel ce petit matin comme les autres que tu as sorti de son anonymat de jour ordinaire par la grâce de ton talent.

[Lyra will]

Je suis toujours heureuse de te lire aussi (ben oui, du coup, depuis fin septembre, j'ai tout lu dans le catalogue).

Et donc j'aime cette écriture noire, sensible, forte, subtile, et avec un talent pour les images.

[loic]

encore de la poésie vivante heureusement que ça existe, quand je vois la taille du rayon poésie dans les librairies, je suis sûr que s'il y avait plus d'écrits de ce style les gens liraient la poésie

de la poésie sans effets ni entourloupes

le quotidien de la poésie quoi!

[Frédéric Prunier]

à chacun son écriture, à chacun ses amours, ou à chacun ses lunettes !


il se lève de beau matin
le cœur ni gros ni léger
il s'en va, il est obligé
d'affronter l'incertain

c'est toi, moi, et tout un chacun
à nos cordes accrochés
à toute la vie, naufragés
et la chance au destin

comme toujours les beaux refrains
et si tristes juste après
on pourrait bien éviter
de mourir, avant demain


j'espère ne pas plomber l'ambiance, avec ma simplitude et mes bonheurs du quotidien
Amicalement

[Jean Lê]

Une aurore comme un crépuscule. Des flots de béton gris où se noie la condition humaine. Poésie pertinente, noire, urbaine et efficace.

[Béatrice44]

J'en ai la chair de poule.
Bravo

[Phylisse]

Je n'aurais pas dû lire les commentaires... Je ne sais plus quoi dire, de mieux, enfin de plus, ou de différent.

Il y a une violence poétique dans ces mots là, c'est très puissant, et superbe !

[Calvin]

très chouette
j'aime beaucoup la fin

[Janis]

itou

[Jano]

Je n'aime pas "AVC dérisoires", ça ne veut rien dire dans le contexte. Le reste est de belle facture, très suggestif. La construction est d'une grande finesse, quelques lambeaux de pensée errant dans la grisaille citadine.

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