Tenders

[loic]

Tenders

C’est au fond des plateaux que meurent les tenders
arrière-ban de machines, édulcorés de rouille
par derrières les rotondes aux verrières de suie

Les ferrailles ternies s’en retournent à l’oxyde
rougeoyantes sous l’ocre qui couvre l’abandon
de siècles égrotants sous le joug de l’argent

Ainsi vont les machines dont l’âme n’est que de fer
elles couraient sur la trace de minutes perdues
au tribunal des hommes devenus procureurs.

[Invité]

"Love me tender" ...

Ce texte descriptif est intéressant avec des images fortes.

Mais je ne comprends pas complétement la "morale" de l'histoire : après le superbe : "elles couraient sur la trace de minutes perdues", le "au tribunal des hommes devenus procureurs."

Je vois ce que ça veut dire mais c'est le côté "tribunal" et "procureur" qui coince (pour moi).

[loic]

j'ai voulu faire lien entre le jeu des minutes, celles qui évoquent le temps et celles rendues par un tribunal, je pense que ça peut éclairer la lecture..

[Invité]

Là c'est clair, et bien vu.

[Marvejols]

Loïc, j'adore vos complaintes des siècles du fer et de la rouille des hommes. Pour moi le plus beau passage est celui-ci :
"Les ferrailles ternies s’en retournent à l’oxyde
.... sous l’ocre qui couvre l’abandon"
(minette tu étais minette tu redeviendras). Le rougeoyant me le gâche un peu, je ne suis pas sûr que la contrainte des vers à mesure constante vous exprime toujours avantageusement : parfois des vers libres ou des paires ou tierces de vers "isomètres" serait peut-être approprié. En attendant, avec "qui couvre l'abandon" vous donnez aux machines qui meurent une pudeur d'oiseaux blessés qui se cachent ou de bêtes fidèles que l'homme a délaissées sans égard : leur abandon sera probablement un jour le sien. On meurt par où l'on a pêché.

De même je trouve que le vers 1 aurait avantage à être suivi directement, comme motrice par son tender, du vers 3. Ce qui donnerait :
C’est au fond des plateaux que meurent les tenders
par derrière les rotondes aux verrières de suie

J'avoue que j'ai du aller au dico pour Tenders et que j'ai un peu galéré car égrotant n'est pas à mon TLFi en ligne (donc pas au Littré non plus: je l'ai trouvé au Larousse qui dit "Littéraire. signifie qui tend à souvent tomber malade").

Superbe passage est aussi celui-là :
Ainsi vont les machines dont l’âme n’est que de fer
elles couraient sur la trace de minutes perdues.

Et perso je m'arrêterais volontiers là. Le tribunal des hommes (que l'homme exerce sur les choses ou le tribunal des siècles qui s'occupe de lui) est déjà dans tout le texte. Inutile de s'appesantir en obscure procure...

[Invité]

Je me répète, ces thèmes te sont chers et tu les mets si bien en poésie. De plus pour moi, il y a toujours un mot ou deux dont je dois chercher la définition (ici "égrotants").
Par contre, je me suis demandée s'il fallait bien un "s" à "derrières" et le dernier vers n'est pas trop à la hauteur du poème, à mon avis.

[Arielle]

Avec l'inversion proposée par Marvejols je trouve splendides les deux premières strophes de ce tableau qui brosse si bien l'univers dont tu t'es fait une spécialité, Loïc.
Je suis moins enthousiasmée par la dernière dans laquelle le jeu de mots sur "minutes" ne me convainc pas plus que la répétition du mot machine (outil ?) Je crois qu'elle pourrait être améliorée pour atteindre le niveau des deux précédentes

[Janis]

aussi, toujours

[Marvejols]

Comment prononce-t-on Tender dans le milieu ferroviaire: le TènnDeur ou le Tandère? (je penche pour cette dernière solution). Comme il n'y a pas de rime, impossible de savoir sur la base du poème...

[loic]

merci à vous, je reprendrais ce texte a l'aide de vos remarques, car en postant ici je suis bien dans l'esprit atelier d'écriture, ce qui fût long pour moi a envisager eut égard à mon immense talent et mon égo démesuré
:))))))

marvejols tender comme ça se prononce: tant d'air

[Invité]

Pour l'ego, je ne sais pas mais pour le talent, je suis d'accord avec l'adjectif !

[Invité]

Loïc, toujours lectrice silencieusement fidèle de cet univers qui te colle à la peau et dans lequel je me retrouve aussi.

[Pascal-Claude Perrault]

Poésie pragmatique dont tu es le spécialiste. Ça marche toujours.
J'ai également galéré pour trouver égroter, le dico me proposant écroter, ce qui n'est pas la même chose.

[loic]

Tenders

C’est au fond des plateaux que meurent les tenders
par derrières les rotondes aux verrières de suie
arrière-ban de machines, édulcorés de rouille

Ondoyeuses sous l’ocre qui couvre l’abandon
les ferrailles ternies s’en retournent à l’oxyde
de siècles égrotants sous le joug de l’argent

Ainsi vont les vapeurs dont l’âme n’est que de fer
elles couraient sur la trace de minutes perdues
en battant la mesure sous la poigne d’humains

[Frédéric Prunier]

pour le dernier vers,et juste pour le sourire,
le broc-que je suis vous dit:

... jusqu'au jour où son poids, vaudra plus que sa chair !!

(et oui...l'objet ne change pas, c'est son prix qui change)

................................

j'aime toujours vos écrits, où je me sens proche de votre façon de voir les choses

amitié

[Hop-Frog]

Vous peignez admirablement. Mais je rejoins éclaircie : par-derrière, non ?

[Arielle]

J'aime beaucoup plus le dernier tercet vu sous cet angle, quoique "n'est que de" ... et puis j'aimerais mieux "des hommes" plutôt qu'humains.
Aïe ! aïe ! de quoi j'me mêle ? Je vais me faire maudire par le grand homme ...

[loic]

Tenders

C’est au fond des plateaux que meurent les tenders
par derrière les rotondes aux verrières de suie
arrière-ban de machines, édulcorés de rouille

Ondoyeuses sous l’ocre qui couvre l’abandon
les ferrailles ternies s’en retournent à l’oxyde
de siècles égrotants sous le joug de l’argent

Ainsi vont les vapeurs dont l’âme a goût de fer
elles couraient sur la trace de minutes perdues
en battant la mesure sous la poigne des hommes

[Marvejols]

Ah! les pinailleurs..!
Je préfèrais les "machines dont l'âme" aux "vapeurs". Si vous voulez maintenir ces dernières (s/entendu: loco?) arrivées là pour éviter la répétition de machines, je les verrais plutôt à la première strophe.

C’est au fond des plateaux que meurent les tenders
par derrière les rotondes aux verrières de suie
arrière-ban de vapeurs, édulcorés de rouille

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