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Aux aguets

3 participants

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Message  vicon Ven 16 Déc 2011 - 22:05

Salut à tous !
J'écris habituellement de la poésie, mais j'ai aussi maintenant envie de me raconter quelques histoires. Comme là je me remets au boulot (l'arrivée dans une grande ville où je me sens plutôt perdu a aidé), je vous poste un plus vieux texte, ma seule "nouvelle" à vrai dire. Elle a été écrite pour répondre à des contraintes précises, mais je ne les précise pas pour l'instant pour voir si c'est quand même compréhensible hors contexte
C'est pas un texte que j'apprécie énormément (mon amour à la poésie!), et j'espère que vous pourrez m'éclairer sur les " erreurs de débutant" que j'ai pu faire :-)

Voilà, voilà,
avec ma sympathie,
v.


AUX AGUETS



« … fuir le palais ? Je vous ferez fusiller pour m’avoir dit ça. On va pas me baiser ! On baise pas l’empereur comme ça ! Envoyer les chars, et la foule à la mort.»

Papa raccroche le téléphone. Sa patte tremble un instant, puis ses yeux changent : ils ont peur avec des larmes qui font de l’eau partout sur sa gueule. C’est la première fois que Mao voit papa avec de l’eau sur la gueule : papa est un homme de sang, les larmes ne s’y mêlent normalement pas.
Papa se retourne doucement vers Mao, lui caresse la têtête -comme il aime- mais sa voix est un long miaulement de solitude qui perce entre les coups de tonnerre des humains en chasse, depuis le Sans-Odeur.

- T’inquiète pas, Mao…
- …
- T’inquiète pas… à toi, ils ne feront rien.

Alors papa se lève, regarde par la fenêtre une longue minute, aux aguets. Il voit des choses que Mao ne voit pas. Il comprend des choses que Mao ne comprend pas. Il devine ce qui n’a même jamais eu lieu. Papa regarde la violence. Sa patte ne tremble plus. Il est le prédateur immense.
Il se retourne.

L’eau a rougit sa peau comme une peinture de guerre. Son geste connaît le désir, ses yeux la détermination. Il s’approche du bureau et Mao voit le dos puissant de papa pousser le meuble contre la porte. Sa voix chuchote entre les cris.

- On s’en va, Mao. Dis adieu à ta maison.

Papa empoigne Mao avec vigueur, le presse contre son torse, et s’approche d’une petite porte qui était cachée sous le bureau. Il tapote son doigt sur un objet de métal et la petite porte horizontale s’ouvre mystérieusement, libérant une douce odeur de viande crue qui excite Mao. Papa descend dans le gros trou avec Mao tout contre lui. L’odeur est si forte… Mais Mao ne peut pas bouger : papa le presse contre lui d’une patte puissante. De l’autre, il allume la lumière ; ce qui ne change rien pour Mao qui avait déjà vu les cadavres sanguinolents qui jonchaient la pièce. Certains bougent encore, à l’agonie, etMao n’aime pas entendre leurs gémissements.Heureusement, papa sort un couteau et exécute chacun d’eux ; il enfonce la lame dans leurs poitrines, lentement, exactement comme là où s’est blottit Mao, et les humains cessent de respirer, ils cessent de vivre.
Et leurs corps retombent lentement dans un crachat de salive et de sang.

Puis papa se redresse vivement et traverse la pièce en courant ; et Mao aime ça quand papa court : ça balance sa tête de gauche à droite. Une fois au fond de la pièce, il ouvre une porte qui donne sur le jardin et la laisse en évidence, grande ouverte. La lumière du soir tombant perce entre les arbres, mais les cris des humains en colère n’ont pas cessés : ils ont franchis le Sans-Odeur et sont déjà dans le territoire. Papa semble hésiter. Ses yeux sont ceux du loup quand il les pose sur moi.

- Mon petit Mao… mon tout petit… Planques toi bien sagement, oublies papa… on prendra soin de toi ici. T’inquiète pas…

Et alors, papa embrasse fort la fourrure de Mao, puis le jette avec vigueur vers le jardin où les coups de tonnerre s’élèvent. Ca fait mal à Mao ! Mao est terrifié d’avoir mal ! Mao est terrifié d’être tout seul ici. Il faut fuir ! Fuir les bruits qui font peur, fuir papa qui fait mal ! Courir !... mais Mao voit papa retourner dans la pièce où les humains meurent. Il voit papa déchirer ses propres vêtements, soigneusement, puis se pencher près des cadavres qui ne bougent plus. Papa passe sa patte sur les plaies encore ouvertes des humains qu’il a tués, puis se macule la gueule de leur sang. L’odeur de papa disparaît lentement, comme une petite mort, lorsque celui-ci achève de s’allonger parmi les cadavres en décomposition. Mao retourne dans la pièce, terrifié, et une patte se lève vers lui alors qu’il miaule lentement la fin de son père.

- Tu me laisses pas le choix Mao. Tu vas me faire repérer si tu continues ainsi…

Et la patte de papa s’approche lentement.
Elle tient un couteau.

vicon

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Message  Invité Ven 16 Déc 2011 - 22:47

Il y a quelques erreurs de langue et de typographie — certains membres qualifiés les relèveront peut-être de manière exhaustive.

Un flash étrange, pour moi. Le tout me paraît inégal dans la qualité et dans l'intérêt : certains passages sont à mon sens beaux, intrigants, originaux, quand d'autres sont à l'inverse totalement attendus. Plus précisément, l'ambiance et la tonalité me semblent osciller constamment entre la vraie poésie et l'émotion facile, entre la singularité et le grossier topos épique.
J'ai retrouvé cela dans le détail tout le long du texte ; plus généralement, le début m'a plu (jusqu'à "[...] depuis le Sans-Odeur.") alors que la suite me paraît de moindre qualité.
Bref, mon avis n'est pas positif, mais je suis tout de même intrigué : j'ai vraiment apprécié certaines tournures, l'atmosphère parfois — à dire vrai j'ai même cru, à l'entame, que j'allais adorer.
Ce qui est bien, c'est qu'on entre tout de suite dans l'action (à ce propos, je suppose que ce texte appelle une suite... ?). Ce départ in medias res à l'intérieur d'une réplique instaure une langue et un univers particuliers, attirants :

"On baise pas l’empereur comme ça ! Envoyer les chars, et la foule à la mort."

Cette amorce me paraît intense, et le verbe mêlé avec justesse, ce qu'on retrouve dans le premier paragraphe (la répétition de "gueule", qui dénature et à la fois réalise le regard de l'enfant, me paraît judicieuse) mais pas dans le reste du passage, ce que je déplore.
Bref, je suis passé de la surprise (en appréciant le style et l'atmosphère de départ) à la déception lorsque j'ai retrouvé tous les clichés de la séparation filiale en temps de guerre, l'adresse du père au fils pour lui dire que tout va bien se passer mais que, oui, il doit l'abandonner, il le faut... avec cette focalisation interne, elle aussi convenue, alourdie par la surabondance des nominatifs "papa" et "Mao" — le procédé est franchement risqué, c'est facile de tomber dans le déjà-vu, dans les élans poitrinaires, surtout quand la démarche est aussi visible.

C'est vraiment dommage car j'aime a priori cet imaginaire. Un élément du texte qui me paraît symptomatique de son déséquilibre, de son mauvais entre-deux entre puissance évocatrice et banalité : "[...] papa est un homme de sang, les larmes ne s’y mêlent normalement pas. "

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Message  midnightrambler Ven 16 Déc 2011 - 22:51

Bonsoir,

Pas facile de juger en sachant qu'il y avait des contraintes de rédaction ...
Très étrange et pas inintéressant ! Tous ces "Papa" ont une drôle de résonance dans cette boucherie ... et cette narration à la troisième personne aussi !

Quelques remarques orthographiques :
- je vous ferai fusiller ...
- Envoyez les chars ...
- L'eau a rougi ... sans "t"
- ... là où s'est blotti ... sans "t"
- ... les cris ... n'ont pas cessé ... sans "s"
- ... ils ont franchi ... sans "s"
- ... planque-toi ... oublie Papa ... pas de "s" à l'impératif

Amicalement,
midnightrambler
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Message  vicon Sam 17 Déc 2011 - 11:37

Merci à vous deux pour vos commentaires ! Bon... comme je le pensais, ce petit texte n'est pas lisible sans le contexte, je vous le donne donc : il fallait essayer de raconter la chute d'un dictateur du point de vue de son chat ! ahah ! Comme j'adore ces bêtes, j'ai voulu essayer.

@ Lu-k : Ah oui en effet, c'est bourré de fautes...
Sinon, vous avez raison, du vieux topos épique à tout va.
Perso, la première phrase, je la trouve assez nulle, ou plutôt particulièrement cliché dans son côté Scarface, mais elle a le mérite d'ouvrir sur quelque chose de tout de suite très compréhensible, à l'inverse de la suite du texte...
Merci en tout cas pour cette critique bienveillante ( et diplomate ! ) :-)

@midnightrambler : merci pour votre retour, vos corrections. J'ai retouché le texte (inversé quelques phrases, rajouté un peu de rythme ici et là) et corrigé le gros des fautes d'orthgoraphes mais je crois que je ne peux pas éditer mon post... si ?
Pour le coup des Papa dans la boucherie : c'est ce que j'aime bien dans ce texte, le rapport du chat à son maitre et du dictateur à son chat.

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Message  Invité Sam 17 Déc 2011 - 12:14

Comme toujours, j'ai beaucoup de mal avec une narration "enfantine", même si le mot s'applique mal ici. Le ton m'irrite, et je crois que, en effet, l'emploi de la 3e personne du singulier et la répétition de "Papa" ne font que renforcer cette impression de puérilité, de fausse naïveté. Et puis on ne sent pas le narrateur impliqué, la distance qu'il crée ( et maintient) avec le récit se transmet au lecteur.
D'ailleurs, pour cela (l'aspect impersonnel de la narration) mais aussi sur le fond (le côté fuite en avant face à une menace imprécise, et d'autres éléments) j'ai beaucoup et instantanément pensé à The Road de Mc Carthy.

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Message  Invité Sam 17 Déc 2011 - 12:16

Vicon, non tu ne peux pas éditer ton post. En revanche, avec un peu de patience (et de chance !), Alex viendra faire les corrections ortho-typographiques. Après, tu pourras, si tu le souhaites, reposter ton texte à la suite, sans les scories. Ou pas.

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Message  Invité Sam 17 Déc 2011 - 12:18

Je m'aperçois, en lisant ta réponse à lu-k et Midnightrambler que je suis passée complètement à côté du texte !


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Message  elea Sam 17 Déc 2011 - 20:24

Tu aurais dû donner les contraintes de ton texte avant de le faire lire, c’est bien plus compréhensible ainsi.
Hier j’ai lu et je me suis figurée un loup-garou et son fils ou quelque chose dans le genre. Sans doute à cause de la patte et de la gueule dont parle Mao, sa fourrure.

Le texte s’éclaire différemment en sachant désormais que c’est un chat qui parle. Je trouve ça plutôt bien rendu, le point du vue du chat.
Lors de mes deux lectures j’ai apprécié le début qui embarque de suite dans l’atmosphère et la fin qui caractérise parfaitement le personnage de papa. Entre les deux, c’est très visuel et un peu glaçant, j’aime bien.

Bienvenue !

elea

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Message  Invité Sam 17 Déc 2011 - 21:18

Je vous propose humblement cette correction orthotypographique ; je l'espère exhaustive :
– « AUX AGUETS » : cette écriture du titre tout en capitales efface la distinction conventionnelle en typographie entre « majuscule » et « capitale ». L'alphabet occidental étant bicaméral, il faut pouvoir séparer visuellement majuscules et minuscules. Plus d'informations ici : http://marcautret.free.fr/sigma/pratik/typo/majcaps/index.php ;
– « fuir le palais ? » : majuscule ;
– « Je vous ferez fusiller » : ferai ;
– « Envoyer les chars » : « envoyez » ;
– « la foule à la mort.» » : il faut marquer une espace après le point (et de toute façon, en marquer une avant les guillemets français fermants ;
– « lui caresse la têtête » : la formation habituelle des hypocoristiques à redoublement implique, pour les mots dont la syllabe redoublée contient un accent circonflexe, la transformation de l'accent circonflexe en accent aigu dans la première syllabe. Sur le modèle de « bébête », j'écrirais ainsi « tétête » ;
– « -comme il aime- » : pour marquer l'incise, le tiret ne suffit pas ; il convient d'employer le tiret semi-cadratin « – » (Alt + 0150) ou le tiret cadratin (Alt 0151). En outre, n'oubliez pas de marquer une espace avant et après chacun des tirets (et à retirer le deuxième si l'incise clôt la phrase) ;
– « - T’inquiète pas, Mao… » : pour les dialogues, le tiret ne suffit pas, il convient d'employer le tiret cadratin « — » (Alt + 0151). La remarque s'applique à toutes les occurrences de ce type de tiret pour les dialogues dans le texte ;
– « à toi » : majuscule, « À » (Alt + 0192) ;
– « L’eau a rougit » : rougi ;
– « etMao n’aime pas entendre » : manque l'espace entre « et » et « Mao » ;
– « leurs gémissements.Heureusement » : manque l'espace après le point ;
– « là où s’est blottit Mao » : « blotti » ;
– « les cris des humains en colère n’ont pas cessés » : « cessé » ;
– « ils ont franchis » : « ils ont franchi » ;
– « Planques toi » : « planque » (impératif) ; trait d'union entre les deux mots ;
– « oublies papa » : « oublie » (impératif) ;
– « Ca fait mal à Mao ! » : « Ça » (cédille au-dessous de la majuscule, Alt + 0199) ;
– « Courir !... » : pas les bons points de suspension « … » (Alt + 0133) ;
– « Tu me laisses pas le choix Mao » : virgule après « choix ».

J'ai vraiment aimé ce texte intrigant, qui réussit à instaurer son ambiance avec finesse. J'apprécie le soin porté au style, réellement perceptible.

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Message  vicon Sam 17 Déc 2011 - 23:59

@ eastern(island) + elea (je vous rassure, vous n’êtes pas obligé de vous prendre par la main !)

Je me rends compte que c’était vraiment idiot de cacher la contrainte, ça a ruiné la lecture des premiers commentaires (ce qui peut être franchement contrariant !) et n'est toujours pas très visible pour les prochains…
Pour être honnête, je pensais qu’il serait compréhensible - une vieille habitude de la poésie où le sens transpire et féconde la littéralité.
Du coup, j’ai opéré quelques modifications dans le début du texte (premier dialogue, Papa appelle directement Mao, « mon petit chat ». Il suffit parfois de pas grand-chose !!).

@ easter(island) :
C’est drôle que vous parliez de "fuite en avant" : c’est un thème que je traite tout le temps. Une de mes grosses obsessions littéraires – qui arrive sous plusieurs formes – ; et je pensais qu’il s’agissait d’un des rares textes qui ne traitait pas ce sujet ! Comme quoi !
The Road… J’apprécie, mais je pense que je ne peux pas accepter cet immense compliment ! Ce texte est beaucoup plus lourd ! Mais ça reste un idéal qui me plait bien sûr ;-)

@ elea :
Pour ce qui est de l’aspect visuel, glacé : c’est ce qui m’a semblé le plus simple à faire et ce qui collait le mieux avec un chat loin d’être omniscient. Et puis n’ayant jamais écrit de nouvelle je l’ai imaginée comme une scène de film que je décrivais. (Je me demande à quel point c’est une mauvaise idée… !)
Merci à vous :-)

@ alex
Merci à vous pour ces (nombreuses) corrections très pointues ! Je suis réellement impressionné.
J’ai bien opéré toutes les corrections sur le texte (sauf une petite coquetterie : « … fuir », que je préfère comme ça).
Je suis heureux que vous ayez apprécié le style et l’ambiance ; ça m’encourage évidemment à m’essayer à de nouvelles formes de constructions.

Merci à vous trois d'être passés, et même un peu restés.
regards,
v.

vicon

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Message  Invité Dim 18 Déc 2011 - 8:36

Vicon, ce n'est que par certains aspects que j'ai pensé à The Road. De toute façon, ce n'est pas forcément un compliment à mes yeux :-), j'ai trouvé ce roman très très très moyen dans le traitement.

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