Er lannic

[loic]

Er Lannic

Quand offerts aux laisses de mer
Glissant sur l'ouate des courants
Monolithes en ce monde désert
Résonnent là aux temps d'avant

La brise en doux matins d'hiver
Sur les méandres des chenaux
Fait résonner comme des chaudières
Néolithiques Roncevaux

Qu'ils étaient rustiques ces prêtres
En ces envers si loin des hommes
Dans ces royaumes du non être
Où les vents entonnaient des psaumes

Les vieilles roches du Cromlech
En esclaves des flots puissants
Dressées mortes contre le ciel
Se noient aux temps des grands jusants

Ces rivières qui s’en allaient
Ont disparu loin sous l’étiage
Au fond de ces douces vallées
Au fil de ces siècles sans âge

Er Lannic, ombres, solitudes
Comme ces étoiles sans magnitude
Aujourd'hui seuls les goélands
Entonnent l'office en criant


http://fr.wikipedia.org/wiki/Er_Lannic

[Pierre Morati]

Peut-être suis-je un peu réac', mais je trouve dommage, dans un poème qui semble attaché à sa structure, quelques petites fautes comme ces vers qui n'ont pas le bon nombre de syllabes, si l'on ne fait pas l'apocope

Monolithes en ce monde désert
Fait résonner comme des chaudières
Comme ces étoiles sans magnitude

ou encore essayer de faire rimer "hommes" et "psaumes". "Cromlech" et "ciel" choquaient moins parce que c'est le même son voyelle.

Je ne suis pas partisane du classicisme à tout prix ; je trouve qu'ici le problème pourrait être résolu en déstructurant un peu plus, en massacrant un peu plus le rythme : les irrégularités ne seraient alors plus des dérapages mais des envolées. J'aime bien les images ; on en profiterait mieux même s'il est vrai que le rythme un peu lourd ne sied pas mal aux espaces bretons toujours un peu durs.

[Tollelege]

même avis que Pierre, il s'en faut de pas grand chose pour donner une belle amplitude à ce poème structuré et qui sonne comme il faut dans son contexte mémorial.

[Marvejols]

Le site est magnifique, archéologiquement tout reste à y faire. Il y a un grand menhir comme par exemple à la Table des Marchands de Locmariaquer.
Le talon d'Achille du poème est peut-être le CES du vers "Au fil de ces siècles sans âge" dont l'octosyllabisme est métriquement juste mais poétiquement excessif ("Au fil de siècles sans âge" serait tellement mieux...). La véritable trouvaille du texte est ce magnifique Néolithiques Roncevaux. Mais là aussi un "De néolithiques Roncevaux" eût mieux sonné. Ah! le carcan parfois de la régularité. Et si le texte était mieux en décasyllabes? La difficulté en octo se fait sentir dès le vers 3 avec l'absence d'article avant Monolithes et avec le LÀ -cheville- au vers 4.

[pachyderme]

moi je ne suis pas sûr qu'il faille changer quoi que ce soit à ce texte, sauf peut-être l'adjectif "douce". En fait je trouve tout le texte à la fois rugueux et mélancolique, c'est l'exploit du texte pour moi de rejoindre ces deux aspects, c'est pour ça que l'adjectif me gène un peu. On a l'impression que chaque vers est planté dans le sol, qu'il y est resté comme il est tombé. Je me plais à imaginer que l'auteur de ce texte est grognon dans la vie, ah! les poètes de campagne...

[Annie]

Merci d'abord de m'avoir fait découvrir ce site.

L'expression poétique peut tolérer une certaine imprécision : aux temps d'avant- mais le respect impose selon moi plus de précision : Au fil de ces siècles sans âge- est inapproprié.
Ces hommes -les constructeurs et les fouilleurs- ont un âge, qui est daté.
C'est drôle que ça me choque aussi violemment, mais c'est comme parler des pauvres, en gros, de façon vague, et naturellement pleine de bons sentiments, sans penser que ces gens là sont chacun un individu singulier qui a une identité, une histoire, un projet peut être.

Passons sur mes sentiments.

Le poème est intéressant, la forme recherchée, c'est pourquoi je me heurte parfois aux constructions
"Quand offerts aux laisses de mer (8)
Glissant sur l'ouate des courants (8)
Monolithes en ce monde désert (10)
Résonnent là aux temps d'avant (8)"
Pourquoi pas : Monolithes en ce désert / Ils résonnent aux temps d'avant.

"Qu'ils étaient rustiques ces prêtres
En ces envers si loin des hommes
Dans ces royaumes du non être
Où les vents entonnaient des psaumes"
CES dans les vers 1,2,3, c'est un peu trop. Sans détailler, il y a aussi trop de COMME.

J'espère vous avoir fait sentir ma sympathie à travers ces remarques, les corrections sont faciles à apporter pour que le poème soit excellent.

[loic]

Il faudrait que je le reprenne, mais en ce moment la poésie se détache de moi (ou inversement)
elle m'ennuie un peu...

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