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Message  Ratz19 Sam 21 Avr 2012 - 23:08

Acte 1

Scène 1

Dans une presque noirceur, on entrevoit des personnages. Ils fredonnent une berceuse.
On dirait une sorte de cérémonie. Au bout d’un moment, une faible lueur s’allume dans
les mains d’un vieillard.


Le vieillard : (Tendrement) Petit visage !

Il regarde un moment autour de lui.

Le vieillard : Ne fais jamais confiance aux autres plus qu’à toi-même. Seul ce qui se cache dans ton cœur saura te guider dans tes choix. Ne te fie jamais aux couleurs, ni aux formes. Seul le cœur sait voir pour vrai.

Un projecteur s’allume. Il éclaire une partie, pour le moment, vide de la scène.

Le vieillard : Eh, champion ? N’oublie jamais ce que je te dis. Dans la vie, tu entendras parler du savoir, la sagesse, la force, le courage. On te parlera du pouvoir, mais on te dira qu’une seule chose demeure primordiale.

Cupidon apparaît dans la lumière.

Le vieillard : On te dira que cette chose, c’est l’amour.

Cupidon : Il était une fois…

Le chœur faiblit.

Le vieillard : C’est lui.

Cupidon : Un, deux, trois.

Le vieillard : N’oublies jamais ce que je te dis. Méfies-toi toujours des autres. Si les autres n’existaient pas…

Cupidon : Lutin ?

Le vieillard : Si les autres n’existaient pas, les guerres n’existeraient pas non plus.

Cupidon : Lutin ! Allumes-les lumières !

Scène 2

Les lumières s’allument, mais le derrière de la scène est toujours sombre. On ne fait
qu’entrevoir le chœur qui a cessé de chanter.


Cupidon : Il était une fois, dans une forêt enchantée, là où se cachent les fées, les princesses et les sorcières. Là où existent la magie, les grimoires et les cochons cracheurs de feu ! Les licornes, les boules de cristal et les…

Voix off : Ça va, on a compris !

Cupidon : Ta gueule ! … Bon. Il était une fois, dans cette forêt enchantée, une princesse qui se promenait pour cueillir des petites fraises des bois… (Il ne se passe rien) J’ai dit : Une princesse se promenait pour cueillir des petites fraises des bois… (Toujours rien) Lutin ! Qu’est-ce qui se passe ?

Lutin traverse la scène, d’une coulisse à l’autre en grommelant. Une fois que
Lutin est entré dans l’autre coulisse, la princesse apparaît, comme si elle avait été
poussée par celui-ci.


Princesse : Eh ! Ça va pas ?

Cupidon : Alors, cette princesse se promenait dans cette forêt enchantée pour cueillir des petites fraises des bois. Lorsque, soudainement…

Princesse : J’aime pas les fraises des bois.

Cupidon : Je m’en fou. Fais ce que je te dis !

Princesse : Non, je vais pas me mettre à cueillir des fraises des bois si je n’aime pas les fraises des bois.

Cupidon : Tu vas te mettre à quatre pattes et tu vas cueillir des fraises des bois.

Princesse : Eh, on me parle pas comme ça ! Je suis une princesse, t’as pas vu ma couronne ?

Cupidon : Je m’en fouuu !

Princesse : Je pourrais parler à mon agent ?

Cupidon : (Pour lui-même) C’est pas vrai, elle va m’énerver celle-là.

Princesse : Vous savez c’est quoi ça ? C’est de l’exploitation. Vous en faites quoi de ces fraises, dites, hein ? Des tartes, des pâtisseries ? Ou peut-être que vous les fourrez directement dans votre gueule ? C’est ça, hein ? Nous sommes combien de princesse dans cette forêt à cueillir des foutus fraises des bois pour vous bourrez la gueule ?

Cupidon : Arrêtes de faire ta farouche et mets-toi à quatre pattes !

Princesse : Oh ! Ça ne se passera pas comme ça !

Cupidon : (Soupirant) Lutin ! Lutin, j’ai besoin d’aide !

Lutin revient sur scène toujours en grommelant.

Princesse : Il est temps de nous battre ! Princesses de la forêt enchantée, si vous entendez mon appel, levez-vous et criez à l’injustice ! Il est temps de lâcher nos paniers et de nous…

Lutin lui donne un coup de bâton, elle agonise.

Cupidon : Bon, enfin ! Donnes-lui z’en un autre qu’elle se mette à quatre pattes !

Il lui en donne un autre et elle tombe au sol, agonisant.

Cupidon : (Souriant) Alors, la jeune princesse cueillait des petites fraises des bois lorsque soudainement…

Prince : (Il entre) Hum ?

Cupidon : Qu’est-ce qui a ?

Prince : C’est bientôt à moi ?

Cupidon : Oui, bientôt. Retournes en coulisse !

Prince : Bientôt quand ?

Cupidon : Bientôt, bientôt.

Prince : Mais bientôt, bientôt, quand ?

Cupidon : Allez, retournes en coulisse !

Prince : Bah, réponds à ma question, ça va te prendre deux secondes !

Cupidon : Oui, dans deux secondes, ça va être à toi. Retournes en coulisse !

Prince : (Il attend deux secondes) C’est à moi, là ?

Cupidon : Non. Je viens de te dire dans deux secondes.

Prince : Deux secondes encore ?

Cupidon : (Sort un petit bâton de bois) Eh ! Tu vois ce bâton ?

Prince : Ouais ?

Cupidon : C’est un bâton magique.

Prince : Quoi ?

Cupidon : Si tu ne m’écoutes pas, je vais te faire disparaître !

Prince : Quoi ?

Cupidon : Pit-Shhh ! Pit-Shhh !

Prince : Ok, ça va ! J’y retourne ! (Il retourne en coulisse)

Cupidon : Bon, alors…

Princesse : Dis, tu t’apprêtes pas à me faire manger un de ces trucs, hein ?

Cupidon : Tu vas te taire et t’en foutre plein la gueule.

Princesse : Je crois définitivement que ce rôle n’est pas fait pour moi.

Cupidon : Et moi je crois que t’es conne. Fous-toi un de ces trucs dans la gueule !

Princesse : Il en est hors de question.

Cupidon : Avales cette merde !

Princesse : Non.

Cupidon : Oui.

Princesse : Non.

Cupidon : Merde ! ... (Suppliant) Juste une ! Ça va pas te faire de mal ?

Princesse : Si.

Prince : (Entre à nouveau) Au fait, comment je fais pour savoir si c’est à moi ?

Cupidon : (Au prince) Retourne en coulisse ! (Il retourne en coulisse. Puis, à la princesse) Et toi, arrête de faire l’idiote et bouffes une de ces putains fraises ! ... Tiens, celle-là, là !

Princesse : Non. Surtout pas celle-là.

Cupidon : Un petit bout. Je t’en prie !

Princesse : Il est hors-de-question que j’avale une fraise des bois ! … Y’a plein de bestioles qui ont dû uriner là-dessus.

Cupidon : C’est pas vrai, je crois que je vais la tuer. Je crois que je vais la tuer. Je crois que je vais… Lutin !

On entend Lutin grommeler de la coulisse.

Cupidon : Lutin, mitraillette !

Princesse : Quoi ?

Lutin arrive avec une mitraillette et la donne à Cupidon.

Princesse : Putain, mais qu’est-ce que tu fous avec ça ? Dans un conte pour enfant ?!

Cupidon : J’en ai rien foutre ! Manges cette fraise, sinon je te tire !

Princesse : Je vais le dire à la SPCP.

Cupidon : Quoi ?

Princesse : Société pour la prévention de la cruauté envers les princesses.

Cupidon : Ça existe ce truc ?

Princesse : Au secours ! À l’aide ! Quelqu’un !

Cupidon : Ta gueule ! Sinon je te tire et je l’aurai dans le cul ta SP machin truc !

Princesse : Aidez-moi ! N’y a-t-il pas un preux chevalier dans les parages ?

Cupidon : Il me semble que c’est pas compliqué. C’est moi qui tiens la mitraillette et toi, tu es devant la mitraillette. Alors, tu écoutes monsieur qui a le gun et tu fermes ta putain de gueule !

Princesse : Vous êtes le diable et cette forêt, c’est l’enfer !

Cupidon : (Appuyant bien chaque syllabe) Ferme ta putain de gueule !

Princesse : Au secours ! Ce détraqué mental va me tirer dessus !

Le prince entre.

Prince : On m’a appelé ? (Faisant une petite chorégraphie, l’épée brandie) SOS, Prince à tout faire ! Appelez-moi et je vous sortirai du pétrin !

Cupidon : J’espère que tu sais que t’as l’air ridicule.

Princesse : Pourquoi m’envoie-t-on toujours les pires tarés ?

Prince : Alors, c’est quoi le problème ?

Cupidon : C’est toi le problème, imbécile ! Retourne en coulisse !

Prince : (Regarde la mitraillette) C’est quoi ça ?

Princesse : C’est un gun ! Allez, sautes lui dessus !

Prince : Quoi ? Oh, merde ! (Il se met en petite boule)

Cupidon : Je vais compter jusqu’à cinq et si tu n’as toujours pas bouffé cette putain de fraise…

Princesse : Allez ! Relèves-toi sale fainéant !

Cupidon : Un…

Prince : Ils n’existent pas, ils n’existent pas !

Cupidon : Deux…

Princesse : T’es qu’une mauviette ! Fais un homme de toi !

Prince : Pense, pense, pense…

Cupidon : Trois…

Prince : Pense à la mer, pense au sable chaud, au soleil.

Princesse : Allez, remue-toi ! Sinon, je vais crever et ce sera de ta faute !

Cupidon : Quatre…

Prince : Ils n’existent pas. Tu es sur le bord de la mer.

Princesse : Je te jure que je vais te hanter toute ta vie !

Cupidon : Cinq ! …

Les lumières s’éteignent, à l’exception d’un projecteur qui éclaire toujours Cupidon. Il
tire dans tous les sens. La lumière s’assombrit encore un peu et Cupidon respire
bruyamment, essoufflé. Le chœur s’agite en arrière.


Voix un : Il a encore tué une princesse !

Voix deux : Assassin ! Assassin !

Le vieillard : Pense à la mer.
Pense petite rivière et,
Laisse hier tes petites misère.

Voix trois : Il approche ! Il vient nous apporter le prince !

Voix un : Petit, petit prince !

Les trois voix : Viens à nous ! Viens à nous !

Le vieillard : L’eau berce, l’eau dort.
Flûte, flûte l’eau sait.

Les trois voix : Petit, petit prince…

Le vieillard : L’eau berce et
Dors, dors, dors
Pense à la mer.

Cupidon : Qu’on le jette au cachot !
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Message  Invité Dim 22 Avr 2012 - 17:09

Je ne lis pas facilement le théâtre de façon générale, et là j'ai du mal. Disons que ça va bien pour la partie centrale, mais que le début et la fin m'échappent. Je ne comprends tout simplement pas le vieillard, alors qu'il semble occuper un rôle crucial. Et je n'ai pas envie de me casser la tête là maintenant.
J'y reviendrai peut-être plus tard après un éventuel éclaircissement ou quand j'aurai les idées plus claires...

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Message  Rêvelin Dim 22 Avr 2012 - 18:00

Oui, je ne comprends pas non plus le rôle du vieillard et pour moi ce rôle est mal écrit.
Mais pour le reste ça tient plutôt la route, ça donne envie de voir la suite ! (et je trouve les didascalies de lumière, etc, intéressants)
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Message  Invité Lun 23 Avr 2012 - 17:28

C'est vrai qu'on ne comprend rien.
ça reste poétique.
Y aurait-il une allusion aux biscuits "Prince" de "LU" ?

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Message  elea Mar 24 Avr 2012 - 19:31

J’adore à partir de la scène 2, les personnages des contes revisités à la sauce déjantée, j’avoue, c’est assez amusant. Tes dialogues sont bien écrits, c’est vif, drôle, malin.

En revanche je n’ai pas compris la scène 1, ni la fin. Comme le vieil homme parle de l'amour et que tu dresses ensuite un portrait au vitriol de Cupidon, à la fois ridicule et hargneux, je pense qu'il y a un rapport mais vraiment pas évident pour moi.

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Message  Ratz19 Mar 24 Avr 2012 - 22:14

En fait, le vieillard est volontairement mystérieux pour le moment. Je voudrai l'éclairer au fur et à mesure que l'histoire avance, jusqu'à la fin, mais sûrement que je vais retoucher à ses dialogues d'ici là. Pour le moment, si le milieu fonctionne, ça devrait aller. Je voulais surtout savoir si l'humour fonctionnait bien.

Merci de vos commentaires ! :-)
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Message  Ratz19 Jeu 16 Aoû 2012 - 4:33

Voilà une version retravaillé avec un début d'ajouter. Il y aura une suite qui devrait venir plus tard. Bonne lecture !


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Tableau 1


Le spectacle n’est pas commencé. La scène est dans une pénombre et on entrevoit Pierre, Lutin et le pianiste sur la scène avec des lumières de coulisse.

Pierre : Ce soir, ça va être un bon spectacle. Un très bon spectacle ! N’est-ce pas Lutin ? Ce soir, ça va être excellent comme spectacle. Je te le dis ! Je le sens, j’en ai les doigts tout fébriles, c’est bon signe ! Incroyable, surprenant, les critiques vont tomber de leurs chaises ! Je te le dis ! Ah non, je l’ai… Grandiose ! Ouais, c’est ça. Ça, c’est le mot qu’on verra dans les journaux, en grand titre ! Demain matin, tout simplement, grandiose ! Et surtout moi. Hein, Lutin ? Ils vont peut-être ajouter irrésistible, charmant, désirable, mais ils vont surtout souligner ma prestation comme ayant été la plus grandiose de tous les temps ! Hein, Lutin ? Rassure-moi, s’il-te-plaît ! Lutin ? Tu m’écoutes ?

Lutin : Quoi ?

Pierre : Grandiose et Irrésistible ?

Lutin : Ouais, ouais. (Au pianiste) Ton Keyboard fonctionne maintenant ?

Le Pianiste : Non, toujours pas.

Pierre : Gran-di-ose ! Ouais, ça va être ça ! … On devrait peut-être faire installer un stand de fleur à l’entrée ce soir, il y aura sûrement des gens qui voudront me féliciter. Qu’est-ce t’en pense ? Lutin ?

Lutin : Merde ! Je comprends pas ce qui se passe. Tout semble branché ! Là, là et là. Ça devrait marcher ! T’es sûr qu’il fait pas de bruit, ton machin ?

Pierre : Et Sandrine ? Tu crois qu’elle va m’acheter des fleurs ?

Le Pianiste : Heu… Ouin... Pas de son, rien.

Pierre : Bon. ‘Faut que je me concentre avant que le spectacle commence. Et de toute façon, on dirait que je suis invisible ici ! Je vais chercher mon trophée. Lui, il m’écoutera au moins !

Lutin : Attends, je vais vérifier si c’est pas un fusible qui a sauté.

Pierre : Merde. Je l’ai mis où déjà… Lutin ?

Lutin : Qu’est-ce tu’m veux ? Tu vois pas que je suis occupé ?

Pierre : Mon trophée en forme de grimace ? Tu sais ?

Lutin : Qu’est-ce qu’il a ?

Pierre : Tu l’as près de toi ? Tu l’as vu ?

Lutin : Hum… Ouais, ouais. Dans ta loge, je crois. Pourquoi ?

Pierre : Non, il me semble qu’il n’était pas là quand j’ai regardé tout à l’heure.

Lutin : Bah ! J’ai dû me tromper de loge !

Pierre : Va me le chercher, s’il-te-plaît, mon petit Lutin d’amour.

Lutin : Non, j’ai pas l’temps, là. J’ai un problème à régler avec le…

Pierre : J’en ai rien à foutre ! Va chercher mon trophée sinon je t’arrache la tête !

Lutin : Le spectacle commence dans dix minutes et le Keyboard ne fonctionne toujours pas. Alors, tu ferme ta gueule et tu me laisse travailler, ok ?

Pierre : Le public attendra, j’en ai rien à foutre ! Je veux mon trophée tout de suite !

Lutin : Tu l’auras tout à l’heure !

Pierre : Non, maintenant !

Lutin : Tout à l’heure, je te dis.

Pierre : Je commence à manquer d’air… Merde, je vois tout noir !

Lutin : Étouffe, crève, fais ce que tu veux. Je m’en fou !

Pierre : J’angoisse… J’angoisse, j’angoisse, j’angoisse… Lutin, va chercher mon trophée !

Lutin : Je te dis que j’ai pas le temps !

Pierre : Lutin !

Lutin : Ok, ça va. Je vais aller le chercher ton trophée de merde ! Connard ! (Au pianiste) Et toi, vérifie de ton côté si tu trouverais pas le problème.

Lutin sort. Un temps.

Pierre : (Pour lui même) J’espère vraiment qu’il va le retrouver. Parce que sans lui…

Le pianiste joue quelques notes.

Le Pianiste : Ça marche !

Lutin : (De la coulisse) Ouais, c’était un fusible !

Pierre : Lâche les fusibles et va trouver mon trophée ! Tu comprends pas que c’est une urgence ? Sans lui, je pourrais mourir, tu sais ?

Lutin : (Il entre) Ah ouais ? Mourir de quoi ?

Pierre : Je sais pas… Une crise cardiaque ou bien… Je sais pas moi ! Je pourrais manquer d’air, tiens ! Ce trophée c’est comme mon oxygène, tu vois ?

Lutin : Ah ouais ? Ton oxygène ?

Pierre : Fous-moi la paix et va me le chercher avant que je vire dingue !

Lutin : Ouais, ouais ! J’y vais ! Calme-toi la crise cardiaque !

Pierre : (À lui-même) À croire qu’on le paie pour rien cet abruti ! Il sait pas ce que c’est que pour moi, ce trophée. Ce trophée, c’est toute ma vie ! J’ai vécu pour lui ! Chaque seconde de ma vie, je les ai passées en pensant à lui… Et si je le trouvais plus jamais ? Et s’il était perdu dans une espèce de trou noir, un vide sans fond ? Si ce trou noir, méga jaloux de mon talent, avait décidé de me le voler, comme ça, par méchanceté ? J’arrive pas à le croire, je me suis fait voler mon trophée, c’est sûr que c’est ça ! Au voleur ! Brigand ! Salaud ! Rends-moi mon trophée ! Eh merde… J’angoisse… J’angoisse, j’angoisse, j’angoisse ! Lutin ! Je veux mon trophée !

Lutin : (De la coulisse) Ouais, ouais ! Calme-toi ! Je le cherche !

Pierre : Ok, ferme les yeux. Respire, respire, du calme…

Musique.

Pierre : Repense à ces souvenirs, à un souvenir avec lui. Loin, loin, loin… Je vois, je vois… Je vois du sable, la mer et… Et dans mes mains, il y a… Mon trophée ! Ah ! Il est là ! Il est là ! Mon trophée chéri, tout doré, tout doré ! (Il l’embrasse)

Lutin : (De la coulisse) Il l’a trouvé ?

Le Pianiste : Non, il est en train de… hum… perdre la boule ?

Lutin : Ça nous tiendra tranquille au moins. Fais gaffe de pas le réveiller !

Pierre : Il n’y a pas de problème, pas de danger ! Tu es là, avec moi, tout va bien ! On est sur le bord de la mer et je te câline tout doucement. Non, moi, je t’aime plus ! Non, moi. Arrête, tu me chatouilles !

François arrive sur scène en panique.

François : Pierre ! Pierre, on a un énorme problème dans les loges !

Pierre : Non, il n’y a pas de problème !

François : Si.

Pierre : Non.

François : Si, je te dis ! Un énorme problème. Gros, gros, gros, comme pas possible !

Pierre : Tout va bien, tout va bien ! Arrête de me chatouiller, c’est pas drôle !

François : Eh ! Tu m’écoutes ? T’es en train de jouer au plus idiot des deux ou c’est moi qui vire dingue ? Je te dis qu’il y a urgence !

Pierre : Pitit, pitit, pitit trophée !

François : Quoi ? Mais qu’est-ce tu fous ? Merde ! … (Parlant plus fort) Pierre ! C’est François qui parle ! On a un gigantesque problème, dans les loges et nous aurions besoin de ton aide !

Pierre : Eh ! Ça va, je suis pas sourd ! Qu’est-ce qu’y’a, là ? J’étais en train de me concentrer, tu me déranges !

François : Ah, je suis désolé ! Je voulais pas te déranger…

Pierre : C’est pas grave.

François : Ah non ?

Pierre : Si, mais c’est pas grave ! Qu’est-ce qui se passe ?

François : Si tu veux, je peux retourner dans les loges… On s’arrangera, tu sais !

Pierre : Allez, parle ! Au moins, tu m’auras pas dérangé pour rien !

François : Bien… Hum… En fait, on a presque plus d’sandwich au jambon dans les loges. Une pénurie, presque ! On va vraiment en manquer bientôt, tu sais ! C’est sûr !

Pierre : T’es pas sérieux, là…

François : Oui, je te le jure ! Manon les a quasiment tous bouffés ! On dirait une truie qui a rien avalé depuis des semaines. Au fait, ‘faudrait l’enfermer celle-là, hein ! Je sais pas où tu l’as dénichée, mais bientôt, on va être obligé de bouffer les putains de sandwichs aux œufs à cause d’elle ! Et moi, tu le sais, je déteste ça, les sandwichs aux œufs !

Pierre : Dis-moi que c’est une blague ! S’il-te-plaît, dis-moi qu’tu déconnes !

François : Non ! Je te le jure que c’est vrai ! Il n’en reste que trois petits quarts et demi ! Elle n’a rien laissé pour les autres ! Rien, rien !

Pierre : C’est pas vrai, il est sérieux ce gamin !

François : Mais puisque je te répète que c’est vrai ! Tu préfères peut-être que je t’amène l’assiette pour te le prouver ?

Pierre : Je me fou que ce soit vrai, tu me casses les couilles, là ! Le public est déjà entré en salle, on commence dans cinq petites minutes et j’ai le foutu trac qui me mord les fesses. Alors, tu vas me foutre la paix et te préparer en coulisse, ok ?

François : Quoi ? Le public est déjà là ?

Pierre : Ouais. T’avais pas remarqué, l’idiot ?

François : (Dirigeant sa lampe vers le public) Ah, ouais ! Y’a du monde, hein !

Pierre : Ouais, je sais. Ce soir, on doit mettre le paquet pour leur donner un bon spectacle. Alors, rends-toi utile et va chercher les autres. J’embrasse mon trophée et on commence. D’accord ?

François : Tu crois qu’ils nous entendent parler ?

Pierre : Bien sûr que non ! Les lumières sont fermés ! Là, arrête de faire le con et va chercher les autres !

François : Ok, ouais. Ça va. (Pour lui-même) Ça va être un bon spectacle ce soir.

Manon : (De la coulisse) Je shotgun le dernier sandwich au jambon ! Pas touche, pas touche ! Celle-là, c’t’à môman !

Daphnée : (De la coulisse) Ah non ! T’as bouffé tous les autres ! Celui-là, je le prends !

François : (Courant vers la coulisse) Eh merde ! Non ! S’il-vous-plaît laissez-le moi ! Je pourrai pas jouer si j’ai l’estomac vide !

Pierre : C’est pas vrai ! Une bande d’amateurs !

Lutin entre.

Lutin : On commence dans trois minutes ! Tout le monde est prêt ?

Pierre : Et mon trophée ?

Lutin : Pas de trophée, tu l’auras après le spectacle !

Pierre : Quoi ? Ah non, ça va me porter la poisse !

Lutin : Je m’en fou.

La scène qui se passe entre Daphnée, Manon et François à ce moment, se passe en
coulisse.


Daphnée : Salope ! Lâche-moi les cheveux !

Manon : Pas avant qu’t’es lâché mon sandwich, grosse truie !

François : Je vous en prie ! J’en ai pas pris un seul, moi !

Daphnée : Bien sûr que non. C’est grosse vache qui les a tous bouffé !

Manon : Grosse vache ?

Daphnée : Ouais.

Manon : C’est moé ça, grosse vache ?

Daphnée : Il me semble que c’est évident. T’aurais besoin que je t’en fasse une carte postale peut-être ?

On entend un gros coup.

Pierre : C’était quoi ça ?

Manon : (À François) T’as rien vu.

François : Quoi ?

Manon : T’as rien vu.

François : Tu veux rire ? Tu viens de lui fracasser le visage devant mes yeux !

Manon : Non.

François : T’es complètement folle !

Manon : Faque, t’as toute vu ?

François : Ouais, j’ai tout vu !

Manon : Toute, toute ?

François : Tout, ouais.

Manon : Toute ?

François : Tout.

On entend un autre gros coup.

Pierre : Merde… Lutin, va voir ce qui se passe !

Lutin court vers la coulisse.

Lutin : Qu’est-ce que c’est que ça ?

Manon : R’garde-moé pas d’même ! Chu dans le même osti d’état de choc que vous autres ! J’suis arrivé icitte, pis ‘y z’étaient déjà toutes mal emmanchés. Des pingouins pu d’face, s’ti !

Lutin : C’est pas toi qui a… ?

Manon : T’es-tu malade dans tête ? Je ferais jamais d’mal à parsonne ! (Un temps) En fait… Si tu veux savoir ma théorie là-dessus, je pense qu’y se sont chicanés à cause des sandwichs au jambon. Ça fait une heure, criss, qu’y me chialent dessus que j’en mange trop !

Lutin : C’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vrai…

Manon : Ben oui, mais j’ai le trac, qu’est-ce tu veux d’plus ? Quand chu stressé, moé, manger, ça m’fait du bien !

Lutin : Je comprends rien, merde !

Manon : Calme-toé, j’vas toute t’expliquer ! D’après moé, c’qui s’est passé, c’est qu‘y se seraient, genre, entre-faites ça. En même temps, les deux se seraient, genre, fessés dans face pis tombés à terre comme deux nonos.

Lutin : C’est pas possible…

Manon : Crée-moé ! Ça aurait du bon sens ! Surtout avec une bande de vrais malades de-même ! De vrais sans-dessins, j’te l’dis ! Et dire que je me suis retrouvé dans même pièce qu’eux aut’es ! J’en r’viens pas ! J’aurais pu y laisser un bras, j’pense !

Lutin : Pierre ?

Pierre : Quoi ?

Manon : Faudrait que j’pense d’y d’mander une compensâtion à lui, justement ! J’y ai pas dit oui pour me traumatiser d’même, moé, certain ! (L’interpellant) Pierre ?

Lutin : Manon, c’est ça ?

Manon : Ouin, quoi ?

Lutin : Surveille-les, je reviens dans cinq toutes petites minutes, ok ?

Manon : T’inquiète pas ! J’penserais pas qu’y bougent fort, fort !

Lutin : Je m’en fou, reste ici.

Manon : Ok, boss !

Lutin revient sur la scène.

Lutin : Pierre, on est dans la merde.

Pierre : Dis pas ça ! J’aime pas ça.

Lutin : On est dans la merde quand même ! On est déjà en retard et il nous manque deux putains de comédiens.

Pierre : Merde, j’angoisse… J’angoisse, j’angoisse, j’angoisse… T’es sûr que t’as pas vu mon trophée nulle part ?

Lutin : Je l’ai dans l’cul ton trophée de merde ! (Plus sombrement) Laisse-moi tranquille, je vais aller me tirer une balle dans les loges…

Pierre : Non. Non, il est hors de question que tu me laisses dans la merde tout seul. T’es pas mon acolyte pour rien, on va trouver une solution, ok ?

Lutin : Ok, mais tu annules le spectacle d’abord.

Pierre : Non, tu sais que je peux pas. Sandrine viens-me voir ce soir et c’est ma dernière chance avec elle. Si on annule, ma vie sera foutu dix mille fois plutôt qu’une. Non, on peut pas annuler. The show must go on, peu importe !

On entend de la coulisse, François et Manon.

François : (À bout de souffle) Au secours, quelqu’un !

Manon : Fuck, y’est pas mort ! Lâche-moé ‘a jambe, maudit malade !

François : Pitié, ambulances ! S’il-te-plaît…

On entend un autre gros coup

Pierre : C’est pas possible… Pas encore…

Lutin : Attends, je vais aller voir.

Pierre : Non, trop dangereux ! Attends ici… (À voix haute) Manon, ma belle Manon ? Tout va bien ?

Manon : (De la coulisse) Ouais, ça va ! Je me su’s jusse cogné l’pied dans face d’un des deux pingouins pus d’face !

Lutin : (Un temps) On regardera ça plus tard. Pierre, j’ai une idée !

Pierre : Pour vrai ?

Lutin : Oui, vas te préparer dans les coulisses, je vais te trouver deux comédiens !

Pierre : Mais comment tu…

Lutin : Laisse-moi faire ! Concentre-toi sur le spectacle, je m’occupe de tout !

Pierre : T’es génial, Lutin ! Je t’adore !

Lutin : Allez, vas- y !

Pierre : Ouais, j’y vais !

Pierre part en coulisse.

Lutin : Ce soir, ça va être un bon spectacle.

Noir complet.




Tableau 2


Lutin : Musique !

Une petite musique légère.

Lutin : Je peux pas croire que je vais faire cette connerie… Roulement de tambour !

Roulement de tambour.

Pierre : Lutin ?

Lutin : Quoi ?

Pierre : Merde !

Lutin : Ouais, je sais, j’ai senti.

Pierre : Ça doit être un gosse qui l’a fait dans son froc.

Lutin : (Soupire.) Lumière !

Un projecteur s’allume sur Lutin. Il est déguisé en clown un peu moche.

Lutin : Hey, hey, hey ! Bonjour les enfants ! Ça va ? … Ouais, moi aussi. Bien ! D’abord, avant de commencer, j’ai certaines règles à vous dire, question que vous sachiez ce qu’on peut faire et ce qu’on peut pas faire dans un théâtre. Ouais, je sais c’est ennuyant, mais comme la plupart des enfants sont stupides et leurs parents encore plus…

Pierre : Lutin !

Lutin : M’ouais… Bon, je vous ai préparé la liste en chanson, question de s’emmerder un peu moins. Vous voyez ? Lutin n’est pas juste emmerdant, il est même un peu sympathique ! Bon, allons-y !

- La chanson des règlements (Partie 1) -



Lutin : Bonjour, bonjour petit papa !
Homme en veston, homme en cravate.
Tu reviens de travailler
Et tu penses t’écraser.
Je vais te dire qu’une chose
Écoute-moi bien, mon petit Bertrand !

Oh, oh ! Mais qu’est-ce que je vois ?
Un petit morveux juste à côté.
Oh, oh ! Mais qu’est-ce qu’il va faire ?
Il va vouloir nous énerver !
Je vois déjà ses petits papiers
Qu’il va tenter d’bien nous lancer !

Alors, Papa va l’surveiller.
Parce que je suis pas la nounou.
Je suis qu’un putain d’comédien
Qui essaie d’faire son métier.
Et moi, les enfants, je te le jure.
J’en ferais tous des confitures.

(Méchamment) Ah !

(Parlé, pendant que la musique continue) Ok, ok, ok. Je peux peut-être vous paraître petit au cœur de pierre, mais je vais régler tout ça. Régler comment ? Avec une merveilleuse surprise ! … J’ai dit : Une merveilleuse surprise ! … M’ouais. Ça prend même pas la peine de crier leurs enthousiasmes ! Bon. Quelle surprise ? V’là la surprise ! … Deux d’entre vous, ce soir, joueront dans le spectacle ! (Avec moins d’entrain.) Ouais, c’est fantastique… Bon ! Qui, qui sera choisi en premier pour jouer le rôle d’une princesse ? (À quelqu’un dans le public) Non, pas toi. T’es trop moche, tu vas me briser les projecteurs… Voyons, voir… (Désignant une comédienne dans la salle) Toi.

Princesse : Non, pas moi.

Lutin : Oui, toi.

Princesse : Non, non.

Lutin : J’ai dit : Oui.

Princesse : Non.

Lutin soupire. Il prend un temps, regardant le public, puis la comédienne, puis de nouveau le public. Il descend de la scène en grommelant et va chercher la comédienne de force.

Princesse : Eh ! Tu me fais mal, l’taré !

Lutin : Je m’en fou.

Princesse : Mais lâche-moi ! Je veux pas y aller, je te dis ! Tu peux pas m’obliger comme ça. Vous savez qui je suis ?

Lutin : Rah, mais je m’en fou ! Tais-toi !

Princesse : Arrête, tu me tords le bras, tu vas finir par le casser, imbécile !

Lutin : Ouais ? Et tu sais quoi ?

Princesse : T’en fou ?

Lutin : Ouais.

Princesse : Aïe !

Lutin : (Il la pousse en coulisse) Mettez-lui la robe rose !

Princesse : Rose ?

Lutin se retourne à nouveau vers le public.

Lutin : Bon. Règle numéro deux !

- La chanson des règlements (Partie 2) –



Lutin : Bonjour, bonjour, petite Maman !
La femme qui porte les pantalons.
Qui elle aussi a travaillé.
Et se voit bien occupée.
Ce bout de chanson s’adresse à toi.
Ouvre tes oreilles, petite Ginette !

Oh, oh ! Mais qu’est-ce que je vois ?
Un cellulaire pour les affaires.
Oh, oh ! Mais qu’est-ce qu’il va faire ?
Il va chanter sa chanson pop.
Parce que l’patron cherche sa salope.
Il est train de s’impatienter !

Alors, Maman va le fermer.
Son putain d’téléphone.
Et mets le pas sur vibration.
On l’entend quand même, on est pas con
Et moi, tu vois, ton petit garçon
Je l’empaillerais bien dans mon salon.

(Malicieusement.) Eh, eh, eh, eh !

Lutin : (Parlé, la musique n’arrête toujours pas.) J’attends quelques secondes au cas où que certains auraient compris le message dans la salle ? Téléphone ? Ouais ? … Bon, maintenant qu’on m’a pris encore une fois pour le méchant clown, je ressors mes cadeaux ! Oui, oui, vous l’aurez compris. Il me faut aussi un petit prince ! Qui sera le chanceux ? Qui, qui sera le chanceux ? (À un comédien dans la salle) Toi, toi avec la grande gueule ouverte ? Veux-tu être l’imbécile heureux qui jouera le rôle du prince ? Il me semble que ça t’irait bien…

Prince : Moi ?

Lutin : Ouais, je crois que j’ai bien tombé, t’as pas l’air vite-vite. Monte sur la scène !

Prince : Je serai payé ?

Lutin : T’auras des sandwichs aux œufs dans les loges ! Allez, viens !

Prince : J’aurais préféré aux jambons, mais ça va, les œufs, ça bourre bien quand même !

Il monte sur la scène et fait des saluts au public.

Lutin : Qu’est-ce tu fous ?

Prince : Bah ! Je prends ma place.

Lutin : Non, ta place est en coulisse ! (Il le pousse.)

Prince : Oups !

Lutin : Mettez-lui les collants !

Prince : Les quoi ?

Lutin se retourne à nouveau vers le public.

Lutin : Et maintenant, règle numéro trois, quatre et cinq, etc. !




- La chanson des règlements (Partie 3) –



Lutin : Au cas où qu’t’as rien compris.
Tu fermes ta gueule, tu restes assis.
Si jamais t’as une fringale
Je m’en fou…
Les bonbons, ça fait du bruit
Et t’as pas l’droit de manger dans un théâtre !

Non, t’as pas l’droit de manger dans un théâtre !
Non, non, non, non, non.
T’as pas l’droit de manger dans un théâtre !

(Parlé) Merci !

Noir.



Tableau 3


Lutin : Bon. Tout le monde est prêt ?

Pierre : Ouais, je crois que c’est bon.

Un projecteur s’allume. Il n’y a présentement personne sur scène. Un roulement de tambour se fait entendre, la tension se maintient. Puis, après un moment de patience, Pierre apparaît dans la lumière. Il est déguisé en Cupidon, mais sans arc.

Pierre : Il était une fois…

Il s’interrompt. Il regarde autour de lui et voit qu’il n’y a pas de lumière.

Pierre : Lutin ? Lutin ! Allume les lumières !

Une bulle de lumière est créée. C’est là que se jouera l’histoire de Pierre.

Pierre : Bien ! Il était une fois, dans une forêt enchantée, là où se cachent les fées, les princesses et les sorcières. Là où existent la magie, les grimoires et les cochons cracheurs de feu ! Les licornes, les boules de cristal et les…

Lutin : (De la coulisse) Ça va, ils ont compris !

Pierre : Ta gueule ! … Bon. Il était une fois, dans cette forêt enchantée, une princesse qui se promenait pour cueillir des petites fraises des bois… (Il ne se passe rien) J’ai dit : Une princesse se promenait pour cueillir des petites fraises des bois… (Toujours rien) Lutin ! On a un problème. Va voir ce qui se passe !

Lutin traverse la scène, d’une coulisse à l’autre en grommelant. Une fois que Lutin est entré dans l’autre coulisse, la princesse apparaît, comme si elle avait été poussée.

Princesse : Eh ! Ça va pas ?

Pierre : Alors, cette princesse se promenait dans cette forêt enchantée pour cueillir des petites fraises des bois. Lorsque, soudainement…

Princesse : J’aime pas les fraises des bois.

Pierre : Quoi ?

Princesse : J’aime pas les fraises des bois !

Pierre : Je m’en fou, tu fais ce que je te dis.

Princesse : Non. Je vais pas me mettre à cueillir des fraises des bois si je n’aime pas les fraises des bois.

Pierre : Tu vas te mettre à quatre pattes et tu vas cueillir des fraises des bois.

Princesse : Eh, on me parle pas comme ça ! Je suis une princesse, t’as pas vu ma couronne ?

Pierre : Je m’en fou ! Y’a plein d’gamins qui nous regardent et ils attendent que tu te bourres la face. Alors, mets-toi à quatre pattes !

Princesse : Je pourrais parler à mon agent ?

Pierre : (Pour lui-même) C’est pas vrai, elle va m’énerver celle-là. Lutin ?

Princesse : Vous savez c’est quoi ça ? C’est de l’exploitation. Vous en faites quoi de ces fraises, dites, hein ? Des tartes, des pâtisseries ? Ou peut-être que vous les fourrez directement dans votre gueule ? C’est ça, hein ? Nous sommes combien de princesse dans cette forêt à cueillir des foutus fraises des bois pour vous bourrez la gueule ?

Pierre : Arrêtes de faire ta farouche et mets-toi à quatre pattes !

Princesse : Ça ne se passera pas comme ça !

Pierre : (Soupirant) Lutin ! Lutin, j’ai besoin d’aide !

Lutin revient sur scène toujours en grommelant.

Princesse : Il est temps de nous battre ! Princesses de la forêt enchantée, si vous entendez mon appel, levez-vous et criez à l’injustice ! On profite de nous ! Il est temps de lâcher nos paniers et de…

Lutin lui donne un coup de bâton.

Pierre : (Voyant la réaction du public) Ah, tiens. Ils aiment ça ! Recommence pour voir !

Il recommence.

Pierre : Encore.

Encore.

Pierre : Encore ?

Encore.

Pierre : Bon, ça marche plus ! Donnes-lui z’en un dernier derrière les pattes qu’elle s’agenouille !

Il lui en donne un autre et elle tombe au sol.

Pierre : (Souriant) Alors, la jeune princesse cueillait des petites fraises des bois lorsque soudainement…

Prince : (Il entre, un sandwich aux œufs dans les mains) Hum ?

Pierre : Qu’est-ce qui a ?

Prince : C’est bientôt à moi ?

Pierre : Oui, bientôt. Retournes en coulisse.

Prince : Bientôt quand ?

Pierre : Bientôt, bientôt.

Prince : Mais bientôt, bientôt, quand ?

Pierre : Allez, retournes en coulisse !

Prince : Bah, réponds à ma question, ça va te prendre deux secondes !

Pierre : Oui, dans deux secondes, ça va être à toi. Retournes en coulisse !

Prince : (Il attend deux secondes) C’est à moi, là ?

Pierre : Non. Je viens de te dire dans deux secondes.

Prince : Deux secondes encore ?

Pierre : (Sort un petit bâton de bois) Eh ! Tu vois ce bâton ?

Prince : Ouais ?

Pierre : C’est un bâton magique.

Prince : Quoi ?

Pierre : Si tu ne m’écoutes pas, je vais te faire disparaître !

Prince : Quoi ?

Pierre : Pit-Shhh ! Pit-Shhh !

Prince : Ok, ça va ! J’y retourne ! (Il retourne en coulisse)

Pierre : Bon, alors…

On entend le rire d’une sorcière.

Pierre : Non, pas tout de suite !

Princesse : Dis, tu ne t’apprêtes pas à me faire manger un de ces trucs, hein ?

Pierre : Tu vas te taire et t’en foutre plein la gueule, ma belle, ok ?

Princesse : Je crois définitivement que ce rôle n’est pas fait pour moi.

Pierre : Et moi je crois que t’es conne. Fous-toi un de ces trucs dans la gueule !

Princesse : Il en est hors de question.

Pierre : Avales cette merde !

Princesse : Non.

Pierre : Oui.

Princesse : Non.

Pierre : Merde ! ... (Suppliant) Juste un petit bout ! Ça va pas te faire de mal !

Princesse : Si.

Prince : (Entre à nouveau) Au fait, comment je fais pour savoir si c’est à moi ?

Pierre : Retourne en coulisse avant que j’te crève les yeux à coup d’bâton ! (Le prince retourne en coulisse. Puis, à la princesse) Et toi, arrête de faire l’idiote et bouffes une de ces putains fraises ! ... Tiens, celle-là, là !

Princesse : Non. Surtout pas celle-là.

Pierre : Un petit bout. Je t’en prie !

Princesse : Il est hors-de-question que j’avale une fraise des bois ! … Y’a plein de bestioles qui ont dû uriner là-dessus.

Pierre : C’est pas vrai, je crois que je vais la tuer. Je crois que je vais la tuer. Je crois que je vais… Lutin !

On entend Lutin grommeler de la coulisse.

Pierre : Lutin, mitraillette !

Princesse : Quoi ?

Lutin arrive avec une mitraillette et la donne à Pierre.

Princesse : Putain, mais qu’est-ce que tu fous avec ça ? Dans un conte pour enfant !

Pierre : J’en ai rien foutre ! Manges cette putain fraise, sinon je tire !

Princesse : Je vais le dire à la SPCP.

Pierre : La quoi ?

Princesse : Société pour la prévention de la cruauté envers les princesses.

Pierre : Ça existe ce truc ?

Princesse : Au secours ! À l’aide ! Quelqu’un !

Pierre : Ta gueule ! Sinon je tire et je l’aurai dans le cul ta SP machin truc !

Princesse : Aidez-moi ! N’y a-t-il pas un preux chevalier dans les parages ?

Pierre : Il me semble que c’est pas compliqué. C’est moi qui tiens la mitraillette et toi, tu es devant la mitraillette. Alors, tu écoutes monsieur qui a le gun et tu fermes ta putain de gueule !

Princesse : Vous êtes le diable et cette forêt, c’est l’enfer !

Pierre : Quelle forêt ? C’est du carton, merde !

Princesse : Au secours ! Ce détraqué mental va me tirer dessus !

Le prince entre.

Prince : On m’a appelé ? (Faisant une petite chorégraphie, l’épée brandie) SOS, Prince à tout faire ! Appelez-moi et je vous sortirai du pétrin !

Pierre : J’espère que tu sais que t’as l’air ridicule.

Princesse : Pourquoi m’envoie-t-on toujours les pires tarés ?

Prince : Alors, c’est bientôt la scène du baiser ?

Princesse : Ah ! C’est lui qui va jouer le rôle du crapaud ? Génial !

Prince : (Regarde la mitraillette.) C’est quoi ça ?

Princesse : C’est un gun ! Allez, sautes lui dessus !

Prince : Quoi ? Oh, merde ! (Il se met en petite boule.)

Pierre : (À la princesse) Je vais compter jusqu’à cinq et si tu n’as toujours pas bouffé cette putain de fraise…

Princesse : Allez ! Relèves-toi sale fainéant !

Pierre : Un…

Prince : Ils n’existent pas, ils n’existent pas !

Pierre : Deux…

Princesse : T’es qu’une mauviette ! Fais un homme de toi !

Prince : Non, non, non, non, non. Ils n’existent pas.

Pierre : Trois…

Princesse : Allez, remue-toi ! Sinon, je vais crever et ce sera de ta faute !

Prince : Qu’elle crève, j’en ai rien à foutre !

Pierre : Quatre…

Princesse : Je te jure que je vais te hanter toute ta vie !

Pierre : Cinq !

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Message  Polixène Ven 17 Aoû 2012 - 22:21

Je vais être désagréable, désolée.
Je n'avais déjà pas aimé le premier que je m'étais forcée à lire, mais le second c'est encore pire.
Le théâtre est un genre difficile, déjà, quand on a quelque chose à dire, mais là?
Explique-moi les tenants et aboutissants, car quelque chose m'échappe. Le but, c'est faire rire? Quel public? La pièce va être jouée?
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Message  Invité Sam 18 Aoû 2012 - 7:07

J'avais déjà lu la première mouture et croyais l'avoir commentée en son temps.
Cette deuxième version m'a amusée, et donc intéressée, pour le comique de ses situations.

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Message  Invité Sam 18 Aoû 2012 - 16:39

Je trouve l'entrée en matière longue, trop longue, tout le passage avec le trophée.
Ensuite, j'objecte au registre choisi même si je peux comprendre qu'il s'inscrit dans l'idée globale de la pièce qui prend à contrepied l'univers des histoires traditionnelles pour enfants. Dans le même ordre d'idée, mais en positif, les québecquismes agissent toujours avec le même charme.
Pour finir, je pense que le texte fonctionne sûrement bien mieux "acté" que lu, certains passages sont parfaitement "visibles".

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