Pèche à la ligne, mirabelle à la main.

[Invité]

Pour Charlie, Le Lutin Lorrain.
Et merci à Brassens pour "La chasse aux papillons"



Pèche à la ligne, mirabelle à la main.


Chantants la musette, ce mois de septembre, nous allions vers la Meuse au matin,
tremper quelques bouchons et capsules , espérants tirer quelque pitance de l'eau verte et vaseuse.

Coupants à travers collines et ossements, essoufflés,
nous decouvrâmes bientôt deux superbes brèmes de talus,allongées,
à l'abri d'un mirabellier dont les fruits avaient rosis du spectacle.
Harponnés de rires étouffés, nous attrapâmes nos gaules,
et ,de fil en aiguilles, pêcheur embusqués, approchâmes du duo convoité.
Les belles étaient dodues, 2 livres par kilo au bas mot, grasses de poitrines au moins ça.
Blondes et platines sous les reflets du soleil lorrain, toutes nageoires déployées,elles somnolaient ,étendues là:
deux quiches cuites dorées déposées là par Saint-Nicolas juste pour nous.

Nous appâtâmes ces beaux cyprins avec quelques fruits défendus,
et, d'un coup d'épuisette, les ramenâmes dans nos filets.
Les belles n'étaient pas farouches, mais livrèrent un âpre combat:
de mémoire d'ablettes , on n'avait jamais vu ça.
Bombant le torse à loisir , aidés de nos triques,
nous les dégustâmes à pleines dents, madeleines de Comercy fondantes
sur un lit de bourraches.
Asticots épuisés, nous relâchâmes nos deux bataves effrontées,
amorçâmes une retraite bien méritée, naviguant entre deux eaux , assoiffés.

D'un coup de sonde nous étudiâmes les excuses a présenter pour nos dames,
justifier cette étrange bredouille, cacher les rires de l'âme en douce.

Nous ferrâmes une histoire de grenouille, amoureuse d'un bâtelier,
qui se transforme en anguille, pour enfin se faire aimer.
Nos dâmes en furies n'en crurent pas mot, nous expédièrent dehors illico faire amende au vieux bigot.

Chemin glandants sur la route du repentir, nous croisâmes un bistrot,
buvâmes quelque vin de bénitier au gâlop , avalâmes un bout de ventrêche en guise d'ostille, avant d'enfin rendre l'âme dans les bas-fonds d'un fossé.

Toi qui va à la pêche au coup prend garde à la Lorraine et à tes âmes.
Si tu as déjà la corde au cou n'approches pas de ses talus,
ils rendent nos femmes perplexes , la vérité circoncise et tes accents circonflexes.



PW

C'est sans prétention, ne vous abîmez pas en âne à Lise. :-)

[Tristan]

Génial Panda ! Mais tu as oublié de citer les bergamottes de Nancy (grrrrrrrr !!) ;-)

[Gobu]

Tu vas pas le croire, Chef !

J'ai écrit ça hier matin :

Fable Poissonière

Des morues hollandaises
Aux ouïes entrebâillées
Rêvent de mayonnaise
A l’étal du poissonnier

Un merluchon batave
Cuvant sur la marée
Prenant une voix grave
Tente de les faire marrer

Dites-moi, les commères
Laissez vous donc aller
J’avoue que je préfère
Les morues bien dessalées

Ah ça c’est le bouquet !
Lui fut-il répondu
Vous avez du toupet
Pour un sale petit merlu

Nous sommes morues fraîches
Cabillauds l’on nous dit
Princesses de la pêche
Et reines du Vendredi

Mille excuses, mes belles
Buvons un coup de vin
Ne soyez pas cruelles
Je ne suis qu’un alevin


C'étaient tes morues hollandaises qui m'avaient pris le chou !

;-))))

Gobu

[mentor]

Ah t'es un peu fâché avec les passés simples Panda ! A revoir... ;-)

Belle fable, bien troussée, subtilement (?) coquine, j'aime beaucoup
Quant au renvoi d'ascenseur de Gobu, il ne fait aucune ombre à ton oeuvre vu que son texte bizarrement parallèle n'est pas traité pareil
Mais les 2 sont très sympas, merci !

[Sahkti]

Fable Poissonière

Des morues hollandaises
Aux ouïes entrebâillées
Rêvent de mayonnaise
A l’étal du poissonnier

Un merluchon batave
Cuvant sur la marée
Prenant une voix grave
Tente de les faire marrer

Dites-moi, les commères
Laissez vous donc aller
J’avoue que je préfère
Les morues bien dessalées

Ah ça c’est le bouquet !
Lui fut-il répondu
Vous avez du toupet
Pour un sale petit merlu

Nous sommes morues fraîches
Cabillauds l’on nous dit
Princesses de la pêche
Et reines du Vendredi

Mille excuses, mes belles
Buvons un coup de vin
Ne soyez pas cruelles
Je ne suis qu’un alevin

Un texte frais et léger qui me plaît bien! C'est vif et drôle, comme j'aime.

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