Terra Amata

[Annie]

La vieille dame a pris un paquet d'engrais géranium.
Fleurs rouges, roses, pourpres, fuchsia, coquelicot,
si le soleil se met de la partie.
La dame s'appuyait sur une canne
sans attendre j'ai ramassé le paquet d'engrais
tombé quand elle a tiré celui qu'elle emporte.
Ils fleuriront peut être en blanc, ses géraniums.
Moi, j'achète des gants de jardin, dits gants rosiers,
deux paires... Ils s'usent si rapidement.
D'abord se perce le pouce droit, puis le gauche.
Je les fait durer, en doublant le doigt déchiré
d'un doigt intact découpé d'un gant de rebut.
Quand un, deux ou trois doigts sont percés
en plus des pouces - je prends des gants neufs.

[Frédéric Prunier]

cela pourrait être le début d'une nouvelle ou d'un roman d'Agatha Christie...
...
les gants troués ne garantissent donc aucunement contre les maladies transmissibles ?
donc, la belle au doigt dormant serait morte du sida ??

Annie, pardon pour les deux dernieres lignes
Amitié

[Invité]

L'histoire est d'une simplicité déroutante.
En même temps elle est fort sympathique.
Grâce à vous (et à google), j'ai appris que "tera amata" veut dire "aimer la terre"

[Albert-Robert]

Ah, le sens de l'économie ! Elle se ressent tant dans la réparation des gants que dans la brièveté du texte.

[Invité]

S'il n'y avait quelques maladresses, ce texte pourrait figurer assez haut dans l'esprit poétique du moment, parce que simple et racontant un histoire.

[Marvejols]

Terra amata c'est Nice, n'est-ce pas? La côte ligure des fleurs.
Cependant, au delà de ce beau début de nouvelle ou de polar en effet, je ne comprends pas l'intention poétique. J'ai eu beau chercher un symbolisme (éventuel) des couleurs opposant de multiples rouges à un seul blanc. J'ai eu beau imaginer des gants verts en caoutchouc qui, en s'aidant un peu du ciel et de l'insistance aux pouces, me porteraient vers Tistou et ses pouces verts faisant jaillir un Eden... Finalement j'hésite à la poésie.

[Invité]

Je n'ai pas trop lu là un poème, mais beaucoup apprécié cette description chirurgicale de situations banales, somme toute.

[Arielle]

Je n'arrive pas à travailler la terre avec des gants plus de cinq minutes, j'étouffe, j'ai besoin de la fraicheur et du grain des mottes à effriter entre les doigts !
Bon, pour manipuler les rosiers à la rigueur ... je retiens ta leçon d'économie, Annie ;-)

[Invité]

Je verrais plutôt ce texte côté prose, et en effet, comme déjà dit, en début d'une histoire...
Je les fais durer, je pense.

[Annie]

oui, Marvejols, mais pas de symbolisme, c'est déjà assez lourd aux choses d'être ce qu'il y a
aseptans, pourriez vous préciser?

merci embellie pour le s
merci Arielle d'avoir laissé un mot

merci à tous de votre attention.

[Invité]

J'use tout pareillement, mais la main gauche !
On pourrait faire échange, Annie, bien que ma poésie soit loin de valoir la tienne !
J'aime ce que ce texte dit et ce qu'il ne dit pas.

[Marvejols]

J'aimerais être déniaisé, qu'on me dise (éventuellement sans le dire) ce que ne dit pas ce texte.

[CALIJO]

Prose poétique ou poétique en prose, on a bien du mal
à trouver de la poésie la-dedans !

Cordialement

calijo

[Pascal-Claude Perrault]

Toi tu dois souvent aller chez Bricorama ou Leroy Merlin, ça t'inspire.

[Annie]

Un comble: je n'ai rien à dire, et je suis contrainte de répondre.

"Prolongement proposé par Marvejols puis retiré à sa demande :
"Les jours où je suis fatiguée je m'assois
sur le bord noir et gris, et je lis les noms
sur les pierres d'à côté."

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