Le bâtisseur de ponts

[Lord Longford]

Bonjour à tout le monde, un texte parti d'une idée de pont...



"J’ai autrefois connu un garçon qui s’appelait Hugo et qui faisait des ponts. Toutes sortes de ponts, avec toutes sortes de matériaux. Il voulait être ingénieur, et sans surprise, concevoir des ponts.

Cela lui venait de sa plus tendre jeunesse. Son père faisait des ponts, des grands, des vrais, des solides. Il était ingénieur. Sa mère était peintre. Elle peignait des ponts. Ceux de son mari. Son grand-père, lui, avait été sculpteur. Comme il avait sculpté des ponts pour sa fille, la mère d’Hugo, alors celle-ci, naturellement, avait voulu se marier avec un bâtisseur de pont. Et peindre ses ponts.

Evidemment, dans cet environnement, Hugo ne pouvait qu’aimer les ponts. En fait, il avait eu le choix : il aurait pu les détester aussi. Mais dans un pont, tout n’est pas qu’une question de matériaux et de physique. Il y a aussi le symbole. Il y a la beauté de l’art. La beauté du geste, celui qui permet de relier deux éléments séparés, comme l’amour est le pont entre deux âmes, comme l’amitié est le pont entre deux personnalités, comme la transmission est le pont entre deux générations.
Et le pont, pour Hugo, était une question de transmission. On ne peut pas faire l’impasse sur cela. Faire comme si aucun pont ne reliait les parents et les enfants.

J’ai donc connu Hugo à l’âge de six ans. Moi, je ne savais rien des ponts, en fait je ne savais rien du tout. Mais lui, il avait quelque chose d’exceptionnel. Il était fort, très fort, et dans tous les domaines. Il connaissait plein de choses, il pouvait parler de tout, il pouvait faire plein de choses. Car il savait associer les idées, les concepts, les savoirs. Il parvenait à relier les choses entre elles, à ériger des passerelles entre des domaines et des idées complétement différents. C’était aussi ça, les ponts. Une façon de penser, une manière d’être. Du génie.

Et c’était un sacré génie, Hugo. Il ne tarda pas à sauter des classes. J’appris par la suite qu’en plus de bâtir les plus beaux ponts du monde, il faisait aussi les plus belles sculptures et les plus beaux tableaux. Des tableaux de nature, vivante et morte, et aussi de puits.

C’est qu’il avait ajouté à ses passions héréditaires de nombreuses autres passions. La nature, les puits, dont la forme circulaire et les profondeurs étaient aussi mystérieuses que terrifiantes. Et puis il y avait encore les châteaux et tout ce qui concernait l’Histoire en général. Et puis bien-sûr les arc-en-ciels et les arbres, ponts entre ciel et terre. Hugo enrichissait la collection de sa famille, son réseau, son puits de connaissances et d’intérêts, de passions, de trésors d’imagination et d’ingéniosité. Il était certain qu’il transmettrait tout cela à ses enfants.

La dernière fois que je l’ai vu, il devait avoir trente-cinq ans. C’était un homme heureux, accompli, père de famille, ayant réalisé tant pour lui que pour les autres des œuvres géniales. Nous avions parlé, et il m’avait alors dit une belle chose : « L’essentiel, c’est de savoir bâtir des ponts entre soi et le monde. Si tu réussis, alors c’est gagné. »

Il y a quelques jours, je suis passé sur un pont, quelque part au milieu de la campagne. Un bel ouvrage, rare en ces endroits. Et je savais que c’était Hugo qui l’avait construit. Parce qu’il avait l’air d’une sculpture sur laquelle on avait peint un pont. Et si l’on savait attendre le bon moment, les rayons du soleil caresseraient alors un certain pilier, et sur ce pilier là, on verrait se dessiner un grand arbre majestueux ; et le surplombant, un petit arc-en-ciel sublime.

Je viens souvent me ballader sur ce pont-là. On a une bonne vue, un beau panorama, on gagne en perspective. C’est tout l’art de relier les choses entre elles. Elles deviennent comme une famille. Elles deviennent chaleureuses, réconfortantes, plaisantes. On finit par les aimer, et par s’aimer aussi soi-même. Et tout devient si clair. Une clarté magique. La magie du bâtisseur de ponts.

Avec le temps, moi aussi j’ai trouvé cette clarté magique. J’ai fait comme Hugo, j’ai bâti des ponts. Mais moi, je les ai faits avec des mots. Je suis devenu écrivain. Ma vocation, évidemment, est née à la campagne, d’un bel instant de solitude sur le pont d’Hugo. Tout est devenu si clair, si grand, si magique.

La magie est contagieuse, elle se transmet et se transforme mais ne disparait pas et ne dure pas qu’un instant ; que le lecteur marche sur le pont d’Hugo, et là dans l’aube, la journée ou le crépuscule, il verra."

[AleK]

Joli, bien écrit, surtout le passage du pont.
juste un doute sur l'emplacement de ces phrases :
"Il y a aussi le symbole. Il y a la beauté de l’art. La beauté du geste, celui qui permet de relier deux éléments séparés, comme l’amour est le pont entre deux âmes, comme l’amitié est le pont entre deux personnalités, comme la transmission est le pont entre deux générations."

on ne sais pas encore tu tu va et on dirai que tu donnes un peu trop les clefs.

sinon, bravo, ça change.

[Remus]

Bonjour,

L'histoire est touchante, et c'est plutôt bien écrit. J'ai pris plaisir à lire. Malgré les quelques clichés ici et là, qui alourdissent un peu, qui m'ont sorti un peu du texte, notamment en ce qui concerne la symbolique du pont, la magie. Ça fait un peu leçon de vie parfois, et à la limite, le texte n'en a pas besoin.

J'ai pensé au pont Mirabeau, de Guillaume Apollinaire
Un très beau poème

Bien à vous,
Remus

[ubikmagic]

Beaucoup trop de répétitions de termes, à mon sens. Le mot "pont", mais pas uniquement. Tout ça nécessiterait une relecture rigoureuse.

Ubik.

[Evanescent]

On t'a déjà mentionné la répétition du mot "pont". ça a l'air fait exprès. Peut-être pourrais-tu aussi faire l'inverse, agrémenter la répétitions d’allitérations et d'assonances pour jouer dessus plutôt que de les supprimer. En lisant tes premières lignes, j'ai eu envie de ces figures de style, mais ce n'est qu'une idée comme ça.

comme l’amour est le pont entre deux âmes, comme l’amitié est le pont entre deux personnalités, comme la transmission est le pont entre deux générations.
Et le pont, pour Hugo, était une question de transmission. On ne peut pas faire l’impasse sur cela. Faire comme si aucun pont ne reliait les parents et les enfants.

Un peu banal comme images.

Moi, je ne savais rien des ponts, en fait je ne savais rien du tout.

Ta virgule, elle remplace un "donc" ? Si oui, l'appui de la relation cause/conséquence manque.

Il connaissait plein de choses, il pouvait parler de tout, il pouvait faire plein de choses.

Beaucoup de répétitions.

La magie du bâtisseur de ponts.

Cette phrase tombe un peu n'importe comment.

Sinon, y'a de l'idée mais un peu lourd :-)

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