Au revoir

[post scriptum]

Au revoir
Fièvre sacrée
Du corps changeant
Sous les pluies,
Pressé d'équeuter
Le fruit Charnel
Des nuits égarées.

Terre !
Prison ronde
A la cour carrée
Libérée
Où les crucifiés
Sans fronde
Crient leurs rêves
Effleurés.

Au revoir,
Vitrine du monde
Sans ondes,
Immonde sursis
A oublier
Les Cieux,
A renier
Les Vieux
Trop lucides à l'heure
Nauséabonde
Du printemps
Précieux.

Adieu
Cercueil épouvanté
Sous ces feuilles
Salées
Qui rongent
L'os vert
Chantant
Ce bref éclair.

Terre !
Prison ronde
A la cour carrée
Libérée
Où les aiguilles
Craquantes
Fondent
Sur les crucifiés.

Bonjour !
Aïeux au coeur
Soulagé
D'avoir pu
Oublier
Les caresses insatisfaites
De ces brèves silhouettes.

Rions
Sous les étoiles !
Ne cherchons plus les voiles,
Le vent nous portera
Trop tôt
Loin des barreaux.

Rideau !

[Marvejols]

Je n'aime guère d'ordinaire les poèmes sur la mort. Mais je dois dire Postscriptum que là vous me surprenez car le votre est grave et beau, alerte et bien vu il fait mouche.

[Invité]

J'aime bien ces "au-revoir-adieu-bonjour-rions" dont l'ordre prend toute son importance dans le chemin de vie.
Un peu moins la mise en forme, quoique ces vers courts soulignent le propos.

[Raoulraoul]

Superbe cette désespérance. Toute en métaphores, donc évitant le pathos. La joie des pessimistes, dirait Schopenhauer. Lucidité radieuse qui aide à finir... en dansant. Merci.

[Pascal-Claude Perrault]

C'est bien envoyé, bravo !

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