Et bientôt l'aube se déroule

[Frédéric Prunier]

et bientôt l'aube se déroule,

d'énormes ronds de phares hurlent au naufrage
l'animal pétrifié, et sa mort au passage

et bientôt l'aube se déroule,

l'opaline de brume, enveloppe au voyage,
dans ses yeux d'aveugle, l'immense paysage

et bientôt l'aube se déroule,

de l'autre côté du monde, juste avant de plonger
le soleil est encore un instant sur ses pieds

[Calvin]

il fait déjà jour, frédéric

[Maryse]

Le poème se déroule aussi d'une superbe façon
Beaucoup aimé

[hi wen]

bien aimé.

[Invité]

C'est magnifique !

[Jha]

le vague du ressac sur le ronflant paquebot
de la poésie : telle que j'aime la lire

[bassmaniac]

C'est beau

[Invité]

J'ai aimé. Le lire, et le relire

[Phylisse]

J'aime beaucoup ce "et" du début, qui laisse le lecteur imaginer l'avant.

C'est un superbe instantané, qui étire le temps pourtant suspendu à la lumière d'un naufrage à venir. Et que j'aime ce soleil encore un instant sur ses pieds !

Dommage que ce vers "de l'autre côté du monde, juste avant de plonger" soit un peu long et sans césure à l'hémistiche, alors que tous les autres ont un rythme qui se déroule si joliment dans le paysage.

[Frédéric Prunier]

m e r c i pour lectures et je suis heureux de savoir que mes quelques mots parfois suffisent

Phylisse,
ce vers qui boite de 14... m'accentue l'enroulement, avant de plonger,
j'ai hésité un peu, même longtemps, avec un vers de 12, comme les autres,
mais j'aime bien son effet visuel de tremplin, trempoline...en excroissance, hernie, avant le plongeon du soleil (comme on peut voir en accéléré à la télé)

cette vision du monde poétique est devenu possible grace au images technologiques du monde moderne
cette poésie était impensable au début du XXe

j'avoue que moijezaussi, avec tout l'égo surdimensionné que peut apporter le plaisir de la réussite,
celui là, je l'aime bien, avant de plonger)

[Invité]

Ce petit texte m’a intrigué alors plutôt que de me limiter à j’aime / j’aime pas je me suis amusé à une petite exégèse, au risque de dire des bêtises et de manquer l'essentiel mais tant pis je me lance.

et bientôt l'aube se déroule,
Comme déjà mentionné dans les commentaires, le et annonce une continuité, le se annonce une action (l’action se déroule), roule annonce une auto, bientôt annonce une imminence. Lenteur, imminence, action. Le décor est planté.
d'énormes ronds de phares hurlent au naufrage
Phare, la nuit, bien sûr, c’est l’aube, on le sait, voiture aussi, on le pressentait. Hurlent apporte une note supplémentaire, freins qui crissent, conducteur effrayé, bête qui crie. Phare et naufrage, sommes-nous sur l’eau ou sur la route, on ne sait plus.
l'animal pétrifié, et sa mort au passage
Un animal happé par une voiture, ou bien un naufrage dans la tempête. Sa mort au passage, comme si cela n’avait pas d’importance, le conducteur ne s’arrêtera pas, et bien sûr passage comme au passage de l’auto. Ainsi va le monde, la voiture suit sa course, comme le soleil, on le verra plus tard. Pétrifié, voilà Rimbaud, Aube,
Rien de bougeait…. Nous attendons nous à un réveil donc ?
et bientôt l'aube se déroule,
Le réveil imminent ? Le destin implacable ?
l'opaline de brume, enveloppe au voyage,
La brume. Rimbaud encore, le bateau, le voyage. Brume, corne de brume qui hurle ?
dans ses yeux d'aveugle, l'immense paysage
Le bête qui meurt et voit le paysage une dernière fois, ou le paysage qui se reflète dans ses yeux désormais vitreux, opaline. Le conducteur aveugle qui ne voit que le paysage et le soleil à l’horizon, qui l’aveugle.
et bientôt l'aube se déroule,
La route continue, le destin suit son cours, les astres suivent leur cours.
de l'autre côté du monde, juste avant de plonger
le soleil est encore un instant sur ses pieds
La bête titube avant de tomber. Le soleil se lève ou se couche ? De l'autre coté du monde, la mer, les voyages, retour sur l'eau. Comme dans tout le texte tout est dans tout et réciproquement, tous les points de vue se mélangent. Confusion du petit matin. Imminence de la chute. Lenteur et rapidité se font écho, vie et mort, lever et coucher.

[Jha]

te pose pas tant de questions : vis !

[Invité]

te pose pas tant de questions : vis !

Mais, heu ! C'est pas un endroit pour vivre, ici, stun endroit pour commenter !
Jha, remets-tes lunettes !

Frédéric, plus je le lis, plus je l'aime ce poème !

[Marvejols]

Merci Condremon. J'avais aussi "vu" les yeux d'une biche dans ce texte. Du coup j'ai lu "encore un instant sur ses pieds" -un peu étrange pour le soleil- comme les pattes de la biche avec dessus la chaleur d'un dernier soleil.

[Invité]

Cela me fait un peu penser à un tableau de chasse qui sentirait le goudron, l'essence, le sang et le brouillard.
Une étrange sensation entre attraction et rejet. Cela m'évoque aussi une chanson de Camille dans l'album Le Fil: Baby Carni Bird...

[Invité]

...cela dit on comprend bien qu'il s'agit d'un accident, et pas goudron mais plutôt bitume pour les odeurs sus citées...

[Frédéric Prunier]

même une photo, ne retiendra pas le temps

[Terrains Vagues]

de l'autre côté du monde, juste avant de plonger
le soleil est encore un instant sur ses pieds.

Derrière l'horizon, j'aime.

[Sweet Heart]

Une aube cyclique qui a vraiment fière allure. La lecture se déroule aisément. Seul le clin d'oeil à la mort ramène à la vie, la vraie.
Sans ça, le cycle ne semblerait jamais s'arrêter...

Sweet Heart

[Frédéric Prunier]

merci à mes nouveaux lecteurs
et spécial merci à Condremon pour son "explication de texte"

j'ai l'impression d'avoir eu l'honneur d'être étudié en classe

ça fait du chaud au coeur..

[Lyra will]

En fait je suis revenue plusieurs fois, il y a quelque chose d'un peu "magistral"
j'aime surtout les trois premiers vers pour la double entrée qu'ils proposent, avec les phares, l'animal au passage, ça installe deux paysages très différents, et j'aime bien quand on laisse le lecteur devenir actif.

[Lyra will]

acteur ?

[Invité]

Un bijou, ce dernier Fred Pru.

[loic]

plusieurs fois j'ai tourné autour sans en trouver la clé

cette fois je suis entré les descriptions de la levée du jour sont époustouflantes

[Polixène]

Mes griefs:

l'opaline de brume, enveloppe au voyage,
dans ses yeux d'aveugle, l'immense paysage

Je ne comprends pas bien la construction de ces deux vers.C'est surtout "au" voyage qui me dérange.
de l'autre côté du monde
Pour moi c'est un peu lourd du point de vue sonorités.

Mes bravos:
L'absence de majuscules, qui participe à cet étalement lunaire.
La reprise du très beau vers " et bientôt l'aube se déroule,"
Le double-sens des deux derniers vers, habilement maîtrisé, qui révèle complètement le tableau.
Le remarquable alexandrin final.

Un lever de verbe irisé!

[Soliflore]

et bientôt l'aube se déroule,

d'énormes ronds de phares hurlent au naufrage
l'animal pétrifié, et sa mort au passage

et bientôt l'aube se déroule,

l'opaline de brume, enveloppe au voyage,
dans ses yeux d'aveugle, l'immense paysage

et bientôt l'aube se déroule,

de l'autre côté du monde, juste avant de plonger
le soleil est encore un instant sur ses pieds

L'ombre et la lumière. L'obscurité, si peu engageante... Sous le soleil aussi des carnages se perpétuent.
Une vision assez sinistre d'une révolution d'un jour.



< Vous serait-il possible (une nouvelle fois !) d'utiliser le bouton PREVISUALISER avant d'envoyer svp ?
Le résultat de vos erreurs de manip donnent chaque fois un résultat incompréhensible.
Merci d'avance.
La Modération >
.

[Frédéric Prunier]

merci, nouveaux lecteurs féliciteurs !

Loic,
je suis heureux de savoir
quà la lecture de mes mots
tu aies entrevu ce matin de froid
que tu aimes peindre, toi aussi


polixène
dans les deux vers qui vous intriguent
mon paysage est l'intérieur d'un oeil d'aveugle... blanc, opaline, sans vie, sans pupille
c'est une sorte de manteau qui nous a caché la route, ...
l'opaline enveloppe le paysage, le voyage,
mais aussi
l'opaline est le paysage, l'opaline est le voyage aveugle...

ce au voyage est à la fois... le, en, du, dans, tout, un, ce, mon, ton......
(la vérité grammaticale est mise à contribution, parce que je peins mon petit tableau sans me positionner dans un angle précis, ...comme dans les deux premières phrases, entre la route et le naufrage..)

soliflore,
sinistre...?...non, pour moi, juste une description de la réalité, de la boule qui tourne, sans marche arrière...

modération,
les phrases bleues, c'est pour soliflore ??...


< C'est évident >
.

[Jean Lê]

L'aube pour les uns est un crépuscule pour d'autres, j'aime bien cette alternance dans les points de vue. Très joli texte Frédérique.

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