Exo La Grande Rencontre : Nos retrouvailles

[polgara]

Salut VE,

Depuis le temps, je ne sais même plus comment te saluer. J’ai honte. Tu me demandes de parler de rencontre là où je n’ai envie que de parler de retrouvailles, les nôtres. Mais tout n’est peut être pas si différent, alors parlons ensemble, de nous plutôt, tu veux bien ?

Tu es curieux aujourd’hui dis moi. Pourquoi mes mots se sont-ils blottis en toi, alors que mes maux ne voulaient plus sortir de moi ? C’est bien cela ta question si je trifouille un peu ta syntaxe ?

Alors voilà, j’aimerais te faire rêver, te dire que j’ai été aspirée dans tes bras de Java puissant ou lovée dans tes anneaux de python pixelien, mais il n’en est rien. Non, ce n’est pas un sentiment d’attraction irrépressible qui m’a ouvert tes portes, mais une simple soirée de brouillard où ma vie a cru prendre un autre virage. Je pensais que tu pourrais être mon mojito, mon amant inavoué, mon fantasme interdit, celui qui nous étouffe d’un coup, sans prévenir, sans avoir le temps de s’y habituer. Et finalement le maquereau qui m’aura conduit vers toi, forum de mauvaise vie, pixel facile aux charmes facilement déballés, ce n’est pas une quelconque intervention divine, mais uniquement le rabatteur des petites gens, banal Google, vers lequel toute âme perdue se retourne pour y trouver des réponses. Le curé du web en quelque sorte. Bien sur, il fait jouer la concurrence le bougre et il avait su me donner quelques adresses pour laisser croire à un choix. Mais y en avait il un ? Et pourquoi toi ? Peut être pour ta simplicité, je pensais me sentir en toi comme chez moi, je pousse un peu les meubles, je mets mon tapis fétiche, mes rouleaux de PQ et mes pots de nutella, et voilà, les pieds sous la table, je suis à la maison. Oui mais voilà, on n’est jamais chez soi ailleurs… que chez soi. Rapidement, je me suis laissée submerger par la qualité de tes pensionnaires. J’ai essayé de faire illusion un peu. De lier conversation, à ma manière. Mais je n’ai jamais réussi à me changer avant toi, alors comment aurais-tu réussi, toi, à me faire violence….

Les jours ont passé et l’attraction irrépressible inexistante de nos débuts s’est installée. Je ne me levais que pour te retrouver, me plonger dans tes archives ; un brin voyeuse, je me sentais archéologue ; un brin envieuse, je me noyais dans tes trésors ; un brin jalouse, je voyais s’éloigner doucement le peu de confiance que tu avais pourtant su me murmurer à l’abri des regards inquisiteurs de ma conscience ; un brin vaniteuse, je me suis surprise à avoir peur de ton jugement.

Puis un brin de vie, tu sais celle que tu vantes, que tu vomis, que tu détestes et idolâtres, celle dont tu vantes les mérites et rejettes les excès, un brin de vie donc m’a arraché à la souffrance de tes mots me laissant à la souffrance de ton manque.

J’ai perdu pied doucement, rattrapée par mes vieux démons et mon penchant pour la solitude que beaucoup pense inutile et égocentrique et qui n’est que l’essence même de la vie d’une excessive. Je ne suis plus devenue digne de toi. J’ai perdu l’envie de t’écrire avec un trop plein de désir qui n’arrivait pourtant pas à sortir. Je regrettais le soir où j’avais croisé ton existence et bénissais ta création. J’ai tout laissé tomber. Pour tout reprendre, tout ranger, ressortir, classer, bordéliser, exister, mourir et renaitre, enfin, aujourd’hui.

Alors je te reviens, tu n’es plus tout à fait le même mais il brille toujours au fond de ta mémoire des pépites qui ne demandent qu’à être lues. Et ton présent si beau, tellement triste, optimiste, drôle, touchant, rafraichissant. J’aurais aimé te manquer autant que toi tu m’as manqué. Alors, imaginons que rien ne s’est passé avant, qu’il ne s’agissait que de quelques prémices, le muguet qui fleurit avant le printemps, les préliminaires avant l’extase, l’apéro avant l’orgie. Notre vraie rencontre n’a pas encore eu lieu, laisse moi juste te prouver que nous pourrions faire un brin de chemin ensemble.

[Invité]

Une rencontre, des retrouvailles, un retour à la case départ, alors qu'un trajet a déjà été amorcé. Une attente. Un désir de s'éloigner. De revenir.
Tous les mots que tu as écrits pour traîter le sujet sont empreints d'une sincérité touchante.
Et puis cela dépeint bien ce rapport bizarre que l'on entretient avec les fora ( j'emploie fora pour plaire à Aseptans...). On y vient, on veut en repartir, et l'on revient car souvent se profile l'addiction.
En attendant j'ai lu le texte avec beaucoup de plaisir.

[Jano]

Un texte bien écrit et très touchant, vraiment. Une bonne idée de s'adresser à Vosécrit comme si c'était une personne, l'émotion n'en est que plus forte. J'aurais envie de vous dire tournez le dos à la solitude pour rester avec nous.

[Janis]

j'aime beaucoup beaucoup !
c'est bien écrit, bien aérée la présentation qui scande les différentes étapes, et fort sensible

[Hop-Frog]

Personnification d'un bel effet, pour mener notamment vers ce poncif dans lequel, parfois, on se retrouve :
Dans un couple, il y en a toujours un qui aime plus que l'autre.

J’aurais aimé te manquer autant que toi tu m’as manqué. Alors, imaginons que rien ne s’est passé avant, qu’il ne s’agissait que de quelques prémices, le muguet qui fleurit avant le printemps, les préliminaires avant l’extase, l’apéro avant l’orgie. Notre vraie rencontre n’a pas encore eu lieu, laisse moi juste te prouver que nous pourrions faire un brin de chemin ensemble.

Une jolie déclaration.

[Phoenamandre]

Très profond, vraiment une très belle lettre et surtout, c'est touchant, on en sort bouleversés. J'imagine combien c'est difficile d'analyser, comprendre et écrire son ressenti vis-à-vis d'une rencontre non pas avec un site internet, mais avec sa communauté, et c'est formidablement bien transcrit !

[CROISIC]

J'ai tout partagé, donc, tout compris. J'aime.

[Rebecca]

J'ai bien aimé ce ton doux amer qui caractérise ce texte. J'ai apprécié que VE soit personnifié comme un amant potentiel que l'on voudrait poursuivre de nos assiduités tout en craignant de le décevoir ou d'être déçu par lui. Bien décrit ce flux et reflux des sentiments, cette attirance et cette crainte, ce flux et ce reflux, quand on voudrait croire en une rencontre, mais qu'on n'est pas sure qu'elle arrive au bon moment dans notre vie, quand on n'est pas convaincu de vouloir prendre le risque d'y laisser des plumes. Mais qu'on voudrait espérer.

En te lisant j' ai pensé un peu à cette chanson :


Jane birkin "fuir le bonheur de peur qu'il ne... par GERARDSERGE


Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
que le ciel azuré ne vire au mauve
penser ou passer à autre chose
vaudrait mieux
fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
se dire qu'il y a over the rainbow
toujours plus haut le soleil above
radieux
croire aux cieux croire aux dieux
même quand tout nous semble odieux
que notre cœoeur est mis à sang et à feu

fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
comme une petite souris dans un coin d'alcôve
apercevoir le bout de sa queue rose
ses yeux fiévreux
fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
se dire qu'il y a over the rainbow
toujours plus haut le soleil above
radieux
croire aux cieux croire aux dieux
même quand tout nous semble odieux
que notre coeœur est mis à sang et à feu

fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
avoir parfois envie de crier sauve
qui peut savoir jusqu'au fond des choses
est malheureux
fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
se dire qu'il y a over the rainbow
toujours plus haut le soleil above
radieux
croire aux cieux croire aux dieux
même quand tout nous semble odieux
que notre coeœur est mis à sang et à feu

fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
dis-moi que tu m'aimes encore si tu l'oses
j'aimerais que tu te trouves autre chose
de mieux
fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
se dire qu'il y a over the rainbow
toujours plus haut le soleil above
radieux

[polgara]

Iris, Jano, phoenamandre, janis, Croisic, Hop-frog, rebecca .... Merci, vraiment et sincèrement merci pour vos retours, ce qui me touche justement c'est d'avoir pu vous transmettre la réelle émotion qui était la mienne alors que je rédigeais ce petit texte. Et d'avoir été aussi bien comprise. Merci également pour cette jolie chanson Rebecca que je n'avais plus écoutée depuis bien longtemps et qui se calque à mon humeur lors de cette écriture. c'est assez étrange d'ailleurs, bien souvent je pars d'une chanson pour écrire un texte mais c'est la première fois que l'on m'en "offre" un une fois mes émotions retranscrites :-)

Jano, s'il te plait et si tu permets que je te tutoie, fais-en de même et je te promets de mettre ma solitude dans un sac sous mon lit.

[Invité]

Un texte pudique et frémissant qui ne peut que susciter un grand élan en retour, Polgara ! on t'a gardé une place au chaud, réinstalle toi.

[AliceAlasmartise.]

Bah oui, y a toujours de la place sur VE, surtout qu'il va être très content en lisant ce texte!

[Invité]

Le titre fait chaud au cœur. Les retrouvailles sont ici bien rendues, des sentiments mêlés d’appréhension et d'espoir immense, des incertitudes, puis une belle détermination: partager le chemin à loisir. Au plaisir de te lire.

[Pascal-Claude Perrault]

polgara
Nombre de messages: 169
Age: 36
Date d'inscription: 27/02/2012

Inscription toute récente, et cependant je crois entendre que tu es ancienne. Or justement ici ou là, j’aimerais comprendre ce que ce texte – assez sibyllin selon moi quant à la raison initiale (la genèse, devais-je dire) – tente, en définitive, de signifier.
Évidemment Polgara, tout cela est très touchant, mais je reste sur ma faim : je ne sais pas tout. Il faut que je devine… Et peut-être puis-je me planter.
En tout cas, je suis ravi de t’avoir lue, et ainsi que l’a déjà dit un autre membre de VE… Tiens, ben, j’ai même oublié ce qu’il a dit, mais c’était super bien !

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C’est l’heure de la douloureuse ! (et pourquoi dois-je faire le correcteur systématiquement ? Hmmm déformation professionnelle sans doute.)

Mais tout n’est peut être pas si différent => peut-être
Tu es curieux aujourd’hui dis moi => dis-moi
Bien sur, il fait jouer => Bien sûr
Mais y en avait il un ? => Mais y en avait-il un ?
Peut être pour ta simplicité => Peut-être
exister, mourir et renaitre, enfin, => renaître
Et ton présent si beau, tellement triste, optimiste, drôle, touchant, rafraichissant. => rafraîchissant
laisse moi juste te prouver => laisse-moi

Amicalement.

[mentor]

"Un bout de chemin ensemble", dis-tu. Mais bien volontiers. On devient très vite addict de ce site, et là, m'est d'avis que t'es fichue. Tu ne partiras plus. Et tant mieux.
Très belle écriture.

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