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Ton génie n'est pas une excuse...

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Ton génie n'est pas une excuse... Empty Ton génie n'est pas une excuse...

Message  Frédéric Prunier Lun 5 Mar 2012 - 9:42

«Dès que la fierté a le pouvoir, dès que l'orgueil a la possibilité d'arracher sa muselière, le pire est possible.»
Ainsi se termine la petite histoire de tant et tant d'anecdotes et faits divers. Et tant de tyrannies naissent de ce constat.

Une mère acariâtre, incapable de trier l'important du négligeable, petit à petit, commande en sa maison, en injonctions de plus en plus hystériques et démesurées aux broutilles, incapable de comprendre l'instant impératif, celui où la survie impose de ne rien céder.
Et pourtant, à l'entendre, ses plaintes sont toujours amplement justifiées ! N'a-t-elle pas le poids de tout devoir assumer?
Je crois qu'elle confond assumer et la simple action de commander. Ainsi, s'il lui faut décider d'une action nécessaire, l'irrationnel peut tout à fait dicter son choix, simplement parce qu'il lui faut trouver une solution, sur l'instant, même si la panique de ne pas comprendre le pourquoi du comment lui trouble complètement le jugement...

Il en est de même chez l'enfant, élève sur les bancs de l'école,
qui doit répondre à l'interrogation d'une leçon mal comprise. C'est à ce moment qu'il a le même réflexe de panique, qui fait mélanger dans une bouillie sans nom, ce qui devrait être ordonné et digéré.

N'avons-nous jamais rencontré quelques personnes en proie à ce trouble, acculés au n'importe quoi, près à mordre, comme des animaux sauvages pris au piège...? Je suis même intimement persuadé que certains meurtres trouvent leur origine dans cet état de fait.

C'est le résultat d'une sorte de mensonge intérieur, cette fierté qui ne veut et ne peut s'avouer vaincue, incompétence ou non, elle doit trouver à tous crins une solution pour ne pas perdre la face.
Peu importe le résultat, seul, dans ce cas, compte la hiérarchie que l'égo s'invente, le rang qu'il se croit obligé de tenir, face à ce qui le déstabilise, que cela soit un problème à résoudre, ou face à autrui, ou face à lui-même.

Je me souviens de moments d'apprentissages, ou mon esprit et mes sens ont perdu tous leurs moyens, et tout l'acquis que je croyais ancré et si bien arrimé au fond de mon être, n'était plus que porte close, et sans aucune solution possible, incapable de résoudre cette épreuve.
Depuis, quand le hasard me confronte au même obstacle, j'éprouve toujours ce blocage, qui me le rend insurmontable et infranchissable.
L'humain aura toujours en lui cette part animale, propre je pense, à de nombreuses espèces vivantes sur terre, qui imprime sa mémoire de ces blocages, lui rendant l'accès à la maîtrise du sujet impossible. Je pense ici par exemple, à la maîtrise des arts, comme la compréhension de la musique et l'acquisition de l'oreille absolue, ou la maîtrise du geste et la capacité de dessiner formes et proportions toujours en justesse.
Je suis persuadé que nos difficultés à maîtriser ces arts viennent de nos colères et fiertés intérieures, au moment de leur apprentissage.
C'est un peu comme si, pour acquérir ces maîtrises, la difficulté n'était pas d'apprendre, mais de ne pas se fermer les portes de cet apprentissage.

De même donc, dans nos relations à l'autre, la rencontre et la confrontation sont toujours de mise, et, si lors d'une discussion ou un débat, notre interlocuteur nous prouve que nous sommes dans l'erreur, il nous faut souvent plus que le temps nécessaire pour assimiler à la fois la vérité et notre erreur ! ! ! Nous vivons alors une défaite, défaite d'un combat, défaite de notre personne, qui met en danger toute notre construction intérieure, et qui, bien sur, selon nous, ne peut être que vérité. Nous ne pourrions admettre que nous construisons notre vie sur des bases branlantes et pleines d'erreurs...
Fierté ! Quand tu nous tiens ! Combien de guerre au fil de l'Histoire, à cause de la fierté des princes, et qu'est-ce que le patriotisme, sinon une fierté nationale ?
Combien de ruptures amoureuses, combien d'amitiés, ou de liens familiaux, deviennent tout à coup haines primaires, simplement à cause d'une simple discussion qui tourne mal ? Et bien souvent, la forme ou le ton de la phrase, ont autant sinon plus, d'importance que le fond réel ayant amené le point de désaccord …

La sagesse facile serait d'avoir toujours l'humilité devant nos vérités et nos croyances, une sorte de doute respectable, un jugement tranquille face à nos certitudes, avant d'agir, de réagir, de parler, de commander.
Il n'est de perfection que dans l'imaginaire, et si l'humain acceptait comme axiome moral de départ, son origine mammifère, et la chance qu'il a de pouvoir comprendre et s'améliorer, ses incompréhensions lui seraient plus facilement acceptables et elles ne se transformeraient peut-être plus en colères incontrôlables.
Dans l'avant de comprendre, dans ce qui n'est pas encore ordonné, nous avons déjà la perception, sensation d'un instant reçu, que notre corps emmagasine, et qu'il nous faut assimiler, diffuser, digérer, tout cela d'abord sensuellement, c'est à dire dans et grâce à notre corps, et bien sur aussi, dans et grâce à notre mécanisme de raison et d'intelligence. Nous sommes des animaux, animaux chanceux de pouvoir travailler à l'évolution de cette connectique raisonnable qu'est notre cerveau, et capables d'accepter cet état de fait qui est, au départ, celui d'une créature sauvage devant survivre, confrontée à la loi du plus fort, à la fois prédateur et fragile mortel.
Nous savons comprendre plus loin que l'immédiat, et si nous acceptons nos sens et les assumons, si nous ne cherchons pas à lutter contre nos terminaisons nerveuses mais que nous nous en apprenons le plaisir et la compréhension, comme des observateurs et des dresseurs de nous-même, nous pouvons aller chercher, dans la vie et son jouir, la tolérance de nos défauts, et aussi la tolérance des défauts des autres.

Tout cela ferait le plus beau des mondes s'il n'était pas toujours plus facile de résoudre les obstacles de nos vies par des excès de violences colériques.
C'est pourquoi il faut prendre en compte cet état de notre nature, et réfléchir sur l'éducation nécessaire que nous devons apporter à nos enfants sur ce point.
Pour éduquer et maîtriser cette colère, il faut d'abord admettre qu'elle est en chacun de nous tous, et qu'il est illusoire de croire que nous pouvons la juguler complètement. Ainsi, il se peut que mettre une claque à un enfant en bas age pour stopper une incohérence violente, ou quelque action démesurément hors limite, soit un acte pédagogique, car cet acte ne parle pas à l'intellect, cet acte parle au corps, et il apprend, dans l'instant immédiat, qu'une limite inacceptable a été franchis, aux yeux de son correcteur. Que cette sanction soit juste ou non n'est pas ici le propos, et rien empêche, au contraire, de discuter et d'expliquer, et la faute, et la sanction, en confrontant la violence du fautif à celle du correcteur. Je pense simplement que, si la dureté du châtiment est contrôlée, brève et sans véhémence, s'il n'est justement pas l'image du comportement que l'on veut corriger, cette action reste gravée aux tréfonds du châtié comme la connaissance d'un point qu'il ne peut outre-passer.

Un jour, mon fils, en revenant de l'école, me montre son bulletin de notes et m'explique pourquoi sa classe est considérée comme étant particulièrement dissipée et pénible, pour ces professeurs. Son explication fût nette et précise, il me répondit ceci : « C'est normal, ils savent que l'on ne peut rien leur faire. »
L'interdiction, dans l'éducation moderne, faîte aux maîtres, d'utiliser le châtiment corporel, trouve ici son point faible.
Il serait possible d'éduquer uniquement l'enfant humain grâce à l'explication, s'il n'était qu'un esprit, un commandant de son corps, un émetteur d'abord et récepteur ensuite.
Je pense malheureusement, ou plutôt heureusement, que l'être vivant est d'abord un récepteur aux informations primaires empiriquement entassées en lui, et que ses réactions, toutes animales, sont enracinées bien plus profondément que toute la puissance que son intellect a pu, au fil des évolutions de la race humaine, développer.

L'intellect est une mise en forme, une capacité d'élaborer ,de transcrire les sensations... du bruit écouté, à l'onomatopée reproduite, jusqu'au mot devenu.

D'interdire la violence ou d'en donner le droit ne l'empêchera pas, il nous faudra bien finir pas l'admettre une fois pour toutes.
Il sera toujours, dans la nature humaine, quelques restes primaires qu'il nous faut, à chacun son tour, et en empruntant le même chemin, apprendre à connaître, apprendre à maîtriser, en sachant que jamais ni la violence, ni la colère ne disparaîtra de la nature humaine. Elle en fait partie intégrante, et à chaque nouvelle naissance, son lot de nouveaux tyrans en puissance.
Car l'Homme, devenant adulte, garde en lui les mêmes colères et les mêmes failles que son caractère de prime enfance. L'éducation, l'entourage et les hasards de la vie influencent et modèlent l'individu, mais aussi l'empirisme de sa nature.
Nous sommes d'abord un mille-feuilles, ayant point de départ au fondement de la vie animale, et, notre constitution en garde obligatoirement quelques traces. Je ne peux et ne veux pas m'aventurer vers une quelconque démonstration scientifique mais je pense que l'on pourrait résumer cette accumulation historique par ce que l'on appelle, chez les autres animaux, l'instinct.

Dans notre nature humaine, la raison et l'animalité sont intimement mélangées et forment notre globalité, nous sommes à la fois être végétatif et capable de concevoir une abstraction mathématique, plante verte et inventeur de bombe atomique. L'évolution transforme par accumulation, et ce n'est pas parce que nous allons sur la lune, que nous ne sommes plus des animaux.
Entre nous et les autres formes vivantes terrestres, il n'est pas d'un côté nous, et de l'autre tout le reste. Ce n'est pas parce que nos capacités intellectuelles sont uniques et qu'elles nous permettent d'affirmer une supériorité sur les autres vivants, que ce reste doit obligatoirement être classé en un même bloc informe dénué de toute réflexion.
Nous ne sommes pas uniquement des êtres de raison, et le libre arbitre n'est pas uniquement ou forcément dicté par le fonctionnement mathématique de nos synthèses et de notre jugement, nous sommes également réflexe et instinct, issus de cette accumulation génétique dont notre corps est construit. La raison seule n'explique pas le quarantième coup de couteau, ni ce qui dicte le fait de sauter ou non pour sauver sa peau, et le choix, ou la cause du choix, peuvent ressembler autant à la fuite désordonnée d'un troupeau d'animaux sauvages ou à l'acharnement instinctif du tuer pour ne pas être tuer qu'au fruit de nos acquis raisonnés.

La violence humaine peut être observée différemment aujourd'hui, grâce aux moyens techniques modernes de la communication et de l'information.
Il est maintenant possible, en images photographiques et en films, de rejouer la scène, de répéter le temps, exactement, sans filtre de mémoire.
Ce ne sont plus les gravures et leurs dessins qui représentent le massacre d'une Saint-Barthélémy ou d'un champ de bataille, mais bien l'instantané, le réel répété, dans toute son horreur, et qui montre l'humain pouvant se déchainer de toutes entraves raisonnables.
Le temps n'estompe pas la réalité dans une photographie, et le regard d'un prisonnier décharné, au sortir d'un camp de la mort, n'est pas une interprétation. L'horreur d'une exécution en directe, ou le reportage d'un instant de guerre, même s'il n'existe plus de témoins vivants, reste un instant figé, réel, toujours présent, dans l'exactitude de son action vécue.

Faculté de raison ne veut pas dire configuration raisonnable, et quand l'humain, devenu maître de son monde, possède l'outil, l'arme, et la capacité de faire, quand il prend conscience de son pouvoir, presque tout lui devient possible.
Je précise que possible ne veut pas dire ici obligatoirement réalisable, car j'emploie le mot presque, dans le sens où je suis persuadé que vouloir seulement ne suffit pas.

Mon propos est juste de souligner que l'humain est doué de la faculté du raisonnement, de l'analyse et du calcul, mais que son cerveau est aussi le réceptacle obligé de l'animalité de son corps. Comprendre notre fonctionnement oblige de prendre en compte cet état de fait.
Et ceux qui surpassent le commun, ont tous, dans le domaine qu'ils ont la chance de maîtriser, cette compréhension innée du recevoir d'abord, du ressentir dans la globalité, de ne jamais perdre cet connaissance primaire et instinctive alors que le cerveau trie, dissèque, démonte et reconstruit.
L'humain, quel que soit son intelligence, a la chance de pouvoir rester un animal.


Désillusion de rire, la chanson te soupire
Ne t’inquiètes pas, la vie ne t’oublie pas
et cruauté, belle nature, au trou de terre finiras

que croyais-tu en ton ivresse
que les dieux se souciaient de tes fesses ?
que la treille et le vin qui t’enlacent
ferait que rien jamais menace ?

bois, ris, chante, écris-nous des poèmes
invente tes consonnes à musique
vite, vite, avant que tout ne cesse
la magique élégance des phrases qui dansent

que ton ciel emprisonne un futur écarlate
un coucher de soleil sur ton front d’horizon
tes cheveux de broussailles sont une orée de bois
et ton regard nous vole et nos rêves et nos âmes

J’ai rêvé cette nuit qu’un de tes proches pleurait
Rimbaud,
Ton génie n’est pas une excuse
Frédéric Prunier
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Ton génie n'est pas une excuse... Empty Re: Ton génie n'est pas une excuse...

Message  Janis Lun 5 Mar 2012 - 17:08

mais oui
nous sommes des animaux plus ou moins domestiqués, civilisés
l'animale est là en moi
qui surgit parfois impromptue
et tchak !

tout ça pour dire que je comprends (pour une fois !) et apprécie
serait-ce prose, poésie ou jenesaisquoi en zie
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Ton génie n'est pas une excuse... Empty Re: Ton génie n'est pas une excuse...

Message  Invité Lun 5 Mar 2012 - 19:13

quelle tartine à l'essai, beurrée au poème. le beurre est en-dessous, mais comme on dit chez les lawyeristes de Murphy dont moi, t'inquiètes, quand la tartine tombera, ça sera coté confiture. Et y a pas moyen de changer la loi.
http://www.courtois.cc/murphy/murphy_tartine.html
j'ai beaucoup aimé le beurre et je suis content de te lire dans cette partie du forum.

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Ton génie n'est pas une excuse... Empty Belle démonstration.

Message  ubikmagic Lun 5 Mar 2012 - 19:53

Je dois dire que sur le fond, j'adhère à ce que vous dites et je trouve ça passionnant. Me fait penser à certaines lectures, Jean-Pierre Changeux, entre autres.
Cela dit, c'est très explicatif. En soi, ça ne me dérange pas, puisque le propos est bien une démonstration.
Ensuite, ça ne ressemble guère à ce qu'on voit d'habitude. Mais, question : vos écrits, prose, ça ne signifie pas forcément "fiction"... ? Donc il est clair que ceux qui viennent ici lire des récits, des "histoires" n'y trouveront pas leur compte. Et commenteront donc peut-être à côté, en tous cas à côté de vos intentions, si tant est qu'on puisse les deviner - ce dont je doute.
Alors je commente tel quel, dans la logique que vous suivez, et là, je dis, belle démonstration.
Maintenant, en effectuant ce choix, je n'applique pas à votre texte les critères que d'habitude j'utilise pour commenter ( puisque c'est nécessaire ici ) un récit. On ne peut pas tout avoir !
J'ignore si votre texte sera reçu comme à sa place ici, ou pas. Ce n'est pas de mon ressort. Mais moi je l'ai trouvé intéressant, voilà.

Ubik.
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Ton génie n'est pas une excuse... Empty Re: Ton génie n'est pas une excuse...

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