Fourbu
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Hop-Frog
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Arielle
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Fourbu
Toutes ses ombres bues au revers des talus
le chemin gravillonne
épuise le marcheur
dépouillé pas à pas du cuir de sa candeur
Il a perdu le fil du voyage à rebours
et cousu dans le noir
une taie sur l'espoir
tel un faucon frileux que sa quête a usé
trop de leurres manqués lui ont fauché les ailes
Le pèlerin fourbu
est cet oiseau dressé au poing de chaque jour
amer et mutilé
le chemin gravillonne
épuise le marcheur
dépouillé pas à pas du cuir de sa candeur
Il a perdu le fil du voyage à rebours
et cousu dans le noir
une taie sur l'espoir
tel un faucon frileux que sa quête a usé
trop de leurres manqués lui ont fauché les ailes
Le pèlerin fourbu
est cet oiseau dressé au poing de chaque jour
amer et mutilé
Re: Fourbu
J'imaginais la candeur moins coriace !
Sinon, toujours émouvant, ces marcheurs fatigués.
J'aime particulièrement ton premier vers :
on a toujours plusieurs ombres...
Sinon, toujours émouvant, ces marcheurs fatigués.
J'aime particulièrement ton premier vers :
Toutes ses ombres bues au revers des talus
on a toujours plusieurs ombres...
Invité- Invité
Re: Fourbu
On s'y croirait...
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Fourbu
Juste un petit mot sur le style : je suis toujours aussi charmé par l’alchimie musicale de la déconstruction du classique et je n’aurais rien à corriger sur la partition, pas un bémol (sauf peut-être les « leurres manqués» mais qui ont quand même blessé l’oiseau ?).
Arielle, je vais être prudent pour commenter Fourbu, car, après avoir lu le commentaire d’Annie sur Le Cerisier, je me suis aperçu que je m’étais planté sur le sens. Je vais donc y aller à tâtons avec mon bâton ou plutôt avec ma canne.
Au fond, la fatigue, ou plutôt la vieillesse, n’est peut-être qu’un symbole. Comme je n’ai pas envie de me casser la tête, je lis Fourbu au 1° degré.
Même le faucon bat de l’aile ! Pis, il est piégé (c’est avec la glue qu’enfant je piégeais les rapaces pour protéger les petits poussins).
Tous les chemins ne mènent pas à Rome, je sais, mais de ma vieille vie de randonneur, je n’ai jamais vu un chemin sans mousse pour se reposer, un chemin qui ne permette pas de faire demi-tour, ni même un parcours sans croisée de chemins (je n’aime ni les chemins de remembrement, ni les autoroutes).
Ton poème est angoissant, d’autant plus que la délicatesse du style contraste énormément avec la brutalité du tragique, comme si tu caressais le désespoir pour le faire ronronner.
Mais la vieillesse, c’est âge d’or, n’est peut-être pas la bonne piste. Peut-être une autre souffrance ?
J’ai lu ailleurs, un poème optimiste où tu invitais au voyage. Je n’avais peut-être pas très bien compris alors s’il fallait s’aventurer du nord au sud ou d’ouest en est, encore que…
Ce n’est donc pas le chemin lui-même qui est en question, mais, encore une fois peut-être, la façon de s’y balader.
Les poèmes tragiques d’Arielle sont à lire avec des pincettes, j’aime.
Arielle, je vais être prudent pour commenter Fourbu, car, après avoir lu le commentaire d’Annie sur Le Cerisier, je me suis aperçu que je m’étais planté sur le sens. Je vais donc y aller à tâtons avec mon bâton ou plutôt avec ma canne.
Au fond, la fatigue, ou plutôt la vieillesse, n’est peut-être qu’un symbole. Comme je n’ai pas envie de me casser la tête, je lis Fourbu au 1° degré.
Même le faucon bat de l’aile ! Pis, il est piégé (c’est avec la glue qu’enfant je piégeais les rapaces pour protéger les petits poussins).
Tous les chemins ne mènent pas à Rome, je sais, mais de ma vieille vie de randonneur, je n’ai jamais vu un chemin sans mousse pour se reposer, un chemin qui ne permette pas de faire demi-tour, ni même un parcours sans croisée de chemins (je n’aime ni les chemins de remembrement, ni les autoroutes).
Ton poème est angoissant, d’autant plus que la délicatesse du style contraste énormément avec la brutalité du tragique, comme si tu caressais le désespoir pour le faire ronronner.
Mais la vieillesse, c’est âge d’or, n’est peut-être pas la bonne piste. Peut-être une autre souffrance ?
J’ai lu ailleurs, un poème optimiste où tu invitais au voyage. Je n’avais peut-être pas très bien compris alors s’il fallait s’aventurer du nord au sud ou d’ouest en est, encore que…
Ce n’est donc pas le chemin lui-même qui est en question, mais, encore une fois peut-être, la façon de s’y balader.
Les poèmes tragiques d’Arielle sont à lire avec des pincettes, j’aime.
Re: Fourbu
Malgré la fatigue, le marcheur progresse au rythme rassurant de l'alexandrin
Sonorités et rimes presque toutes masculines durcissent le texte
.Tout randonneur le sait. La marche (silencieuse) irrigue les boyaux de la tête qui carburent dans tous les sens.
Pas étonnant que le pèlerin se prenne pour un faucon dressé aupoint poing du jour.
En connaisseur, j'ai bien aimé.
PS: "Gravillonne" est très suggestif
Sonorités et rimes presque toutes masculines durcissent le texte
.Tout randonneur le sait. La marche (silencieuse) irrigue les boyaux de la tête qui carburent dans tous les sens.
Pas étonnant que le pèlerin se prenne pour un faucon dressé au
En connaisseur, j'ai bien aimé.
PS: "Gravillonne" est très suggestif
Invité- Invité
Fourbu
Superbe poème que j'ai lu comme une transposition du voyage dont toute vie est faite.
Toute vie nous mène de la candeur des enfants - trop vite perdue, trop vite déçue; à la fatigue de l'âge. Que cette fatigue ne se fasse pas découragement, abattement, rejet, c'est tout un art; l'art peut être d'être grand-mère?
J'ai tiqué sur
le cuir de la candeur, si la candeur est de cuir, se déniaiser c'est se couvrir d'une armure d'acier!
les leurres manqués: si je comprends le sens, avoir été leurré lui a coupé les ailes. Mais dans ce cas le leurre est réussi, la tromperie a gagné.
Toute vie nous mène de la candeur des enfants - trop vite perdue, trop vite déçue; à la fatigue de l'âge. Que cette fatigue ne se fasse pas découragement, abattement, rejet, c'est tout un art; l'art peut être d'être grand-mère?
J'ai tiqué sur
le cuir de la candeur, si la candeur est de cuir, se déniaiser c'est se couvrir d'une armure d'acier!
les leurres manqués: si je comprends le sens, avoir été leurré lui a coupé les ailes. Mais dans ce cas le leurre est réussi, la tromperie a gagné.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Fourbu
Je trouve aussi votre cuir étrange, mais ce ne me déplaît pas.
Une toute petite réserve sur la dernière strophe, pour ce qu'elle semble vouloir justifier ce qui précède.
Une toute petite réserve sur la dernière strophe, pour ce qu'elle semble vouloir justifier ce qui précède.
Hop-Frog- Nombre de messages : 614
Age : 35
Date d'inscription : 11/04/2012
Re: Fourbu
j'avoue avoir du mal avec le sens de votre poème
parce que le pélerinage ancre pour moi un sens de la marche, vers un essai de comprendre, une mise au point, un peu comme un coup d'oeil jeté à la boussole (sans obligatoirement de questionnement religieux...) et implique que cela soit, à l'arrivée, au moins parce que l'on a été jusqu'au bout, positif...
alors que j'ai l'impression, en lecture
que vous dirigez ce texte...
dans le sens inverse que les aiguilles nous montrent....????....
....
en avez vous marre d'essayer de faire des efforts ? ((euh..buvez fanta!)
...
ma difficulté de m'orienter dans ces lignes
me gâche donc un peu la beauté des couleurs, intérieures, de chaque vers
j'aime bien quand même
amitié
parce que le pélerinage ancre pour moi un sens de la marche, vers un essai de comprendre, une mise au point, un peu comme un coup d'oeil jeté à la boussole (sans obligatoirement de questionnement religieux...) et implique que cela soit, à l'arrivée, au moins parce que l'on a été jusqu'au bout, positif...
alors que j'ai l'impression, en lecture
que vous dirigez ce texte...
dans le sens inverse que les aiguilles nous montrent....????....
....
en avez vous marre d'essayer de faire des efforts ? ((euh..buvez fanta!)
...
ma difficulté de m'orienter dans ces lignes
me gâche donc un peu la beauté des couleurs, intérieures, de chaque vers
j'aime bien quand même
amitié
Re: Fourbu
Comme je n'ai pas remercié mes lecteurs de cerisier, pour des histoires d'échelons à grimper, je me dépêche de vous dire ma reconnaissance, à vous qui avez partagé un bout de ce voyage.
La vie, mais oui Damy, la nôtre bien sûr, (la vieillesse, tout ça) mais aussi et surtout celle, infiniment plus pénible, d'autres voyageurs, migrants venus du Sud ou d'ailleurs, les poches pleines d'espoir et chaussés de candeur, que les leurres ont usés et qui se retrouvent désabusés, fourbus, sans possibilité de retour, enchaînés au gant qui les retient.
Je n'ai sans doute pas réussi à évoquer assez clairement cette dernière image, craignant de donner dans le pathos, je m'en suis tenue trop à distance. C'est peut-être ce qui te gêne Frédéric.
Pour moi, le pèlerin est avant tout un marcheur, quel que soit son but et puis, j'avais envie de jouer avec l'image du faucon-pèlerin aussi, bien sûr !
La vie, mais oui Damy, la nôtre bien sûr, (la vieillesse, tout ça) mais aussi et surtout celle, infiniment plus pénible, d'autres voyageurs, migrants venus du Sud ou d'ailleurs, les poches pleines d'espoir et chaussés de candeur, que les leurres ont usés et qui se retrouvent désabusés, fourbus, sans possibilité de retour, enchaînés au gant qui les retient.
Je n'ai sans doute pas réussi à évoquer assez clairement cette dernière image, craignant de donner dans le pathos, je m'en suis tenue trop à distance. C'est peut-être ce qui te gêne Frédéric.
Pour moi, le pèlerin est avant tout un marcheur, quel que soit son but et puis, j'avais envie de jouer avec l'image du faucon-pèlerin aussi, bien sûr !
Re: Fourbu
Quelques belles images rendues faciles à placer par l'absence de prosodie.
Cordialement
calijo
Cordialement
calijo
CALIJO- Nombre de messages : 105
Age : 72
Date d'inscription : 21/03/2012
Re: Fourbu
Bon, soit, le marcheur est fourbu. Aurait-il perdu la foi ?
S'il voyage vers la Mecque, il doit avoir la pêche !
S'il est le randonneur d'une vie, et que le voyage, le chemin sont sa vie,
Alors, il n'a qu'à bivouaquer de temps à autre, se reposer, reprendre des forces.
Car ainsi en est-il de ce chemin de grande randonnée que l'on attaque très tôt
avec énergie ; il nous en fait voir de toutes les couleurs, mais toutes les couleurs sont belles.
Cette marche en avant ne doit pas être forcenée ou désabusée, quant bien même s’agirait-il
d’immigration. Je marche, tu marches, il marche, nous marchons tous. C’est un aller sans retour où,
certes, la fatigue est du voyage, mais elle n’est qu’un élément. Elle est la sueur, le travail, la peur aussi.
Tous cela est très positif à mon sens. Nous ne sommes pas en villégiature.
Le monde, la vie, se créent d’instant en instant par l’ouvrage.
Se sentir prisonnier d’une condition tel un oiseau mutilé est pessimisme.
Cet état d’esprit interdit toute libération, ne proposant qu’un cul-de-sac.
Se libérer du connu qui nous entrave, du conditionnement qui nous sclérose, est le
début d’une nouvelle énergie.
Si et un voyage de mille lieues commence par un pas (Lao-Tseu),
La liberté est un pays sans chemin (Krishnamurti).
Ensuite, l’expansion fait son œuvre.
S'il voyage vers la Mecque, il doit avoir la pêche !
S'il est le randonneur d'une vie, et que le voyage, le chemin sont sa vie,
Alors, il n'a qu'à bivouaquer de temps à autre, se reposer, reprendre des forces.
Car ainsi en est-il de ce chemin de grande randonnée que l'on attaque très tôt
avec énergie ; il nous en fait voir de toutes les couleurs, mais toutes les couleurs sont belles.
Cette marche en avant ne doit pas être forcenée ou désabusée, quant bien même s’agirait-il
d’immigration. Je marche, tu marches, il marche, nous marchons tous. C’est un aller sans retour où,
certes, la fatigue est du voyage, mais elle n’est qu’un élément. Elle est la sueur, le travail, la peur aussi.
Tous cela est très positif à mon sens. Nous ne sommes pas en villégiature.
Le monde, la vie, se créent d’instant en instant par l’ouvrage.
Se sentir prisonnier d’une condition tel un oiseau mutilé est pessimisme.
Cet état d’esprit interdit toute libération, ne proposant qu’un cul-de-sac.
Se libérer du connu qui nous entrave, du conditionnement qui nous sclérose, est le
début d’une nouvelle énergie.
Si et un voyage de mille lieues commence par un pas (Lao-Tseu),
La liberté est un pays sans chemin (Krishnamurti).
Ensuite, l’expansion fait son œuvre.
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 63
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Fourbu
ben franchement Arielle, la prochaine fois, tu tâcheras d'être plus Claire ! Voir le problème politique des courants migratoires (autres que ceux des faucons et des pèlerins, bien sûr) l'aurait fallu que j'eus une longue vue....
Je croyais simplement que tu avais mal à la hanche...
Je croyais simplement que tu avais mal à la hanche...
Re: Fourbu
Moi j'aime bien quand ce n'est pas clair
et que chacun voit son obsession dans les mots écrits
J'y ai vu un cheminement intérieur
(ce n'est pas le chemin qui est difficile
c'est le difficile qui est le chemin
disait ce gai luron de Kierkegaard)
depuis quelques jours je le lis et relis
et ça m'a plu
et j'aime particulièrement le titre
et que chacun voit son obsession dans les mots écrits
J'y ai vu un cheminement intérieur
(ce n'est pas le chemin qui est difficile
c'est le difficile qui est le chemin
disait ce gai luron de Kierkegaard)
depuis quelques jours je le lis et relis
et ça m'a plu
et j'aime particulièrement le titre
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
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