La nouvelle héroïne

[Lord Djinn]

La nouvelle héroïne

     Ma journée commençait toujours dans la joie. Sûrement parce que la fatigue du matin changeait les idées noires en aventures lointaines. Un bouton ; le café était prêt, un autre bouton ; les diverses lampes s’allumaient dans un concert de cliquetis. La dernière ne fonctionnait pas, c’est pourquoi je découvrais mon visage matinal à la lueur de rien du tout. Ca me mettait hors de moi pendant quelques secondes, mais personne ne voulait remplacer de néon cassé - cité universitaire oblige. Par ailleurs, la journée commençait toujours dans l’ivresse du matin. Avant, quand ma bonne copine Irène se mêlait à la douche du matin, je pouvais chanter ou raconter ma nuit. Ca l’agaçait, mais juste par principe, car elle était bonne auditrice, et j’avais des histoires incroyables à lui conter (apparitions, somniloquie, hommes en rut, bars à vin). Elle savait bien que sa mauvaise humeur matinale était illégitime, et que j’étais, moi, dans mon bon droit. Mais Irène ne venait plus m’écouter le matin, depuis quelques temps ; Irène dormait, afin de ne plus aller en cours à huit heures (je suis d’accord, cet horaire est inique, mais j’aime transgresser les règles). Là-bas, que je me sois levée tôt ou tard, c’était toujours trop tôt, toujours joyeux, et je prenais mon vélo, mais seulement quand il faisait beau. Ce fidèle destrier m’emmenait où je voulais, et sous la pluie quand presque personne ne pouvait nous remarquer, je lançais mes jambes en avant, sonnant l’hallali (autrement dit, je tirais la clochette). Voilà, sept heures et trente minutes, l’heure des braves, c’est ici qu’a commencé son histoire.
     Un air de défi ne quittait pas les yeux de ce grand garçon. Sa peau brune et ses yeux en amande inspiraient la confiance et les belles histoires. Je l’ai rencontré en longeant le parc, un de ces matins là. Ce lieu m’a toujours effrayée à cette heure de la journée. Qui sait quels affreux personnages y traînent leurs excès de la nuit ? D’habitude, j'accélérais délicieusement, bien que secrètement apeurée. Mais ce jour là, la fraîcheur du matin avait enivré mes pédales, j’avais des envies d’héroïsme. Un gamin de quinze ans seul au bord d’une futaie sombre, ça vous pousse à l’héroïsme. Il fut le premier à m’adresser la parole, tandis que je lui avais déjà tourné le dos.
     « Madame ! C’est par où la cathédrale ? »
     Je lui ai demandé de répéter. J’avais entendu « l’attaque des ladres ». Je fus vite rassurée.
     « La cathédrale. »
     C’est là que j’ai pressenti l’aventure s’offrant à moi. Je voulais fuir.

[Hop-Frog]

Pas vraiment séduit. Quelques répétitions (y a du matin partout).

mais personne ne voulait remplacer de néon cassé - cité universitaire oblige.

N'ai pas compris le cité universitaire oblige.

Suis, toutefois, piqué dans ma curiosité. Je suivrai donc, s'il y a une suite.

[ubikmagic]

C'est court de chez Court ! Difficile de se faire une opinion.
Des tournures un peu désuètes, quelques répétitions. J'attends d'avoir plus de matière pour éventuellement en dire plus.

Ubik.

[Lord Djinn]

C'est vrai Hop-Frog, en relisant : indigestion de matins ! Il faut que je corrige ça.

Ubik : j'ai traqué les tournures désuètes, re-indigestion. Merci pour votre commentaire !

C'était plutôt un texte pour me redonner le goût d'écrire en écrivant quelques chose d'un peu autobiographique, il n'y aura pas de suite, je n'ai absolument aucune imagination. Peut-être que je suis condamnée aux dissertations...

PS : La cité universitaire, c'est une espèce de grand hôtel pas cher pour étudiants, avec des chambres de 9m² et les sanitaires en commun, et quand quelque chose est cassé, personne ne répare. En fait, je croyais que tout le monde connaissait... C'est un peu étriqué comme vision j'en conviens.

[Fatuite]

Bonjour,
Après avoir lu ce texte, j'aimerais faire part de mon avis sur celui-ci. Je commencerai par quelques remarques sur le style en citant quelques passages particuliers, avant de plus me pencher sur celui-ci en détail. Enfin, je finirai par un petit mot sur le fond.

"La dernière ne fonctionnait pas, c’est pourquoi je découvrais mon visage matinal à la lueur de rien du tout." Cette phrase me turlupine un peu. Longue, surtout si on prend en compte les phrases précédents, plus courtes. Aussi le "c'est pourquoi" me semble de trop, outre que ça inclut un présent (purement démonstratif, on en convient, mais ça tache tout de même) dans une phrase au passé. Dernier point concernant cela, la virgule ici sépare deux phrases en une, effet plutôt lourd à la lecture.

"(je suis d’accord, cet horaire est inique, mais j’aime transgresser les règles)." J'aime ou j'aimais, tel est la question. J'aurais plus à dire sur le temps principal plus loin, mais encore une fois, le présent m'a l'air hors de la forme, complètement pas à sa place. Un autre pour la route, d'ailleurs: "Voilà, sept heures et trente minutes, l’heure des braves, c’est ici qu’a commencé son histoire." Passé composé, temps utilisé pour être mis en rapport avec le présent. Il y en a d'autres, mais je me garderai de citer ceux-là, comme le point est marqué.

Globalement, niveau style, je trouve que ça marche plutôt bien. Ca se lit facilement, malgré des répétitions déjà signalés au niveau du "matin". J'ai juste tiqué sur quelques expressions un peu cliché, comme le vélo en fidèle destrier. Ca donne un côté un peu désuet parfois, qui n'est pas sans plaire, mais pourtant, je sens quand même une pointe de maladresse dans la manière dont elles apparaissent. Surtout que le texte se fait comme caractéristique d'employé un ton presque poétique, dans sa manière de faire appel aux images et, à certains moments, à l'emphase (ce qui est une bonne chose). Autre élément qui nuit un peu à la qualité, c'est le temps choisit. Le passé (imparfait et passé simple) ne marche pas vraiment. La première partie du texte m'a fait l'impression d'un récit au présent retranscrit au passé sans vraiment d'appoint pour adopter ce mode de narration. Surtout que la partie en question n'utilise que l'imparfait, alors que certaines phrases gagneraient à être au passé simple. La deuxième quant à elle mélange un peu tout, c'est assez hétéroclite, et je ne sais pas vraiment quoi en penser sur ce sujet là.

Dernier point, une réflexion sur le fond. C'est court, on sent que c'est une introduction et c'est tout ce que c'est au final. Introduction de l'héroïne, un peu l'élément perturbateur pour essayer de donner une envie de poursuite au lecteur, mais, sur moi en tout cas, ça ne marche pas. Le fait qu'elle ait envie d'être héroïque et une demande d'un pauvre reître qui s'est paumé, je trouve ça plus absurde qu'appétitif. Quoique, peut-être que le but était celui-là, alors dans ce cas, il faudrait plus s'appesantir sur l'effet comique que ça crée, avec pourquoi pas un peu de surenchère. Ou alors, j'ai rien compris et c'est autre chose et j'ai rien pigé, possible aussi.

En conclusion, je ne peux pas vraiment appeler ce texte "bon", mais il a un charme particulier assez plaisant selon, et qui me donnera peut-être en fonction de mon emploi du temps de lire la suite.

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