Hôpital
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Hôpital
De ces jeunes hivers aux confins de novembre
Je dessine à regret le couvert des étoiles
Au soir où les enfants veillent comme des chalands
La fuite d’un canal, la rumeur des platanes
Une constance de fanal
Il pleut sur mes rancœurs
Tandis que tout là-bas au cœur d’un hôpital
Désinence d’un père en route sur l’envers
C’est le temps des balises menantes aux heures grises
Des âmes sans détresse
Il retourne alors aux clairières de l’enfance
Les courses surannées les Jeudi d’insolence
Ou veillent avortées nos désamours de gosses.
Je dessine à regret le couvert des étoiles
Au soir où les enfants veillent comme des chalands
La fuite d’un canal, la rumeur des platanes
Une constance de fanal
Il pleut sur mes rancœurs
Tandis que tout là-bas au cœur d’un hôpital
Désinence d’un père en route sur l’envers
C’est le temps des balises menantes aux heures grises
Des âmes sans détresse
Il retourne alors aux clairières de l’enfance
Les courses surannées les Jeudi d’insolence
Ou veillent avortées nos désamours de gosses.
Re: Hôpital
Automne aux tons atones
Te voilà propice à l'heure qui sonne
Aux déclins de toute lumière
Buvons alors dans le noir quelque bière
Il est beau ce texte crépusculaire un brin dix-neuvième, avec clin d'oeil à Verlaine. Mon père se meurt et je pense à mon enfance, son bel âge et le mien...
Un doute cependant sur Désinence: en principe la fin (OK) mais la fin d'un mot. A moins qu'il ne s'agisse de la "nuance", métaphore toute rare et littéraire de Balzac (TLFI). Il y a là néanmoins une obscurité de sens (pas d'image car Fin convient).
Enfin mon appréciation sensible et positive m'autorisera une critique: je suis en effet réservé sur le vers "C’est le temps des balises menantes aux heures grises" qui me paraît comporter une erreur grammaticale ainsi qu'un défaut de versification.
En effet, côté grammaire, il me semble qu'un accord (menantES) n'est possible que s'il n'y a pas de complément à "menantes" (OK donc pour "C'est le temps des balises menantes." comme on pourrait dire "surprenantes", sinon ce doit être "C'est le temps des balises menant aux heures grises". Mais cette erreur peut tout à fait être banalement une coquille, une scorie de rédaction.
Une fois cette correction admise, le vers reste cependant à 13 mesures car il me semble que le E muet à la césure sonne forcément dès lors qu'il est suivi par une consonne. Ceci dit je n'ai pas relu Sorgel et n'ai pas vérifié si les romantiques avaient assoupli cette règle...
Enfin Valises ne serait pas mal non plus à la place de balise même si, Loïc oblige, l'emporte la métaphore marine et ses balises pour passer le Styx et l'Achéron...
Te voilà propice à l'heure qui sonne
Aux déclins de toute lumière
Buvons alors dans le noir quelque bière
Il est beau ce texte crépusculaire un brin dix-neuvième, avec clin d'oeil à Verlaine. Mon père se meurt et je pense à mon enfance, son bel âge et le mien...
Un doute cependant sur Désinence: en principe la fin (OK) mais la fin d'un mot. A moins qu'il ne s'agisse de la "nuance", métaphore toute rare et littéraire de Balzac (TLFI). Il y a là néanmoins une obscurité de sens (pas d'image car Fin convient).
Enfin mon appréciation sensible et positive m'autorisera une critique: je suis en effet réservé sur le vers "C’est le temps des balises menantes aux heures grises" qui me paraît comporter une erreur grammaticale ainsi qu'un défaut de versification.
En effet, côté grammaire, il me semble qu'un accord (menantES) n'est possible que s'il n'y a pas de complément à "menantes" (OK donc pour "C'est le temps des balises menantes." comme on pourrait dire "surprenantes", sinon ce doit être "C'est le temps des balises menant aux heures grises". Mais cette erreur peut tout à fait être banalement une coquille, une scorie de rédaction.
Une fois cette correction admise, le vers reste cependant à 13 mesures car il me semble que le E muet à la césure sonne forcément dès lors qu'il est suivi par une consonne. Ceci dit je n'ai pas relu Sorgel et n'ai pas vérifié si les romantiques avaient assoupli cette règle...
Enfin Valises ne serait pas mal non plus à la place de balise même si, Loïc oblige, l'emporte la métaphore marine et ses balises pour passer le Styx et l'Achéron...
Re: Hôpital
Même la poésie ne parvient pas à colmater ces fissures...
J'ai aussi un peu tiqué sur désinence, faut bien te trouver parfois quelque défaut, Loïc !
J'ai aussi un peu tiqué sur désinence, faut bien te trouver parfois quelque défaut, Loïc !
Invité- Invité
Re: Hôpital
Loïc,
est-ce que "balises menantes" est une locution? (peut-être qu'en marine on parle de Balises menantes et d'autres balises: signalantes que sais-je..!). En ces cas le -TES à la fin de menantes serait correct.
est-ce que "balises menantes" est une locution? (peut-être qu'en marine on parle de Balises menantes et d'autres balises: signalantes que sais-je..!). En ces cas le -TES à la fin de menantes serait correct.
Re: Hôpital
allons pour menant, quoique que l'idée de balises menantes n'est pas pour me déplaire
quoiqu'il en soit Marvejols je te remercie, tout impressionné par cette analyse
pour ce qui est de la versification, je t'avoue que ce n'est pas ma préoccupation, pourvu que ca sonne correctement (je pense à darius Milhaud )
quoiqu'il en soit Marvejols je te remercie, tout impressionné par cette analyse
pour ce qui est de la versification, je t'avoue que ce n'est pas ma préoccupation, pourvu que ca sonne correctement (je pense à darius Milhaud )
Re: Hôpital
Quand on lit des alexandrins on a naturellement tendance à avoir l'oreille qui sonne prosodie classique et éventuellement assouplissements romantiques...
Mais loin de moi l'idée que la versification soit un carcan (pour preuve mon Ce soir ne sait encor auquel on a fait moults reproches de ce point de vue car il avait des vers de 12 mesures en 5/7).
Mais loin de moi l'idée que la versification soit un carcan (pour preuve mon Ce soir ne sait encor auquel on a fait moults reproches de ce point de vue car il avait des vers de 12 mesures en 5/7).
Re: Hôpital
je l'ai repris pour avis:
De ces jeunes hivers aux confins de novembre
Je dessine à regret le couvert des étoiles
Il pleut sur mes rancœurs
La constance d’un fanal
Un soir où mes enfants veillent comme des chalands
Le bief d’un canal, la rumeur des platanes
Tandis que tout là-bas au cœur d’un hôpital
Désinence d’un père en route sur l’envers
Une âme sans détresse
C’est le temps des balises menant aux heures grises
Il retourne alors aux clairières de l’enfance
Les courses surannées les Jeudi d’insolence
Ou veillent avortées nos désamours fanées
De ces jeunes hivers aux confins de novembre
Je dessine à regret le couvert des étoiles
Il pleut sur mes rancœurs
La constance d’un fanal
Un soir où mes enfants veillent comme des chalands
Le bief d’un canal, la rumeur des platanes
Tandis que tout là-bas au cœur d’un hôpital
Désinence d’un père en route sur l’envers
Une âme sans détresse
C’est le temps des balises menant aux heures grises
Il retourne alors aux clairières de l’enfance
Les courses surannées les Jeudi d’insolence
Ou veillent avortées nos désamours fanées
Re: Hôpital
Je préfère la première version
mais ne connais rien à la "technique" poétique
en revanche, mon oreille - et mon palpitant - préfèrent la première version
Je suis impressionnée, parce que bien que souvent, bêtement, un peu rebutée par la métrique, la poésie en vers, classique, tout ça, ici et parfois ailleurs, je suis totalement embarquée.
Ce qui m'impressionne c'est quand ça marche sur moi, malgré des espèces d'apriori sans doute un peu sectaires. Ça fonctionne, c'est tout, on est embarqué, émue, on trouve belle la langue ainsi faite.
mais ne connais rien à la "technique" poétique
en revanche, mon oreille - et mon palpitant - préfèrent la première version
Je suis impressionnée, parce que bien que souvent, bêtement, un peu rebutée par la métrique, la poésie en vers, classique, tout ça, ici et parfois ailleurs, je suis totalement embarquée.
Ce qui m'impressionne c'est quand ça marche sur moi, malgré des espèces d'apriori sans doute un peu sectaires. Ça fonctionne, c'est tout, on est embarqué, émue, on trouve belle la langue ainsi faite.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Hôpital
Ben voilà! Encore bien des frissons!
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Hôpital
Je préfère à "fânées" "de gosse."
J'aime beaucoup la dernière strophe pour sa manière de pousser la porte du poème,
et "les couverts d'étoiles"
le reste j'aime bien
J'aime beaucoup la dernière strophe pour sa manière de pousser la porte du poème,
et "les couverts d'étoiles"
le reste j'aime bien
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Hôpital
Louis! a écrit:Je préfère à "fânées" "de gosse."
J'aime beaucoup la dernière strophe pour sa manière de pousser la porte du poème,
Je partage cet avis (attentif qui plus est). Et puis que devient Jeudi sans les gosses?
Je file voir l'acidité du granit gwen a du ...
Re: Hôpital
Bonjour
Franchement? la première veersion est ma préférée.
j'ai trouvé le sens un peu "brumeux", mais la lecture remue bien les tripes, même inexplicablement.
Amicalement
Philippe
Franchement? la première veersion est ma préférée.
j'ai trouvé le sens un peu "brumeux", mais la lecture remue bien les tripes, même inexplicablement.
Amicalement
Philippe
Philippe- Nombre de messages : 153
Age : 69
Date d'inscription : 17/09/2011
Re: Hôpital
Pour ce qui est de ma lecture, les deux versions me plaisent également ; mais s'il fallait trouver une bricole à souligner, ce serait "mon" au dernier vers, qui m'a fait tiquer : j'étais avec un père , qui en fin de vie active ses souvenirs. En ce sens j'aurais attendu "ses",ou un "ces" plus globalisant,- à moins que l'amalgame entre les souvenirs du père et ceux du fils ne soit volontaire-.
En tous cas, Loïc, comme d'hab, quoi .
Ebaudie par tant de pudeur et de délicatesse.
En tous cas, Loïc, comme d'hab, quoi .
Ebaudie par tant de pudeur et de délicatesse.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Hôpital (2)
Hôpital
En de jeunes automnes aux confins de l’été
Je dessine à regret le couvert des étoiles
Il pleut sur mes rancœurs
Un soir où les enfants veillent comme des chalands
Le bief d’un canal, la rumeur des platanes
Tandis que tout là-bas au cœur d’un hôpital
Désinence d’un père cheminant sur l’envers
C’est le temps des balises menant aux heures grises
Il retourne alors aux clairières de l’enfance
Les courses surannées, les Jeudi d’insolence
Ou veillent avortés ses désamours fanés.
Et mon cœur solidaire sur l’aire d’un estran
Me donne la mesure de tout ce qui me reste
La télé noir et blanc, la mire, un te deum
Une auto rutilante dans un petit garage
Son pas dans l’escalier, le chant de la rivière
Son ire pour De gaulle, l’odeur de ronéo
Utopies syndicales, les prêtres ouvriers
Les disques de Ferrat
La vitesse du son, le tampon des wagons
L’amphithéâtre du triage, les Dimanches sur le tertre
Les livres amoncelés vieillissant au grenier
Le chemin de Clérisse, la ligne de Fougères
Le viaduc bombardé auprès du gazogène
La pellicule d’une enfance
Un petit univers.
En de jeunes automnes aux confins de l’été
Je dessine à regret le couvert des étoiles
Il pleut sur mes rancœurs
Un soir où les enfants veillent comme des chalands
Le bief d’un canal, la rumeur des platanes
Tandis que tout là-bas au cœur d’un hôpital
Désinence d’un père cheminant sur l’envers
C’est le temps des balises menant aux heures grises
Il retourne alors aux clairières de l’enfance
Les courses surannées, les Jeudi d’insolence
Ou veillent avortés ses désamours fanés.
Et mon cœur solidaire sur l’aire d’un estran
Me donne la mesure de tout ce qui me reste
La télé noir et blanc, la mire, un te deum
Une auto rutilante dans un petit garage
Son pas dans l’escalier, le chant de la rivière
Son ire pour De gaulle, l’odeur de ronéo
Utopies syndicales, les prêtres ouvriers
Les disques de Ferrat
La vitesse du son, le tampon des wagons
L’amphithéâtre du triage, les Dimanches sur le tertre
Les livres amoncelés vieillissant au grenier
Le chemin de Clérisse, la ligne de Fougères
Le viaduc bombardé auprès du gazogène
La pellicule d’une enfance
Un petit univers.
Re: Hôpital
Loic, je trouve bien plus prenante cette dernière version, plus complète, tant il est vrai que si l'on commence à débobiner des souvenirs, l'un entraînant l'autre, l'évocation peut devenir foisonnante...
J'aime beaucoup ta sensibilité et la manière que tu as de l'exprimer. Merci pour ce beau poème encore.
J'aime beaucoup ta sensibilité et la manière que tu as de l'exprimer. Merci pour ce beau poème encore.
Invité- Invité
Re: Hôpital
Pour ma part, je préfère la première version car il est davantage dans la suggestion et n'impose pas un passé, une enfance au lecteur. Je trouve plus fort une poésie qui dessine une boîte afin de laisser l'imaginaire de chacun rattacher ses référents.
Je ne comprends pas le dernier vers : "Ou veillent avortées nos désamours de gosses."
J'aurais tendance à vouloir lire : Où veillent avortées nos désamours de gosses.
J'apprécie beaucoup la musicalité de ce poème, cette langueur nostalgique rendue par le rythme binaire.
Merci pour ce beau mouton ....
Je ne comprends pas le dernier vers : "Ou veillent avortées nos désamours de gosses."
J'aurais tendance à vouloir lire : Où veillent avortées nos désamours de gosses.
J'apprécie beaucoup la musicalité de ce poème, cette langueur nostalgique rendue par le rythme binaire.
Merci pour ce beau mouton ....
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 42
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: Hôpital
On ne peut pas comparer les deux premières et la troisième version,
- je crois comprendre que tu aimes faire vivre tes textes. Je trouve
que c'est bien.
J'avais un faible pour la deuxième, avec un côté concis,
où l'atmosphère générale, le ton, donnent le sens,
plus que les mots.
J'aime bien quand la poésie demande relectures.
- je crois comprendre que tu aimes faire vivre tes textes. Je trouve
que c'est bien.
J'avais un faible pour la deuxième, avec un côté concis,
où l'atmosphère générale, le ton, donnent le sens,
plus que les mots.
J'aime bien quand la poésie demande relectures.
Ariel- Nombre de messages : 160
Age : 68
Localisation : Finistère, ascendant CévennE
Date d'inscription : 03/10/2011
Re: Hôpital
"Une constance de fanal
Il pleut sur mes rancoeurs"
Magnifique.
Que vous dire, à part que j'ai beaucoup, beaucoup aimé ?
Beaucoup de délicatesse
On sent la nostalgie sans en sentir les ficelles
Vous avez posté trois versions en tout, je préfère la première et la troisième.
Elles sont différentes mais toutes aussi réussies. Ce sont des poèmes différents, en fait.
Il pleut sur mes rancoeurs"
Magnifique.
Que vous dire, à part que j'ai beaucoup, beaucoup aimé ?
Beaucoup de délicatesse
On sent la nostalgie sans en sentir les ficelles
Vous avez posté trois versions en tout, je préfère la première et la troisième.
Elles sont différentes mais toutes aussi réussies. Ce sont des poèmes différents, en fait.
Re: Hôpital
Dans cette nouvelle version j'aime beaucoup :
Et mon cœur solidaire sur l’aire d’un estran
Me donne la mesure de tout ce qui me reste
La suite beaucoup moins et je crois que je m'arrêterais là.
L'histoire du mouton que chacun devine dans sa boîte à laquelle fait allusion post scriptum me semble assez lumineuse pour parler de poésie, mais là encore, chacun est le petit Prince de sa propre planète !
Et mon cœur solidaire sur l’aire d’un estran
Me donne la mesure de tout ce qui me reste
La suite beaucoup moins et je crois que je m'arrêterais là.
L'histoire du mouton que chacun devine dans sa boîte à laquelle fait allusion post scriptum me semble assez lumineuse pour parler de poésie, mais là encore, chacun est le petit Prince de sa propre planète !
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