La chaise

[Tollelege]

LA CHAISE

Les quatre fers en l’air, elle semble prostrée,
Comme dans la douleur, comme dans la prière,
Pareille à un gisant pris dans la froide pierre
Elle reste figée dans sa forme rostrée.

Elle en a vu passer des séants anonymes
Dans ce sombre réduit d’un garni de banlieue
Son assise paillée a connu des pouilleux
Des fauchés, des taulards, des gens sans patronyme.

Son vieux dos fatigué au vernis qui s’écaille,
S’offre aux vaines questions qui restent informulées.
Juste au-dessus de lui, planent, vermiculés,
Les deux pieds du pendu dont la braguette baille.

[Maryse]

On comprend mieux l'expression" Une vie de bâton de chaise"
j'ai beaucoup aimé ce poème.

[Damy]

Il me sera difficile maintenant de m'asseoir dessus sans arrière pensée.
Poème percutant et très original qui me rappelle mes "chapeaux".
Juste v10 = 13 pieds.
À vous relire

[demi-lune]

J'ai bien aimé l'ensemble et bien aimé être surprise par la chute (moi qui imaginais une chaise retournée sur une table) ! Pourtant, l'ambiance un peu misérable du tableau aurait dû m'alerter !
Pour moi le vers 10 ne pose pas de soucis, il marche bien sur ses 12 pieds !

[Mélusine]

J'aime beaucoup comme souvent quand je lis Tollelege

La fin est pour le moins saisissante

[Damy]

Pour moi le vers 10 ne pose pas de soucis, il marche bien sur ses 12 pieds !

S’off/re aux/ vai/nes/ ques/tions /qui /res/tent /in/for/mu/lées.
C'est juste un peu gênant pour l'oreille

[Manon Lunalice]

S'offr/e aux/ vai/nes/ ques/tions /qui/ rest/ent in/for/mu/lées

12 pieds, aucun problème à la lecture.

La chute assez saisissante oui, et tout du long la même atmosphère, une impression de gens qui vont et viennent, de toute une histoire autour du meuble, joli travail !

[Maryse]

Oui Damy a raison.
V 10: 13 pieds....Na!!! C'est juste un pied...de nez sympa à Lunalice.
Mais on s'en fiche, la chaise n'en a que 4 et n'en a pas besoin, elle!

[Tollelege]

Étant assez chiche je ne vois pas pourquoi j'en mettrais 13 si je peux me contenter de 12.
Mais il est vrai que dans ce poème ce ne sont pas les pieds qui manquent, et c'en est un pour moi que d'avoir reçu votre visite et créé ce tumulte.

[loic]

Tollège, je connais un autre type qui écrit dans cette veine, Hllberte


c'est efficace et scandé

[Marvejols]

Impeccable. Une vraie chute (une chute est une chute quand elle surprend et retourne le sens). Just eun problème soulevé à juste titre par Damy (pas difficile: restant conviendrait bien que pas très satisfaisant). L'assez artificiel Vermiculé me soucierait presque plus. Mais c'est pour faire la fine bouche.

La chaise: je trouve que le site gagnerait (je vais me faire tuer car souffler n'est pas jouer) à proposer de temps à autre des exos thématiques. Du temps de zenobi je trouvait cela stimulant. La chaise serait un bon thème. Le 13è pied un autre.

[Marine]

Une très émouvante... nature morte.
La chute surprend, j'aime beaucoup.
Oui, cette façon de remonter de la chaise au pendu, de bas en haut, et en même temps de la chaise au réduit, caméra au sol, puis du réduit aux hauteurs de la rue où l'on aperçoit le corps.

"son assise paillée a connu des pouilleux", formidable
Rimes riches !
La première strophe me fait penser à ces gargouilles aux bouches tordues dont le visage garde une impression de douleur et de terreur, comme fossilisées en elles.
La forme "rostrée", je ne vois pas trop, par contre, ça ne m'évoque rien par rapport à la forme de la chaise ; peut-être avez-vous choisi le terme pour la rime ?

Merci de ce bon moment de lecture
Votre poème me fait vraiment l'impression d'un tableau qui nous comble quand on en détourne le regard

[Pussicat]

Je vous lis pour la première fois, je n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit et fort bien au dessus de moi... j'ai l'impression de lire un tableau, une nature morte avec la chute idoine,
superbe texte en trois strophes ramassées, travaillées,
merci pour ce moment de lecture.

[Tollelege]

@Marvejols
"Son vieux dos fatigué au vernis qui s’écaille,
S’offre aux vaines questions restées informulées."
Si donc le "ent" ne s'élide pas je propose cette correction qui vaut ce qu'elle vaut...
Pour vermiculés, je me suis donné du mal, mais en dehors de la nécessité de la rime je pense que ce qualificatif colle bien à l'aspect musculeux du pied parcouru de veines et de tendons saillants sous la peau.
@Marine,
La rime bien sûr, sorte de néologisme mais cependant les pieds qui se dressent me font penser à d'autres images:
Le mot rostre est de plus en plus fréquemment utilisé pour désigner le pénis. De plus ce mot a été dérivé en verbe (rostrer) qui désigne l'acte sexuel.
Le rostre (rostrum) est l'éperon d'abordage placé à la proue des galères de combat de l'antiquité.
@Pussicat et loïc
Merci de votre passage, qui est Hilberte?

[Invité]

Cette chaise, témoin muet mais ô combien parlant d'un bien triste drame.
Bravo, j'ai aimé.
(même remarque pour l'alexandrin pas trop rigoureusement alexandrin)

[Arielle]

Superbe mise en scène, glauque à souhait, dont tout a déjà été dit plus haut y compris la critique de l'alexandrin facilement revu et corrigé.
Au passage je note que, pour moi, le rostre ("ensemble des pièces buccales, allongées en stylet, de certains insectes." d'après le TLFi) évoquait un gros insecte ou crustacé retourné sur le dos, particulièrement bienvenu dans ce décor kafkaïen mais si l'auteur me dit qu'il s'agit là d'une sorte de préfiguration de la dernière image je le crois sur parole ;-)

[Rebecca]

Impeccable, implacable. Joli travail.

[Invité]

Ça me plait beaucoup, sauf “rostrée“ que je ne comprends pas.

Je dirais aussi :
so fro vain' kes ti ons / qui res tin for mu lées

Cette scansion me va mieux que :
so fro vai neu ques tions / res tée zin for mu lées

quoi que :
so fro vain' kes ti ons / res tée zin for mu lées

serait acceptable, comme d'ailleurs :
so fro vai neu ques tions / res tée zin for mu lées

Ne serait-ce pas une vaine question qu'il aurait été préférable de ne pas formuler ?

[Invité]

Ah ! j'oubliais : j'aime beaucoup “la braguette qui baille“ ; très suggestif !

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