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Tuer le père des maux (SF catastrophe et d'actualité)

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Message  MémoireDuTemps Ven 11 Nov 2011 - 9:28

Je vous présente mon troisième texte ici. Il participe actuellement à un AT et j'envisage peut-être pour lui un second AT pour la fin de l'année en cas d'insuccès.
C'est un texte qui envisage le pire : les prévisions les plus pessimistes sur le climat se sont révélées hélas vérifiées (certains scientifiques l’envisagent).
Compte tenu de la longueur (30000 caractères) et de ses deux parties aisément séparables, je le coupe en deux.
Précisions importantes (avant que vous ne lisiez) : c'est un voyage dans le temps, mais à rebours : nous partons de 2050 pour nous retrouver dans un futur proche. Si des évènements vous semblent un peu bizarres... peut-être qu'ils s'expliquent un peu après dans le texte, mais arrivés avant dans le temps. De même, j’ai prévu en fin du texte quelques précisions et données techniques qui expliqueront un peu. En réalité, la seule chose que j’extrapole sans base scientifique (mais ce n’est pas parce que cela ne s’est jamais produit que ça n’arrivera pas) : l’explosion de puits de forage de gaz de schiste… mais le site d’extraction où cela se produit dans mon histoire existe bien déjà maintenant. Bien entendu voyages dans le temps et passages sont de la SF, la vie sous-terre aussi.
Bien entendu la personnalité du membre du Tea Party est inspirée d’un politicien tout à fait réel dont j’ai adapté le nom (mais pas ses crimes… imaginaires). Et son dernier est inspiré d'un autre... que vous reconnaîtrez aisément ☺.
Enfin la fin vous rappellera quelque chose : cela s’inspire de « La jetée » de Chris Marker. Pour terminer ce titre n’est pas le titre de la nouvelle envoyée à l’AT.


Tuer le père des maux

Pour la première fois de ma jeune vie, je découvre la surface ravagée de notre Terre. Je pilote le petit bimoteur à hélices qui m’emmène accomplir mon destin via un point précis où, parfois, l’horloge du temps s’arrête et se tourne vers le passé. Avant ce mois d’octobre 2050, d’autres ont effectué le voyage sans retour. Grâce à eux, nous connaissons la cause des grandes catastrophes ; elles ont anéanti la plupart des espèces vivantes et achèveront leur œuvre bientôt quand l’homme aura disparu. L’échéance est inéluctable, les rares survivants mourront asphyxiés par l’air vicié, devenu impossible à purifier, ou empoisonnés par l’eau impure dont la toxicité ne sera plus atténuée.
La vie terrienne s’éteindra à tout jamais. Sauf peut-être au sein des profondeurs océanes, près de sources de vie encore préservées, d’où elle resurgira éventuellement et se propagera alors de nouveau. Quelques millénaires et la Terre se nettoiera d’elle-même de nos folies, sans doute…

Lorsque cette mission m’a été proposée il y a un an, j’ai longuement hésité. Nous décomptions notre espérance d’avenir en années et non en décennies ; une vie s’offrait à moi plutôt que la mort lente et l’anéantissement sinon. Combien d’atermoiements ! Partir signifiait laisser ma famille, abandonner à leur sort mon amour, tous mes amis et les huit mille troglodytes de Thomas Creek. L’enjeu, la persuasion de ma mère avaient fini par me convaincre : orienter le passé vers un devenir différent du nôtre, donner une nouvelle chance à la Terre et à l’espèce humaine, au minimum un délai. D’ailleurs, j’étais l’une des dernières à pouvoir effectuer ce voyage et, parmi les rares colonies troglophiles rescapées, seule la nôtre se situait assez proche du point d’accès au passé.
Notre communauté survivait sous terre depuis 2030. Cette vie souterraine avait perturbé petit à petit le métabolisme et le physique de la plupart des rescapés. Les enfants grandissaient moins que ceux du début de siècle. Nous présentions une pilosité réduite, ainsi qu'une pigmentation qui s'estompait, même chez les gens de couleur. Malgré mon origine africaine, la teinte de ma peau se rapprochait de celle d’une blanche un rien bronzée et je pouvais jouer le top-model début de siècle au contraire de mes congénères. En effet une telle tâche devait être confiée à une jeune femme gracieuse, apte à séduire un homme mûr, et de plus déterminée et cultivée. Ce travail nécessitait de connaître l’histoire de la déchéance humaine et de pouvoir convaincre certains scientifiques de l’imminence de la catastrophe.
Nous étions carencés en vitamines à cause de l’absence de soleil, d’air pur et d’alimentation végétale. Différents médicaments nous permettaient de compenser en partie l’avitaminose conséquente. Notre nourriture comportait nombre d’aliments exotiques ou inexistants au début du vingt et unième siècle. Elle était surtout composée d’animaux adaptés à une existence souterraine (insectes, vers de terre, taupes et bêtes diverses). À la lumière de lampes à ultraviolets, nous cultivions les rares végétaux acclimatés afin d’en extraire les bienfaits sous forme de gélules. Hélas, la pollution et la chaleur nous rattrapaient maintenant plus vite que nous ne creusions et progressions davantage à l’intérieur des entrailles de la Terre.

La lumière naturelle qui se révèle à moi est jaunâtre ; le bleu du ciel d’autrefois est occulté par des nuages gris, parfois colorés d’un vert glauque. Je suis protégée de l’atmosphère viciée et surchauffée à l'intérieur d’une cabine isolée et pressurisée où l’air est dispensé par des bonbonnes réfrigérées renfermant un mélange pur qui me permettra de survivre plusieurs jours au cœur de cet enfer. L’océan a gagné en superficie et recouvre à présent une partie des côtes jadis émergées. Son niveau fluctue beaucoup au gré des saisons : élevé en hiver quand l’évaporation est à son plus bas, il baisse de plusieurs mètres lors de la "belle saison", comme disaient les vieux… Quel que soit le moment de l’année, la température est devenue insoutenable pour la plupart des êtres vivants et évolue entre quarante-cinq et quatre-vingt-quinze degrés Celsius. Le dioxygène représente à peine quatre pour cent de l’air, ainsi le méthane et différents gaz s’enflamment moins souvent.
J’approche du fameux point situé au centre de gravité théorique du mythique "Triangle des Bermudes". Un ingénieur y a trouvé, par hasard, le fameux passage. Certes, il ne suffit pas d’y parvenir au bon moment. Il faut être protégé au sein d’une cellule de pilotage conçue à cet effet et équipée des instruments qui optimiseront les paramètres et permettront d’entrer par l’accès qui s’ouvrira. Bien que tous les voyants soient au vert, je sens une forte angoisse m’envahir. Alors que le néant a sans doute englouti les premiers voyageurs du temps, les risques sont désormais minimisés, toujours présents cependant.
Ça commence. D’abord le noir et une absence totale de bruit. Soudain, l’appareil tangue dans des directions aléatoires et je me retrouve secouée, ballottée, bousculée en tous sens bien qu’attachée à mon siège. J’ai mal au cœur, des nausées me parcourent. Je ferme les yeux, mais mon oreille interne a pris le contrôle de mes perceptions et dicte mes sensations de malaise. Les mouvements s’atténuent après environ vingt minutes d’effroi incontrôlable et se calment enfin. En une demi-heure, l’appareil a trouvé son chemin. Rien à faire, simplement me remettre et regarder si je le veux. Oh oui !

Ma plongée rétroactive n’est pas instantanée. Heureusement, le temps défile en accéléré, une heure pour quatorze mois en chronologie inverse. La vitesse de recul dépend de la route empruntée et varie en fonction de l’époque où le voyageur temporel veut se rendre. Mon parcours durera une trentaine d’heures. L’expédition comporte un volet d’observation scientifique : analyser l’évolution des régions situées entre le trentième et le trente et unième parallèle durant toutes ces années. À l’extérieur, l’avion est équipé de différents appareils de mesure et d’une caméra créée en vue de mon voyage ; le tout est isolé par une cage en acrylique sous l’avion et ainsi protégé de gaz corrosifs parfois. Les images captées sont transmises vers un disque dur avec un débit de plusieurs millions d’images par seconde. Le temps recule à une vitesse inouïe, il s’avère essentiel de tenir une telle cadence afin d’exploiter les séquences par la suite. Sur un écran, des scènes préprogrammées s’affichent dans le sens séquentiel terrestre, donc en différé par rapport à la prise de vue. Elles défilent sur un rythme adapté à la vision bien entendu. L’ordinateur dédié a été réglé de façon à ce que je puisse observer puis rédiger un rapport sur les principaux événements exploitables à cette latitude durant les trente-six années qui ont précédé mon départ.
En réalité, depuis 2047 et le paroxysme du Ciel En Feu, il ne s’était pas passé grand chose à la surface de la planète ; le niveau d’oxygène avait trop baissé et ne permettait plus la vie aérienne ; heureusement le déficit empêchait un nouvel incendie cataclysmique de l’air. Lors de cette apocalypse, la température au niveau du sol était montée au-delà de cent vingt degrés. La vapeur d’eau, générée par l’évaporation accélérée des océans, avait éteint l’incendie.
L’homme avait déjà disparu de la surface deux ans auparavant lorsque les premiers embrasements de l’air détruisirent les dernières colonies réfugiées sur le continent Antarctique : les dômes protecteurs éclatèrent sous la chaleur et la pression atmosphérique qui avait triplé ; les ultimes constructions humaines ne résistèrent pas et il ne resta rien des privilégiés qui avaient espéré se sauver en achetant ces protections illusoires.
Ça, je ne peux le voir ; mon parcours suit le parallèle de départ. J’en profite et me repose. Bientôt, j’assisterai aux catastrophes qui dévastèrent l’Afrique du Nord, l’Inde, la Chine du Sud, le Mexique et enfin la Floride, mon point de départ. Suivant les conseils du chef du projet, je m’accorde un temps de sommeil.

Au réveil, je regarde l’écran : y défilent les images de villes submergées sous des pluies déferlantes, balayées d’ouragans ou de cyclones, embrasées au milieu des gaz en flammes. Les derniers survivants tentent de fuir l’enfer de 2039 sans savoir où aller : rejoindre les troglodytes et leurs souterrains ? Trop tard, il n’y a plus de place, ni d’ailleurs pour creuser ; émigrer vers le sud, comment ? Tous les moteurs à combustion sont hors service, les autres moyens de transports ont été achetés à prix d’or par les nantis lors des premiers exodes. Impossible de s’évader par voie marine, les mers et les océans sont agités de tempêtes permanentes provoquées par les désordres du climat et le dégazage massif du dioxyde de carbone et des clathrates d’hydrates de méthane, maintenus au fond de l’eau depuis des millions d’années. Les derniers habitants des États-Unis et du Mexique n’ont pas le choix : évacuer à pied, à bicyclette ou à cheval… Hélas l’espèce, comme tous les grands mammifères hors l’homme, a quasi disparu. La plupart des migrants mourront en route, bien peu franchiront l’Équateur. Ils n’y trouveront que violence ou asile au sein de camps de réfugiés et un sursis d’à peine un an. La mort de la forêt amazonienne, qui agonisait depuis plusieurs années déjà, libérera tant et tant de gaz que les immigrés récents et les autochtones périront par millions. Les derniers humains du continent américain survivront jusqu’en 2043 au sud de la Patagonie. Les zones tropicales d’Afrique ne sont déjà que déserts arides depuis le milieu des années trente. Auparavant, quelques-uns des téméraires avaient rejoint le berceau de l’humanité et fermé la boucle de notre espèce trop imbue d’elle-même pour respecter la Terre et sa vie foisonnante. En Asie ou au Moyen-Orient la caméra ne me transmet que des instantanés de territoires désertiques et de quelques ruines abandonnées.

Nouveau saut programmé des images afin de me positionner en 2030, l’année de ma naissance, de la perte d’espoir en notre avenir et du commencement de l’émigration souterraine. Quelques-uns parmi les plus lucides choisirent semblable voie car ils savaient l’inéluctabilité de la fin.
Période funeste : des dizaines de millions de morts provoquées par les débuts de la Colère Gazeuse. Dans l’hémisphère Nord, le thermomètre dépassa souvent les soixante degrés. La cause : l’accumulation des gaz à effet de serre. Oh ! pas seulement le gaz carbonique ou le dioxyde d'azote. Au début des années 2020, le réchauffement du nord de la Sibérie et du Canada provoqua la disparition de la banquise arctique en été, puis dès la fin de l’hiver. Le pergélisol dégela toujours davantage et libéra de grandes quantités de gaz, surtout l’inquiétant méthane vingt-trois fois plus nocif que le dioxyde de carbone au regard de cet effet de serre. La moyenne des températures augmenta avec régularité de un à trois degrés par an. Si une partie de l’Europe occidentale était encore protégée par le Gulf Stream à l’amorce de cette décennie, ce ne fut pas le cas de différentes régions en Amérique du Nord, Asie, Europe centrale ou Moyen-Orient. Les gisements de clathrates – les hydrates de méthane gelés qui constituaient alors de gigantesques affleurements sous-marins en bordure des plateaux continentaux – réagirent massivement à l’élévation des températures océaniques. Leurs éruptions se multiplièrent et provoquèrent de monstrueuses déflagrations, des tsunamis, des asphyxies innombrables au dioxyde de carbone mélangé au méthane.
Je peux voir sur l’écran suffoquer des milliers d’humains en Floride, en Louisiane et au Texas, ailleurs à Hangzhou, au Caire… Les tempêtes dévastent les côtes et pénètrent très loin à l'intérieur des terres, les ouragans soufflent et les cyclones noient des régions entières. Ces inondations envahissent plusieurs centrales atomiques mal protégées (comme si le drame de Fukushima et ses conséquences ultérieures n’avaient servi à rien).
Les climatologues annoncèrent un emballement inexorable de l’effet de serre. Les scientifiques proposèrent qu’une partie de la population tente d’échapper à la destruction prochaine et se réfugie dans le sous-sol. Assez vite des solutions techniques furent créées : des foreuses dans le but d’installer des gaines de filtrage d’air, des excavatrices non polluantes pour creuser toujours davantage en profondeur. De nombreux moyens furent développés dans l'intention de faciliter la vie de ces mineurs d’un nouveau genre. Hélas, seuls certains endroits purent satisfaire aux conditions indispensables : des nappes phréatiques assez grandes et distantes de la surface afin d’être épargnées par les dégâts futurs ; la possibilité de creuser des galeries en oblique sans atteindre les tréfonds de la Terre afin d’éviter un trop fort gradient géothermique. Malgré les déclarations alarmistes, d’aucuns espéraient encore que cela s’arrangerait. Ils se fiaient à quelques savants douteux qui osaient annoncer encore que l’enfer ne durerait pas, que des solutions existaient et que le responsable était le soleil pourtant très calme. Guère de candidats à l’aventure souterraine se présentèrent. Parmi eux, en Floride, ma mère avec sa petite fille d’à peine une semaine. Je grandis donc au sein de cet environnement sans jours ni nuits.
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Message  MémoireDuTemps Ven 11 Nov 2011 - 9:30

J’arrive en l’an 2017. Le réchauffement prévu par les alarmistes à la fin du vingtième siècle est encore supportable. Las, certains pays, trop heureux de pouvoir s’affranchir de la dépendance pétrolière grâce au gaz de schiste, ont mis en place de nombreuses extractions par la méthode de fracturation hydraulique. Les compagnies n’ont tenu aucun compte des analyses inquiétantes en provenance des aquifères toujours plus pollués. Le 3 octobre, un énorme dégagement de méthane se produit sur le site de Barnett Shale situé sous la ville de Fort Worth. Il s’embrase et l’incendie s’étend dedans la cité et les agglomérations voisines. Bien que mon engin évolue à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu de la catastrophe, le ciel rougit néanmoins de flammes monumentales et s’assombrit d’un gigantesque panache de fumée échappé de la fournaise.

Mon expédition en direction du passé est bientôt terminée. Un autre explorateur m’a précédée à bord d’un avion "temporel" similaire avec l’objectif de me donner une "vie" (état civil, scolarité, université, permis de conduire, logements…) Ma mission : révéler une vérité et empêcher l’accès à la Présidence des USA d’un homme dangereux et corrompu. Ni vue ni connue, j’arrive le 23 octobre 2014 en début de soirée sur le petit aérodrome près de mon point de départ au nord de Jacksonville. À la descente de l’avion, il pleut et un violent vent glacial me souffle les gouttes sur le visage. Quel délice ! Combien grande est ma joie de ressentir cette eau pure, cet air vivifiant ! Je n’ai jamais été mouillée ainsi ; je ne connais pas le froid ; je voudrais retirer ma combinaison, recevoir sur ma peau ces bienfaits.
Je repère très vite la voiture achetée à l’occasion. J’ouvre les portes et démarre la mignonne Honda Civic bien que la clef, confiée à mon départ, ait rouillé pendant toutes ces années d’enfer ; un passé pour moi, dorénavant mon futur. Un "vieux" m’a appris à conduire ce genre de véhicules prohibés de nos souterrains. J’ai une petite inquiétude : celui qui m’a précédée n’est pas présent comme prévu. Je l’appelle grâce au portable trouvé dans la boîte à gants et n’obtiens aucune réponse. Au début, je m’affole un peu de rouler sous la pluie en situation de circulation. Plus sereine après quelques minutes, je parcours environ deux cents kilomètres avant de m’arrêter.
Je prends une chambre d’hôtel et en repars à six heures du matin. J’arriverai à New York sans doute en début de soirée. Quel bonheur de découvrir des régions où la vie s’agite en tous sens ! Si seulement j’avais le temps, je toucherais ces arbres aux feuilles jaunes et brunes, cette herbe, ces fleurs, au lieu de les effleurer d’une caresse furtive… En 2050, tout a disparu, les anciennes villes ne sont plus que quelques ruines désolées et noircies… Il paraît que, jadis, lorsqu’une construction humaine était abandonnée, la nature la reconquérait au fil du temps ; en 2050, rien ne s’approprie les vestiges hors l’oubli. Je n’ai jamais vu d’oiseaux vivants et, ici, nombre volètent partout, quelle beauté s’en dégage ! Et tous ces animaux des bois, des champs ou des arbres. À mon époque, presque aucun n’a survécu à part ceux maintenus en vie au cas où… L’homme revêt un masque à gaz au besoin, respire à l’aide de bonbonnes, pas l’animal, pas ceux qui vivent à l’air libre. Liberté ! Liberté ? Cela a-t-il un sens quand les déplacements sont limités par les parois d’une salle creusée et qu’en sortir sans équipement signifiera peut-être la mort ? Un sens lorsqu’on ne peut connaître d’intimité hormis dans un petit espace dévolu à chacun, chacune ou à chaque couple et permettant juste de s’allonger ?
Je m’arrête à la lisière d’une forêt où, aussitôt, l’air pimenté de mille senteurs m’assaille. L’odeur de soufre et de moisi a tout envahi au fond de nos galeries de survie… bien plus que de raison pour l’homme de début du siècle. Puisque la vue nous est moins utile, surtout la vision diurne, l’adaptation à une lumière artificielle, au sombre, n’a pas pris beaucoup de temps. Alors un autre sens s’est développé : l’odorat, indispensable à notre survie, a atteint la sensibilité de celui des animaux sauvages. Ainsi nous pouvons reconnaître certains gaz que l’être humain croyait inodores. Corollaire de l’adaptation, nous savons distinguer les phéromones, en particulier sexuelles afin de pouvoir optimiser la reproduction des rares animaux d’élevage, et la nôtre aussi. Le cocktail olfactif que je perçois de l’air libre me grise, je respire à pleins poumons. Je reste sidérée une dizaine de minutes à humer et reconnaître ce que j’ai appris à l’école quand le cours sur le passé nous faisait redécouvrir les plaisirs disparus de jadis.
Je déballe le sandwich acheté à l’hôtelier. L’étiquette indique la composition : du saumon fumé – je n’en ai jamais mangé – de la salade verte – inconnue sous terre – des tomates – j’en ai entendu parler – du pain de mie – disparu – et de la mayonnaise – ça je connais – confectionnée avec de l’œuf – la dernière poule est morte en 2039. Quel délice je m’apprête à déguster ! Je ne réussis pas à le finir ; c’est immonde… insipide et mauvais. Le Coca Cola qui l’accompagne me paraît de même, imbuvable !
Je reprends la route et admire enfin le ciel bleu et ce soleil dont on m’a tant vanté les mérites et… averti des dangers que nous courrions nous les sous-terriens ! J’espérais qu’il rallumerait les couleurs. Eh non ! elles sont ternes, pas telles que me les avaient décrites les anciens. Il faut avouer que daltonienne ne peut apprécier le rouge que nous ne distinguons plus, nous les nombreux natifs du dessous atteints de dichromatisme.

À vingt-trois heures, j’arrive à l’hôtel Millenium de New York fatiguée par cette corvée inusitée, la conduite automobile. Je commande des œufs au plat, si encensés par ceux qui y ont goûté. J’aime bien sauf les tranches grillées qui les accompagnent, sans doute du lard. Je n’ai jamais mangé de porc ni aucune des viandes habituelles à l’époque où je me trouve présentement. Nous ne nous nourrissons que peu de toute façon. L’humanité ne disparaîtra pas à cause d’obésité mal maîtrisée.
J’ouvre mon sac et en sors le netbook d’époque afin de me connecter sur Internet et contacter WikiLeaks. Les preuves formelles du crime commis en mai 2014, mais rendues publiques quatre ans plus tard, sont stockées sur le disque dur, je dois leur envoyer ces documents et, par précaution, je les expédie aussi à quelques médias libres et indépendants. Non, l’accident d’Air Force One qui s’est produit le 8 mai 2014 au-dessus de l’Atlantique n’en était pas un. Cet attentat visait le Président et le Vice-Président des USA. On ne retrouva pas les débris, ni leurs corps, ni ceux des cinquante-deux personnes disparues. Ils revenaient du sommet d’Oslo sur le climat, axé sur les conséquences de la pollution de l’air et de l’effet de serre. Un accord quasi unanime avait été accepté qui prévoyait : la réduction d’émission du dioxyde de carbone de douze à vingt pour cent par an dès 2016 ; la cessation de l’exploitation et de la recherche de gisements de gaz de schiste et de sables bitumineux ; la détaxation en cas d’utilisation d’énergies non polluantes et une surtaxe en cas d’emploi de sources fossiles, ce qui permettrait de développer la recherche de toute innovation en ce domaine. À cet effet, les pouvoirs du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont étendus ; la commission sera élargie à des juristes et des chercheurs en ressources non dommageables vis à vis de l’avenir. En octobre 2014, la plupart des pays ont validé la signature, sauf les États-Unis qui attendent le résultat des élections anticipées prévues afin de compenser la carence de chef d’État.
Or celui qui sera élu, R.J. Son, ne ratifiera pas le traité. Plusieurs pays suivront ce refus et notamment la Chine qui dénoncera alors l’accord.
Les éléments à charge que j’apporte démontrent le mécanisme du crime et accusent un certain nombre de personnalités, opposées à cet accord, d’avoir commandité ces assassinats. Parmi elles, celui qui deviendra Président. Or le tuer ne servirait à rien puisqu’un corrompu de même acabit le remplacerait. Les éléments que je fournis ne suffiront pas à influencer l’élection dans quelques jours mais seront utiles par la suite ou en cas d’échec de ma mission.

Il est huit heures du matin lorsque je téléphone à ce candidat. Lui et son équipe sont logés dans le même hôtel que moi. Hier, il a débattu sur un plateau de télévision avec sa principale rivale. J’ai pu visionner ce face à face : un homme politique odieux qui a basé son discours sur la mauvaise foi, le mensonge, le déni de la situation. Il a dénoncé avec démagogie la misère dont souffraient les petites gens et leur a promis monts et merveilles quand sa politique fera repartir de l’avant l’économie. Surtout, il a annoncé qu’il refuserait le traité international, expliquant que les taches solaires étaient seules responsables des hausses des températures comme la Terre en a déjà connues lors de périodes passées. Il a sorti à ce moment-là de sa serviette un petit ventilateur de poche et l’a mis en route avant de conclure : « Voilà la solution : cet objet coûte cinq dollars, une somme à la portée de tous. » Personne n’a ri de sa plaisanterie.
Après une discussion animée avec son secrétaire, je réussis à obtenir un rendez-vous à huit heures trente grâce à un nom lié à une histoire enterrée naguère en même temps que la victime. Il arrive, seul, dix minutes en avance. Il se présente vêtu d’un simple tee-shirt blanc et d’un pantalon de jogging. Surprise trop tôt au sortir de ma douche, j’enfile vite fait un slip et un peignoir avant de lui ouvrir.
— Bonjour, mademoiselle. Qui êtes-vous ?
— Bonjour, monsieur. Mon nom n’a pas d’importance, appelez-moi Claire.
— Que savez-vous de ma cousine Julia ? demande-t-il d’un ton sec.
— Tout. Vous l’avez étranglée après l’avoir violée. Vous avez ensuite maquillé ce meurtre afin de faire croire à un crime de rôdeur et vous avez forgé un alibi qui vous rendait insoupçonnable.
— Vous y étiez ? Cela m’étonnerait au vu de votre âge.
— Je détiens le témoignage d’un enquêteur qui reconnaît avoir touché de l’argent pour substituer les prélèvements effectués sur la victime.
— Pff ! il est mort. Une charogne ne peut déposer sous serment ! Et les preuves, où sont-elles ?
— Pas ici. Et si on déterrait le cadavre de Julia, on trouverait votre ADN.
— Après trente-quatre ans ?
— Peut-être. Vous ne niez pas ?
— À quoi bon ? Nous sommes seuls il me semble.
Comme je me verse un café, il me demande de lui en servir un. Je lui offre le mien, le lui sucre et m’en ressers une tasse. Il ignore, bien entendu, que j’ai drogué ce sucre avec un médicament fourni par mon chef de mission. Je m’excuse et m’absente aux toilettes comme on m’en a donné la consigne. Je reviens au bout de cinq minutes. Je retrouve mon interlocuteur très irrité.
— Je vous ai attendue, mademoiselle. Je n’ai pas de temps à consacrer à votre affaire aujourd’hui. Revenez me voir après l’élection et vous me montrerez vos preuves à ce moment.
— Si je contacte des médias ce matin et leur donne des éléments à charge, cela tomberait mal, n’est-ce pas ?
— D’ici qu’ils vérifient, je serai élu Président.
— Oh ! ça ne prendra pas de temps, vous venez d’avouer et j’ai tout enregistré.
— Quoi ? crie-t-il.
— Oui, avec ce téléphone.
— Donnez-le-moi, hurle-t-il.
J’essaie de sortir de la chambre. Il me saisit l’épaule, me projette sur le lit, m’arrache mon appareil dans le même mouvement et le jette violemment contre un mur.
— Vous n’avez plus d’aveux, fulmine-t-il d’un rire graveleux.
— J’étais en communication, mon correspondant a tout entendu.
— Vous bluffez, sale pétasse !
— Trop tard, l’appareil est cassé.
Il s’énerve de mon sourire candide. On m’a prévenue de ses accès de colère d’une extrême violence. Il se jette sur moi. Je me débats, essaie de le repousser, me défends de ses mains fouineuses mais reçois alors deux coups de poing à la figure… Il ouvre mon déshabillé ; je flanche, semi-inconsciente. Après avoir arraché ma culotte, il me viole sans que mon atonie puisse l’en dissuader.
Je reprends mes esprits. R.J. Son se trouve à la salle de bains dont il a juste repoussé la porte. Ce satyre pense sans doute que je suis restée inconsciente ou il ne se rend pas compte de ses actes ? Je profite de son inattention et prends mon sac de voyage. Je m’éclipse sans bruit, habillée de la seule sortie de bain. Au milieu du couloir, une femme de ménage vient à ma rencontre et je lui explique qu’un homme m’a violentée. Elle appelle la réception. Une employée accourt et me conduit vers l’ascenseur. Dans le reflet des parois je vois ma tête, ma joue écorchée, mon œil enflé. Jamais je n’avais imaginé m’en sortir en tel état.
Dès l’heure qui suit, on me conduit au poste de police. Une inspectrice prend mon témoignage et m’emmène à l’hôpital. Je subis tous les examens pratiqués par une femme médecin. Elle veut me garder en observation, je refuse. Un avocat vient s’entretenir avec moi le lendemain matin. Le viol est prouvé à son avis. En fin d’après-midi, il m’accompagne au tribunal. Je témoigne ensuite sous serment. R.J. Son est assis menotté. Quand on l’interroge, il nie les faits.
Une semaine passe. Les éléments à charge contre mon agresseur se sont accumulés. D’anciennes affaires sont revenues à la surface, y compris celle de la cousine assassinée. J’ai dû éclaircir la présence du téléphone. J’ai expliqué que je lui avais raconté cette histoire afin de me protéger de sa violence. J’ai fourni la preuve de son implication. Mon affaire a influencé le vote, mon violeur a été défait. Plusieurs grands électeurs ont même refusé de respecter leur mandat. La dernière partie de ma mission arrive : me rendre à la gare et prendre le train de dix heures douze en direction de Washington. Là-bas je rencontrerai un climatologue et lui remettrai les disques durs enregistreurs du voyage temporel, ainsi que des documents et des photos qu’on m’a confiés en 2050. J’emporte l’attaché-case qui contient ces éléments.
Arrivée au Grand Central Terminal, la gare de Midtown, je trouve sans problème l’endroit prévu. Mon siège réservé par l’hôtel se situe en tête. Je longe le convoi, m’apprête à monter. Soudain deux hommes viennent vers moi.
— Mademoiselle Claire Vaniva ?
— Oui.
— FBI, veuillez nous suivre !
— Non, je ne peux pas. J’ai un rendez-vous très important.
— Nous avons un mandat vous concernant.
— On m’a ordonné de prendre ce train.
— Impossible, vous devez nous accompagner à la Police Station pour une affaire très grave.
Durant ce bref échange, le train d’en face s’ébranle. Je me dégage de la main qui me serre le bras et saute sur la marche du wagon. Un des inspecteurs sort son arme et tire alors que je me retourne. La balle me touche en pleine poitrine ; je m’écroule et glisse à moitié entre les voies et la voiture. La mallette est tombée et s’est ouverte. Son contenu s’éparpille en partie sur le sol. Je baisse la tête afin de voir. Mes yeux croisent le regard d’une gamine dans l’autre train. Je la connais. La lumière d’un flash crépite. Elle vient de prendre un cliché de la scène. Je vois une des photographies que j’emmenai : c’est moi, affalée sur ce quai, regardant sans doute la fillette ; une tache de sang rouge s’étale à côté de la photo et je devine que c’est celle qui vient d’être prise. Je sais qui est la photographe ; ma mère m’a montré un portrait d’elle-même quand elle avait neuf ans.
« Pourquoi ne m’as-tu rien dit, maman ? » Et je sombre.

FIN

Compléments :
Librement inspiré de
— "La jetée" de Chris Marker.
— "L'Armée des douze singes" de Terry Gilliam.
Documentations utilisées : Internet, Wikipédia, des rapports d’un ami scientifique.
(*) citation véridique... du personnage qui m’a inspirée.

Informations diverses :
Thomas Creek : Lieu-dit dans une zone boisée au Nord de Jacksonville, pas très loin de l’aéroport de cette ville… et aussi ancien nom de Jacksonville.
Clathrate : Complexe de molécules formant une cage enfermant une molécule hôte… Le mot vient du grec klathron, signifiant clos. Le clathrate le plus connu est l'hydrate de méthane, ce dernier étant la molécule hôte. Cette "glace qui brûle" (quand elle dégage son méthane inflammable) n'est stable qu'à pression élevée. On en trouve des stocks profondément enfouis dans le sous-sol, notamment sous le fond des océans.
(http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/chimie-2/d/clathrate_4644/).
Pergélisol ou permafrost : Sol (ou roche) qui se maintient à une température égale ou inférieur à 0°C pendant au moins deux ans.
(http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/geologie-2/d/pergelisol_1665/)
Gaz de schiste : Le gaz de schiste, ou "gaz de roche-mère", est une forme de gaz naturel extraite à partir de terrains schisteux. Le procédé [d’extraction] s'appuie sur le forage directionnel, associé à la fracturation hydraulique, d'un grand nombre de puits. Le forage directionnel consiste à forer à une profondeur et un angle qui permettent au puits de rester confiné dans la zone potentiellement productrice. La fracturation hydraulique consiste à provoquer un grand nombre de micro-fractures dans la roche contenant le gaz, permettant à celui-ci de se déplacer jusqu'au puits afin d'être récupéré en surface. La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à haute pression dans la formation géologique, autour du point d'injection. On ajoute des additifs dans l'eau afin d'améliorer l'efficacité de la fracturation :
- du sable de granulométrie adaptée ;
- des biocides destinés à réduire la prolifération bactérienne dans le fluide et dans le puits ;
- des lubrifiants qui favoriseront la pénétration du sable dans les micro-fractures ;
- des détergents qui augmentent la désorption du gaz et donc la productivité des puits.
La multitude de puits forés en fait une technique inadaptée aux milieux urbanisés (sic Wikipedia…). Cette extraction entraîne le rejet de 3,6% à 7,9% du gaz dans l'atmosphère.
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_de_schiste)
Le site d’extraction de Barnett Shale extrait son gaz de schiste de dessous la ville de Fort Worth, ville qui fait partie de Dallas-Fort Worth Metroplex au Texas, métropole d’environ six millions d’habitants.
Sables bitumineux : Sable enrobé d’une couche d’eau sur laquelle se dépose la pellicule de bitume. Les méthodes d’extraction du pétrole obtenu sont très dommageables : destruction de la forêt boréale, dégagement de méthane, d’anhydride sulfureux, pollution des eaux…
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Message  Jean Lê Mar 15 Nov 2011 - 11:50

J’ai pensé à H.G. Wells « La machine à remonter le temps » et à Gaston Leroux « La double vie de Théophraste Longuet » où le peuple des Talpa vit dans les catacombes.
Je pense qu’il faut laisser au lecteur la découverte du texte et de sa teneur et donc je trouve dommage le préambule.
Neuf pages c’est bien long et ça rebute certainement le lecteur/commentateur. Ce texte découpé en feuilleton et posté épisode par épisode aurait gagné des lecteurs.
Sur le fond, l’intention est louable mais la démonstration un peu copieuse. Les nombreux détails techniques explicatifs plombent le récit qui gagnerait aussi en efficacité en s’allégeant des considérations morales qui finalement le desservent. L’action patine à démarrer, la deuxième partie est plus enlevée. Il est peu probable que le président et le vice-président voyagent de concert dans l’Air Force One. Peu crédible aussi, le jogging de l’homme politique (Ron Johnson-DSK) pour un rendez-vous et WikiLeaks aura certainement disparu de la toile en 2014.
La démonstration gagnerait à hiérarchiser les différentes causes catastrophiques, peut-être mettre l’accent sur une cause majeure comme la libération du méthane des fonds des océans.
Cette nouvelle S-F contient du potentiel et mérite d’être retouchée, le personnage principal est aussi à étoffer. Voilà mon avis de simple lecteur. A propos c’est quoi un AT ?
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Message  Invité Mar 15 Nov 2011 - 22:14

Que de longueurs ! Pendant tout le texte, on ne sait finalement pas où on va être trimballé ; le tout manque terriblement de fil conducteur. On commence avec une diatribe en règle contre la nature humaine et ses terribles dérives écologiques (je grossis le trait car à plusieurs reprises, cela m'a sauté aux yeux : le ton est parfois excessivement moralisateur), on opère ensuite un virage soap étrange, qui rappelle l'actualité médiatique des mois derniers, pour finir avec cette chute, presque sortie de nulle part, très mal amenée (ce fantastique contraste, pour moi, avec l'aspect très terre-à-terre des descriptions de la première partie, entre autres). Ces incessants sauts de puce me dérangent car la cohérence en est sérieusement affectée.

L'écriture me paraît de bonne facture, quoique trop explicative : attention à ne pas céder aux sirènes du didactisme. Le souci — clinique — de la terminologie est à louer, mais il finit par rendre laborieuse la lecture de certains passages, inutilement compliqués. Le catalogue de handicaps, la liste des gaz et leurs propriétés n'apportent rien à l'histoire, si ce n'est de la lourdeur. Vous pourriez vous permettre ce genre d'originalités si l'épaisseur des personnages était plus fouillée ou si cette débauche d'effets visait un décalage ironique ; en l'occurrence, vous emballez et pesez l'épisode du viol en deux temps, trois mouvements et paf ! L'héroïne repart à l'aventure, à peine échaudée, pour un procès qui lui aussi se dénouera avec une déconcertante facilité. Je regrette, dans cette optique, le tournant « hollywoodien » que prend le texte dans son dernier tiers, toujours dans le même souci de cohérence et de profondeur. Certaines thématiques auraient gagné à être creusées mais ne sont qu'effleurées, par manque d'ambition ou par, hélas, paresse intellectuelle (des commodités scénaristiques telles que le FBI et les complots, on en a soupé !). C'est pourquoi au sortir de la lecture, je n'ai qu'un seul mot à l'esprit : « Gâchis ». Vous aviez matière à rendre votre histoire excellente, prenante, inventive. Vous restez finalement dans le rang et ne trouvez pas votre ton, louvoyant, à mon avis, entre plusieurs genres sans parvenir à rendre le mélange agréable.

Je félicite le soin apporté à l'orthographe et à la typographie, impeccables ou presque. Voici quelques remarques :
- « Nous étions carencés en vitamines » : la formule me paraît incorrecte ;
- « lors de la "belle saison" » : il faut privilégier les guillemets français aux guillemets droits ; valable pour « "Triangle des Bermudes" » un peu plus loin, évidemment ;
- « il ne s’était pas passé grand chose » : « grand-chose » (trait d'union) ;
- « Tous les moteurs à combustion sont hors service » : « hors-service » (trait d'union) ;
- « fermé la boucle de notre espèce trop imbue d’elle-même » : la sentence me paraît trop appuyée, manquant de subtilité ;
- « la Colère Gazeuse. » : le nom de la période est, à mes yeux, un peu emphatique ;
- « l’incendie s’étend dedans la cité » : pourquoi cette tournure archaïque ? ;
- « d’un avion "temporel" » et « me donner une "vie" » : guillemets français à préférer ;
- « logements…) » : n'oubliez pas le point pour clore la phrase, après la parenthèse ;
- « Un "vieux" » : guillemets (désolé) ;
- « Il paraît que, jadis, lorsqu’une construction humaine était abandonnée, la nature la reconquérait au fil du temps ; en 2050, rien ne s’approprie les vestiges hors l’oubli. » : je trouve ce passage très expressif ;
- « que nous courrions nous les sous-terriens ! » : virgule après « courrions » ;
- « telles que me les avaient décrites les anciens. » : « les Anciens », j'imagine ;
- « Il faut avouer que daltonienne ne peut apprécier » : manque l'article ;
- « par cette corvée inusitée » : moche ;
- « le netbook d’époque afin de me connecter sur Internet et contacter WikiLeaks. » : je m'étonne que les netbooks et WikiLeaks aient perduré… Amusant, malgré tout ! :
- « non dommageables vis à vis de l’avenir. » : « vis-à-vis » (traits d'union) ;
- « afin de compenser la carence de chef d’État. » : la formule me semble maladroite. Vous aimez bien le mot « carence » ! ;
- « puisqu’un corrompu de même acabit » : « du même acabit » ;
- « J’ai pu visionner ce face à face » : « ce face-à-face » (substantivation de la locution adverbiale et de fait, traits d'union) ;
- « un homme politique odieux qui a basé son discours » : ne craignons pas d'être un peu puristes, à bon escient du moins. À titre indicatif, « se baser sur », pour l'Académie française est mal vu dans la langue écrite. On lui préfère « se fonder sur » ou « s'établir ». Je précise quand même qu'on trouve l'expression sous la plume de nombre d'écrivains.
- « quand sa politique fera repartir » : problème de concordance des temps. « Ferait » me semblerait plus adéquat. Je remarque des changements de temps inopinés à plusieurs endroits du texte. On passe parfois du passé au futur sans logique apparente, ce qui me déconcerte.
- « à la Police Station pour une affaire très grave. » : « Police Station » en italique.

P.-S. : Le préambule refroidit.

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Message  MémoireDuTemps Mer 16 Nov 2011 - 17:24

Jean Lê a écrit: J’ai pensé à H.G. Wells « La machine à remonter le temps » et à Gaston Leroux « La double vie de Théophraste Longuet » où le peuple des Talpa vit dans les catacombes. Merci
Je pense qu’il faut laisser au lecteur la découverte du texte et de sa teneur et donc je trouve dommage le préambule. J’avais un peu peur que la construction à l’inverse du temps déconcerte et que si on ajoutait le côté catastrophe le lecteur décroche un peu plus vite encore prenant ça comme un délire,
Neuf pages c’est bien long et ça rebute certainement le lecteur/commentateur. Ce texte découpé en feuilleton et posté épisode par épisode aurait gagné des lecteurs. je n’y ai pas pensé
Sur le fond, l’intention est louable mais la démonstration un peu copieuse. Les nombreux détails techniques explicatifs plombent le récit qui gagnerait aussi en efficacité en s’allégeant des considérations morales qui finalement le desservent. L’action patine à démarrer, la deuxième partie est plus enlevée. cette nouvelle répond à un appel à texte sur le sujet de notre avenir climatique et les effets en 2050, il me fallait argumenter pour défendre une thèse qui ne fait pas l’unanimité des scientifiques : celle de l’emballement irréversible du climat Il est peu probable que le président et le vice-président voyagent de concert dans l’Air Force One. Peu crédible aussi, le jogging de l’homme politique (Ron Johnson-DSK) pour un rendez-vous et WikiLeaks aura certainement disparu de la toile en 2014. je sais, mais c’était pour montrer l'optimisme de la Présidence américaine … oui Wikileaks est mal parti … quant à l’homme politique (oui c’est bien lui) je n’ai pas dit qu’il faisait un jogging
La démonstration gagnerait à hiérarchiser les différentes causes catastrophiques, peut-être mettre l’accent sur une cause majeure comme la libération du méthane des fonds des océans. oui cela ne ressort peut-être pas assez à cause de ce récit à l’envers, le dégagement de méthane a sans doute provoqué l’extinction du Pernien dont l’origine est probablement liée au volcanisme ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_du_Permien )
Cette nouvelle S-F contient du potentiel et mérite d’être retouchée, le personnage principal est aussi à étoffer un de mes défauts, je sais . Voilà mon avis de simple lecteur. A propos c’est quoi un AT ? Merci de cet avis … et je vais corriger les fautes signalées par Alex
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Message  Invité Mer 16 Nov 2011 - 18:06

Je suis toujours curieux de savoir ce qu'est un AT, puisque vous n'avez, me semble-t-il, pas répondu à la question de Jean-Lê.

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Message  MémoireDuTemps Mer 16 Nov 2011 - 19:05

AT : appel à texte ou concours de nouvelles aussi. Comme je suis aussi une grenouille de la mare Cocyclics (et d'autre forums), un forum de bêta-lecture très fréquenté, j'ai tendance à utiliser des abréviations habituelles là-bas. La réponse pour votre analyse je l'enverrai en détail dans peu.
Et puis aussi un grand bravo pour votre idée de mettre tous les caractères spéciaux, surtout les majuscules accentuées que Windows ignore, dans la localisation.
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Message  Invité Mer 16 Nov 2011 - 19:15

Ah oui, « appel à textes » ! C'était évident. Merci beaucoup.
Merci aussi pour vos compliments mais je me dois de clarifier les choses : ce n'est pas moi qui ai eu l'idée d'insérer l'ensemble des caractères spéciaux dans mon profil. Une membre que vous n'avez vraisemblement pas connue, « socque », réalisait ici régulièrement la correction des textes ; je me suis permis de prendre le relais et lui ai demandé si elle ne voyait pas d'inconvénient à ce que je place ses caractères dans mon profil, puisqu'elle ne se connecte plus. J'ai depuis modifié leur ordre, ajouté quelques signes… mais l'idée originelle n'est pas de moi !
Au plaisir de vous relire,

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Message  MémoireDuTemps Mer 16 Nov 2011 - 20:33

alex a écrit:Je félicite le soin apporté à l'orthographe et à la typographie, impeccables ou presque. Merci, je fais peu de fautes et me relis constamment et le texte avait en plus été déjà lu aileurs, là je ne parle que des fautes remarquées, demain un avis sur votre avis Voici quelques remarques :
- « Nous étions carencés en vitamines » : la formule me paraît incorrecte ; possible oui, mais on parle bien de carence dans ce cas, alors peut-être par l’absence de vitamines ?
- « lors de la "belle saison" » : il faut privilégier les guillemets français aux guillemets droits ; valable pour « "Triangle des Bermudes" » un peu plus loin, évidemment ; Merci, encore une chose que je découvre.
- « il ne s’était pas passé grand chose » : « grand-chose » (trait d'union) ; OK
- « Tous les moteurs à combustion sont hors service » : « hors-service » (trait d'union) ; OK
- « fermé la boucle de notre espèce trop imbue d’elle-même » : la sentence me paraît trop appuyée, manquant de subtilité ; peut-être à revoir, mais je veux qu’elle choque quand même
- « la Colère Gazeuse. » : le nom de la période est, à mes yeux, un peu emphatique ; là j’y tiens, car cela correspond au phénomène, le dégazage dans l’eau donne des bulles (monstrueuses dans ce cas) donnant l’impression de bouillir.
- « l’incendie s’étend dedans la cité » : pourquoi cette tournure archaïque ? ; pour varier un peu et dans est trop faible… ne pas oublier que le risque est quand même de voir l’eau s’enflammer (comme la glace qui brûle)
- « d’un avion "temporel" » et « me donner une "vie" » : guillemets français à préférer ; OK
- « logements…) » : n'oubliez pas le point pour clore la phrase, après la parenthèse ; OK
- « Un "vieux" » : guillemets (désolé) ; OK
- « Il paraît que, jadis, lorsqu’une construction humaine était abandonnée, la nature la reconquérait au fil du temps ; en 2050, rien ne s’approprie les vestiges hors l’oubli. » : je trouve ce passage très expressif ; merci
- « que nous courrions nous les sous-terriens ! » : virgule après « courrions » ; OK
- « telles que me les avaient décrites les anciens. » : « les Anciens », j'imagine ; OK
- « Il faut avouer que daltonienne ne peut apprécier » : manque l'article ; non, c’est volontaire, parfois une inspiration bizarre me vient, certaines de mes phrases sont faites pour choquer, remuer, ici il faut l’entendre comme un cri
- « par cette corvée inusitée » : moche ; Oh que oui ☺ je vais changer !
- « le netbook d’époque afin de me connecter sur Internet et contacter WikiLeaks. » : je m'étonne que les netbooks et WikiLeaks aient perduré… Amusant, malgré tout ! : merci, pour Wikileaks mal parti oui, mais le netbook type notre époque a été préservé du passé, n’oublions pas les paradoxes temporels qui font qu’un voyageur du temps l’a précédée pour préparer son existence et donc mettre à l’abri les objets qu’elle emportera de 2050 (comme la clé qui elle a un peu rouillée)
- « non dommageables vis à vis de l’avenir. » : « vis-à-vis » (traits d'union) ; OK
- « afin de compenser la carence de chef d’État. » : la formule me semble maladroite. Vous aimez bien le mot « carence » ! ; oui me suis gourée plutôt la vacance
- « puisqu’un corrompu de même acabit » : « du même acabit » ; volontaire
- « J’ai pu visionner ce face à face » : « ce face-à-face » (substantivation de la locution adverbiale et de fait, traits d'union) ; OK
- « un homme politique odieux qui a basé son discours » : ne craignons pas d'être un peu puristes, à bon escient du moins. À titre indicatif, « se baser sur », pour l'Académie française est mal vu dans la langue écrite. On lui préfère « se fonder sur » ou « s'établir ». Je précise quand même qu'on trouve l'expression sous la plume de nombre d'écrivains. OK
- « quand sa politique fera repartir » : problème de concordance des temps. « Ferait » me semblerait plus adéquat. Je remarque des changements de temps inopinés à plusieurs endroits du texte. On passe parfois du passé au futur sans logique apparente, ce qui me déconcerte. Oui... par contre il est vrai que les temps de ce texte sont ardus entre le futur-no future, le passé qui devient futur, et vice-versa – pour m’amuser et me lancer un défi je fais des textes qui sont loin d’être simples à écrire (j’écris un roman à la première personne.. mais cette personne change à chaque chapitre… ou plus dur une novella qui se déroule dans un monde aberrant aux propriétés qui ne respectent pas celles de notre monde… au moins je m’amuse à me creuser les méninges
- « à la Police Station pour une affaire très grave. » : « Police Station » en italique. OK
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Message  Modération Mer 16 Nov 2011 - 21:06

MémoireDutemps, merci de ne pas répondre systématiquement à chaque intervention mais de grouper vos réponses aux commentaires. Il existe d'ailleurs un fil pour discuter autour des textes sans restriction : ICI
(bien penser à indiquer le titre du texte dont il est question et à qui s'adresse le commentaire, merci).

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Message  Invité Mer 16 Nov 2011 - 21:11

Je veux bien que certaines tournures soient volontaires, mais vous frôlez parfois la licence poétique ! Je vous invite en tout cas à ne pas répondre à chacun des messages des intervenants : vous risqueriez de vous faire taper sur les doigts par la Modération, à juste titre, qui veille à ce que chaque membre bénéficie de la même visibilité (la remontée de votre texte dans le classement vous favorise).

Je réponds rapidement à vos retours :
- je reproche au syntagme « carencés en vitamines » son participe, « carencés ». Le substantif « carence » ne me pose aucun problème, le verbe 
« carencer » (qui existe cependant) oui, encore plus sous cette forme passive ;
- je persiste : l'usage du mot « dedans » pour « dans » me paraît fort précieux et pas aussi expressif que vous le croyez ; disons qu'il s'agit là d'une affaire de goûts ;
- oubliez ma remarque concernant « de même acabit » : des recherches dans le TLFi vous donnent raison, j'ai fait erreur ;
- si j'ai le temps, je vous indiquerai les problèmes de concordances de temps que je repère.

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Message  MémoireDuTemps Ven 18 Nov 2011 - 17:45

alex a écrit:

Que de longueurs ! Pendant tout le texte, on ne sait finalement pas où on va être trimballé ; le tout manque terriblement de fil conducteur. On commence avec une diatribe en règle contre la nature humaine et ses terribles dérives écologiques (je grossis le trait car à plusieurs reprises, cela m'a sauté aux yeux : le ton est parfois excessivement moralisateur), on opère ensuite un virage soap étrange, qui rappelle l'actualité médiatique des mois derniers, pour finir avec cette chute, presque sortie de nulle part, très mal amenée (ce fantastique contraste, pour moi, avec l'aspect très terre-à-terre des descriptions de la première partie, entre autres). Ces incessants sauts de puce me dérangent car la cohérence en est sérieusement affectée.

Je comprends tout à fait certaines remarques justes, d’ailleurs généralement j’échappe à ce piège et j’ai une écriture plutôt dense. Le cadre de l’appel à texte, l’obligation de faire un exposé des hypothèses qui me servent de socle pour bâtir mon histoire et la justifier, ne peuvent se faire sans un peu de longueur. J’ai aussi choisi des options pour donner un peu d’originalité : la description de ce qui s’est passé précédemment (mon hypothèse de « voir » est improbable, mais cela m’évitait d’exposer par un laïus la raison de sa mission qui aurait été encore plus lassante, j’ai préféré l’intégrer à l’histoire. Mon option d’histoire à l’envers perturbe aussi surtout qu’on ne sait pas avant les 2/3 de l’histoire son objectif. D’autre part le premier jet a été écrit assez vite car le temps de recherche a été plus long que prévu, je m’intéresse pas mal à la science, mais de là à ne pas sortir de grosses bourdes. Heureusement, un des membres de mon groupe d’écriture est climatologue et m’a fourni certaines données et tuyaux pour rechercher. Par contre je prends souvent un ton moralisateur, je n’écris pas pour être célèbre mais parce que j’ai des choses à dire. Pour la chute mal amenée, je réfléchis à donner certains éléments plus tôt dans ma nouvelle, par contre détailler pour savoir les raisons de cette arrestation, non cela alourdirait (bien sûr j’avais une idée : accusée du meurtre de son correspondant arrivé avant…) mais alors si je développe plus cela tendra vers la novella, j’ai certes la matière, mais je préfère me consacrer à un roman en cours.

L'écriture me paraît de bonne facture, quoique trop explicative : attention à ne pas céder aux sirènes du didactisme. Le souci — clinique — de la terminologie est à louer, mais il finit par rendre laborieuse la lecture de certains passages, inutilement compliqués. Le catalogue de handicaps, la liste des gaz et leurs propriétés n'apportent rien à l'histoire, si ce n'est de la lourdeur. Dans le cadre de l’AT, soit je prenais un sujet bateau du genre l’héroïne a inventé un système de climatisation qui n’accroît pas l’effet de serre, soit je devais donner certaines explications
Vous pourriez vous permettre ce genre d'originalités si l'épaisseur des personnages était plus fouillée vous touchez là mon défaut d’écrivaine, j’en suis consciente ou si cette débauche d'effets visait un décalage ironique ; en l'occurrence, vous emballez et pesez l'épisode du viol en deux temps, trois mouvements et paf ! . Ça c’est volontaire, mon but est d’expliquer le pourquoi et non le comment (c’est pourquoi je l’assomme à moitié) L'héroïne repart à l'aventure, à peine échaudée, pour un procès qui lui aussi se dénouera avec une déconcertante facilité. Non pas le procès, uniquement le début de l’enquête Je regrette, dans cette optique, le tournant « hollywoodien » que prend le texte dans son dernier tiers, toujours dans le même souci de cohérence et de profondeur. Certaines thématiques auraient gagné à être creusées mais ne sont qu'effleurées, par manque d'ambition ou par, hélas, paresse intellectuelle (des commodités scénaristiques telles que le FBI et les complots, on en a soupé !) Et pourtant ça existe pas seulement à Hollywood, . C'est pourquoi au sortir de la lecture, je n'ai qu'un seul mot à l'esprit : « Gâchis ». Vous aviez matière à rendre votre histoire excellente, prenante, inventive. Vous restez finalement dans le rang et ne trouvez pas votre ton, louvoyant, à mon avis, entre plusieurs genres sans parvenir à rendre le mélange agréable. C’est un avis, j’ai eu d’autres retours plus enthousiastes ailleurs, je ne suis pas pleinement satisfaite de mon écrit non plus, car je n’y ai pas vraiment placé mon style… c’est aussi la raison pour laquelle je l’ai affiché ici, avoir plus de retours pour peut-être me donner le déclic… mais en tout cas merci de votre travail sur mon texte assez long.

si j'ai le temps, je vous indiquerai les problèmes de concordances de temps que je repère.
Ça je veux bien ☺ !
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Message  MémoireDuTemps Ven 18 Nov 2011 - 17:53

Modération a écrit:MémoireDutemps, merci de ne pas répondre systématiquement à chaque intervention mais de grouper vos réponses aux commentaires. Il existe d'ailleurs un fil pour discuter autour des textes sans restriction : ICI
(bien penser à indiquer le titre du texte dont il est question et à qui s'adresse le commentaire, merci).
Je voulais mettre ma réponse sur le fil signalé dans votre message et non sur mon fil... bizarre
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Message  Invité Ven 18 Nov 2011 - 18:59

quelques notes au fil de ma lecture, just saying,

Tous les moteurs à combustion sont hors service, les autres moyens de transports ont été achetés à prix d’or par les nantis lors des premiers exodes
la phrase est surprenante, le moteur à combustion n'est pas un moyen de transport à lui-seul.
Hélas l’espèce, comme tous les grands mammifères hors l’homme, a quasi disparu
je n'ai pas compris.
ruines abandonnées.pléonasmathique.
Leurs éruptions se multiplièrent et provoquèrent de monstrueuses déflagrations tu m’étonnes.
Au début, je m’affole un peu de rouler sous la pluie en situation de circulation
pas compris non plus.
Il faut avouer que daltonienne ne peut apprécier le rouge que nous ne distinguons plus, nous les nombreux natifs du dessous atteints de dichromatisme. étrange phrase.
l est huit heures du matin lorsque je téléphone à ce candidat un miracle d'avoir le numéro.
je n'ai rien compris à la fin.

Bien. Un gros défi, en effet, avec une progression à rebours qui n'est pas aisée à manipuler. Si l’orthographe est soignée, félicitation, et le propos documenté, re-bravo. Coté stylistique et dynamique du texte, j'ai noté un champs lexical très pauvre en faisant abstraction des termes scientifiques, une mauvaise appréciation dans la distribution des informations, certaines d'entre-elles semblent ressassées, la présence de tournures récurrentes -hors ceci, hors-cela par exemple. La ponctuation mérite une ou deux virgules de plus. Une nuée de "et" semblaient évitables. Enfin, pour conclure sur une note plus personnelle, je ne saisi pas clairement le fil qui nous conduit dans les affaires de mœurs du Sale Bonhomme.

Au delà du travail fournit à la rédaction, et bien sur, du message louable qu'il tente de délivrer, j'ai du mal à cerner une qualité globale qui me permettrait de l’apprécier.

Bonne chance pour l'AT, cependant, les lecteurs sont , bien entendu, tous d'une sensibilité différent, et ; un point qui m'a déplu pourra très bien charmer chez quelqu'un d'autre.

Bonne continuation, c'est le plus important et merci pour la défense de environnement, un sujet de choix en SF mais pas trop en vogue ailleurs...


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Message  Invité Ven 18 Nov 2011 - 19:05

se trouvent aussi une nuée de faute dans mon commentaire, il est très tard, je vous prie de m'en excuser.

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Tuer le père des maux (SF catastrophe et d'actualité) Empty Re: Tuer le père des maux (SF catastrophe et d'actualité)

Message  Invité Dim 20 Nov 2011 - 8:48

Je n'ai lu pour l'instant que le premier épisode présenté. N'étant pas compétente pour juger les considérations scientifiques, je me contenterai de dire qu'à aucun moment je ne me suis ennuyée, le sujet étant servi par une écriture de qualité.
Sentiment d'effroi qu'annonçait bien le titre.

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