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Journal d'un randonneur

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Message  Jano Mer 4 Jan 2012 - 17:06

Je vis dans les Pyrénées, non loin de la frontière espagnole. Quand les trépidations du quotidien m'insupportent je passe de l'autre côté, vers la lumière. A pieds, à vélo, parfois en canoë, j'arpente inlassablement les paysages ibériques. Jamais je ne vais sur les rivages méditerranéens surpeuplés, bétonnés, mais toujours en direction des terres intérieures brûlées par le soleil et battues par les vents.
Ici l'homme est rare, la nature souveraine. Dans les cieux planent les ombres immenses des vautours.

La vie en société accapare totalement notre attention, dès qu'il n'y a plus personne l'environnement se manifeste par son ampleur. Je ne connais pas d'endroit capable d'apaiser autant mon esprit, aucun lieu d'une austérité si prégnante qu'elle en abolit la pensée. L'écrasante présence des éléments la renvoie à ce qu'elle est d'abord : une abstraction.
Emportés par la houle des pinèdes les mots se perdent dans l'immensité des mesetas. Le verbe devient inutile, impuissant à retranscrire ce qui n'est plus que sensation, perception aigüe d'un mouvement perpétuel.
Véritablement isolée, la conscience se débarrasse des représentations du langage pour s'ouvrir aux palpitations du roc, de l'arbre et de la fourmi. Il faut s'adapter à un mode de fonctionnement où l'individu perd sa suprématie sur les choses. La raison dépose alors ses artifices pour laisser la place au primitif.

Nous ne sommes que des animaux.

Ce serait une erreur de croire que la nature est accueillante; elle reste dure et insensible. Malheur à celui qui vient chercher du réconfort ici, il repartira bien vite se réfugier dans les bras douillets de la civilisation !
La souffrance et la mort sont omniprésentes, chaque être vivant combat pour sa survie. Et si beauté il y a, elle ne se mesure qu'à l'ingratitude des conditions d'existence.

Quand il pleut, le moral est au plus bas. Quand il fait froid, le corps ne peut trouver le repos. Et quand le feu crépite à la tombée de la nuit - minuscule lueur perdue dans la sierra - la peur s'insinue.
Alors je ne suis plus qu'une créature aux aguets, l'impression que des milliers d'yeux m'observent, dissimulés dans le noir. L'obscurité m'enveloppe en même temps qu'une désarmante solitude. Au-dessus de ma tête des branches se balancent comme des membres décharnés.
Reprenant ses pleins droits la forêt commence à parler. D'abord des hululements lointains de chouettes qui se répondent, puis le bref aboiement d'un chevreuil. Là, c'est le glapissement d'un renard en chasse qui me fait sursauter. Tard dans la nuit je sais que j'entendrai le passage bruyant des hardes de sangliers, jamais rassurant.
J'ai peur, comme à chaque fois, une angoisse qui remonte du fond des âges. Il faut que je reprenne le contrôle de mes émotions, que je me persuade que le plus dangereux des prédateurs est l'homme mais que dans ces contrées il est absent. L'indispensable fiole du voyageur solitaire aide à me rassurer, me tient compagnie. Il y a quelque chose de tragique à boire seul sous les étoiles. Pourtant l'engourdissement des sens atténue les murmures de la forêt et je finis par m'endormir à poings fermés dans mon fragile abri de toile.

A l'aube, c'est la résurrection. Des quatre coins de la clairière de nouveau inondée de lumière les joyeuses trilles des pinsons retentissent. L'herbe scintille de rosée. Des panaches de vapeur s'en élèvent en même temps que l'apparition rayonnante du soleil. Avec l'arrivée du jour les inquiétudes de la nuit s'évaporent.
Par toute la surface de ma peau je frémis des espaces sauvages qui m'appellent, j'entends la vie qui bouillonne furieusement à l'intérieur de mes veines. Moment tant convoité où je me sens réellement exister, où l'élan vital prend enfin toute sa signification.

Sans perdre un instant je reprends mon chemin vers l'infini.

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Message  Janis Mer 4 Jan 2012 - 17:46

Si en général je me méfie un peu des textes qui délivrent un message, j'apprécie beaucoup ici la solidité de l'écriture que je trouve poétique, charpentée, en même temps que fluide. Le choix des mots, la façon de faire passer le temps dans ce texte donne de la grâce et rend hommage à la beauté, à la grandeur de la montagne. Bref, j'ai apprécié cette lecture.
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Message  Invité Mer 4 Jan 2012 - 19:34

Je vous présente une correction orthotypographique qui vaut ce qu'elle vaut, notamment dans les propositions de virgules :
– « m'insupportent je passe » : virgule après « m'insupportent » ;
– « A pieds » : « À » (Alt + 0192) ; « À pied » (et non « pieds » comme dans « à pieds joints », par exemple) ;
– « dès qu'il n'y a plus personne l'environnement » : virgule après « personne » ;
– « Emportés par la houle des pinèdes les mots » : virgule après « pinèdes » ;
– « perception aigüe » : traditionnellement, « aiguë » ;
– « est accueillante; » : espace avant le point-virgule ;
– « - minuscule lueur perdue dans la sierra - » : pour marquer l'incise, le tiret simple ne suffit pas ; il convient d'employer le tiret demi-cadratin « – » (Alt + 0150) ou le tiret cadratin, plus emphatique « — » (Alt + 0151) ;
– « à la tombée de la nuit » : manque la virgule avant l'incise ;
– « Reprenant ses pleins droits la forêt commence » : virgule après « droits » ;
– « Tard dans la nuit je sais » : virgule après « nuit » ;
– « A l'aube » : « À » ;
– « de nouveau inondée de lumière les joyeuses » : virgule après « lumière » ;
– « Avec l'arrivée du jour les inquiétudes » : virgule après « jour » ;
– « Par toute la surface de ma peau je frémis » : virgule après « peau ».

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Message  elea Mer 4 Jan 2012 - 20:17

C’est parfaitement écrit et décrit. Mais cela m’a laissée en dehors la plupart du temps.
J’ai lu comment le narrateur ressentait les choses, je l’ai lu m’expliquer, je n’ai pas ressenti avec.

Et puis, malheureusement, pour décrire un endroit où la pensée devient inutile et les mots vains, il y a trop de réflexions justement et de mots soigneusement choisis pour que cela m’emporte. C’est presque frustrant de se dire que ce doit être chouette à ressentir et de ne pas l’éprouver en le lisant.

Tout ceci excepté la passage de la nuit et de ses peurs, très bien retranscrit, là j’y étais.

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Message  Anne Veillac Mer 4 Jan 2012 - 21:34

Oui, je suis d'accord, il y a de la grâce dans ce texte.
J'ai ressenti beaucoup de belles choses en le lisant.
Pourtant, d'habitude, j'aime les styles plus simples, plus dépouillés. Mais là, ton style fonctionne bien.
Petit bémol, j'ai un peu décroché à la deuxième partie, quand tu parles de la nature hostile. Et après je suis revenue dans le texte.

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Message  Invité Mer 4 Jan 2012 - 21:43

alex a écrit:
– « à la tombée de la nuit » : manque la virgule avant l'incise ;

Après l'incise, voulais-je dire.

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Message  Invité Mer 4 Jan 2012 - 22:30

Un texte qui veut jouer sur deux registres : à la fois sensitif avec les descriptions de la nature et philosophique, avec des réflexions personnelles (ou pas). Mais je trouve que les réflexions font perdre de l'intensité aux descriptions du paysage (que je connais et admire énormément, où j'ai eu le privilège de voir une migration de grands rapaces, un bonheur sans pareil !)
Les réflexions sont un peu banales en regard de ce qui les inspire...
Et une petite faute qu'Alex n'a pas relevée :les joyeux trilles ( masculin)

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Message  midnightrambler Mer 4 Jan 2012 - 23:35

Bonsoir,

On a tous un endroit fétiche - ville ou quartier, montagne, bout de rivage ou coin de campagne - dont nous rebattons les oreilles de nos proches et réciproquement. Pour moi c'est une ville au bord de la mer ... alors, la description des Pyrénées espagnoles ne m'a guère intéressé ... un peu comme si j'avais feuilleté un guide touristique dans une librairie en attendant que la pluie cesse.
Désolé ...

Amicalement
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Message  Invité Jeu 5 Jan 2012 - 14:26

C'est un beau texte, j'en apprécie l'écriture juste, recherchée mais sobre. J'avoue toutefois honnêtement que je n'en lirais pas des pages parce que le narrateur ne m'y invite pas. Ne m'invite pas à entrer dans son monde, à cheminer à ses côtés, il me donne à voir mais pas à partager. Cela dit, en l'état, en tant que texte indépendant, je l'ai lu avec grand plaisir. Cela pourrait être l'introduction à autre chose, qui pourrait relever du journal de voyage par exemple.

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Message  Jano Lun 9 Jan 2012 - 8:47

Janis : C'est gratifiant de recevoir des compliments d'un auteur qui devient incontournable sur Vosécrits.

Alex : Merci pour tes corrections pertinentes. Néanmoins je regrette ton absence de point de vue.

Elea : Je me suis fait la même réflexion. N'y a-t-il pas un paradoxe à enrober de mots un espace qui les annihile ? Mais comment procéder autrement pour faire passer des ressentis ? C'est bien pour ça que je ne voulais pas tomber dans l'allégorie mais dans quelque chose qui reste mesurée.

Anne : Content que ça t'ai plu. La nature hostile c'est l'autre face de la nature accueillante, l'une ne va pas sans l'autre. La vision de la nature par J.J. Rousseau m'a toujours semblé extrêmement naïve, une sorte de paradis qui n'existe pas.

Coline dé : Heureux de voir que nos différends passés n'ont pas rompu tout dialogue. Tu connais ces paysages majestueux, il est donc bien normal que tu ne retrouves pas toute leur force dans ce texte. Les mots sont parfois trop petits ...

Midnightrambler : Ton commentaire me fait croire que tu as survolé ce texte car je m'attache davantage à exprimer des ressentis, des états d'âme, qu'une simple description de paysages espagnols.

Easter(Island) : Tu dis que l'auteur "n'invite pas à entrer dans son monde, à cheminer à ses côtés, il me donne à voir mais pas à partager". J'ai alors raté mon but car c'est ce que je voulais faire. Je ne sais pas comment je pourrais partager encore plus un vécu sachant que c'est réellement une bribe de journal écrit en plein air puis améliorer à la maison.
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Message  Phylisse Lun 9 Jan 2012 - 10:16

Je n'avais pas commenté, mais voyant ton interrogation Jano, face à ceux des commentateurs qui ont eu quelques difficultés à entrer de plain-pied avec cette nature décrite, je me suis dit que j'allais faire un effort, parce que je trouve dommage d'être restée étrangère à cette évocation, connaissant un peu le coin que j'apprécie beaucoup. Du coup, ça me pousse à l'explication, et je dirais que :

Il y a de l'ampleur dans ton texte de par les descriptions, et dans le même temps de la retenue, comme un carcan posé sur le côté émotionnel.

Le problème qui en découle c'est que c'est à la fois vaste (comme le paysage) et précis (comme un guide) et c'est je crois, entre autres, ce qui me gène. Ainsi quelques uns des passages dans lesquels j'ai eu l'impression de lire un guide :

- Il faut s'adapter à un mode de fonctionnement...

- Ce serait une erreur de croire...

- A l'aube, c'est la résurrection.

- Quand il pleut, le moral est au plus bas. Quand il fait froid, le corps ne peut trouver le repos. Et quand le feu crépite à la tombée de la nuit - minuscule lueur perdue dans la sierra - la peur s'insinue.

J'ai eu l'impression qu'on me disait ce qu'il fallait que je ressente, ce qui allait forcément advenir, c'est trop directif me semble-t-il dans le ton employé.

Par ailleurs, je pense que les parties où il est question de conscience, d'adaptation, de bouleversement, auraient été mieux ressenties (par moi en tout cas) en y mettant davantage d'implication personnelle. Et c'est ce qui manque à l'ensemble du texte pour que je puisse l'apprécier : l'alternance de "je" et de "nous" crée une rupture et ça manque de liant. Et le liant pour moi serait justement le côté émotionnel que j'évoque au début de mon commentaire.

Je n'ai pas l'habitude de décortiquer ainsi, mais j'ai l'impression que ce texte te tient particulièrement à coeur, et ça m'intéressait de te faire part de mes sensations qui s'attachent surtout à une question de forme, en espérant avoir été à peu près claire dans mes explications.


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Message  Jano Lun 9 Jan 2012 - 14:23

(Comme mon texte est tout en haut je me permets de répondre à Phylisse.)

En voulant faire un texte qui parle à chacun je me suis sans doute trop retranché derrière les lignes et c'est un ton impersonnel qui en est ressorti. C'est ce que j'ai compris de ton intervention et de certains autres commentaires. Je vais donc m'attacher à revoir mon mode d'expression car j'étais convaincu de transmettre des émotions intimes. D'où l'intérêt d'un atelier littéraire - ce forum - qui renvoie des opinions insoupçonnées.
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Message  Invité Lun 9 Jan 2012 - 18:32

Jano a écrit:
Alex : Merci pour tes corrections pertinentes. Néanmoins je regrette ton absence de point de vue.

Je ne me sens pas assez bon lecteur pour commenter, alors je me contente souvent en dernier de « corriger » les textes. Je vous donnerai cependant mon avis puisque vous le souhaitez ; je relirai le texte une troisième fois dès que j'aurai le temps, de façon moins diagonale, pour être le plus juste possible dans mon appréciation.

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Message  Invité Lun 9 Jan 2012 - 18:53

une remarque, arpenter en canoé me semble étrangement dit.

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Message  Invité Lun 9 Jan 2012 - 19:04

Pas tout à fait mauvais au sens propre, l'exercice me rappelle quelque-part la poésie Tang, le poète pas tout à fait sage, pas tout à fait courageux, pas tout à fait rien du tout d'ailleurs, se fait sa virée solitaire et nous en rend compte. le texte peut servir d'incipit pour autre-chose, également, un polar transfrontalier, je ne sais pas, un roman d'aventure.

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Message  Invité Lun 9 Jan 2012 - 19:08

pandaworks a écrit:une remarque, arpenter en canoé me semble étrangement dit.
vérification faite, on n'arpente qu'a pied. Il me semblait bien.

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Message  Janis Mar 10 Jan 2012 - 9:50

incontournable, j'espère que c'est ironique !
en tout cas, je l'ai écrit comme je le pense, ce commentaire
mais j'arrête tout de suite de commenter le commentaire du commentaire
(ouille, trop tard !)
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Message  Suzie Mar 10 Jan 2012 - 12:53

Jano a écrit:
Je vis dans les Pyrénées, non loin de la frontière espagnole. Quand les trépidations (quelle sortie dans le vocabulaire ! est-elle justifiée ?) du quotidien m'insupportent je passe de l'autre côté, vers la lumière. A pieds, à vélo, parfois en canoë, j'arpente inlassablement les paysages ibériques. Jamais je ne vais sur les rivages méditerranéens surpeuplés, bétonnés, mais toujours en direction des terres intérieures brûlées par le soleil et battues par les vents construction parallélisme opposé, accentué par la mise en tête de l'adverbe jamais qui devrait se trouver entre "vais" et "sur", = forte insistance, insistance et éloquence justifiée par ??.
Ici l'homme est rare, la nature souveraine. Dans les cieux planent les ombres immenses des vautours.(rappelle trop Victor Hugo...)

La vie en société accapare totalement notre attention, dès qu'il n'y a plus personne l'environnement se manifeste personnification pour un verbe trivial voire journalistique, et "ampleur" est un mot banalpar son ampleur. Je ne connais pas d'endroit capable d'apaiser autant mon esprit, aucun lieu d'une austérité si prégnante qu'elle en abolit la pensée. L'écrasante présence des éléments la renvoie à ce qu'elle est d'abord : une abstraction.stylééééééé, magnifique retournement qui justifie les figures de style !!!
Emportés par la houle des pinèdes les mots se perdent dans l'immensité des mesetas. Le verbe devient inutile, impuissant à retranscrire ce qui n'est plus que sensation, perception aigüe d'un mouvement perpétuel.bien !!
Véritablement isolée, la conscience se débarrasse des représentations du langage pour s'ouvrir aux palpitations du roc, de l'arbre et de la fourmi. Il faut s'adapter à un mode de fonctionnement où l'individu perd sa suprématie sur les choses. La raison dépose alors ses artifices pour laisser la place au primitif.

Nous ne sommes que des animaux.

Ce serait une erreur de croire que la nature est accueillante; elle reste dure et insensible. Malheur à celui qui vient chercher du réconfort ici, il repartira bien vite se réfugier dans les bras douillets de la civilisation !
La souffrance et la mort sont omniprésentes, chaque être vivant combat pour sa survie. Et si beauté il y a, elle ne se mesure qu'à l'ingratitude des conditions d'existence.

Quand il pleut, le moral est au plus bas. Quand il fait froid, le corps ne peut trouver le repos. Et quand le feu crépite à la tombée de la nuit - minuscule lueur perdue dans la sierra - la peur s'insinue.trivial et prosaïque, auparavant le texte était ni bon ni mauvais mais on était porté par l'enthousiasme du retournement réthorique
Alors je ne suis plus qu'une créature aux aguets, l'impression que des milliers d'yeux m'observent, dissimulés dans le noir. L'obscurité m'enveloppe en même temps qu'une désarmante solitude. Au-dessus de ma tête des branches se balancent comme des membres décharnés.
Reprenant ses pleins droits personnification éculée et vide de sens, puisque jamais avant tu ne dis "bouh méchante civilasition qui asphixie la nature" la forêt commence à parler. D'abord des hululements lointains de chouettes qui se répondent, puis le bref aboiement d'un chevreuil. Là,ici et là, adverbe d'une description narrative plate en cours au 18è mais maintenant dépassée c'est le glapissement d'un renard en chasse qui me fait sursauter. Tard et tôt que fais-tu ?dans la nuit je sais que j'entendrai le passage bruyant des hardes de sangliers, jamais rassurantpourquoi pas "inquiétant" ? sensation paranoiaque des yeux maintenant transmise dans une métaphore plate prosaïque et banale.
J'ai peur, comme à chaque fois, une angoisse qui remonte du fond des âges. Il faut que je reprenne le contrôle de mes émotions, que je me persuade que le plus dangereux des prédateurs est l'homme mais que dans ces contrées il est absent. L'indispensable fiole du voyageur solitaire aide à me rassurer, me tient compagnie. Il y a quelque chose de tragique à boire seul sous les étoiles. Pourtant l'engourdissement des sens atténue les murmures de la forêt et je finis par m'endormir à poings fermés dans mon fragile abri de toile.Prosaïque mais cette fois sans métaphore, plus crédible et rattrape ci haut par la douceur d'un contre narratif. J'aime l'idée de la picole solitaire... un personnage peut-être névrosé, on n'en sait rien, puisqu'il n'a aucune profondeur psychologique, du moins à ce que je comprends de ma première lecture...

A l'aube, c'est la résurrectionthème éculé. Des quatre coins de la clairière de nouveau inondée de lumière les joyeuses trilles des pinsons retentissent. L'herbe scintille de rosée. Des panaches de vapeur s'en élèvent en même temps que l'apparition rayonnante du soleil. Avec l'arrivée du jour les inquiétudes de la nuit s'évaporent.
Par toute la surface de ma peau je frémis des espaces sauvages qui m'appellent, j'entends la vie qui bouillonne furieusement à l'intérieur de mes veines. Moment tant convoité où je me sens réellement exister, où l'élan vital prend enfin toute sa signification.

Sans perdre un instant je reprends mon chemin vers l'infinirien que ça ? Ha maintenant que j'ai lu l'avant dernier paragraphe, je comprends, c'était une boucle. Ton texte entier est une boucle, il n'apporte rien de nouveau d'un point de vue de notre connaissance et il ne nous surprend pas, mais par des retournements rhétoriques épisodiques il entend se justifier. j'ai commenté en même temps que je lisais, d'où la naïveté et parfois l'incohérence de mes commentaires, le lecteur ne pouvant deviner ce qui viendra après dans sa lecture... Merci pour ce très joli texte, bisous !.

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Message  Invité Mar 10 Jan 2012 - 13:05

J'ai bien aimé l'idée de cette communion totale avec la nature, une symbiose qui fait que l'on se sent l'élément d'un tout, une sensation qui trouve d'autres chemins pour se manifester que les mots. Je suis en train de me rendre compte que ma dernière phrase est une lapalissade. Pardon !

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Message  roro Mar 10 Jan 2012 - 21:34

Malgré un grand effort de style, ce texte ne transmet pas l'émotion, et la narration n'est pas pertinente, d'ailleurs le texte débute par 'je vis'.

On a l'impression que le 'je' prend toute la place, d'accord, le paysage est vu à travers les yeux du narrateur, mais le narrateur pourrait effacer quelques 'je' pour se faire plus discret et permettre au lecteur d'entrer dans le paysage (on sait au final que c'est le narrateur qui voit).

Par exemple :
"Il faut que je reprenne le contrôle de mes émotions, que je me persuade que le plus dangereux des prédateurs est l'homme" :

Deux fois 'je' dans une phrase pour faire passer l'idée que le plus dangereux des prédateurs c'est l'homme.

On aurait pu le dire d'une manière plus directe, ou alors l'illustrer en décrivant quelque chose que l'homme aurait fait, etc.

Narration à revoir...
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Message  bertrand-môgendre Mar 9 Avr 2013 - 5:43

Entre les lignes, j'ai deviné l'espace, l'air et le temps qui enveloppe le randonneur.
D'avoir peur d'un environnement peu familier est tout à fait compréhensible. C'est un peu mon sentiment lorsque je me promène en ville. Mais je ne pense pas que la nature soit hostile, ou plutôt si tel est le cas, il suffit parfois d'apprendre à la connaître, tout comme je ne pense pas que la vie dans la nature soit idyllique non plus. Par contre, se sentir redevenir animal me plaît bien car s'il y a bien une qualité qui se jumelle avec cet état d'esprit c'est le sens de l'observation et peut-être celui qui suit, l'instinct de survie. La nuit est toujours une épreuve, un passage difficile, mais j'ai, pour ton randonneur, un début de commencement de solution pour surmonter cette peur. Une corde, une simple corde qui, reliée à une personne de confiance, permet de découvrir un lieu inconnu dans la nuit noire, et ce, sans lampe de poche. L'expérience est troublante car elle oblige à faire travailler les quatre sens sollicités lors de cette découverte.
Inconvénient majeur, tu ne pourras plus écrire ce type de texte, et ça c'est dommage.
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