Exo La Grande Rencontre : Arrivé par erreur

[Hop-Frog]

Bon... puisqu'on a droit à l'autofiction. Vous m'avez donné envie avec vos textes, désolé d'avoir écrit sur le pouce.

Ce soir, la hargne.

Le boulevard ronchonne ; ses chauffards échauffés, fascistes fâchés contre le temps perdu, rabouillent le goudron avec le bruit des klaxons, et leurs injures de grands cons.
On n’avance pas plus.
En attendant, je jette un œil ou deux sur le trottoir, et les blue-djinns qui dodelinent ; j'ai l’esprit plein de bleus.
Hier, j’aurais dit : juste un bouchon, pas de quoi chier une pendule, les gars : pas le choix, quillez la pendule.

Mais ce soir, la hargne.

Ma bagnole toussote.
Quand je roule en première, la gueule contre le pare-brise, elle feule avec de la fumée grise.
Un peu de musique pour oublier la mécanique archaïque et ses symptômes diarrhéiques.
FIP, 90. 9.
Un 90-60-90 sur le trottoir.

Mais non, non, ce soir, la hargne.

Putain ça joue fortissimo sur le boulevard Carnot. Boulevard mensonger, des cars et des carlingues, y en a moult.
Près du lycée Vauvenargues, des ados traversent, et ces veaux me narguent, passent au petit bonhomme rouge. Si tu veux pas qu’je t’écrase, bonhomme, bouge !

Vraiment ce soir, la hargne.

Puis les arts et métiers, où logent les lézards éméchés, puis Cézanne et tous ses ânes.
Encore des feux. De l’attente et de l’attente.
Laisser passer les vieux, les vieilles, les gamins, les gamines, les chiens, les chiennes, les grenouilles, les grenouilles, les fourmis, les fourmis.
Je termine mon trajet quarante-deux regards méchants plus tard.
Avant, j’aurais dit : Aix-en-Provence est une jolie ville, faut savoir l’apprécier.

Définitivement, ce soir, la hargne.

Car ce soir Aix est la ville de mon ex.
Les histoires d'amour finissent.
De quoi retourner à pied dans le centre, partir écumer les bars, pour se faire le pied marin.
De quoi prendre des mousses pour voguer très loin.

J’entends un poivrot raconter : une dispute et dix putes d’retrouvées.
C’est moi dans le miroir, plein de ressentiments et vide d’heureux sentiments.
C’est moi avec cette moue noire, regard sombre et sans mouchoirs.

Rancunier, j'ai voulu la jouer philosophie du boudoir, j'ai voulu lâcher des photos du boudin.
Suis rentré, j'ai vomi, et sur l’ordi tapé vosexcrient.
Je ne suis pas tombé sur le bon site.

[Pascal-Claude Perrault]

Je me suis laissé entraîner par le flux de la narration et de ses assonances très musicales,
hargnant de concert, jusqu'à ce que je m'aperçoive, pas très loin de la fin, que tu m'avais
embarqué dans une histoire qui n'avait rien à voir avec la rencontre d'un forum. Et paf, au
final le sujet est traité en deux mots. Bravo !

[AliceAlasmartise.]

Quelle histoire!
Et tout ça grâce à Tripetta!
:-)

[Invité]

Ah ! La hargne tout au long du récit ! C'est jouissif !
Maintenant que tu es là, sur ce site, ne te gêne pas pour te défouler. Si c'est du vécu, c'est tout bon. On adore lire la misère des autres :-)

[Jano]

Un texte vigoureux qui s'amuse avec les jeux de mots, on en trouve à chaque détours de phrases. Et donc une rencontre fortuite à la fin, comme quoi le hasard fait bien les choses.

[Janis]

plaisir de lire les noms de la ville que nous partageons !
rageux et drôle, vivant !
seule restriction : t'écrase pas mon fils quand il sort du lycée Vauvenargues, ado ou pas, capito ?

[CROISIC]

Ouais ! Toutes les raisons d'être ici sont excellentes.
Bien aimé la progression de ta narration.

[Remus]

Bravo le frérot :-)
J'ai adoré,
Cette hargne, on en vient à la partager avec toi pfffiou,
C'est très imagé et très réussi parce qu'on se croirait avec toi, dans la voiture
Et la chute est extra

[polgara]

comme quoi, même la colère mène à VE j'adore !
j'aime en tous cas ton style enlevé, brutal, remuant, drôle et touchant.

[Rebecca]

Il y a là une jubilation à malaxer la langue, à juxtaposer des sons, à les faire rebondir les uns contre les autres, tout en nous promenant le long d'une histoire, d'un sentiment, le tout aussi cinématographique que littéraire. Le poids des mots le choc des photos en quelque sorte , plus une mise en page soignée , le tout forcément ne peut que me séduire. Une rencontre ratée trés réussie.

[Invité]

Tu as l'erreur délectable !
Ton écriture est tellement visuelle que j'ai même remarqué que tu as un point noir sur le nez. Non, sur l'autre narine. J'ai tout vu, je te dis ! T'as même pas besoin d'une caméra !

[Invité]

Vision d'horreur.
C'est tellement bien écrit que je m'y suis cru, moi le plouc de chez plouc, dans les embouteillages.
J'en avais oublié le sujet de l'exo quand au dernier moment, en guise de chute a surgi le calembour alibi.
Respect

[Pascal-Claude Perrault]

Et je dis : très musical, merci !

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