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32 20 blues

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Message  Dean_Moriarty Mer 16 Mai 2012 - 7:26


32-20 Blues

Je connaissais Clarence depuis six mois quand je suis rentré chez lui pour la première fois. Il vivait avec son père dans une petite maison sur Aberdeen Street, à une petite flopée de rues de chez moi.
Ce jour là, on avait trainé une bonne partie de l’après midi au Summerfield Park et Clarence m’avait invité à gouter sa tambouille. J’avais accepté et j’entrais donc vingt minutes plus tard dans une petite bicoque à la décoration caribéenne de rigueur dans une famille de jamaïcains. Son père est rentré une heure plus tard en claquant la porte.

Lewis Christie était un grand bonhomme à l’allure débonnaire, une moustache blanche barrait son visage et trahissait par sa couleur l’âge qu’il devait avoir.
Il s’est amené près de moi et m’a tendu la main, jamais vu une paluche de cette taille, il me souhaita la bienvenue chez lui, et partit s’assoir au salon, dans son rockin’chair.
Il était ouvrier pour BSA Guns, et toute la sainte journée, il soudait et assemblait des fusils
Il disait toujours qu’en tant que jamaïcain, c’était mieux d’avoir une arme en main que d’être à l’autre bout du canon.
Clarence nous prépara un Brown chicken, sa spécialité qu’il disait.

Le repas terminé, Lewis se leva de table et alluma son vieux phonographe. Après une série de petits craquements dus au diamant sur le vinyle, le son assez strident d’une guitare lointaine se fit entendre.
Un rythme strict, régulier et bizarrement chaloupé. La voix d’un homme vint l’accompagner, avec dans son timbre une plainte clairement assumée. La voix d’un type qui te raconte ses problèmes en les prenant à bras le corps, expulsant sa rage en les chantant .C’était Robert Johnson
Le vieux Lewis commença à opiner du chef à chaque coup sur la guitare, il écoutait avec délectation cette musique qui semblait le posséder.
Il ferma les yeux quelques secondes et sourit béatement. La chanson se termina, il éteignit son tourne-disque.
J’avais jamais entendu un truc pareil, le rythme me resta en tête encore quelques instants. En vérité, il ne m’a jamais vraiment quitté.
Puis s’en suivit un récit de la vie de ce bluesman du Mississippi, qui d’après la légende aurait pactisé avec le diable, qui en échange de son âme, lui aurait permis de devenir un virtuose de la six cordes.
Cette histoire s’ancra si fort en moi que quelques années plus tard, j’aurai à mon tour l’impression de conclure un drôle de marché.

Ce soir- là, en rentrant chez moi, je me suis rué sur le phonographe et la collection de disques de mes parents. À mon grand désespoir il n’y avait rien de comparable à ce que possédait Lewis mais je dois dire que ces vinyles m’ont permis de me forger une oreille correcte. Mes parents étaient plutôt branchés country : Willie Nelson, Chet Atkins ou The Everly Brothers.

Tous les soirs de cet automne 1960, je suis retourné écouter le blues du vieux Lewis et un jour il me raconta sa vie, Il avait foutu le camp de son île en septembre 1936 quand elle était encore une colonie de l’Empire. Bien décidé à se faire une place, il avait embarqué dans un radeau de fortune direction la Caroline du Nord.il avait 26 ans. Arrivé là bas, il ne trouva rien d’intéressant, le spectre du krach boursier de 1929 était encore trop présent pour faire marcher l’économie locale. Il travailla dans une ferme en cumulant les emplois d’ouvrier agricole et de gardien. Le fermier était content de lui et le payait correctement. Bref, sept mois plus tard il avait assez d’argent pour se payer une voiture et il taillait la route en ligne droite vers le grand ouest, là où du travail l’attendait. Il posa ses bagages à San Francisco et il aida à la fin du chantier du Golden Gate.
Et comme il paraissait en veine, le destin décida de mettre sur sa route la belle Martha. Une jeune cuisinière originaire de la Barbade. Ils se marièrent et s’installèrent peu après dans une petite maison sur Mission Street dans le quartier Excelsior. Clarence y est né, la même année que moi, en 1943.
Malheureusement l’accouchement fut difficile et Lewis échangea une femme contre un fils.
Il continua de suivre le chemin de sa vie qui le mena ici, en Angleterre. En ces temps de guerre, il ne lui fut pas difficile de trouver un emploi alors que la production de fusils battait son plein.

Un jour qu’on écoutait un disque de Howlin’Wolf le vieux et moi, il quitta la pièce et revint quelques instants plus tard avec une guitare dans la main. C’était une Gibson L-1 usée par le temps et les coups. Il la posa contre son phonographe et repartit sans même me décocher un regard. Quand il est revenu il tenait un étui à guitare. Il s’est rassit près de moi et a ouvert l’écrin. Un superbe instrument flambant neuf y reposait. Une autre Gibson, une J-45. Il m’a demandé si je pigeais quelque chose à la musique. Alors je lui ai expliqué que ma mère m’avait mis au solfège et au violon quand j’étais gamin. Il me restait quelques trucs de ces années là mais à l’époque je pensais plutôt à aller faire un foot avec mes copains.
Il sourit et posa la L-1 sur mes genoux.
L’apprentissage de l’instrument a été plutôt rapide et à la fin de l’hiver je commençais à me débrouiller. Il faut aussi avouer que Lewis était un sacré bon professeur. Il vivait tellement son blues qu’il me l’expliquait de façon à ce qu’un pauvre petit anglais de Birmingham puisse comprendre l’essence de cette musique. Coté technique, ça n’est pas compliqué à assimiler. Un rythme ternaire syncopé et une mélodie composée de trois accords. Mais connaitre le blues, ça n’est pas le jouer et il faut une vie pour savoir l’interpréter correctement. Je pense que je devais m’en sortir puisque souvent quand on jouait, Lewis balançait sa tête de plaisir.

Ma relation avec Clarence a commencé à se détériorer au fur et à mesure que je passais du temps chez lui, il était un peu jaloux et ça pouvait se comprendre. Mes parents aussi avait quelques réticences à se que je déserte si souvent la maison. Faut dire que ma moyenne à l’école commençait sérieusement à piquer du nez. Au point qu’un jour, mon père décida qu’il ne serait plus question que je sorte. À ce moment là, Lewis et moi avions un rapport à l’autre tout particulier. Au niveau de la musique, le professeur était devenu exigeant en constatant mes dispositions, mais l’homme me passionnait, son histoire était incroyable et j’apprenais tous les jours avec lui. Quand je lui ai annoncé mon assignation à résidence, il pesta contre mes parents et finalement me fit un merveilleux cadeau. Il me confia sa vieille L-1 en me disant que je n’aurais pas besoin de lui rendre.
A la fin de l’année scolaire, mon père du se résigner, je ne reprendrais pas son cabinet de pédiatre. Je me dirigeais plutôt vers la Birmingham Art School accompagné de ce bon vieux Clarence avec qui ça allait beaucoup mieux depuis qu’on se voyait seulement au lycée. J’avais gagné de l’argent en faisant des petits boulots pendant les deux dernières années, que j’avais mis de coté. Assez d’argent pour assumer quelques loyers d’un appartement en centre ville.
Pendant l’été 1961 j’avais un super job chez un disquaire. Je classais et rangeais les vinyles. L’occasion d’écouter encore de la musique. La découverte du son électrique de Chuck Berry finit de me convaincre de laisser tomber l’idée d’une piaule pour la rentrée et de claquer l’argent gagné dans une guitare électrique, un ampli, une belle collection de disques et une platine vinyle.

Ma mère était contente que je reste à la maison, malheureusement pour elle, ce fut de courte durée puisque moins d’un mois après la rentrée à l’université, j’avais rencontré un type dans un cours d’histoire de l’art. Une espèce de doux dingue, on avait parlé musique on avait les mêmes goûts mais lui en connaissait bien plus long que moi. Quand il a su que je vivais chez mes parents il m’a proposé de vivre chez lui, un vrai numéro le Charlie.

C’était un grand blond filiforme et plutôt androgyne. Je me souviens m’être demandé s’il n’avait pas une d’idée derrière la tête en m’invitant à partager son appartement. Mais je l’avais vu plusieurs fois avec des filles de bonnes familles qu’il semblait aimanter, il avait l’air d’aimer leur compagnie. Il s’habillait le plus souvent avec des chemises a jabots et des pantalons en velours ; il en avait de toutes les couleurs. Un jour il est arrivé en classe avec sa guitare, Une Martin D-18 plutôt amochée. Entre deux cours il joua Hobo Blues de John Lee Hooker. Sa voix était plus frêle que celle du bluesman mais il dégageait une assurance folle et son jeu était précis et ciselé. Je n’avais jamais entendu chanter le blues de cette façon. Charlie transpirait la musique dans tout ce qu’il faisait et même quand il vous parlait, il semblait poser ses phrases sur un rythme que lui seul entendait. C’est ce jour là que j’ai pris la décision de m’installer chez lui. Quelque chose me disais que si je voulais progresser en tant que musicien c’est avec Charlie Davies que je devais trainer.

Je débarquais donc chez lui avec mon baluchon et ma guitare un dimanche matin de mars 1961. Il habitait dans un grand duplex assez sombre dans un vieil immeuble sur Colmore Row, pas loin de la cathédrale Saint Philippe. Il m’a fait de la place dans une des pièces ou j’ai pu installer ma platine et un matelas. Je m’y suis vite senti chez moi, nous avions chacun notre chambre et le living était encore spacieux malgré la présence d’un piano. Clarence venait me voir de temps en temps et il en profitait aussi pour acheter de la marijuana à Charlie, qui en vendait un peu aux copains. C’était surtout un gros consommateur. Moi, j’en profitais pour prendre des nouvelles de Lewis.
Je n’avais pas beaucoup d’amis en ce temps là, j’étais plutôt timide et solitaire. Ça a vite changé puisque Charlie avait des visites tous les jours après les cours. Des filles, des musiciens, des artistes et d’autres qui s’autoproclamaient « libres penseurs ». Tout ce beau monde venait pour écouter jouer Charlie, fumer de l’herbe et boire du brandy. La première fois que je l’ai accompagné à la guitare, c’est lui qui me l’a demandé alors qu’on était tous raides, un nuage de fumée opaque au dessus de la tête. Je suis allé chercher ma Gibson et Charlie s’est installé au piano. On a joué Key to the Highway de Big Bill Broonzy, puis il m’a accompagné à l’harmonica sur Good Morning Little Schoolgirls de Sonny Boy Williamson. Après cela, on a improvisé pendant une bonne demi-heure sans se soucier des autres.

Parmi ceux qui nous écoutaient, il y avait Peter Rose. Un trentenaire, célibataire endurci et plutôt vieux jeu mais grand amateur de fête. C’était un aristocrate, fils d’un couple de diplomates souvent absent. Il vivait à Coventry dans un énorme cottage de style Tudor. C’était un intellectuel élégant féru de Jazz et de Blues. Il m’a dit qu’il collectionnait les disques et qu’il fallait que je vienne y jeter un coup d’œil. Un jour j’ai donc pris un train pour aller saluer Peter. Il est venu me chercher à la gare de Coventry dans une Pontiac Star Chief que son père avait fait importer des Etats Unis. Il roulait sans permis avec la bénédiction paternelle sans aucune inquiétude. Il faut dire qu’à cette époque, les flics du coin n’allaient surement pas arrêter un jeune homme comme Peter dans une si belle voiture, ou alors simplement pour parler cylindres. Sa maison était une très belle demeure anglaise à la façade couverte de vigne vierge et de lierre. Et le bougre ne mentait pas au sujet de sa collection. Il y avait là au moins cinq cent disques, essentiellement du Blues. Il avait aussi une belle guitare, une Gretsch, je crois. Il m’invita à l’essayer et cinq minutes plus tard il déclara d’un ton très officiel qu’il admirait la façon dont je m’exprimais à travers la musique. J’ai été un peu surpris et je n’ai pas su quoi répondre à part « Merci ». Peter était un de ces gars qui aime faire des rapprochements entre chaque chose et dans le cas présent, il s’efforçait de comprendre ce que les sons qui sortaient de la guitare voulaient raconter. Moi je me disais simplement qu’il aimait philosopher sur tout et n’importe quoi. Cette fois là, je crois lui avoir emprunté une bonne cinquantaine de vinyles. J’étais aux anges à l’idée d’écouter ça attentivement. Je suis parti en autocar en fin d’après midi et je suis renter à Colmore avec mon trésor sous le bras, impatient de partager ça avec Charlie.
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Message  Invité Mer 16 Mai 2012 - 8:47

Oui. J'aime beaucoup beaucoup, c'est une lecture vraiment très fluide, très plaisante ; on frôle ici et là quelques clichés mais on ne fait que les frôler, je trouve la narration sûre, maîtrisée, rigoureuse et souple à la fois. Et puis le thème, l'ambiance, les personnages me plaisent.
Je ne sais pas où ce récit va mais j'y vais de bon coeur, disons même avec une certaine impatience.

Juste une chose ici : "Il avait aussi une belle guitare, une Gretsch, je crois. " Le "je crois" me semble inopportun, le narrateur est trop connaisseur, trop attaché au détail du matériel musical.

Dernière chose, cette fois concernant les us et coutumes du forum : si tu veux faire un retour de commentaire, c'est ici qu'il faut se rendre : http://www.vosecrits.com/t10500-discussions-autour-de-nos-textes

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Message  ubikmagic Mer 16 Mai 2012 - 9:12

Je ne suis pas spécialiste en blues. Je vois au passage des références que je suppose solides.
Indépendamment de blues ou pas, je vois surtout une belle histoire de musique et de rencontres. Des personnages intéressants, fouillés, humains, présents.
Mieux encore, un style clair, simple, fluide.
Tout ça a filé d'un trait, malgré la longueur du texte.
Reste l'impression que ça n'est qu'un début, mais ça n'est pas une impression gênante.
Superbe récit, très agréable à lire.

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Message  Jano Mer 16 Mai 2012 - 15:01

J'ai eu du mal à croire que l'histoire se passe en Angleterre tant elle respire le blues du Mississipi et les accords déchirés de l'Amérique sudiste. Plus qu'une intrigue, j'ai l'impression que vous évoquez surtout un style musical qui vous tient à coeur, une bonne occasion de passer en revue vos références. C'est plaisant à lire mais je me demande s'il ne va pas falloir sortir du simple hommage pour se concentrer davantage sur l'individualité du guitariste. Pour l'instant il n'existe qu'à travers ses idoles.
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Message  Invité Mer 16 Mai 2012 - 15:20

Oui, certes, c'est bien narré… Mais de la part d'un musicien, j'ai trouvé cela monocorde et me suis trainé jusqu'à la fin. Il n'y a pas de vie dans ce récit alors que tous les ingrédients y sont. Peut-être est-ce dû à mon état d'esprit du moment. Je l'ai lu comme on lirait un catalogue et pourtant (pour parodier l'auteur) je me suis efforcé de comprendre ce que les sons qui sortaient de la guitare voulaient raconter.

À vous lire.

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Message  Invité Mer 16 Mai 2012 - 15:28

Jano, il y a, encore aujourd'hui, en Angleterre, notamment au sud de Londres (quartier de Brixton) et dans la ville de Birmingham, d’importantes communautés de West Indians (de la Jamaïque pour beaucoup, des îles de la Barbade, des Bahamas, de Sainte Lucie...) avec leur(s) culture(s) musicale(s) (et autre(s)) propre(s). Je peux t'assurer d'expérience que le personnage et son parcours tels que décrits ici sont parfaitement crédibles. A ce titre, le récit me paraît d'autant plus exact qu'il prend bien soin de préciser :
"Il avait foutu le camp de son île en septembre 1936 quand elle était encore une colonie de l’Empire. [...] Il continua de suivre le chemin de sa vie qui le mena ici, en Angleterre."

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Message  Jano Mer 16 Mai 2012 - 16:56

Je ne mettais pas en cause la crédibilité du récit Easter, je disais que les références musicales le rapprochaient de l'histoire du sud des Etats-Unis. Pour autant j'ignorais que cette musique avait accompagné en Angleterre des émigrants et influencé les musiciens de l'époque. Tu as l'air de bien connaitre la Great Britain dis donc !
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Message  Rebecca Mer 16 Mai 2012 - 17:59

J e trouve qu'il y a là une belle matière mais je ne suis pas du tout séduite par la manière.
C'est un récit un peu scolaire et ennuyeux et le mélange du passé simple, de l'imparfait, du passé composé, et je crois du plus que parfait imprime un rythme loin d'être musical.
Tu utilises aussi beaucoup trop les verbes avoir et être, ça manque d'inventivité à mon sens et ça m'a un peu lassée, juste un extrait en exemple :

"Parmi ceux qui nous écoutaient, il y avait Peter Rose. Un trentenaire, célibataire endurci et plutôt vieux jeu mais grand amateur de fête. C’était un aristocrate, fils d’un couple de diplomates souvent absent. Il vivait à Coventry dans un énorme cottage de style Tudor. C’était un intellectuel élégant féru de Jazz et de Blues. Il m’a dit qu’il collectionnait les disques et qu’il fallait que je vienne y jeter un coup d’œil. Un jour j’ai donc pris un train pour aller saluer Peter. Il est venu me chercher à la gare de Coventry dans une Pontiac Star Chief que son père avait fait importer des Etats Unis. Il roulait sans permis avec la bénédiction paternelle sans aucune inquiétude. Il faut dire qu’à cette époque, les flics du coin n’allaient surement pas arrêter un jeune homme comme Peter dans une si belle voiture, ou alors simplement pour parler cylindres. Sa maison était une très belle demeure anglaise à la façade couverte de vigne vierge et de lierre. Et le bougre ne mentait pas au sujet de sa collection. Il y avait là au moins cinq cent disques, essentiellement du Blues. Il avait aussi une belle guitare, une Gretsch, je crois. Il m’invita à l’essayer et cinq minutes plus tard il déclara d’un ton très officiel qu’il admirait la façon dont je m’exprimais à travers la musique. J’ai été un peu surpris et je n’ai pas su quoi répondre à part « Merci ». Peter était un de ces gars qui aime faire des rapprochements entre chaque chose et dans le cas présent, il s’efforçait de comprendre ce que les sons qui sortaient de la guitare voulaient raconter. Moi je me disais simplement qu’il aimait philosopher sur tout et n’importe quoi. Cette fois là, je crois lui avoir emprunté une bonne cinquantaine de vinyles. J’étais aux anges à l’idée d’écouter ça attentivement. Je suis parti en autocar en fin d’après midi et je suis renter à Colmore avec mon trésor sous le bras, impatient de partager ça avec Charlie"

Je pense que ça vaudrait vraiment la peine de le réécrire en enrichissant, en multipliant les verbes. Par contre user de raccourcis à certains moments rendrait la narration et la lecture plus fluide, l'histoire plus percutante. Un plus pour le lecteur.
Comme il y a du potentiel je lirai la suite mais j'avoue j'attends un peu plus de pep's et de vie sinon ça pourrait tourner ambiance documentaire et ça serait juste dommage.
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Message  Dean_Moriarty Mer 16 Mai 2012 - 18:06

la suite, et au passage un grand merci de prendre le temps de me lire!



Les semaines suivantes, on a passé tout notre temps libre à travailler ces morceaux, a force d’écoutes. Charlie continuait à voir toute sa cour mais à l’extérieur. Chez nous désormais, seuls les musiciens étaient habilités à entrer. En fin de compte, on cherchait tous les deux la même chose. Ces séances à plusieurs n’étaient ni plus ni moins que des auditions, on cherchait des acolytes pour monter un groupe. Mais mis à part Charlie qui était pianiste, nous ne trouvions que des guitaristes plus ou moins doués. Trois semaines plus tard, on était toujours au point mort.
J’allais souvent chez Peter et je lui expliquais nos problèmes. La musique faisait maintenant partie intégrante de moi et de ma personnalité .C’est à ce moment que j’ai commencé à écrire mes propres chansons.
C’était bientôt mon anniversaire et Peter l’avait su, je ne sais pas comment. Un jour il passa à Colmore à l’improviste pour me proposer de le fêter chez lui. Il m’expliqua que de toutes façons, les invitations étaient lancées et qu’il avait du monde à me présenter.


Le 26 juin 1961, ma mère est venue me chercher pour déjeuner à la maison et fêter ma majorité. Là bas, à ma grande surprise une Austin Mini m’attendait, c’était mon cadeau. L’ambiance était bonne et pour une fois mon père n’avait rien à me reprocher. Coté étude, l’école se passait assez bien et mes résultats n’étaient pas mauvais. L’art sous toutes ses formes me passionnait. J’ai découvert beaucoup de choses sur la peinture, j’admirais le travail de lumière de Joseph Turner et de Marc Chagall.
Je suis donc reparti de chez mes parents avec ma nouvelle voiture. Je suis repassé à Colmore pour prendre Charlie et on fila chez Peter à Coventry. Arrivés là bas, les voitures remplissaient déjà le parc du cottage. Et à l’intérieur, ça grouillait de monde. Il y avait bien une centaine de personnes et je devais en connaitre dix au plus. Pourtant, quand Peter m’a présenté tout le monde, personne n’a oublié de me souhaiter mon anniversaire. L’ambiance était incroyable, certains jouaient de la guitare, les filles dansaient dans leur robes trapèze, d’autres discutaient de philosophie autour d’un joint et d’un verre de gin. On s’est assis avec Charlie dans un grand canapé en cuir et un petit gars à lunette m’a tendu un joint. Et puis, une fille est venue me servir une bière. Je me suis détendu et on a commencé à enchainer les verres. C’est la première fois que je buvais autant. J’étais content d’être entouré de tout ce monde et je commençais clairement à m’imbiber. A un moment, j’ai senti une grande main se poser sur mon épaule, c’était Clarence. Il avait reçu une invitation de Peter. J’étais plutôt content de le voir ici. Un peu plus tard, j’ai pris une guitare, Charlie a sorti son harmonica et on a joué I’m a man de Bo Diddley. Après ça, Peter est venu nous trouver pour nous présenter quelqu’un. Le type avec lui était bedonnant et il n’avait plus un poil sur le caillou. C’était un américain d’origine irlandaise, Rory Haren. Il avait plusieurs clubs dans le centre ville, je savais qu’il y organisait souvent des concerts de blues ou des petits bœufs improvisés avec les musiciens du cru.


Il nous a félicités pour le morceau de Diddley et il nous a invités à venir au Diamond Pipe, un club sur Kingston Row, pas très loin de notre appartement .On a bien sur accepté, on a même promis de passer le lendemain.
On est partis très tard de chez Peter et on n’était pas vraiment frais pour notre rendez-vous du lendemain. Mais je ne voulais vraiment pas passer à coté d’une occasion comme celle là de faire de la musique avec un peu plus de sérieux. J’ai du motiver Charlie avec beaucoup de conviction pour le faire sortir de son lit. Je lui ai même préparé un thé avec une larme de gin. Quand on est partis pour le club, j’ai remarqué qu’il ne s’était pas changé depuis la veille. Il avait dormi tout habillé. Un quart de bus plus tard, on était en face du Diamond Pipe. C’était un club de Blues et de Jazz assez réputé dans le coin. Il était 19heures et le club commençait à se remplir. On est entré, il y avait un quartet de Jazz qui jouait sur une petite scène. Rory Haren, le proprio, buvait une bière au bar. Il nous a fait un signe et on est allé le saluer. Il nous a offert un verre et il nous a dit que si on voulait, on pourrait jouer quand le groupe aurait fini. Il a fait signe à deux autre gars qui sont venus nous rejoindre et il nous a annoncé qu’on allait jouer avec eux. John Dixon était bassiste, c’était un roux d’environ vingt cinq ans avec de grandes mains très fines. L’autre avait des cheveux d’un blond presque blanc et il semblait mesurer deux mètre. Il s’appelait Misha Kurin mais tout le monde le surnommait « Russ ». A vrai dire, ses parents venaient d’Ukraine. Il jouait de la batterie et plutôt bien. Il était très poli et assez réservé.


En fait, cette invitation tenait plus à un engagement. Haren a posé de l’argent sur la table, et nous a demandé d’aller accorder nos instruments. J’avais la trouille et je pense que Charlie aussi. On a tous bu un verre et on s’est mis d’accord sur une liste de morceaux à jouer. Le gros Rory est monté sur scène et nous a annoncé sous le nom de : John Dixon’s Blues Band. C’est vrai que John était le plus âgé et le plus expérimenté de nous quatre mais à donner son nom au groupe, je me souviens avoir pensé qu’il voulait tirer la couverture à lui. J’ai appris plus tard que Rory ne se souvenait pas de nos noms et que c’était la première idée qui lui soit venue en tête au moment de nous présenter.
Peter connaissait Rory Haren et il savait que l’irlandais nous ferait jouer, alors il s’est pointé avec quelques amis.
On est donc rentré sur scène, et on a commencé notre set.
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Message  Invité Mer 16 Mai 2012 - 18:41

Bon là pour le coup ça me paraît plutôt à sens unique mais j’aime toujours même si je souhaiterais voir certains détails (autres que musicaux) étoffés. D’un autre côté, si tu as choisi d’orienter ainsi le récit, je suis aussi.

Une phrase bancale ici : "C’est vrai que John était le plus âgé et le plus expérimenté de nous quatre mais à donner son nom au groupe, je me souviens avoir pensé qu’il voulait tirer la couverture à lui."

(@ Jano : cela dit, on entend aussi pas mal de reggae dans les quartiers en question ! )

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Message  Invité Mer 16 Mai 2012 - 19:11

Je n'ai pas varié quant à ma perception. Toujours aussi plan plan (plong plong devrais-je dire… À condition que ce soit une Gibson :))).

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Message  midnightrambler Mer 16 Mai 2012 - 21:40

Bonsoir Dean_Moriarty,

Oui ... un texte de spécialiste, très bien écrit, un peu trop "technique" pour moi !

Amicalement,
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