Illusions perdues

[Tollelege]

Si l’on jette un regard par-dessus son épaule,
S’interrogeant sur ce qu’on a fait de sa vie,
On se prend à songer, avec un peu d’envie,
A ce dont nous rêvions dans nos classes d’école.

Quand chacun d’entre nous forgeait son avenir
Dans les hauts faits de ceux qui nous servaient d’exemple.
Rien ne pouvait troubler cette vision ample
Que nous avions du monde où nous allions grandir.

Et de ces destinés qu’on dédiait au marbre,
Ou de ces cœurs gravés dans l’écorce de l’arbre,
Que reste t’il pourtant à l’heure des regrets ?

Des diplômes jaunis, des lettres d’amours mortes,
L’âme et le corps meurtris par le sel des eaux fortes
De nos rêves trahis et de nos lourds secrets.

[Invité]

Thème classique et facture classique, je ne bouderai pas pour autant !
J'ai juste un peu de mal avec vi-si-on ( qu'est ce que ça fait ar-ti-fi-ci-el !) mais ce qui est en cause, c'est moi, pas le poème.

[Terrains Vagues]

Il reste un nombre incalculable de sonnets et autres textes à écrire :-).

Même sentiment que Coline pour "vision".

[Arielle]

Même remarque que celles de mes prédécesseurs.
Rien ne pouvait troubler cette vision ample
Plus encore que la diérèse ce qui me gène ici c'est la suite des deux hiatus i/on/am qui s'imposent à la lecture. Il suffirait d'un petit si intercallé entre vision et ample pour régler les problèmes : Rien ne pouvait troubler cette vision (si) ample ... (il reste un hiatus, cest vrai mais c'est moins que deux + une diérèse ;-))

Par ailleurs, un très beau sonnet qui coule agréablement. J'aime particulièrement "le sel des eaux fortes" et pour le fond, comme le dit Terrains Vagues, il reste le plaisir de mettre en mots toutes ces destinées qu'on s'est rêvées et celle qu'on a vécue.

[Invité]

épaule et école, à mon avis, ce sont des sons différents qui ne riment pas.
Sinon, j'ai trouvé les deux premiers quatrains un peu trop pompeux et froids (la raçon du classicisme), alors que les deux tercets ont beaucoup plus d'ampleur, surtout le dernier, qui est magnifique.

[Tollelege]

Quand chacun d’entre nous forgeait son avenir
Dans les hauts faits de ceux qui nous servaient d’exemple.
Tout semblait à portée dans cette vision ample
Que nous avions du monde où nous allions grandir.

texte d'origine mais j'avais pensé que la diérèse était la règle, ce qui donnait un vers de 13 pieds. Vos remarques me permettent, si j'ai bien compris, de rétablir ce vers dans sa forme initiale.
Pour épaule et école, je n'ai pas de solution immédiate.
Merci de vos remarques et de votre lecture

[Marvejols]

J'ai bien aimé. Evidement si on fait la diérèse à vi-zi-ion (et à dé-di-yé) il me semble qu'il la faille également en début de vers à ri-ien... Effectivement, sauf pour des méridionaux (et encore) le O fermé de épaule et le O ouvert de école ne peuvent rimer. Une suggestion ? remplacer Epaule par Etole :

Si l’on jette un regard par-dessus son étole,
...
A ce dont nous rêvions dans nos classes d’école.

Mais le premier quatrain me semble affaiblir le texte, il est trop direct et sonne quasiment comme une introduction, celle que le chanteur bafouille avant d'entamer sa ritournelle. Pas terrible en effet ce :

Si l’on jette un regard par-dessus son épaule,
S’interrogeant sur ce qu’on a fait de sa vie,

Le second quatrain est de la même veine mais déjà plus réussi. Je pense que l'auteur aurait avantage à les retravailler, en conservant intégralement les deux beaux tercets (en ajoutant un E final à destinées...).


Et de ces destinées qu’on dédiait au marbre,
Ou de ces cœurs gravés dans l’écorce de l’arbre,
Que reste-t-il pourtant à l’heure des regrets ?

Des diplômes jaunis, des lettres d’amours mortes,
L’âme et le corps meurtris par le sel des eaux fortes
De nos rêves trahis et de nos lourds secrets.

[Janis]

et : cette ample vision ? ah non, la rime !

sinon, je trouve étole moins bien que épaule

mais "s'interrogeant sur ce qu'on a fait de sa vie", bof ! ya sûrement une formulation moins passe-partout à trouver, plus poétique

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