Casino Nation

[loic]

Casino Nation

La ville m’apprivoise
Les servantes gracieuses d’une cafétéria

Aux dehors les faisceaux dessinent vrombissants l’arrondi de la place
Un punk en oxymore sur la porte mendie
Et de grands Africains devisent sur le skaï

Aux tables, des anciens
La famille Océan de ces moyenâgeux qui n’obtempère plus aux sirènes du désir
Ils parcourent « Le monde », étrillent les mots croisés

Une salle humanité, parfumée de tendresse

Les couleurs ardues aux visions improbables
Leurs vieux cœurs qui se hèlent
Dans l’œil d’une fournaise sans l’amour du dehors

Ils iront tout à l’heure affronter la silhouette
Des femmes longilignes aux petits pas pressés
Perchées sur les bottines de leurs jambes gainées

Une large casquette leur offrira l’abri
D’histoires qu’ils emportent au ventre de leur tête
Cheminant sur l’asphalte des trottoirs dans la pluie

[Lotelé]

Il y a quelque chose de joli dans ce poème, tout une imagerie plutôt bien ressentie et retranscrite. J'ai tout de même une question : as-tu voulu construire ton poème sur la base d'alexandrins ? Bien sûr, il ne s'agit pas d'une construction classique où chaque vers en est un, mais il semble que le mètre de rigueur est l'hexasyllabe (ou le dodéca, suivant le point de vue).

Si c'est le cas, la forme doit être grandement améliorée : trop de rimes féminines ne sont pas respectées, certaines syllabes sont oubliées dans le décompte, ce qui casse le rythme et grève la lecture (et donc l'appréciation). Dans le cas où tu t'es basé sur un modèle en alexandrins.

Deuxième question : pourquoi cet agencement des vers ? (2-3-3-1-3-3-3) L'écriture s'est faite comme ça ou tu y mets un sens particulier ?

En tout cas, il réside quand même dans ton texte une rythmique entraînante et des sonorités parfois évocatrices. Mais je crois que tu pourrais le retravailler pour lui donner encore plus d'effet.

[Frédéric Prunier]

la fin est très belle
ça me parle

[Invité]

Une inspiration citadine bien vue.
Un vers que je ne trouve pas très heureux :

Les couleurs ardues aux visions improbables

les deux adjectifs me semblant inappropriés.
En revanche, j'aime beaucoup le dernier tercet.

[Tollelege]

un faible pour la troisième strophe, mais ce côté un peu graveleux que vous conférez au troisième âge?

[Annie]

Plaisante surprise d'abord : titre énigmatique et comprendre à la lecture qu'il s'agit de dépeindre la clientèle d'un super marché, de sa cafet'. Peut être y a-t-il d'autre interprétations?
C'est bien vu et bien enlevé, comme on le dirait d'une aquarelle prise sur le vif.

Je n'ai pas compris : "Un punk en oxymore "
ni : "La famille Océan de ces moyenâgeux qui n’obtempère plus aux sirènes du désir"
Est ce la famille qui n'obtempère plus ? ou les moyenâgeux ? dans ce dernier cas obtempèrent serait au pluriel.


"Des femmes longilignes aux petits pas pressés
Perchées sur les bottines de leurs jambes gainées"
j'aurais préféré lire De femmes ... Il peuvent suivre les silhouettes qui leur plaisent, mais Des femmes... laisse entendre que les femmes sont ainsi : longilignes et perchées sur des bottines à talons ! Ce doit être une question d'article défini partitif, j'ai oublié la nomenclature grammaticale (dieu merci) mais je reste sensible à la nuance.
Et chatouilleuse sur l'aperception des femmes.

Bon moment de lecture, après tant de paysages industriels, c'est sympathique d'avoir proposé un paysage urbain; bravo.

[Maryse]

Beaucoup de plaisir à te lire encore.
j'ai beaucoup aimé

[loic]

ANNIE rassure toi, pas d'aperception ici

les belles femmes me bouleversent (surtout leurs jambes)

pour le punk en oxymore, peut être par rapport a cette insouciance des jolies femmes

en fait je passais une semaine à Paris et le soir auprès de l'Hotel j'ai trouvé cet endroit magique, la cafétéria Casino, pleine de vieux habitués jouant au mots croisés, plaisantant avec les serveuses, de grands blacks bien habillés tenant conseil

c'est un endroit que je conseille (un petit océan d'humanité ou le paraitre n'a pas lieu d'être)

merci de vos commentaires et bonne semaine à tous

loic

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