Olympia

[Edgar-Allan]

Olympia se prélasse
Dans de grands draps parfumés
Et les grands draps l’enlacent
De leurs bras immaculés.

Olympia est vautrée
Sur le divan d’un bordel
En son sein : l’ambre, le miel
Mais les draps ont jaunis.

Et la soie qu’il y a
Sous sa peau nue, le soir…
Si je suis fou d’Olympia
C’est à cause du ruban noir.

[Damy]

Ce poème me paraît très mignon, ce n'est pas péjoratif, et il m'a fait rire à cause du ruban noir que l'on imagine où on veut.
Gentiment coquin...

[Arielle]

Joli coup de pinceau pour cette Olympia que je vois plutôt triomphante que vautrée ... mais chacun sa vision.
Regarde bien, Denis, tu apercevras le petit chat ... noir, lui aussi ;-)

[Marvejols]

Une réussite, rythmé et frais. Toutefois pour faire le rabat-joie de service, il faudrait enlever le S final à Jauni, le Immaculés est assez convenu à mes yeux, enfin les rimes en É sont pauvres (un seul phonème au lieu de 2 minimum). Je trouve également qu'au dernier vers le "C'est à cause" est un peu lourd, on pourrait suggérer "C'est en raison de son ruban noir" (bof) ou "C'est à son ruban noir".
J'ai cependant bien aimé.

[Damy]

Merci Arielle. L'amour du petit chat Pluton n'était pas platonique. Poe aurait pu se contenter de lui friser la moustache...

[Invité]

C'est très chantant et j'aime beaucoup ce rythme. Très visuel aussi, le tableau de Manet est bien illustré...

Ps : les draps ont jauni - sans S

[Damy]

ah oui, j'ai vu le petit chat noir au pied du lit, je comprends mieux...

[Damy]

Plus de doute sur l'emplacement du ruban, hélas...

[Frédéric Prunier]

j'adore cette poétique transcription de peinture
sauf que l'effet de surprise des draps jaunis au milieu du poème me coupe un peu le désir,
alors après
pour la dernière strophe
je suis un peu ramolli...
dans ma lecture

amicalement

[Janis]

une bonne lessive ?

[Frédéric Prunier]

...et tout à coup j'y pense
dans le tableau (Olympia de Manet), les draps ne sont ni jaunes ni souillés ???...!

[Edgar-Allan]

Ni jaunes, nis souillés, en effet.. Mais Victorine Meurent, le modèle, était une fille de "mauvaise vie", et beaucoup ont vus, dans ce tableau, l'évocation d'une prostituée. Ce vers est inspiré de l'atmosphère qui devait régner dans les bordels de l'époque, et où Olympia aurait sans doute exercée ces talents, qui sait? C'est ce charme si inatendu d'Olympia, pas vraiment belle, petite, peu fine, la peau aux teintes étranges qui, je crois, fait de ce tableau une oeuvre fascinante. La Beauté est là; la pièce est agréable, l'atmosphère sensuelle, le lit confortable, et celle qui y est allongée semble transpirer d'une infâme beauté, aussi repoussante par ce qu'elle suggère de son être que merveilleuse par ce que l'on peut lire dans ses traits parfois inesthétiques.

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