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Jour de chute

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Message  Gragra Ven 2 Mar 2012 - 15:34

Jour de Chute


Comme toujours, j’étais en train de monter l’escalier qui mène au club-house. Il etait 14h47. J’aime bien arriver largement en avance : j’ai toujours en mémoire la désagréable sensation qui m’envahit lorsque j’arrive en retard. Une cavalière etait accoudée au comptoir où l’on reçoit le nom de notre chère monture d’une heure ; elle se retourna et ses traits se changèrent en un sourire ; elle m’avait reconnue et me saluait. En pleine conversation avec la secrétaire, je ne les dérangeai pas plus et regardai à travers la vitrine qui donne sur le manège mon ancien cours.

C’est à cette heure çi que je montais avant, quand équitation rimait avec ennui et regret des temps passés. J’avais tout perdu : l’adrénaline du galop, la fierté de réussir une belle figure, le courage de sauter de plus en plus haut au-dessus des barres. Ces dernières ne se soulevaient plus tellement du sol, le galop était cantonné à quelques secondes de bonheur amer et l’espace me manquait pour réaliser n’importe quelle figure ce fut. A croire que le cours de 14h était comme une prison avec vue sur la liberté. Une demi-année ainsi, où seule la présence du cheval, animal si fier et puissant, me faisait à peine oublier les rudes semaines de terminale. A croire que l’être n’était plus ce qu’il était, que je n’avais peut-être que rêvé ces galopades et ces tensions extrêmes devant les obstacles, que je n’étais plus au niveau pour cela.

Décembre était arrivé et ses changements aussi : nouveau cours, nouveau départ. Retrouvailles avec cette chère adrénaline, cette soif de peur et de dépassement de ses limites, et cette fierté étouffante d’être convié à se faire transporter par une créature cent fois meilleure que nous.
Je m’extirpais de mes pensées et regardais attentivement les chevaux présents : mes yeux s’arrêtèrent sur celle qui m’intéressai : Gracieuse. Son nom exprimait la face évidente de la jument : souple, rapide, elle était un vrai délice à chevaucher, pour qui comprenait son fonctionnement. Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas eu l’occasion de faire corps avec la grise, et elle me manquait parfois.

Soudain, une chute. Au sol, la cavalière ne bougeait plus. Le poney, libre, galopait en cercle, comme échappant l’espace d’un instant aux hommes. Toutes les personnes du club house regardèrent alors l’incident par la grande vitre. Le moniteur appliquait déjà ce que j’avais maintes fois observé lorsque quelqu’un tombait. Rassurer, questionner, expliquer, puis faire remonter coûte que coûte l’infortunée. Cette fois cependant, la petite ne trouva pas le courage de grimper sur le dos du fugitif, et elle quitta mon champ de vision.
On dédramatise. Comme toujours, on se dit qu’une chute fait partie du sport, et qu’au final on finit par les apprécier : c’est faux. Pourquoi l’adrénaline reviendrait-elle à chaque fois ? Pourquoi ne demandons-nous pas l’impossible aux chevaux ? Seul l’homme freine ses capacités, et plus précisément c’est sa volonté qui lui fait défaut. Je finis par cesser de me tourmenter et demande à quel cheval j’ai droit pour 15h15. La sentence tombe : c’est encore Philésia.

Un sentiment étrange me traverse lorsque je pose ma main sur le loquet de sa porte. S’il fallait définir l’insaisissable, ce serait cette jument. Debout, elle me regarde les oreilles dressées et les yeux pétillants. Qu’est-t-elle en train de penser ? Me reconnait-elle ? Déjà, les frissons me parcourent et me font sourire. Je rentre dans le domaine privé de la jument, et la caresse quelques secondes. Elle est tout ce qu’il y a de plus inoffensif à ce moment : douce, elle est contente de recevoir de la visite et se laisse faire. Je la prépare, répétant les gestes tant de fois exécutés, intégrant toutes les consignes de sécurité automatiquement, et réfléchissant à propos de mes précédentes séances avec elle. Arrive 15h15 et l’heure du travail ! Philésia et moi traversons comme toujours le couloir, elle pressant pour rejoindre ses camarades au manège, moi vérifiant qu’elle est présentable. Le moniteur, en maître de la sécurité et des consignes, regarde méticuleusement la jument tandis qu’on se dirige vers un espace libre où je pourrais me mettre en selle. L’examen est un succès, pas de remarque précise. Alors que Philésia s’échauffe en tressaillant sur place, j’essaye tant bien que mal de régler les étriers. C’est partit pour une heure : je passe mon pied gauche dans l’étrier et hop ! Ni une ni deux je me retrouve là-haut. Ma partenaire ne m’a pas attendue et commence déjà à marcher à vive allure : je calme ses envies de s’élancer à pleine vitesse et lui demande quelques secondes encore pour régler les derniers détails. Ca y est, le trac s’est envolé, plus rien ne peut m’atteindre d’ici. Je retrouve mon élément, en mouvement sur une masse de muscles et de puissance.

Au pas, au trot, toutes les commandes sont là, on se débrouille très bien. Pas de démonstration de joie de la part de Philésia, pas d’erreurs de débutant de la mienne. On s’échauffe, on galope tranquillement, on regarde nos objectifs : les barres, et on s’envole au-dessus ! D’abord à peine décollées du sol, puis s’élevant de plus en plus jusqu’à ce qu’elles arrivent à la hauteur d’une table. C’est notre tour, on y va, on y arrive : c’est notre record ensemble. Le moniteur nous empêche de continuer, car les autres chevaux continuent toujours plus haut. Mais ceux-là sont des habitués des écuries, ils accompagnent les cavaliers depuis plus longtemps que ma jeune monture. On les regarde passer, tant moi que Philésia. Elle lève même la tête quand ses amis sautent très haut, et moi je m’imagine avec elle en train de bondir ainsi.

Lorsque les autres ont terminé, on change d’exercice. Il faut maintenant tant sauter en longueur qu’en hauteur : la peur de Philésia que je ne m’explique pas. On s’élance, la barre frôle le sable, il n’y a aucun danger. On franchit l’obstacle et retour au pas : c’est là que l’on se déconnecte. Tandis que je me rassure, pensant que la phobie de ma partenaire s’est atténuée depuis, elle a toujours peur. Et lorsqu’on y retourne, l’obstacle bien plus haut, notre déconnection apparait au grand jour : Philésia refuse ; je ne l’ai pas aidée. L’instant semble durer une éternité : je vois le sol, elle freine de toute ses forces devant les quatres barres multicolores, je m’accroche, je me stabilise, je finis par réussir à revenir à ma place, aussitôt elle part au galop. Alors, on revient, et cette fois je me concentre : il faut qu’elle ait confiance en moi. Mais je l’ai trahie une fois, et elle n’est pas prête à me le pardonner : l’arrêt est brutal, mais le sable n’est pas encore pour tout de suite. Je ne prends pas le temps de réfléchir, de laisser ressurgir le stress ; on y retourne une troisième fois, et c’est la bonne. On s’élève l’espace d’un instant au-dessus de la peur de Philésia, et on l’écrase de ses sabots !

L’euphorie nous submerge, je baisse ma garde, contente d’avoir gagné face à cet obstacle : ce n’est pas du goût d’une petite jument qui attend son tour pour affronter les barres maudites. Jalouse ? De mauvaise humeur ? On ne saura jamais, mais pour elle, les victorieux sont trop près et elle menace ma monture de son train arrière. Philésia, qui vient de battre un de ses ennemis le plus cher, l’oxer, ne se sent pas prête pour un deuxième combat et préfère fuir, oubliant que je suis avec elle, sur son dos. La chute est brutale et bruyante, mon cou émet un petit cri de surprise, et le sable envahit mon oreille. Le temps s’arrête : je ne bouge plus. Mon corps fait un petit check-up, et lorsqu’il pense que tout fonctionne, je me relève et la douleur arrive au galop. Je croise le regard de Philésia, qui ne comprend plus : ah bon, si je fuis, tu ne m’accompagne pas ? Je marche vers elle, le moniteur la tient et me voilà de retour en hauteur. C’est terminé pour nous aujourd’hui, on ira plus au combat, le maître des consignes de sécurité ne me juge plus apte à faire face à une bataille. Philésia semble soulagée, et moi je continue à vérifier que mes blessures ne sont pas si graves ; les habitués continuent à franchir les obstacles aisément, sans même y penser.

Oui, mais eux aussi, le danger les guettent. La cavalière du club house, vous vous en souvenez ? Hé bien, son couple se déconnecte également, et son cheval étant plus puissant que ma fine monture, l’arrêt est sec ; trop sec. Les quatre barres s’écroulent sous la violence du choc, et elle ne bouge plus. Philésia, toujours attentive, sursaute en entendant le bruit de l’accident : elle n’en peut plus, elle veut sortir du manège. Je la rassure, lui promet qu’il ne nous reste plus longtemps à tenir, et l’éloigne de ce qui lui donne la chair de poule. Pendant ce temps, la cavalière ne se relève pas ; son cheval n’en a que faire et galope librement. Le moniteur applique les règles : rassurer, questionner, expliquer, puis faire remonter coûte que coûte l’infortunée. Tant bien que mal elle remonte sur le fugitif, et tant bien que mal, ils franchissent un petit obstacle pour ne pas rester sur une défaite. Le maître des consignes de sécurité a vu son cœur s’affoler assez de fois pour une heure et décide que le groupe doit en rester là. C’est fini, Philésia et moi sommes de retour au box. Je reprends les mécanismes acquis et m’occupe de la jument tout en revivant la chute en essayant de comprendre mes erreurs. Je n’ai aucune colère, ni déception ; juste l’appréhension mêlée à l’envie de revenir la semaine suivante.

La chute nous apprend beaucoup : tout d’abord, on réalise que tomber n’est pas forcément grave et que le sable est moins dur qu’il y parait. Ensuite, on se libère à chaque fois de la peur de tomber : après une chute, on ne pense plus que cela peut arriver à nouveau. On a déjà donné, c’est terminé. Enfin, la passion nous dévore tellement qu’il est impensable de ne plus remonter après une chute, qu’elle soit brutale ou non. Le gout du risque marque l’équitation : il n’y a pas de moment de gloire sans défaites, il n’y a pas de joie sans peine et les chutes laissent souvent place aux succès.


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Message  Invité Ven 2 Mar 2012 - 20:51


Le gros défaut de ce texte, me semble-t-il, c'est de ne s'adresser qu'aux cavaliers. On sent bien ta passion, mais tu échoues à nous la faire partager.
Pour moi, c'est plus de l'ordre de notes jetées dans un journal que d'un texte littéraire.

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Message  midnightrambler Ven 2 Mar 2012 - 22:09

Bonsoir Gragra,

Alors nous sommes voisins ! Je suis en Seine-Maritime aussi !
Une belle écriture au service d'une passion ! Cela devrait donner quelque chose d'exceptionnel.
Pourtant je n'ai eu que l'impression de lire un article très bien écrit dans le journal du lycée sur le thème "Un après-midi au club d'équitation".
Mais une passion peut-elle être partagée par tout un chacun ?

Amicalement,
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Message  Gragra Sam 3 Mar 2012 - 6:27

Ah si je n'ai pas reussi a vous faire vivre le moment, c'est que le texte n'est pas assez accessible aux non-cavaliers. Pourtant j'ai essayé de ne pas utiliser un seul terme technique...


< Gragra, comme nous le demandons à tous les auteurs, prière d'attendre plus d'1 ou 2 commentaires avant de réagir.
Regroupez vos réponses.
Ou bien venez discuter de votre texte ICI.
Ceci est destiné à éviter de faire remonter vous-même votre texte en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs.
Merci de votre compréhension.
La Modération >

.
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Message  anotherday Sam 3 Mar 2012 - 10:09

bonjour,

dans un premier temps, je crois qu'il faudrait travailler l'écriture qui me semble vraiment trop plate et fade. Des petites maladresses, pas bien graves mais qu'il faudrait corriger comme ici par exemple :
"En pleine conversation avec la secrétaire, je ne les dérangeai pas plus " / ça ne va pas car la construction de la phrase laisse à penser que c'est la narratrice qui discute, ce qui n'est pas le cas.

ensuite, sur la construction même du récit, cela mériterait à mon sens d'être retaillé. Par exemple, vous évoquez le cours que suivait la narratrice avant et qui ne lui convenait pas mais vous passez là-dessus, on ne comprend pas vraiment en quoi le changement d'heure a redonné l'envie à la narratrice. Même chose pour la première chute. Quel intérêt exactement ? ça n'apporte rien à votre récit. Je pense que vous devriez resserrer l'intrigue sur la seule expérience de votre narratrice (puisqu'elle chute elle-même, c'est bien suffisant, non ?). Même impression avec l'évocation de Gracieuse. On sent votre plaisir de citer votre cheval préféré mais vu qu'il n'a aucun rôle dans l'histoire, est-ce bien nécessaire ici ?

enfin, je pense que le dernier paragraphe, avec son côté "leçon de vie", est vraiment plombant (en plus, ce sera la dernière impression qu'on aura de votre récit). ce que vous souhaitez faire passer doit atteindre le lecteur dans le coeur du récit, en fonction de ce que vit votre personnage. Sinon, on est plus dans une sorte d'exposé sur les bienfaits de la chute en cours d'équitation et ça le fait moyen.

ceci dit, ce ne sont que des suggestions bien sûr. Ah oui, une dernière chose, vous changez de temps de narration au milieu du récit. ça peut tout à fait être légitime, pour dynamiser une scène par exemple, mais je pense que vous faites intervenir ce changement quelques phrases trop tôt.

bonne continuation

anotherday

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Message  Invité Sam 3 Mar 2012 - 11:16

Je serais prête à parier que ton enfance a été bercée de la lecture des romans Grand Galop de Bonnie Bryant...
Alors, un peu de sel pour la forme, un peu d'aventure pour le fond et ça serait tout de suite plus accessible au lecteur, plus divertissant à lire plutôt que ce qui donne l'impression d'un compte-rendu, d'une succession de descriptions (par exemple, au début, lorsque la petite chute du cheval, cela ne pourrait-il pas être le point de départ d'une "histoire" ?).

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Message  Janis Sam 3 Mar 2012 - 16:08

je joins mon chant à ceux de mes prédécesseurs

Peut-être que ce qui manque, c'est le côté physique, charnel, les sensations de la cavalière - de l'intérieur, pas sous forme de commentaire. J'imagine que ce n'est pas rien, ces chevauchées.

Et le commentaire final (la leçon), plombant comme dit anotherday : c'est au cœur de l'écriture, par le choix des mots, leur agencement, le rythme et les creux, les non-dits, qu'on peut je trouve installer quelque chose et le partager avec ses lecteurs.

Ce n'est pas concret comme commentaire mais je ne sais pas faire autrement !

sinon c'est bien écrit, mais, je répète, on reste à l'extérieur.

En tout cas, à bientôt
Janis
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