Elle nous colle à la peau

[Raoulraoul]

Elle nous colle à la peau

Sunset Boulevard. Devant le Melody Room.
Sous la pluie lourde d’un soir orage, Steve demande à Lucy :
« Viens donc chez moi me résumer l’histoire, suis trop fatigué pour lire.»
Et Lucy va dans l’appartement de Steve pour lui résumer l’histoire d’un roman dont il devrait tirer scénario. Lucy raconte l’histoire mais Steve s’en fout, fume, picole, à minuit il renvoie Lucy avec un remerciement en dollars pour attraper un taxi et rentrer chez elle à Figueroa Street.
Le lendemain la presse annonce la mort de la jeune actrice Lucy Hodge, étranglée et jetée d’une voiture en marche dans un fossé. La police convoque Steve. Mauvaise réputation Steve. Bagarre, violence, écrasé le nez déjà d’une autre femme.
Mais Brenda, voisine de palier, va disculper Steve. Elle aime Steve, qu’elle voyait de derrière ses rideaux, ce soir là. Elle dit à Steve « I like your face ». Steve ne résiste pas, il accepte l’alibi que lui offre Brenda. Et Steve ne boit plus et Steve se remet à écrire un scénario, c’est son job, Steve s’amourache de Brenda, ils sortent dans le monde, Steve refait bonne figure dans le monde avec le « I like hour face » que Brenda lui serine à l’oreille sans se lasser.
Bien sûr les flics harcellent Steve. Interrogatoires réguliers jusqu’à ce qu’une piste sérieuse les détourne de Steve.
Un soir, à la sortie d’un club, un type accroche la Mustang bleue de Steve. Steve le prend en chasse, le coince, éjecte le type et le tabasse sévèrement, même qu’une pierre il brandit pour lui fracasser le crâne. Mais Brenda suspend le geste de Steve, et Steve remonte dans la Mustang disant « Excuse-moi Brenda, ça ne se reproduira plus » et dans la nuit parfumée de l’été ils rentrent à leur appartement.
Ecrit beaucoup Steve, écrit avec génie Steve, le scénario qu’il écrit va enthousiasmer les producteurs. Brenda s’occupe de son génie. Il dort le jour, il écrit la nuit. Entre chien et loup il aime forcément Brenda, compréhensive.
Il accepte le mariage, achète l’anneau, prévoit le voyage de noce à Acapulco.
Brenda remet le scénario achevé aux producteurs. Un soir au restaurant, l’un deux, un vieux producteur ami de Steve critique doucement le scénario, Steve s’échauffe, monte sa colère et casse la gueule au vieux producteur, ses vieilles lunettes brisées, dans les toilettes du restaurant Steve confus. A Brenda il dit « Excuse-moi Brenda, ça ne se reproduira plus ».
Mais Brenda depuis ne dort plus. Elle avale des cachets. Elle réserve un billet d’avion pour elle seule, pour partir, pour ne plus revenir. Elle a peur. Elle se dit si l’assassin de Lucy Hodge, c’était Steve ! Trop impulsif Steve.
Alors Steve rentre dans la chambre, découvre les cachets, la valise, des affaires hâtivement jetées dedans, et l’anneau que Brenda ne porte plus à son doigt, et l’aéroport qui confirme une réservation pour le premier avion demain.
Steve est imprévisible, mais il va tuer Brenda. Brenda s’enferme. Brenda lui renvoie à la figure non plus le jouissif « I like your face », mais une autre figure enfouie en lui-même, une face horrible de violence qui défigure l’apparente beauté du Steve génial écrivain. Steve cogne à la porte de Brenda. Plus personne dans l’appartement ne peut retenir Steve. La femme de ménage est partie.
Mais le téléphone sonne. C’est le commissaire de police. Brenda a décroché. Le commissaire lui annonce que l’assassin de Lucy Hodge a été retrouvé. Un ancien amant jaloux. Donc ce n’est pas Steve. Brenda répond « Si seulement je l’avais su plus tôt… maintenant c’est trop tard ! »
Steve s’en retourne. Il s’en va. Il retourne en face, dans son appartement. Brenda à travers les rideaux le regarde. Un homme effondré, avec sa bouteille de whisky, et une réputation qui lui colle à la peau, dont on ne sait plus ce qu’elle cache de vérité.
« Excuse-moi Brenda, il n’y aura plus de prochaine fois » entend-t-elle sinistrement vibrer dans son cœur.

[Invité]

À titre indicatif, une petite correction :
– « d’un soir orage » : « d'orage » ou « orageux » ;
– « « Viens donc chez moi » : pas de retour à la ligne (puisque vous employez des guillemets) ;
– « pour lire.» » : espace après le point ou avant les guillemets fermants, cela revient au même ;
– « dont il devrait tirer scénario » : « un » scénario ? ;
– « Mauvaise réputation Steve » : virgule après « réputation » ;
– « ses rideaux, ce soir là » : « ce soir-là » (trait d'union) ;
– « Elle dit à Steve « I like » : manquent le deux-points avant les guillemets ;
– « I like hour face » : « your », I guess ;
– « les flics harcellent Steve » : « harcèlent » ;
– « disant « Excuse-moi » : manque le deux-points avant les guillemets ;
– « Excuse-moi Brenda, ça ne se reproduira plus » : pas d'italiques ;
– « Ecrit beaucoup » : « Écrit » (Alt + 144) ;
– « beaucoup Steve » : virgule après « beaucoup » ;
– « génie Steve » : idem après « génie » ;
– « prévoit le voyage de noce » : « noces » ;
– « au restaurant, l’un deux » : « l'un d'eux » ;
– « un vieux producteur ami de Steve critique » : virgule après « Steve » ;
– « monte sa colère » : « montre » ;
– « A Brenda » : « À » (Alt + 0192) ;
– « il dit « Excuse-moi » : manque le deux-points avant les guillemets ;
– « Excuse-moi Brenda, ça ne se reproduira plus » : pas d'italiques ;
– « plus ». » : le point doit être intégré à l'intérieur des guillemets ;
– « Elle se dit si l’assassin de Lucy Hodge, c’était Steve ! » : guillemets ? ;
– « Brenda répond « Si seulement » : manque le deux-points avant les guillemets ;
– « maintenant c’est trop » : majuscule ;
– « Steve s’en retourne » : « … chez lui » ;
– « Excuse-moi Brenda, il n’y aura plus de prochaine fois » : pas d'italiques ;
– « entend-t-elle sinistrement » : « entend-elle ».

[Janis]

j'aime bien ce style lapidaire, très script, avec ce présent qui nous emmène jusqu'à la chute, et la litanie. Donc, j'aime bien, voilà.

[ubikmagic]

On est en plein dans le roman noir, le film sulfureux, avec une musique de Max Steiner et une photo noir et blanc irréprochable.
Dommage que ce soit traité sur ce mode presque télégraphique. Comme si l'histoire vous ennuyait, comme si vous étiez pressé d'en finir. Certes il y a beaucoup d'éléments, et s'appliquer à détailler le tout donnerait un texte long. Mais ça en aurait valu la peine je crois. Vous aviez les ingrédients essentiels pour un magnifique film noir.

Ubik.

[Invité]

Pour le coup, c'est vraiment haché. Trop. Le texte me fait l'effet de ne pas vivre, de ne pas respirer, ça manque de chaleur, d'humain. Parfois je trouve un côté assez puéril à certaines constructions, je me demande si ça n'est pas voulu : "Mais le téléphone sonne. C’est le commissaire de police. Brenda a décroché." (d'ailleurs, là j'aurais mis "décroche"), ainsi que dans une bonne partie de ce dernier paragraphe.
Sinon, eh bien certains éléments du "scénario" m'ont fait penser à "Raging Bull", job mis à part.

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