Ma ligne bleue
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Rêvelin
Nathanaël Zenou
Tollelege
Marvejols
8 participants
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Ma ligne bleue
dessin de Janis à qui j'adresse un double remerciement
Une diaphyse
Longue et gracile
Est assise
Sur une ligne d’horizon
Et me tourne le dos.
Je n’en puis voir les cils
Perdus dans le lointain d’une ville
Ô ma fille, ô Cécile
Elle me hausse les épaules.
Posée sur le socle du môle
Et rêvant vers ton île
Je sais que tu regardes
L’amer blanc d’un grand phare
Je te vois lui consacrer
Ta fumée penseresse en un fil
De signaux divins et subtils.
Je m’accroche, naufragé
D’une âme aux jours impartagés,
Je m’agrippe, étouffé
A cette dernière ligne bleue.
Las, ma flottaison est tout miragée :
Une antique et romaine cuiller à fard
Pour boutique ou placard de musée
M’a fait croire aux cheveux d’une aimée.
Et je meurs allongé
Dans des eaux ennoyées
Au chagrin de ton verre et d’un flacon univers
Que je n’ai jamais su dans ton coeur renverser.
Une diaphyse
Longue et gracile
Est assise
Sur une ligne d’horizon
Et me tourne le dos.
Je n’en puis voir les cils
Perdus dans le lointain d’une ville
Ô ma fille, ô Cécile
Elle me hausse les épaules.
Posée sur le socle du môle
Et rêvant vers ton île
Je sais que tu regardes
L’amer blanc d’un grand phare
Je te vois lui consacrer
Ta fumée penseresse en un fil
De signaux divins et subtils.
Je m’accroche, naufragé
D’une âme aux jours impartagés,
Je m’agrippe, étouffé
A cette dernière ligne bleue.
Las, ma flottaison est tout miragée :
Une antique et romaine cuiller à fard
Pour boutique ou placard de musée
M’a fait croire aux cheveux d’une aimée.
Et je meurs allongé
Dans des eaux ennoyées
Au chagrin de ton verre et d’un flacon univers
Que je n’ai jamais su dans ton coeur renverser.
Re: Ma ligne bleue
Amoureux d'une diaphyse, elle-même séduite par le gardien du phare. Voilà un bon début d'intrigue.
C'est mélancolique à souhait mais les "eaux ennoyées" me gênent un peu, parce que par définition se sont elles qui ennoient, quoi. Ou alors dire " dans tes eaux, ennoyé au chagrin de ton verre..."
C'est mélancolique à souhait mais les "eaux ennoyées" me gênent un peu, parce que par définition se sont elles qui ennoient, quoi. Ou alors dire " dans tes eaux, ennoyé au chagrin de ton verre..."
Tollelege- Nombre de messages : 194
Age : 82
Date d'inscription : 27/08/2011
Re: Ma ligne bleue
Je sais pas ce que c'est qu'une "diaphyse" et peu m'importe.
C'est finement écrit et ça passe bien si l'on songe à l'hommage conscient (?) à Claude (Nougaro).
C'est finement écrit et ça passe bien si l'on songe à l'hommage conscient (?) à Claude (Nougaro).
Invité- Invité
Re: Ma ligne bleue
ça ressemble à du Reverdy
Nathanaël Zenou- Nombre de messages : 206
Age : 43
Date d'inscription : 02/05/2010
Re: Ma ligne bleue
Une image moderne, un poème en vers irréguliers moderne donc, mais au langage plus classique et recherché.
"Au chagrin de ton verre et d’un flacon univers" ce vers est moins musical, pour moi.
J"apprécie votre curiosité en tout domaine et votre implication dans la vie du site.
"Au chagrin de ton verre et d’un flacon univers" ce vers est moins musical, pour moi.
J"apprécie votre curiosité en tout domaine et votre implication dans la vie du site.
Invité- Invité
Re: Ma ligne bleue
Personnellement je regrette l'emploi de "diaphyse" en particulier au début du texte ; j'aime que l'on distille les mots rares avec élégance et subtilité et non qu'on les mette en première ligne ; mais c'est très subjectif : )
Un peu trop précieux pour moi, même si c'est joli, la pure simplicité vous sied mieux.
Un peu trop précieux pour moi, même si c'est joli, la pure simplicité vous sied mieux.
Re: Ma ligne bleue
J'aime bien les signaux divins et subtils envoyés à l'amer blanc du grand phare et dans tout le poème cette impression de mirage inatteignable.
Invité- Invité
Re: Ma ligne bleue
merci marvejols d'avoir ainsi paré ma petite dame mélancolique
et merci à Iris aussi
et merci à Iris aussi
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Tous ça pour un nonosse !
Marvemédor a fait là un zouli pouème tout en finesse. J'ai cru que ça commençait par une dialyse, je me sentais mal barré comme ça à l'hosto !... Pfff heureusement, la suite m'a rassuré. Du coup j'ai enterré mon os.
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 63
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
correction
Tout ça, bien sûr (quelle tête en l'air je suis !)
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 63
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Ma ligne bleue
C'est intéressant ça : chacun a pris en remarque des choses différentes.
......La diaphyse m'a paru indispensable d'abord parce que c'est l'image-base qui m'a saisi dans l'image élaborée par Janis. Ensuite parce que passer de la raideur symétrique d'une diaphyse osseuse à une femme assise est une prouesse de l'image, un des lieux de sa force. Et c'est précisément cela qui m'a inspiré, voyant pour ma part le petit os long se parer et se transformer jusqu'à donner une image habillée, incarnée, bien loin du schéma trompeur de l'os qu'on peut (éventuellement) y voir comme en transparence, en armature.
J'ai donc aussi donné à mon texte un caractère "transformatoire", le faisant passer du vers court, avare de mots, à des vers longs et de plus en plus classiques.
......Il est tout à fait exact Eclaircie que le vers "Au chagrin de ton verre et d’un flacon univers" est de treize mesures mais j'ai préférer le conserver ainsi plutôt que d'écrire "Au chagrin de ton verre, d'un flacon univers" qui mettant le flacon en épithète me paraissait trahir l'image (où il y a un verre ET un flacon).
......Pour Reverdy que je ne connaissais que sous forme d'un nom de rue... j'ai du chercher et j'ai donc appris pas mal de choses.
Bien entendu la référence à Toulouse / Nougaro est consciente même si vilement amenée par la rime du cil. Elle suggère une ville au-delà de l'horizon (l'émigration, le rêve américain, le tango... la thématique du port du XIXè s. aux années 1940) ainsi qu'une musique quelque part (peut-être un jazz qui s'accommode bien avec la position de la dame à la fumée subtile).
......Justement j'ai beaucoup hésité à conserver "De signaux divins et subtils.". Le texte aurait parfaitement pu s'arrêter là:
Je sais que tu regardes
L’amer blanc d’un grand phare
Je te vois lui consacrer
Ta fumée penseresse* en un fil
Mais il m'a semblé qu'avec Signaux divins et subtils il était intéressant de faire allusion aux signaux du télégraphe, de la radio, avec divins à l'éther, l'azur, la fumée fine qui monte et s'envole lentement comme des pensées songeuses, celles que je prête à l'Assise.
......Pour les eaux ennoyées j'y tiens, si si : j'ai voulu donner ainsi un effet superlatif, celui d'un double enveloppement, indiquer ainsi l'idée d'un trop plein d'eaux, d'un recouvrement, d'une hypersuffocation, noyant le thème initial portuaire/maritime dans un autre thème: celui des amours déçues qui s'abîment dans un néant de chagrin (à noyer) faut d'avoir pu/su faire donner son effet à un élixir qu'on imaginait d'amour...
Merci à tous pour vos lectures et notations enrichissantes, et à bien sûr à Janis pour un dessin au trait rare et fin mais très suggestif.
*(tiens c'est curieux personne n'a rien eu à dire sur "penseresse" qui est carrément inventé et résonne avec "Diane chasseresse" ou "paresse" voire vengeresse" )
......La diaphyse m'a paru indispensable d'abord parce que c'est l'image-base qui m'a saisi dans l'image élaborée par Janis. Ensuite parce que passer de la raideur symétrique d'une diaphyse osseuse à une femme assise est une prouesse de l'image, un des lieux de sa force. Et c'est précisément cela qui m'a inspiré, voyant pour ma part le petit os long se parer et se transformer jusqu'à donner une image habillée, incarnée, bien loin du schéma trompeur de l'os qu'on peut (éventuellement) y voir comme en transparence, en armature.
J'ai donc aussi donné à mon texte un caractère "transformatoire", le faisant passer du vers court, avare de mots, à des vers longs et de plus en plus classiques.
......Il est tout à fait exact Eclaircie que le vers "Au chagrin de ton verre et d’un flacon univers" est de treize mesures mais j'ai préférer le conserver ainsi plutôt que d'écrire "Au chagrin de ton verre, d'un flacon univers" qui mettant le flacon en épithète me paraissait trahir l'image (où il y a un verre ET un flacon).
......Pour Reverdy que je ne connaissais que sous forme d'un nom de rue... j'ai du chercher et j'ai donc appris pas mal de choses.
Bien entendu la référence à Toulouse / Nougaro est consciente même si vilement amenée par la rime du cil. Elle suggère une ville au-delà de l'horizon (l'émigration, le rêve américain, le tango... la thématique du port du XIXè s. aux années 1940) ainsi qu'une musique quelque part (peut-être un jazz qui s'accommode bien avec la position de la dame à la fumée subtile).
......Justement j'ai beaucoup hésité à conserver "De signaux divins et subtils.". Le texte aurait parfaitement pu s'arrêter là:
Je sais que tu regardes
L’amer blanc d’un grand phare
Je te vois lui consacrer
Ta fumée penseresse* en un fil
Mais il m'a semblé qu'avec Signaux divins et subtils il était intéressant de faire allusion aux signaux du télégraphe, de la radio, avec divins à l'éther, l'azur, la fumée fine qui monte et s'envole lentement comme des pensées songeuses, celles que je prête à l'Assise.
......Pour les eaux ennoyées j'y tiens, si si : j'ai voulu donner ainsi un effet superlatif, celui d'un double enveloppement, indiquer ainsi l'idée d'un trop plein d'eaux, d'un recouvrement, d'une hypersuffocation, noyant le thème initial portuaire/maritime dans un autre thème: celui des amours déçues qui s'abîment dans un néant de chagrin (à noyer) faut d'avoir pu/su faire donner son effet à un élixir qu'on imaginait d'amour...
Merci à tous pour vos lectures et notations enrichissantes, et à bien sûr à Janis pour un dessin au trait rare et fin mais très suggestif.
*(tiens c'est curieux personne n'a rien eu à dire sur "penseresse" qui est carrément inventé et résonne avec "Diane chasseresse" ou "paresse" voire vengeresse" )
Poésie moderne....
Le dessin est joli....
< Pas de commentaires lapidaire svp.
La Modération >
.
< Pas de commentaires lapidaire svp.
La Modération >
.
bolero- Nombre de messages : 15
Age : 71
Date d'inscription : 23/03/2012
Re: Ma ligne bleue
Marvejols a écrit:dessin de Janis à qui j'adresse un double remerciement
Une diaphyse
Longue et gracile
Est assise
Sur une ligne d’horizon
Et me tourne le dos.
Je n’en puis voir les cils
Perdus dans le lointain d’une ville
Ô ma fille, ô Cécile
Elle me hausse les épaules.
r.
la première strophe me suffit.
C'est un très bel exercice, je vois deux dessins
tous les deux avec des mots qui traduisent l'étrange pouvoir qui nous séduit, sans comprendre pourquoi lui, pourquoi elle, et pourquoi pas lui, pourquoi pas elle... (je parle des textes poétiques bien sûr !!!)
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