Le Sicilien de Lesneven ou La loi des rues

[brabant]

Aux Pupilles de la Nation, passés, présents et à venir...

Sonnet classique


Au risque des hauts murs, Auguste le Breton
Un jour décanilla, fuyant la fourmilière
Des orphelins bagnards de la prison de pierre,
Où frémir et puis geindre étaient de mauvais ton.

Le fieu du clown Montfort contourna le planton,
Et sitôt rigolard, exhiba son derrière,
En criant à l’encan : « Je suis dans la lumière !
Prends ma photo maton ! Chope-moi non de non ! »

Avec deux sous d’amour il charma les pucelles,
Niqua le poulaga, soutint les demoiselles.
Des bordels de Pigalle à Paname on se vend.

La chnouf et les ripoux, faut pas raquer stupide !
Baveux du rififi, son verlan fit le vide
Or il mourut poète en paraphant… Du vent !

Pour Maryvonne

« On te manque de respect, frappe. »
L’Evangile du Pavé (1982)

« Et la croix de l’ouvrier
qui jour et nuit
au long de sa vie
porte sa croix
sa lourde croix
qu’il n’abandonnera
que lorsqu’il crèvera
sans avoir rien vu
sans avoir vécu. »
Les Croix (1961)

« Du vent… et autres poèmes » Auguste le Breton. Editions du Rocher (1998)

[Invité]

Je suis déjà allée sur le web pour le titre et pour d'autres mots ou éléments de l'histoire de cet homme.
Après celà, mieux armée, j'ai apprécié ce sonnet. Et son vocabulaire qui convient si bien au personnage évoqué.

[Invité]

Et merci pour le poème présenté.

[Invité]

Nous sommes quelques uns à savoir que pour composer ce sonnet, aux contraintes déjà très sévères de la prosodie tu t'es soumis à celle des rimes imposées. (breton, fourmilère, pierre, ton...)
Et ce n'est pas de la tarte !
Un grand coup de chapeau donc à l'auteur de ce sonnet, hommage à un poète du Nord Finistère surtout connu pour son apport original à la littérature policière.

[CALIJO]

Magnifique sonnet classique sur lequel j'applaudis à deux mains bien sûr

connaissant la difficulté de composition.

Cordialement

calijo

[Frédéric Prunier]

le mitan du 'Guste, ici, c'est pas d'la goualante de gougniaffier Milord !
c'est d'la joncaille de jactance, et d'la rupinos !!!
à vous rendre jalmince les cadors du forums !!

ouvrez grands vos chasses, l'oeil de bronze et les esgourdes du caberlot !
parce que là, c'est d'la virée grand siècle avec brabant comme taulier !

Rien d'autre à mouffeter ! Tout est dit !
Olpiche ! La Classe !

[Invité]

Ah Brabant, ça c'est de l'élégance : mettre au service des humbles, des déclassés, des honnis la maîtrise d'une forme poétique parfaite !

[Arielle]

Magnifique alliance contre-nature de la forme et du fond qui donne ses lettres de noblesse à l'inventeur du verlan, en le parant des fastes du sonnet.
Si, comme nous le révèle Tizef, il s'agit d'un exo "bouts rimés", doublement bravo Brabant et chapeau bas !

[loic]

Merci pour "les Croix"

[Invité]

c'est du très beau boulot, qui se paye le luxe de l'humour en naviguant dans des contraintes solides et une chouette thématique.
je dis bravo aussi, pour le coup, soyons sport.

[brabant]

@ Eclaircie :

Merci de ta lecture, Auguste le Breton est un grand injustement "méconnu". Pas déifié comme Céline, mais tellement plus sympathique.

@ Tizef :

Ravi quant à moi de célébrer un de tes potes ! Que dis-je ? Un frère ! Un frangin !
Merci à toi !

@ Calijo :

Merci Calijo!

@ Frédéric Prunier :

Mazette ! Côté jactance, je n'suis qu'un cave ! C'est toi le boss !
Bravo et merci à toi !

@ Coline Dé :

Merci de ton passage tout en élégance.

@ Arielle :

Merci ! Ton approbation est un label de qualité à mes yeux ! Merci aussi de rappeler les rapports entre Auguste le Breton et le verlan qu'il introduisit en littérature, d'où ma comparaison avec Céline considéré comme l'introducteur de la langue parlée, Le Breton n'est pas en reste.

@ Loïc :

Un révolté que notre Auguste. A bon escient. Merci !

@ Pandawork :

Beau résumé de l'esprit de ce que j'ai voulu faire. Merci à toi !

[Albert-Robert]

Le fait d'employer des tournures familières et des mots d'argot dans ce sonnet au classicisme parfait me ravit.

La preuve que la poésie évolue et qu'elle peut se mettre au gout du jour sans la trahir.

Albert-Robert

[Invité]

"Avec deux sous d’amour il charma les pucelles,
Niqua le poulaga, soutint les demoiselles.
Des bordels de Pigalle à Paname on se vend."

Chapeau bas.

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