Le zonard

[Nathanaël Zenou]

Clandestin, dans la paille, au fond de cette grange,
Où par les yeux-de-bœuf la lumière se frange
Et s’orne de poussière ainsi qu’un grand feston,
Je n’ai pour me couvrir qu’un unique veston.

J’ai zoné trop de fois, sortant ma tête à claques
De taudis en taudis, de cloaque en cloaques,
Je cherchais mon figuier, mon champ, ma source d’eau,
Mais j’ai toujours fini au pied des arbrisseaux.

Merci, arches des ponts pour l’asile et pour l'aile !
Et vous brises, merci d’avoir été les seules
Qui surent m’accueillir au sortir de mes geôles !

Merci à toi, la Mer, couchée au bord des môles !
Merci à toi, le Temps, pour tes dons éphémères,
Merci mon vieux grabat pour tes belles chimères !

[Marvejols]

NZ, vous avez une acception du zonard plutôt littéraire. Pour moi le zonard c'est le mec en treillis flanqué de 2 chiens qui puent autant que lui et qui, imbibé de bière allemande à 1,20€ et à 8,3%, passe son temps à passer (de squatt en place et de place en squatt), trimballant son hépatite C qu'il a refilée à toute sles nanas paumés qu'il paument. Et qui va injuriant ses copains, et autrui et le monde, des trous dans le cervaux désormais irréparable(s) trainant (dans la rue et dans la boue) des copines demi-rasées aux crêtes à poux et aux piercings infects, dont la féminité se résume à puer le chien. Et je me dis toujours que ces zonards à chien ont été de joyeux bambins, des chérubins de la vie, des boucles blondes, des boucles brunes. Des promesse... C'est tragique. Mais votre zonard à vous c'est un vagabond, un sdf, un sans-abri, un cheminot. Un simple pauvre. Pas un jeune-modern-mourant pour quai de gare ou hall des Halles et Hell for All.

Malgré tout, arbrisseaux ça dénote dans le contexte pour plus pur et suranné qu'il soit. Moi j'aurais mis "arbres-à-sots".

[Invité]

J'ai quant à moi pensé à Rimbaud : Ma Bohème.

" Mon paletot aussi devenait idéal"

(Je cite le vers de mémoire, sans vérifier. Pardon s'il est incomplet ou déformé).
J'ai bien aimé votre poème.

[Invité]

Réel ou fantasmé, le vagabondage est propice à l'inspiration poétique.
J'ai aussi pensé à "Ma bohème". Pour le sujet et la forme employée.
Mais le ton, en particulier celui des tercets, est plutôt celui du romantisme.
Merci, arches des ponts pour l’asile et pour l'aile !
L'écriture est soignée. J'apprécie.
"De taudis en taudis, de cloaque en cloaques,"
Cette diérèse répétée est très évocatrice.

Un beau poème, dont il serait cependant judicieux de changer le titre chargé de connotations négatives.

[CALIJO]

J'aime bien la poésie et la mélancolie qui se dégage de ce zonard.

A notre époque il faut si peu de choses pour en devenir un.

Cordialement

calijo

[Frédéric Prunier]

un sonnet pour un zonard me sonne un peu bisounours, la vérité de l'abandon me paraît jouer d'un autre registre...
à cause de cette petite dissonance entre la forme et le sujet traité
il m'est difficile d'apprécier pleinement votre texte

sinon,
si je relis en oubliant que l'on parle du mec que je croise dans la rue tout les jours, aviné comme un rat mort,
c'est un très joli texte...

amicalement,

[Arielle]

Un bien joli sonnet pour zonard d'opérette ... Trop littéraire pour qu'on y croie un seul instant mais quelques retouches suffiraient peut-être à rendre le personnage un peu plus crédible et d'actualité. Genre caniveau à la place d'arbrisseau, par exemple.
Ce serait dommage de se priver de quelques beaux vers comme ces deux-là :

J’ai zoné trop de fois, sortant ma tête à claques
De taudis en taudis, de cloaque en cloaques,

Je crois qu'il serait nécessaire de durcir le propos si vous tenez à garder ce titre, sinon il s'agit juste d'un gentil vagabondage vaguement rimbaldien, ce qui n'est déjà pas si mal ! Mais quand un auteur maitrise si bien la forme, on a tendance à lui en demander un peu plus du côté du sens.

[Jean Lê]

Un zonard qui me plait avec de belles oppositions dans les images. Un coté sur "la route" qui va bien.

[Jano]

Il y a zonard des villes et zonard des champs. Ici on a visiblement affaire à un zonard des champs, le terme "vagabond" aurait été plus approprié du coup. Je rejoins les commentaires qui repprochent à cette poésie, joliment formulée par ailleurs, son caractère romantique qui ne colle pas à la véritable condition d'un SDF.

[Albert-Robert]

En lisant ce poème très réussi, j'ai "vu" ces milliers de SDF dont la condition est désastreuse.

Monsieur Prunier, quant à lui, continue à dispenser ses précieuses leçons.

[Invité]

J'ai aimé certaines choses.
La lumière à travers la fenêtre dans la grange.
Arbrisseaux maladroit peut-être mais qui en même temps appelle ruisseau et figuier. Vos havres rêvés sont trop petits.
Geôles, à prendre au figuré sans doute.
Les dernier vers résume bien le caractère aigre doux de votre vagabondage.

[nouga]

zonard , vagabond, trimard, ect
en fait ce que je retiens de cet itinéraire, c'est que justement cette condition impose de désagréables itineraires
de plus en plus malheureusement, nous en croisons, et beaucoup on au fond des yeux cet air absent et perdu
la societé ne fait pas de cadeaux

j'ai bien aimé

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