Quatre-vingt-douze
+2
Daenerys
Sekril
6 participants
Page 1 sur 1
Quatre-vingt-douze
Les façades bien lisses aux lignes impeccables
S'avancent arborant des pastels impassibles
Sur les pavés luisants des places trop paisibles
La ville se déguise en une morgue affable
Les nounous sérieuses autour des bacs à sable
S'attachent aux enfants tous très sages et sensibles
Jamais l'œil ne surprend la misère invisible
Le jour est radieux et l'heure impitoyable
Aux étals des marchés pyramides parfaites
Trompe l'oeil surannés et vitrines proprettes
Tout ici est joli et distille son charme
Las, cette bienséance est silence des sens
Le sang de mon engeance a d'autres exigences
De rire, de folie, de beauté et de larmes
Invité- Invité
Re: Quatre-vingt-douze
Devant les sonnets bien tournés je suis admirative.
Je trouve celui-ci fort agréable.
Toutefois, le sixième vers comporte une syllabe en trop :
S'at/ta/chen/t aux/ en/fants/ tous/ très/ sa/ge/s et/ sen/si/bles
La poésie classique se lit en faisant les liaisons.
Perso, j'enlèverais "tous" qui ne me paraît pas indispensable et qui fait boiter le poème.
Je trouve celui-ci fort agréable.
Toutefois, le sixième vers comporte une syllabe en trop :
S'at/ta/chen/t aux/ en/fants/ tous/ très/ sa/ge/s et/ sen/si/bles
La poésie classique se lit en faisant les liaisons.
Perso, j'enlèverais "tous" qui ne me paraît pas indispensable et qui fait boiter le poème.
Invité- Invité
Re: Quatre-vingt-douze
Un sonnet fort bien réussi et maîtrisé (hormis le vers bancal). Cependant, j'ai trouvé la qualification systématique un peu pesante: façades bien lisses, lignes impeccables, pavés luisants etc...
Il me semble qu'à l'intérieur d'un sonnet, forme si rigide , il faut aller contre une syntaxe bien convenue et saisir le lecteur par l'originalité dans la contrainte.
Pour cela, le deuxième tercet est la strophe la plus réussie!
Merci pour cette lecture
Il me semble qu'à l'intérieur d'un sonnet, forme si rigide , il faut aller contre une syntaxe bien convenue et saisir le lecteur par l'originalité dans la contrainte.
Pour cela, le deuxième tercet est la strophe la plus réussie!
Merci pour cette lecture
Daenerys- Nombre de messages : 8
Age : 45
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Quatre-vingt-douze
mmm.
ça déborde presque de sobriété.
ça déborde presque de sobriété.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Quatre-vingt-douze
92 = Neuilly (prolongation du XVIè extra-muros, avec plus de villas arborées et discrètes). D'où les façades lisses, les nounous des bacs à sables... Avec cette clé la lecture peut être différente, plus incisive.
Re: Quatre-vingt-douze
En effet, cette clé éclaire l'intention de l'auteur!
C'est un poème réussi
C'est un poème réussi
Daenerys- Nombre de messages : 8
Age : 45
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Quatre-vingt-douze
Ah, j'ai failli rater tes "pastels impassibles" !!!
Bravo aussi pour tout le reste!
Bravo aussi pour tout le reste!
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Quatre-vingt-douze
À la première lecture, l'oxymore ("morgue affable") attire l'attention. Un lieu accueillant en surface, mais mort en profondeur. Le vocable "morgue" doit être lu ici à la fois comme le lieu de conservation des corps, mais aussi dans son autre acception d'orgueil, d'arrogance. Au vers 1, "façades" est à lire au sens propre comme au sens figuré. La personnification ("se déguise") signale le fait que seul le jeu des apparences compte, ce que confirment les connotations péjoratives de nombreux adjectifs ("lisses", "impeccables", "impassibles", "sérieuses", "parfaites", "surannés", "proprettes", "joli") et de certains adverbes de quantité, de fréquence ou d'intensité ("trop", "tous très", "jamais", "Tout"). C'est le complément circonstanciel de lieu "Ici", au vers 11, qui met en perspective le titre du sonnet ("Quatre-vingt douze"). Hauts-de-Seine, l'un des département français les plus riches. L'antithèse ("jour... radieux" / "heure impitoyable") met en exergue ce qui s'offre libéralement d'un côté, ce qui se refuse obstinément de l'autre. La métaphore ("misère invisible") invite à chercher, non loin, une pauvreté hélas trop perceptible : celle du département voisin, le 93, dont le niveau de vie est bien plus modeste et le paraître nettement plus exubérant, comme le souligne l'énumération finale à caractère mélioratif ("De rire, de folie, de beauté et de larmes"). Aux vers 12 et 13, l'assonance en "an" retentit comme un écho obsédant. Elle insiste d'abord sur la condamnation, puis sur la revendication d'une manière de vivre. La périphrase "Le sang de mon engeance", qui élargit sur plusieurs générations la prise de position du locuteur, renforce d'autant le poids du propos.
Merci pour le voyage !
Merci pour le voyage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|