Quelques synapses, et hop !

[Evanescent]

Quelques synapses, et hop !

Je me suis jetée sur le canapé, j’ai serré le coussin contre moi. Journée trop longue, trop dure. Les impératifs, les ordres. Je suis toute seule et il n’est pas là. Chaque jour, je l’abandonne. M’aime-t-il encore ? Peut-être est-il mieux quand je m’absente. Pensée trop courante, j’en ai pris l’habitude de sentir ma poitrine se serrer comme si une boule de vide à l’emplacement de mon cœur tentant d’attirer en elle mon corps et même peut-être la maison toute entière, aussi. Comme une bouteille dont on aspire l’eau et qui se froisse entre nos mains. Je me repasse chaque phrase que je lui ai dite et à laquelle il n’a pas répondu. Par mépris ? Pitié, peut-être. Fatigue de me supporter. Ça bourdonne dans ma tête et mes vêtements irritent mes jambes. La tristesse suffit à ma peau, le tissu est de trop.
Je suis montée chez moi et je l’ai retrouvé. Il était inerte sur l’oreiller trop grand. Disparu, le vide de ma poitrine au profit du rien. Je halète, ou peut-être sais-je seulement que je devrais le faire. Je veux me précipiter à lui mais mes muscles dysfonctionnent. Ils bougent par saccades et s’emmêlent. Je ne trébuche pas, la peur est l’appui le plus sûr. Je suis myope mais j’ai soudain recouvré toute ma vue. Aucun détail de son petit corps inutile sur le grand lit ne m’échappe. Le reste de la chambre est devenu noir car n’a plus de raison d’exister. Il y a des étincelles, aussi ; des points bancs et puis des rouges. Pourtant je sais que je ne m’évanouirai pas. On ne tombe pas de terreur, l’effroi est sadique et nous veut bien conscients.
Quand je pense qu’il y a des gens pour qui se faire peur est un jeu !

Je m’approche secoue, je l’apostrophe, je l’insulte. Tout mon corps brûle à présent du fond du cœur au bout des doigts. Mes oreilles sifflent après le silence béant.
Je n’ai pas d’exutoire. Je reste immobile, envahie d’une fureur plus forte que les mots, que les gestes, que les coups. Je voudrais effacer son sourire qui nie ma peur.
Mais je regarde ce sourire. La chaleur; il va bien. Je vérifie, mais oui, il sourit. Comment a-t-il pu m’imposer pareille panique ? Je le
cesse de brûler mais réchauffe. Je sens mes muscles, mes os fondre, mon cœur devenir si petit devant ce sourire… plus petit que son sourire. Mes mains picotent. Je m’assieds à côté de lui.
Alors, sans prévenir, dans ma poitrine, ça grandit. Ça explose presque. Juste presque, juste peut-être bientôt. Je l’aime et mes yeux pleurent, et la tristesse, la terreur, la colère s’enfuient le long de mes joues. C’est donc l’amour qui fait trembler mes mains ?

Nounours à l’oreille râpée est là.
Demain, promis, je le cacherai dans mon cartable pour aller à l’école.

[Sahkti]

Un peu, beaucoup, de JE à mon goût, avec une impression que l'omniprésence de la narratrice est agaçante, que c'est avant tout un moyen qu'elle a de faire parler d'elle (je précise bien que je parle de la narratrice, pas de l'auteur hein :-).
Ensuite, ça joue sur l'ambiguïté. Parle-t-on d'un homme, d'un amour séparé, de quelque chose du genre ? Non, il s'agit d'un ours en peluche et là, je me dis que quelque chose ne colle pas. Pas "tout ça pour ça" mais presque. La force d'une telle passion entre un confident et celle qui rassure ne passe pas suffisamment à mes yeux, ou alors pas sincèrement, l'émotion semble fabriquée. Peut-être davantage de légèreté et de simplicité dans ce qui précède la chute arrangerait-il cela ? A voir.

[Jano]

Ce texte me parait fortement bancal. Si j'ai bien compris, nous avons affaire aux pensées d'une petite fille qui s'adresse à son nounours. Passons le côté un peu mièvre de la situation et arrêtons-nous sur la crédibilité du propos.

Croyez-vous vraiment qu'une enfant puisse exprimer des phrases telles que :

- "le vide de ma poitrine au profit du rien.
- mes muscles dysfonctionnent
- On ne tombe pas de terreur, l’effroi est sadique et nous veut bien conscients
- Mes oreilles sifflent après le silence béant"

La voix de l'adulte derrière l'enfant est beaucoup trop présente, envahissante et nuit à la crédibilité de ce texte.

Enfin le titre, saugrenu, n'a rien à voir avec le thème.

[Janis]

je disais donc (avant que tout fiche le camp je ne sais où, mystère des machines)

de beaux moments dans ce texte. Comme dans le texte précédemment commenté, j'aime quand le corps dérape, perd pied, mange la maison, a la peur comme appui.

Après en effet, c'est encore trop démonstratif, et la voix de l'enfant ne passe pas toujours bien

À mon humble avis, le sillon que tu peux creuser (à te lire) c'est justement celui des corps perdus, qui vacillent, avec quelqu'un à l'intérieur, dans une sorte de prose poétique, sans forcément chercher à délivrer un message ou à expliquer un truc, ni chercher une chute - sauf la chute des corps (!)

toi comprendre ?
(moi pas toujours comprendre ce que j'écris, mais moi sentir ce que je veux dire)

[Raoulraoul]

Texte à la subjectivité galopante. Donc surenchère du "je". Quelques belles expressions ressenties et traduites. Plus tard lorsque tu seras bien vieille... tu reliras ce texte en souriant, comme une carte postale de tes émois évanescents de l'enfance. Tu te diras alors "est-ce possible d'avoir eu si peur pour un nounours ?". Et peut-être regretteras-tu cette sensiblerie que tu ne seras plus capable de ressentir ! Bon! Maintenant passons à autre chose. Mais écrire c'est aussi inscrire des traces...

[Raoulraoul]

Synaspe : "région de contact entre deux neurones" dit le dico. Contact entre le sujet et son objet, la narratrice et son ours. Pourquoi pas ce titre. Oui.

[Invité]

Il y a définitivement un décalage entre le sujet du texte (et donc la narratrice) et la façon de l'exprimer.
L’expression justement, elle foisonne, bouillonne, menace d’étouffer le lecteur sous la profusion.
On a l’impression d’un texte écrit à toute allure, pour cacher plus que pour révéler ; je serais vraiment curieuse de voir qui se cache vraiment derrière ce paravent de mots tourbillonnants une fois le ménage fait, le terrain déblayé.

[lol47]

Le titre, je comprends pas bien pourquoi.

Genre, on dirait un titre d'Erik ( Satie...hé hé !), synapse pour deux pianos à queues d'hirondelles...!
Ou à Barbès dans un vieux ciné porno-pourri: synapse pour deux salles-hop !

J'ai au moins appris la def du mot.
Pour le reste, ton d'histoire d'ours m'a bien baladée et j'ai pris du plaisir à te lire.
C'est l'essentiel.

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