Un récent moyen âge

[loic]

Au terme de la rue un escalier pentu
Les fenêtres ouvertes sur l’octroi des bluettes
Elles s’échappent à l’ombre de saisons indolores
Et les enfants s’abusent de rêves incolores

Une latence d’été, un chemin de vertiges
La rumeur des grands-mères à l’orée de leur antre
Le fiel d’une musique aux accents mélodiques
Un air d’accordéon dessillant la torpeur

Un midi en province au calme d’un long siècle
Les hommes sont à l’usine et les mères inquiètes
Les airs lancinants de ces trente glorieuses
Ou passent les fourgonnettes de bougons épiciers

Ces guerres épuisantes laminant la tendresse
Entrevues sur l’écran de télés arrogantes
Arrangées sur l’étal du vieux réparateur
Qui rivé sur la mire mâchonne des cigares

Un récent moyen âge aux retraités décents
Accoutrés de bleusailles veillant sur les jardins
Et houspillant les gosses à l’affut de larcins
Une insouciance grêle a l’abri des quartiers.

[Invité]

J'aime votre univers.
Le choix de la forme, des dodécasyllabes non rimés, me semble pertinent dés lors qu'il libère l'auteur des contraintes du classique et lui permet de se consacrer aux seules images, très belles et très sensibles.

J'ai cependant buté pour bougons épiciers. Pourquoi pas tout simplement épiciers bougons ?
Même remarque pour insouciante grêle.
Pas fan non plus des vers 3 et 4 qui rompent le rythme du poème.

Sous réserve de menus ajustements, vous tenez là un très beau texte.

[Damy]

Un poème qui semble en dire long sur l’histoire d’une région assumée par ses vieux ouvriers de laminoirs, indolents. Je vous ferai une remarque personnelle que je me dois :
Si j’ai été sensible au jeu des sonorités tel que : fourgon/bougon ou l’allitération « en » de « Ces guerres épuisantes laminant la tendresse » et d’autres, j‘ai trouvé ce poème très peu musical (mais peut-être est-ce voulu pour donner à entendre « le fiel d’une musique » ?)

[Invité]

Tout ce que l'on trouve de beau et de cruel dans cette période. L'illusion de la gloire et la réalité du quotidien. Ah! que j'ai aimé.

[Frédéric Prunier]

... à force d'émistiches, ma lecture devient lourde, lourde...
c'est le seul reproche que je ferai ici, j'aime bien le reste...

[Janis]

cette fois, je suis un peu noyée
trop d'adjectifs

mais des images fortes, qui parlent

[Loreena Ruin]

Moi aussi j'aime bien cet univers qu nous fait voyager dans le temps. Je lis régulièrement tes poèmes, sans toujours les commenter. Je trouve celui-ci de belle facture et fort en images. On se projette bien dedans.

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