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C'était un rêve d'automne

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C'était un rêve d'automne Empty C'était un rêve d'automne

Message  Raoulraoul Dim 8 Jan 2012 - 17:55

C’était un rêve d’automne

Le mari est arrivé dans le cimetière. Il regarde les tombes. Aujourd’hui on doit enterrer sa grand-mère. Il est en avance et une femme seule arrive dans le cimetière. Elle reconnaît le mari. Elle demande au mari de l’aimer, mais le mari dit qu’aujourd’hui n’est pas un jour pour aimer, c’est un jour pour pleurer, pour prier, pour aimer les morts un peu plus que les vivants. La femme seule dit que l’homme marié lui a manqué, qu’elle voyait toujours l’homme marié dans sa tête, dans son corps, dans ses bras, dans ses rêves, dans la partie plus malheureuse de son corps.
Elle avance vers l’homme marié, lui déchire sa veste, lui ouvre sa chemise, lui touche son sexe, mais l’homme marié dit qu’il est marié, qu’il est fidèle, qu’il a un enfant malade se mourant à l’hôpital. Mais l’homme marié aussi prononce des mots interdits parce qu’il cède aux avances de la femme seule. Ils se couchent donc par terre dans l’herbe et les feuilles d’automne, parce que c’est le début de l’automne et que la lumière triste de l’automne descend déjà sur le cimetière.
Finalement la mère de l’homme marié arrive à son tour dans le cimetière, c’est la mère de la mère de l’homme marié aujourd’hui qu’on enterre. La mère dit à son fils que l’épouse de son fils chaque dimanche vient dans la maison de la mère rendre visite à la mère. La mère dit tout cela devant la femme seule qui aime le mari. Le mari revoit le visage de l’épouse, le mari voit l’épouse se promener dans les allées du cimetière, le mari voit l’image de son épouse, au milieu des morts, le mari se demande si l’épouse qu’il n’aime plus est toujours vivante car une épouse qui n’est plus aimée par son mari est une épouse morte.
La grand-mère se promène dans les allées du cimetière, elle est morte et elle rencontre les autres morts dans le cimetière. Elle rencontre l’épouse qui pourtant n’est pas morte.
La mère de l’homme marié fait connaissance avec la femme seule qui se présente toute seule. Mais la femme n’est plus seule, mais la femme est aimée, une femme aimée n’est plus seule.
Un enfant rentre dans le cimetière. La mère du père de l’enfant dit que le père s’enfiche de savoir que son enfant va mourir. L’enfant se promène dans le cimetière comme beaucoup de gens. Dans le cimetière il y a beaucoup de gens qui se promènent sans se connaître. Leur seul point commun c’est la mort. Ceux qui le sont déjà, ceux qui vont le devenir, et ceux qui entre deux ne savent encore rien. L’enfant ne sait pas encore, parce que les enfants ne doivent pas mourir, mais celui-là va mourir, dit la mère.
Le mari de la mère lui est mort déjà, depuis quelques secondes, puisqu’il est vieux, puisqu’il est faible et qu’il ne peut supporter d’avantage d’entendre cette scène dans le cimetière. Il préfère proprement mourir, s’allonger dans les feuilles d’automne qui le recouvrent proprement.
La mère se retire, elle a un dernier mot à dire à sa mère errante dans le cimetière. Jusqu’à la dernière seconde une fille peut encore parler à sa mère avant qu’elle ne parte définitivement.
La femme seule est avec le mari. Ils en profitent pour faire l’amour, sauvagement dans les feuilles mortes.
L’enfant est raide, vaincu par la souffrance, l’enfant est raide, allongé dans le cimetière. L’enfant est nu puisque sorti de l’hôpital. L’enfant est nu puisque personne n’est venu le revêtir des vêtements de l’amour.
On entend les cris de la femme seule, heureuse.
La mère revient. C’est l’heure de l’enterrement. Le mari se rhabille. Tout le monde s’en va, sauf que le mari. Tout le monde devrait partir sauf que le mari. Tout le monde ne peut pas partir, sauf le mari qui entame un nouveau départ. Cassé, vieilli, il a ramassé la canne du vieux père. Il marche comme son vieux père. La femme seule une dernière fois s’accroche à son amour. Elle dit qu’on ne peut pas lui enlever son amour. Elle hurle son amour. L’homme marié va rejoindre la terre. Il tombe dans les feuilles mortes. Il va épouser les feuilles mortes. Il meurt. Personne ne pourra lui fermer les yeux. Il meurt, le regard ouvert, une main crispée, sans rien achever. C’est terrible.
Une dernière fois la grand-mère rappelle que c’est l’heure. Elle ne veut pas mourir seule. Elle tient aux traditions. Elle veut une mise en bière. Sa fille l’accompagne.
Alors ne reste plus dans les allées du cimetière qu’une femme seule rencontrant une autre femme seule et veuve. Elles ne se parlent pas. Le vent d’automne a jeté un mouchoir sur le visage de tous ces hommes défunts, allongés là dans leur mort. On ne peut pas pleurer.
Grand-mère enfin rentre dans son tombeau. C’était un rêve d’automne pour des femmes seules, car seules les femmes seulement affrontent l’hiver.


Raoulraoul
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Message  Invité Dim 8 Jan 2012 - 18:44

Incisif, sans bavures, pour moi. Un ton juste et un style qui fait mouche.

Quelques remarques :
– « que le père s’enfiche de savoir » : « s'en fiche de » ;
– « et ceux qui entre deux » : « entre-deux » (trait d'union) ? ;
– « Le mari de la mère lui est mort déjà » : virgule après « mère » et « lui » ;
– « qu’il ne peut supporter d’avantage » : « davantage » ;
– « sauf que le mari » : le « que » est de trop ;
– « sauf que le mari » : idem (ou est-ce voulu ?) ;
– « car seules les femmes seulement » : maladroit, à mon sens.

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Message  Invité Dim 8 Jan 2012 - 19:23

Drôle d'impression de confus en même temps que parfaitement cadré. Pas trop sûre de saisir le message du texte, le fond de la démonstration.
De fait, c'est l'avatar qui m'intrigue et a détourné mon attention du texte ; ça ressemble à du Blake, ça a l'air d'être du Blake mais ce n'est pas du Blake. Alors ?

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Message  elea Dim 8 Jan 2012 - 21:12

Trop de mères, de maris, de femmes et d’enfants à un moment donné pour moi. On suit quand même mais ça m’a tiré de ma lecture, presque ennuyée de devoir faire l’effort de m’accrocher pour suivre. Mais c’est peut-être un soir de fatigue, j’y reviendrais. Parce que j’aime beaucoup d’éléments dont le ton et la fin.


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Message  Invité Mer 18 Jan 2012 - 15:07

Quel drôle de texte ! J'ai pensé à Prévert, la chasse à la baleine, à Almodovar, à... j'ai pensé à des tas de trucs plus ou moins pas catholiques !!!
J'ai plein d'interrogations : pourquoi ce que " sauf que le mari. " deux fois de suite puis un emploi correct "sauf le mari" ?
Pourquoi cette distanciation qui, effectivement, oblige le lecteur à s'accrocher s'il ne veut pas perdre le fil ?
Mais j'ai néanmoins apprécié.

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