Brinquebalances

[loic]

La langueur d’une rue au bas de ma fenêtre
Le chemin caillouteux regorgeant de poussière
L’oppression d’un orage

Passera tout à l’heure le troupeau du labeur
Il monte vers les puits
Piquetants sous l’azur les combes grésillantes

Et passeront les trains débordant d’anthracites
Brinquebalances d’essieux, le chant de la ferraille

Ces laborieux Dimanches
Où mon destin se panse
Gambergeant sous les tuiles
Nos désamours futiles

La rumeur de l’orage
Sous l’estoc des gouttes qui parfume l’argile

Une faune camionesque envahit la torpeur
D’un sommeil qui m’accable

Et je rêve souvent
A ces anciens printemps
Au pollen de ta langue
A ces heures qui tanguent

[Invité]

C'est tout bon, l'amiance, le ton, le rythme
J'aime bien ce vers
"Et passeront les trains débordant d’anthracites"

J'aime moins "Sous l’estoc des gouttes qui parfume l’argile" , non pour l'image qui est très juste, mais pour le rythme
Pourquoi pas, par exemple "Et les gouttes de pluie qui parfument l’argile"

[Maryse]

Ah! Loïc! Pétard ce que j'aime tes poèmes... Tes mots choisis... L'ambiance.
J'adoreeeeeeeeeee!

[Janis]

toujours un plaisir, aussi

et on retrouve ce "sous les tuiles" lu autre part
le vocabulaire précis et rugueux du travail
allié à la mélancolie du souvenir
le tout dans un souffle qui emporte

[Jean Lê]

Le vers contenant le mot titre semble boiteux (sans doute voulu) mais brinquebalances me parait hasardeux, on dirait plutôt brinqueballement ou bringueballement. Je m'y arrête car j'ai passé quelques heures à la bringueballe sur un chalutier, c'est une pompe à main pour empêcher l'eau de monter dans les cales quand le moteur panne et que l'autre pompe s'arrête.
J'aime bien ta mine c'est plein de pépites.

[Polixène]

"camionesque" ?
Je ne signe pas sur ce coup. Je te propose "la faune des camions", plus banal mais qui évite le rire , ce rire qui casse tout, ici.
Sinon, quelques autres bricoles* , mais ton style est là .

*L’oppression d’un orage Pas de ponctuation ici laisse croire que "orage" est le sujet de "passera" , ça coince.
Passera tout à l’heure le troupeau du labeur

"piquetants" adjectif ou participe présent?

[Invité]

Pour moi, il y a, à propos de tes poèmes, un mystère.
Tu pioches toujours dans la même source d'inspiration, et ce n'est jamais lassant.
Presque semblable, mais renouvelé.
Suffisamment différent pour retenir l'attention, pour être toujours aussi émouvant à la lecture.
Je trouve ton art assez prodigieux, et je m'en délecte.
J'apprécie Sous l'estoc des gouttes, car la sonorité du mot correspond bien au son que produisent les grosses gouttes de début d'orage sur le sol dur.

[Invité]

"L'estoc des gouttes" ! Comme c'est parlant, bien trouvé. Et le"pollen de ta langue"... "la faune camionesque"..., des images choisies, âpres, piquantes, pour mettre en parallèle le travail et les amours qui vont cahin-caha sur la route du quotidien. J'aime beaucoup ce poème, Loïc.


"Piquetants sous l’azur les combes grésillantes" ("Piquetant", participe présent et non pas adjectif)

[loic]

merci a vous de vos lectures intéressées

Embellie, je m'essaye parfois a d'autres choses, mais en réalité c'est dans ce champ (lexical) que je me plais le mieux, évoquer avec l'imaginaire ces récents moyens-âge, sans doute parce que j'aime me ressourcer dans ces lieux...
Samedi prochain je passerais a Langeac avec mon fils de 14 ans, on marchera dans ces coins et je serais heureux...

je corrigerai piquetant...

bonne semaine...

[Marvejols]

J'aime bien ces textes où tu mets Loïc la poussière à goût du métal et la saveur des ans. Je chipoterais sur 2 ou 3 trusc:

le LA LANGUEUR et son LaLa ne m'enchantent pas trop: Langueur tout court ou Cette langueur? Sinon pour la rue que c'est bien vu...

Je ne sens pas top non plus "les combes grésillantes" même si le grésil...

Les " trains débordant d’anthracites" c'est génial, ce noble charbon et le vers de la Brinquebalance, oui je vote mille fois pour:

Brinquebalances d’essieux, le chant de la ferraille

de même ce bien vu " laborieux Dimanches"
(j'aime moins le "gambergeant" qui fait un brin trivial

Enfin, "caminoesque" ne va pas. Dommage, les 2 vers sont excellents:
Une faune ... envahit la torpeur
D’un sommeil qui m’accable

Pourquoi pas "Une faune en camion / de camion(s) / au camion"

Midi frappe au carreau
Grise est la mine
Ici l'espoir
C'est d'être dans le noir.

[Evelyne1]

Ah ce sentiment étrange et nostalgique qui nous prend, quand le temps est à l'orage. Atmosphère bien ressentie.

[Yoni Wolf]

Comme d'habitude j'ai aimé ce texte, pour ses sorités, notamment pour "la langueur" créée par ta versification. Il y a comme un effet de balancier et c'en est hypnotisant. Petit bémol cependant pour "le pollen de ta langue", qui cherche un peu trop l'originalité sans être évident.

[Rebecca]

Une nostalgie un peu âpre un peu rugueuse mais trés évocatrice qui signe ton univers.

[Invité]

Embellie, je m'essaye parfois a d'autres choses, mais en réalité c'est dans ce champ (lexical) que je me plais le mieux, évoquer avec l'imaginaire ces récents moyens-âge, sans doute parce que j'aime me ressourcer dans ces lieux...
Samedi prochain je passerais a Langeac avec mon fils de 14 ans, on marchera dans ces coins et je serais heureux...

Ne change rien loic, c'est ton style, ce sont tes sources. Il y a dans tes poèmes une sincérité, un humanisme
que beaucoup d'entre nous (dont je fais partie) ont plaisir à retrouver et à reconnaître. J'ai vu un jour le site des anciennes mines de Decazeville, et j'ai ressenti beaucoup de sentiments que j'ai pu lire, depuis, sous ta plume. Bonne promenade à Langeac, et bonne nostalgie !

[Albert-Robert]

Je ne raffole pas du titre, mais j'aime assez l'atmosphère

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