Accueil
Conversations
Prose
Poésie
Exercices
Catalogue
Rechercher
S'enregistrer
ConnexionUn bus polisson
5 participants
Page 1 sur 1
Un bus polisson
corpus1 Lun 5 Mar 2012 - 18:41
Elle est magnifique, des traits fins, une élégance naturelle, et tient son ventre rond d’une main sûre, de la mère consciente d’une responsabilité exquise, celle d’assurer protection et éducation, donnant responsabilité et ravissement. J’observe sa posture émouvante, c’est très beau.
Elle se tourne vers moi :
« C’est pour bientôt !, Ce sera un sacré beau bébé, et un garçon c’est sûr vu comme il bouge (j’aurais parié aussi qu’il ne serait pas petit étant donné la taille de sa protubérance).
- Vous devez être fière.
- Très ! »
A bien y regarder, son ventre est vraiment énorme, jamais vu ça. On dirait même qu’il gonfle à vue... Je me détourne pour ne pas être insistant. Elle remarque ma crispation et reprend, pour me détendre mais aussi rechercher un réconfort qui semble lui manquer :
« Vous savez, j’ai beaucoup de chance, ça n’a pas toujours été facile pour moi. Et de nos jours, avoir des enfants ce n’est pas donné à tout le monde.
- C’est bien vrai, j’en connais d’autres qui vous envieraient.
- Oh oui, je remercie tout ceux à remercier pour ça. Je vais d’ailleurs vous dire quelque chose car vous m’êtes très sympathique. »
Elle marque un arrêt, et se tient avec de plus en plus de force, une vigueur presque masculine :
« Je n’aurai pas un, mais deux enfants, voire trois, la famille sera complète en une fois.
- En une seule fois ?
- Oui, car le premier, ce gros paresseux, est encore dedans.
- Comment ça ? lui réponds-je interloqué,
- Cela fait maintenant 2 ans que le premier dort à l’intérieur, c’est pesant, mais quand ça ne veut pas sortir ça ne sort pas.
- Mais c’est tout à fait impossible !
- Absolument pas, nous l’avons bien vu avec le médecin lors de l’examen, il ne veut pas sortir. Alors j’en ai fait un autre pour le motiver. S’il voit sortir son jeune frère, il ne pourra pas se cacher bien longtemps. »
L’idée d’un enfant de 2 ans vivant dans les entrailles de cette femme, aussi incongrue soit-elle, me dégoûte, et j’en ai un haut-le-cœur. Puis, je me ressaisis, on ne me la fait pas.
« Vous dites n’importe quoi, c’est tout à fait impossible, votre médecin est un charlatan.
- Vous êtes bien présomptueux, quelle légitimité avez-vous pour me dire ce qui est juste ou non ? Croirais-je le premier venu dans un bus emprunté au hasard ou mon médecin qui exerce depuis 15 ans et donne des cours à la fac de… »
Le chauffeur appelle l’arrêt, ce qui la coupe brusquement. Elle reprend :
« Bref, j’ai de sérieuses raisons de croire en lui plutôt qu’en vous, c’est tout. »
Elle me fait douter, après tout c’est vrai, je n’en ai aucune idée. Mes connaissances scientifiques sont limitées à la lecture des suppléments des grands quotidiens, autant dire au néant. Ma curiosité prend donc le dessus.
« Vous avez donc deux enfants dans un seul ventre ?
- La famille sera au complet à la naissance, le père m’attend d’ailleurs.
- Voilà un phénomène peu commun…
- Vous mettez en doute ce que je dis ?, son ventre gonfle de plus en plus,
- Pas du tout, votre médecin est bien plus professionnel que moi.
- Ne mettez rien en doute sans en avoir la capacité, je pourrais d’ailleurs le prendre mal… J’ai failli perdre mon premier enfant…
- Allons donc ?
- Oui, je suis chanceuse, un bête accident de voiture, j’aurais pu y passer, lui aussi.
- Mais vous n’avez aucune séquelle ?
- Pas le moindre !,
- J’en suis ravi, votre grossesse n’en est que plus méritée, et le manque d’entrain du premier pour sortir ne s’en explique que mieux.
- Certainement, mais vous savez je ne lui en veux pas.
- A qui ?
- Mais au premier enfin. Ca doit être assez agréable là-dedans. »
Agréable je n’en savais rien mais énorme certainement. Et encore, il me semble qu’il grossit. Une goutte de sueur coule dans mon dos, cette situation devient ubuesque.
« La vie c’est le plus beau cadeau !, dit-elle mais sa langue dérape à l’énoncé de ce lieu commun,
- Je ne vous contredirai pas.
- Merci, je n’en ai guère besoin. »
Elle fixe son enfant et son visage devient dur, ses joues se creusent et violacent. Son œil rougit. Elle est tout de même très belle, et sans bien comprendre, elle m’attire. Elle m’inquiète donc à se recroqueviller ainsi.
« Vous sentez-vous bien ?
- Bien sûr !, je vais être maman », mais sa langue fourche vraiment, son élocution se brouille, elle me regarde fébrilement mais l’intensité de son être semble s’éteindre.
Je me recule, son visage change de plus en plus. De petites rigoles se dessinent sur son visage, ses yeux se ferment et se cerclent de poches noires, qui elles se mettent à gonfler. Sans bouger, elle s’éloigne, ouvre la bouche et s’apprête à hurler de toutes ses forces, de toute la vigueur qu’elle n’a jamais eue.
Je regarde devant moi et le bus s’ouvre en deux. Une pile de jouets de construction rouges apparaît.
Elle hurle à ma droite, frappe les jeux et jette une poupée. Elle n’est plus la même. Les rides sont devenues de profondes cicatrices, ses cheveux ont disparu et son œil gauche est absent. Brûlée au troisième degré et son fils n’a pas survécu. Son mari tente de la calmer, mais défigurée et mère d’un enfant jamais né, elle a sombré dans la démence. Son œil est vide, aucune tristesse, mais tout son être respire une colère infinie. Elle n’est rien, mais moi, qui étais-je ?
Elle se tourne vers moi :
« C’est pour bientôt !, Ce sera un sacré beau bébé, et un garçon c’est sûr vu comme il bouge (j’aurais parié aussi qu’il ne serait pas petit étant donné la taille de sa protubérance).
- Vous devez être fière.
- Très ! »
A bien y regarder, son ventre est vraiment énorme, jamais vu ça. On dirait même qu’il gonfle à vue... Je me détourne pour ne pas être insistant. Elle remarque ma crispation et reprend, pour me détendre mais aussi rechercher un réconfort qui semble lui manquer :
« Vous savez, j’ai beaucoup de chance, ça n’a pas toujours été facile pour moi. Et de nos jours, avoir des enfants ce n’est pas donné à tout le monde.
- C’est bien vrai, j’en connais d’autres qui vous envieraient.
- Oh oui, je remercie tout ceux à remercier pour ça. Je vais d’ailleurs vous dire quelque chose car vous m’êtes très sympathique. »
Elle marque un arrêt, et se tient avec de plus en plus de force, une vigueur presque masculine :
« Je n’aurai pas un, mais deux enfants, voire trois, la famille sera complète en une fois.
- En une seule fois ?
- Oui, car le premier, ce gros paresseux, est encore dedans.
- Comment ça ? lui réponds-je interloqué,
- Cela fait maintenant 2 ans que le premier dort à l’intérieur, c’est pesant, mais quand ça ne veut pas sortir ça ne sort pas.
- Mais c’est tout à fait impossible !
- Absolument pas, nous l’avons bien vu avec le médecin lors de l’examen, il ne veut pas sortir. Alors j’en ai fait un autre pour le motiver. S’il voit sortir son jeune frère, il ne pourra pas se cacher bien longtemps. »
L’idée d’un enfant de 2 ans vivant dans les entrailles de cette femme, aussi incongrue soit-elle, me dégoûte, et j’en ai un haut-le-cœur. Puis, je me ressaisis, on ne me la fait pas.
« Vous dites n’importe quoi, c’est tout à fait impossible, votre médecin est un charlatan.
- Vous êtes bien présomptueux, quelle légitimité avez-vous pour me dire ce qui est juste ou non ? Croirais-je le premier venu dans un bus emprunté au hasard ou mon médecin qui exerce depuis 15 ans et donne des cours à la fac de… »
Le chauffeur appelle l’arrêt, ce qui la coupe brusquement. Elle reprend :
« Bref, j’ai de sérieuses raisons de croire en lui plutôt qu’en vous, c’est tout. »
Elle me fait douter, après tout c’est vrai, je n’en ai aucune idée. Mes connaissances scientifiques sont limitées à la lecture des suppléments des grands quotidiens, autant dire au néant. Ma curiosité prend donc le dessus.
« Vous avez donc deux enfants dans un seul ventre ?
- La famille sera au complet à la naissance, le père m’attend d’ailleurs.
- Voilà un phénomène peu commun…
- Vous mettez en doute ce que je dis ?, son ventre gonfle de plus en plus,
- Pas du tout, votre médecin est bien plus professionnel que moi.
- Ne mettez rien en doute sans en avoir la capacité, je pourrais d’ailleurs le prendre mal… J’ai failli perdre mon premier enfant…
- Allons donc ?
- Oui, je suis chanceuse, un bête accident de voiture, j’aurais pu y passer, lui aussi.
- Mais vous n’avez aucune séquelle ?
- Pas le moindre !,
- J’en suis ravi, votre grossesse n’en est que plus méritée, et le manque d’entrain du premier pour sortir ne s’en explique que mieux.
- Certainement, mais vous savez je ne lui en veux pas.
- A qui ?
- Mais au premier enfin. Ca doit être assez agréable là-dedans. »
Agréable je n’en savais rien mais énorme certainement. Et encore, il me semble qu’il grossit. Une goutte de sueur coule dans mon dos, cette situation devient ubuesque.
« La vie c’est le plus beau cadeau !, dit-elle mais sa langue dérape à l’énoncé de ce lieu commun,
- Je ne vous contredirai pas.
- Merci, je n’en ai guère besoin. »
Elle fixe son enfant et son visage devient dur, ses joues se creusent et violacent. Son œil rougit. Elle est tout de même très belle, et sans bien comprendre, elle m’attire. Elle m’inquiète donc à se recroqueviller ainsi.
« Vous sentez-vous bien ?
- Bien sûr !, je vais être maman », mais sa langue fourche vraiment, son élocution se brouille, elle me regarde fébrilement mais l’intensité de son être semble s’éteindre.
Je me recule, son visage change de plus en plus. De petites rigoles se dessinent sur son visage, ses yeux se ferment et se cerclent de poches noires, qui elles se mettent à gonfler. Sans bouger, elle s’éloigne, ouvre la bouche et s’apprête à hurler de toutes ses forces, de toute la vigueur qu’elle n’a jamais eue.
Je regarde devant moi et le bus s’ouvre en deux. Une pile de jouets de construction rouges apparaît.
Elle hurle à ma droite, frappe les jeux et jette une poupée. Elle n’est plus la même. Les rides sont devenues de profondes cicatrices, ses cheveux ont disparu et son œil gauche est absent. Brûlée au troisième degré et son fils n’a pas survécu. Son mari tente de la calmer, mais défigurée et mère d’un enfant jamais né, elle a sombré dans la démence. Son œil est vide, aucune tristesse, mais tout son être respire une colère infinie. Elle n’est rien, mais moi, qui étais-je ?
corpus1- Nombre de messages : 5
Age : 35
Date d'inscription : 05/03/2012
Intéressante idée.
ubikmagic Lun 5 Mar 2012 - 19:42
Salut, bienvenue.
Je n'ai pas tout compris, surtout la fin.
Mon impression : ça parle trop. Raccourcir les dialogues. Enfin, on finit par avoir une drôle d'impression, d'autant que celui ( ou celle ) qui donne la réplique à la femme, abonde dans ses propos. Alors que son commentaire intérieur est tout différent. Bref, ça sonne faux, ce qui n'est pas gênant en soi si c'est le but, mais ça fait beaucoup, ça ralentit le récit et l'action.
Des curieuses répétitions de termes, dont j'ignore si elles sont voulues ou pas.
Pour finir : à part la fin qui m'échappe, l'idée est intéressante et le climat surréaliste, ce qui est assez réjouissant. Maintenant, je me demande comment ce texte, qui tient debout tout seul, pourrait être prolongé, et par quoi. C'est positif, ça veut dire que je serais curieux de voir ce qui va suivre.
Voilà, j'ai essayé de jouer le jeu. A vous Paris, je rends l'antenne.
Ubik.
Je n'ai pas tout compris, surtout la fin.
Mon impression : ça parle trop. Raccourcir les dialogues. Enfin, on finit par avoir une drôle d'impression, d'autant que celui ( ou celle ) qui donne la réplique à la femme, abonde dans ses propos. Alors que son commentaire intérieur est tout différent. Bref, ça sonne faux, ce qui n'est pas gênant en soi si c'est le but, mais ça fait beaucoup, ça ralentit le récit et l'action.
Des curieuses répétitions de termes, dont j'ignore si elles sont voulues ou pas.
Pour finir : à part la fin qui m'échappe, l'idée est intéressante et le climat surréaliste, ce qui est assez réjouissant. Maintenant, je me demande comment ce texte, qui tient debout tout seul, pourrait être prolongé, et par quoi. C'est positif, ça veut dire que je serais curieux de voir ce qui va suivre.
Voilà, j'ai essayé de jouer le jeu. A vous Paris, je rends l'antenne.
Ubik.
ubikmagic- Nombre de messages : 998
Age : 62
Localisation : ... dans le sud, peuchère !
Date d'inscription : 13/12/2009 -
Re: Un bus polisson
Remus Lun 5 Mar 2012 - 19:46
Bonsoir !
Je me décide enfin à commenter, j'ai d'abord réfléchi, ce qui est une bonne chose à mon sens.
Une ambiance qui m'a beaucoup plus, un surréalisme que j'ai apprécié. Bref, un bon texte selon moi. Mais les points positifs ne sont jamais les plus intéressants, alors je passe !
Les points négatifs : je ne comprends pas le titre, c'est le première chose qui m'est venue. Ais-je raté quelque chose ? N'ais-je pas tout compris ? Fort possible, car, outre les petites choses relevées par Ubik, je n'ai pas bien saisi la fin. Je pense que c'est du au fait que le texte s'allonge, stagne, pour finir d'un coup, précipitamment. Peut-être un peu trop, on est embarqué à la fin dans un truc qu'on n'a pas vu venir (ou presque) et qu'on ne comprend pas bien (à mon avis).
Peut-être préciser un peu plus, éclairer un peu plus le lecteur sur la fin ? Parce que du coup, si je ne comprends pas la fin, ni l'intrigue, le texte perd son sens, ce qui est fort dommage, car j'ai beaucoup apprécié l'idée et l'écriture.
Bien à vous,
Remus
Je me décide enfin à commenter, j'ai d'abord réfléchi, ce qui est une bonne chose à mon sens.
Une ambiance qui m'a beaucoup plus, un surréalisme que j'ai apprécié. Bref, un bon texte selon moi. Mais les points positifs ne sont jamais les plus intéressants, alors je passe !
Les points négatifs : je ne comprends pas le titre, c'est le première chose qui m'est venue. Ais-je raté quelque chose ? N'ais-je pas tout compris ? Fort possible, car, outre les petites choses relevées par Ubik, je n'ai pas bien saisi la fin. Je pense que c'est du au fait que le texte s'allonge, stagne, pour finir d'un coup, précipitamment. Peut-être un peu trop, on est embarqué à la fin dans un truc qu'on n'a pas vu venir (ou presque) et qu'on ne comprend pas bien (à mon avis).
Peut-être préciser un peu plus, éclairer un peu plus le lecteur sur la fin ? Parce que du coup, si je ne comprends pas la fin, ni l'intrigue, le texte perd son sens, ce qui est fort dommage, car j'ai beaucoup apprécié l'idée et l'écriture.
Bien à vous,
Remus
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Un bus polisson
Invité Lun 5 Mar 2012 - 20:18
Bonjour. Si l'idée d'une grossesse multiple me parait franchement excellente, en revanche, je n'ai pas aimé le traitement, qui devrait être beaucoup plus truculent, dynamique, burlesque. Beaucoup de maladresses dans l'expression et du verbiage inutile, à mon sens. Quant à la fin, je n'ai absolument pas compris.
Invité- Invité
Re: Un bus polisson
corpus1 Lun 5 Mar 2012 - 21:29
Bonsoir à tous,
Merci pour vos observations dont je prends bien note.
Je vais le retravailler car, de ce qui ressort de vos lectures, je n'ai pas su faire passer l'émotion que je désirais.
Si la situation est burlesque elle n'en devrait pas moins être gênante, perturbante, je voulais mettre mal à l'aise.
La fin devrait prendre sens une fois retravaillée, mais l'idée est que le narrateur est l'interlocuteur de sa folie, désespérée d'avoir perdu son enfant.
En ce qui concerne le titre, j'ai tout simplement pris le premier qui me passait par la tête, j'ai écrit tout ça de manière très spontanée, sans relecture, c'était l'idée.
Merci pour vos retours en tout cas!
Merci pour vos observations dont je prends bien note.
Je vais le retravailler car, de ce qui ressort de vos lectures, je n'ai pas su faire passer l'émotion que je désirais.
Si la situation est burlesque elle n'en devrait pas moins être gênante, perturbante, je voulais mettre mal à l'aise.
La fin devrait prendre sens une fois retravaillée, mais l'idée est que le narrateur est l'interlocuteur de sa folie, désespérée d'avoir perdu son enfant.
En ce qui concerne le titre, j'ai tout simplement pris le premier qui me passait par la tête, j'ai écrit tout ça de manière très spontanée, sans relecture, c'était l'idée.
Merci pour vos retours en tout cas!
corpus1- Nombre de messages : 5
Age : 35
Date d'inscription : 05/03/2012
Re: Un bus polisson
ubikmagic Lun 5 Mar 2012 - 21:43
Pour moi, ça fonctionne. Oui, il y a malaise. Mais c'est le dialogue trop abondant qui nuit aux effets recherchés, à mon avis.corpus1 a écrit:Si la situation est burlesque elle n'en devrait pas moins être gênante, perturbante, je voulais mettre mal à l'aise.
Bon boulot !
Ubik.
ubikmagic- Nombre de messages : 998
Age : 62
Localisation : ... dans le sud, peuchère !
Date d'inscription : 13/12/2009 -
Re: Un bus polisson
Remus Lun 5 Mar 2012 - 21:46
Ah ! Je comprends mieux !
Alors oui oui oui : retravaillez un peu et donnez nous la nouvelle version, ce sera parfait.
Je rejoins Ubik : j'ai été mal à l'aise aussi, pour ce qui est de l'effet recherché, le ton est juste.
Ce sont des petites broutilles à corriger, selon moi. Mais le texte est déjà très bon.
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Je réessaie, peut-être cela vous ira mieux...
corpus1 Lun 5 Mar 2012 - 22:19
Elle est magnifique : élégante aux traits fins, elle tient son ventre rond d’une main sûre, consciente de sa responsabilité exquise, celle d’assurer protection et éducation à la chair de sa chair. Nous nous observons depuis quelques minutes... Je suis fasciné par sa posture émouvante, c’est très beau.
Je n’y tiens plus, il faut que je lui parle :
« Pour quand est prévu l’heureux événement ?
- Pour très bientôt, répond-elle sans attendre, comme si ma question allait de soi – d’ailleurs, son accent un peu vulgaire me déçoit -, ce sera un sacré beau bébé, un garçon pour sûr vu comme il bouge. »
Ça, je l’aurais parié, son ventre était vraiment énorme, jamais vu ça. On dirait même qu’il gonfle à vue... Je lui souris, me détourne pour ne pas être insistant, mais elle reprend :
« J’ai beaucoup de chance, beaucoup rêvent d'être enceinte.
- C’est vrai, dis-je d’un ton faussement savant, nombreux rêvent d'un enfant.
- Oh, je n’aurai pas un, mais deux enfants, la famille sera complète en une fois.
- Pardon ?
- Oui, car le premier, ce gros paresseux, est encore dedans - elle marque une pause, attend ma réaction qui ne vient pas et reprend - cela fait maintenant deux ans qu’il dort à l’intérieur, c’est pesant, mais quand ça ne veut pas sortir ça ne sort pas. »
Je m’imagine l’enfant vivant dans les entrailles de cette femme. Cette idée, aussi incongrue soit-elle, me dégoûte, et j’en ai un haut-le-cœur. Puis, je me ressaisis, on ne me la fait pas.
« Permettez-moi de douter… Cela me semble impossible…
- Pardon mais c'est évident, affirme-t-elle après avoir écarquillé ses grands yeux bruns, l’échographie l’a bien montré !
- Votre docteur ne s'est pas trompé?…
- Quelle légitimité avez-vous pour le questionner ? Mon médecin exerce depuis quinze ans, c’est un professeur reconnu vous savez. »
Elle me fait douter. Après tout c’est vrai, je n’en ai aucune idée. Mes connaissances scientifiques sont limitées à la lecture des suppléments des grands quotidiens, autant dire au néant. Ma curiosité prend alors le dessus.
« Vous avez deux enfants dans un ventre ?
- Je vous le dis, la famille sera complète à la naissance. N’en doutez pas vous pourriez me blesser, j’ai failli perdre le premier…
- Vraiment ?
- Oui, je suis chanceuse, un bête accident de voiture, j’aurais pu y passer, lui aussi. »
J’ai très envie de mettre fin à cette discussion intime que je n’ai pas demandée :
« J’en suis ravi pour vous, votre grossesse est donc encore plus méritée, et le manque d’entrain du premier pour sortir ne s’en explique que mieux.
- Certainement, dit-elle mais sa langue dérape, le mot est strident et me glace le sang. »
Je ne veux plus la regarder mais ce ventre, ô ce ventre, il grossit tellement. Et elle, elle est tellement belle malgré tout. Elle fixe son enfant, son visage devient dur, ses joues se creusent et violacent. Son œil rougit. Je m’inquiète :
« Vous sentez-vous bien ?
- Bien sûr !, je vais être maman », mais sa langue fourche vraiment, son élocution se brouille, elle me regarde fébrilement, son corps tremble.
Une goutte de sueur glacée coule le long de mon dos. Effrayé, je recule, son visage change de plus en plus. De petites rigoles s’y dessinent, ses yeux se ferment et se cerclent de poches noires, qui se mettent à gonfler. Elle blanchit, son nez se raccourcit. Électrifié, je l’observe changer.
D’un coup, elle s’éloigne sans bouger, la bouche grande ouverte, décomposée, prête à expulser la plus grande des souffrances, à la crier avec toute la vigueur possible.
Je comprends alors. Le bus devient flou et nous sommes dans une chambre. Les jouets neufs traînent au sol. Elle hurle d’un cri de mort, frappe les jeux et jette une poupée. Ses rides élégantes sont maintenant d’atroces cicatrices, ses cheveux ont disparu, son œil gauche est absent. Brûlée au troisième degré, son fils n’a pas survécu. Son mari veut la calmer mais, défigurée et mère d’un enfant qui n’a jamais vécu, elle a sombré dans la plus violente des démences, celle d’un oubli impossible. Elle ne regarde personne, son œil est vide. Aucune tristesse mais tout son être grelotte et l’on en retient une colère infinie.
Devrais-je cesser de la tourmenter ?
…
Elle est magnifique…
Je n’y tiens plus, il faut que je lui parle :
« Pour quand est prévu l’heureux événement ?
- Pour très bientôt, répond-elle sans attendre, comme si ma question allait de soi – d’ailleurs, son accent un peu vulgaire me déçoit -, ce sera un sacré beau bébé, un garçon pour sûr vu comme il bouge. »
Ça, je l’aurais parié, son ventre était vraiment énorme, jamais vu ça. On dirait même qu’il gonfle à vue... Je lui souris, me détourne pour ne pas être insistant, mais elle reprend :
« J’ai beaucoup de chance, beaucoup rêvent d'être enceinte.
- C’est vrai, dis-je d’un ton faussement savant, nombreux rêvent d'un enfant.
- Oh, je n’aurai pas un, mais deux enfants, la famille sera complète en une fois.
- Pardon ?
- Oui, car le premier, ce gros paresseux, est encore dedans - elle marque une pause, attend ma réaction qui ne vient pas et reprend - cela fait maintenant deux ans qu’il dort à l’intérieur, c’est pesant, mais quand ça ne veut pas sortir ça ne sort pas. »
Je m’imagine l’enfant vivant dans les entrailles de cette femme. Cette idée, aussi incongrue soit-elle, me dégoûte, et j’en ai un haut-le-cœur. Puis, je me ressaisis, on ne me la fait pas.
« Permettez-moi de douter… Cela me semble impossible…
- Pardon mais c'est évident, affirme-t-elle après avoir écarquillé ses grands yeux bruns, l’échographie l’a bien montré !
- Votre docteur ne s'est pas trompé?…
- Quelle légitimité avez-vous pour le questionner ? Mon médecin exerce depuis quinze ans, c’est un professeur reconnu vous savez. »
Elle me fait douter. Après tout c’est vrai, je n’en ai aucune idée. Mes connaissances scientifiques sont limitées à la lecture des suppléments des grands quotidiens, autant dire au néant. Ma curiosité prend alors le dessus.
« Vous avez deux enfants dans un ventre ?
- Je vous le dis, la famille sera complète à la naissance. N’en doutez pas vous pourriez me blesser, j’ai failli perdre le premier…
- Vraiment ?
- Oui, je suis chanceuse, un bête accident de voiture, j’aurais pu y passer, lui aussi. »
J’ai très envie de mettre fin à cette discussion intime que je n’ai pas demandée :
« J’en suis ravi pour vous, votre grossesse est donc encore plus méritée, et le manque d’entrain du premier pour sortir ne s’en explique que mieux.
- Certainement, dit-elle mais sa langue dérape, le mot est strident et me glace le sang. »
Je ne veux plus la regarder mais ce ventre, ô ce ventre, il grossit tellement. Et elle, elle est tellement belle malgré tout. Elle fixe son enfant, son visage devient dur, ses joues se creusent et violacent. Son œil rougit. Je m’inquiète :
« Vous sentez-vous bien ?
- Bien sûr !, je vais être maman », mais sa langue fourche vraiment, son élocution se brouille, elle me regarde fébrilement, son corps tremble.
Une goutte de sueur glacée coule le long de mon dos. Effrayé, je recule, son visage change de plus en plus. De petites rigoles s’y dessinent, ses yeux se ferment et se cerclent de poches noires, qui se mettent à gonfler. Elle blanchit, son nez se raccourcit. Électrifié, je l’observe changer.
D’un coup, elle s’éloigne sans bouger, la bouche grande ouverte, décomposée, prête à expulser la plus grande des souffrances, à la crier avec toute la vigueur possible.
Je comprends alors. Le bus devient flou et nous sommes dans une chambre. Les jouets neufs traînent au sol. Elle hurle d’un cri de mort, frappe les jeux et jette une poupée. Ses rides élégantes sont maintenant d’atroces cicatrices, ses cheveux ont disparu, son œil gauche est absent. Brûlée au troisième degré, son fils n’a pas survécu. Son mari veut la calmer mais, défigurée et mère d’un enfant qui n’a jamais vécu, elle a sombré dans la plus violente des démences, celle d’un oubli impossible. Elle ne regarde personne, son œil est vide. Aucune tristesse mais tout son être grelotte et l’on en retient une colère infinie.
Devrais-je cesser de la tourmenter ?
…
Elle est magnifique…
corpus1- Nombre de messages : 5
Age : 35
Date d'inscription : 05/03/2012
Re: Un bus polisson
Remus Lun 5 Mar 2012 - 22:31
Pas mal, pas mal !
Ce texte me plaît beaucoup. Le sujet, déjà, est excellent.
La fin est beaucoup plus claire, car quasiment totalement expliquée. Mais je m'interroge : peut-être en expliquer un peu moins, un juste milieu entre vos deux versions ?
Exigence, exigence ! Non, mais, sincèrement, ce texte est vraiment très intéressant et bien écrit.
J'ai hâte de vous lire à nouveau.
Ce texte me plaît beaucoup. Le sujet, déjà, est excellent.
La fin est beaucoup plus claire, car quasiment totalement expliquée. Mais je m'interroge : peut-être en expliquer un peu moins, un juste milieu entre vos deux versions ?
Exigence, exigence ! Non, mais, sincèrement, ce texte est vraiment très intéressant et bien écrit.
J'ai hâte de vous lire à nouveau.
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Un bus polisson
midnightrambler Lun 5 Mar 2012 - 23:33
Bonsoir,
L'idée de départ des deux enfants dans un même ventre de femme enceinte est vraiment excellente ...
Ma déception a donc été grande à la lecture de la suite, version 1 ou 2 !
Amicalement,
midnightrambler
L'idée de départ des deux enfants dans un même ventre de femme enceinte est vraiment excellente ...
Ma déception a donc été grande à la lecture de la suite, version 1 ou 2 !
Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 70
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Un bus polisson
Invité Mar 6 Mar 2012 - 19:49
C'est pas mal du tout mais la fin n'est pas à la hauteur, qui explique bien trop alors que ce qui précède laisse toute liberté au lecteur de se faire sa propre idée sur le pourquoi du comment. Le passage de la fabulation à la réalité manque de liant, il faudrait pouvoir arriver à faire que tout cela glisse et s'enchaîne en restant dans le même ton, sur le même plan fabulateur, imaginaire.
Invité- Invité
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum|
|
|