L'envol...

[gaeli]

- Laissez-moi aimer l'oiseau d'amour...

Maria, quand on l'interrogeait, ne savait plus que répéter cette phrase d'une petite voix frêle et fluette. Depuis quelques temps, elle ne quittait plus son lit. Ses quatre-vingt-dix ans se recroquevillaient sous les draps et ses yeux fixaient un quelque chose, qu'elle seule pouvait voir, dans cette petite pièce d'un blanc aseptisé. Elle semblait être déjà dans les nuages. Parfois elle agitait les bras comme jouant avec un vent imaginaire. La nuit, son corps ne bougeait pas mais ses prunelles veillaient, immobiles comme son présent.

Un soir d'automne, Brenda, une jeune aide soignante ,vint lui faire sa mise en nuit. Pendant qu'elle vaquait à ses tâches dans la chambre, elle chantait un air de Fugain avec un entrain qui démontrait sa nature heureuse et généreuse.

``Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut.

Mais je suis seul dans l'univers
J'ai peur du ciel et de l'hiver
J'ai peur des fous et de la guerre
J'ai peur du temps qui passe, dis
Comment peut-on vivre aujourd'hui...``

Maria choisit ce moment précis pour rejoindre son oiseau du paradis. Ils volent maintenant de concert, droit vers l'horizon et la lumière du désert de l'éternité.

[MémoireDuTemps]

Texte poétique un peu triste, bien écrit, un peu dommage que tu consacres le tiers du texte à la chanson de Michel Fugain (mais c'est une des seules que j'aime bien de lui ☺).
Il y a une petite faute "Depuis quelques temps" pas de s à quelque et il y a un quelque qui suit peu après.
Et l'expression "un quelque chose, qu'elle seule" 3 fois "que". Je ne sais quoi te conseiller parce que j'aime bien ce "un quelque chose"
"Elle semblait être déjà dans les nuages." semblait être... un peu faible... surtout que le être peut être remplacé par une multitude de verbes plus poétiques les uns que les autres (voleter, s'évader, vivre, flotter...).

[Damy]

Spoiler:

[Invité]

Je regrette d'avance la dureté de mon commentaire, mais je n'ai pas aimé. J'ai trouvé le texte maniéré, faussement poétique, mais peut-être est-ce l'effet Fugain sur moi… Toujours est-il que la dernière phrase, pour moi, est très représentative de ce que je reproche au texte : « oiseau de paradis », « lumière du désert de l'éternité », que de clichés qui ne demandent qu'à être balayés ! Dommage, car l'écriture tient bien la route (même si le texte est très court et qu'il est difficile de se faire une opinion là-dessus).

Cinq remarques, typographiques surtout :
- « - Laissez-moi » : le tiret ne suffit pas pour les dialogues, il faut utiliser le tiret cadratin ;
- « d'amour... » : vous n'employez pas les bons points de suspension « … » ;
- « Depuis quelques temps » : « quelque temps » (= « un certain temps ») ;
- « aide soignante ,vint » : pas d'espace avant la virgule mais une espace après ;
- « ``Fais comme l'oiseau [...] vivre aujourd'hui...`` » : vous n'employez pas les bons guillemets (vous n'employez même pas des guillemets, à vrai dire. Il convient d'utiliser les guillemets suivants : « et ».

[gaeli]

Alex: Que cette prose ne vous plaise pas, c'est votre droit, votre perception et je respecte.
Pour ma part cependant je ne crois pas qu'il faille balayer du revers de la main les clichés qui sont des souvent des métaphores préférentielles passée dans le langage courant et qui facilite la compréhension. C'est d'ailleurs dans cette intention que j'ai employé ceux que vous avez mentionnés.
Michael Riffaterre, un linguiste français, notamment ne le considère plus du point de vue normatif, banal ou galvaudé mais y voit un potentiel stylistique créateur, proche du fait de style. Dans le chapitre 6, intitulé Fonction du cliché dans la prose littéraire (Essais de stylistique structurale) Riffaterre définit le cliché comme une « unité expressive, d’ordre structural » et lui attribue deux caractéristiques: « une expressivité forte et stable » et une origine stylistique certaine.

Denis: Magnifique vidéo: des petites voix du paradis et des paroles superbes. Merci.

Mémoires du temps: Je crois que l'espérance est plus forte que la tristessse lorsque l'on assiste à l'envol d'un être cher. L'espérance d'un monde meilleur pour ceux que l'on aime selon les convictions de chacun. Merci.

[Invité]

À chaque fois que je reproche à un texte des clichés qui me dérangent, je m'attends à cette répartie, mais c'est bien la première fois que quelqu'un y a recours et qu'il m'est donné d'y répondre. À cela, j'oppose donc que le cliché est, selon moi — mais je ne suis pas critique ! — structurel à condition d'être employé à bon escient, à condition d'être détourné, parodié ou que sais-je d'autre… Il doit être motivé. Ici, l'image me paraît totalement gratuite. Où est l'expressivité dans la dernière phrase que j'ai mentionnée ? Ce que je lui reproche, c'est la conception réductrice de la poésie qu'elle m'évoque, une conception qui pour moi, a trait de l'idée reçue (le simple fait d'écrire « éternité », « désert », « horizon » suffirait à convoyer un effet poétique) et non pas d'un topos réinvesti dans une tradition littéraire, un écho fort, identifiable par tout un chacun, et qui rendrait l'effet particulièrement frappant. Non, je ne la vois pas, cette expressivité, ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il n'y en a pas ; je ne suis pas, et m'en félicite, parole d'évangile. Lorsque je relis sur la page d'accueil : « Ce qu’on stimule, c'est un regard qui prendrait forme, à défaut d'une écriture novatrice, une expression neuve », je pense spontanément que l'emploi d'un cliché sans détournement ne me paraît pas aller dans le sens de la citation et confine la littérature à la banalité d'images mille fois dites, sans renouvellement aucun.

[Modération]

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[gaeli]

Modération: Je trouve bizarre de se faire rappeler à l'ordre avant d'avoir fauté...Enfin!
Pour ce qui est du fil en question où tout le monde parle en même temps de tout et de rien ( une belle cacophonie parfois) je ne suis guère intéressée.



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