Serpent à sornettes

[Invité]

Serpent à sornettes


J'en étais toujours sous le choc. Chiner dans les puces avait toujours été une de mes activités alternatives à l'ennui du dimanche, mais là, c'était le hasard qui m'avait propulsé là un lundi après midi, au coin de Rochor street, pour mettre le nez dans le marché des pouilleux .Coincé entre ses deux bibelots de Bhouda gras en acajou made in polyurétane d'au moins 20000 heures avant Tienanmen, il y avait une authentique Codex Maya. J'aurais reconnu la texture du papier d'amate, l'encre comme tatouée sur la surface, entre mille rouleaux de papyrus.
"Quinze Dols, me fis le vieux et bonne chance, car ce truc me fout les jetons, à vrai dire"
J'avais les dieux de mon côté, topa l'affaire, en gardant bien à l'idée que les tentatives de falsification avaient été nombreuses.
De retour à l'appart, je l'avais mis a l'air libre pour le déshumidifier, posé là sur le balcon qui surplombait la ville. Je n'étais pas expert en culture précolombienne. J'avais vaguement identifié Ah Puch, le dieu de la mort et Queztacoatl, le dieu des récoltes. Après un millénaire de bas-fonds au bas-mot, un petit tour à l'air frais ne pouvait que les revigorer.
Je m'étais allongé sur le divan, un oeil coincé sur cette plaque antique et un autre à la recherche de spécialistes locaux pour la certification.
Je ne me rappelle plus quand j'ai sombré dans le sommeil.
Quand j'ai soulevé les paupières, le parchemin avait voltigé sur mes genoux et pire, les logographes ne semblaient plus si figés dans le temps depuis une éternité que ça.
Notre soirée mezcal de la veille me jouait peut-être un sale tour hallucinogène.
Le doute se dissipa vite fait bien fait quand le serpent à plume ouvrir son bec pour me confier :

"Merci, toi merde d'homme pour nous avoir fait redécouvrir la lumière, mais ne t'estimes pas trop chanceux ,
car j'ai jeté un coup d'oeil à ton monde, il ne correspond plus à notre création.
Je vais entreprendre son remodelage,
parce qu'à la nuit,
j' habite en nul mes cités-capsules
ici et là, je capitule devant tant d'émoi.
Si tu me vois encore dans mes interstices , alors j'en ris.
Caché je gesticule,
je fais feu de sous-bois, oeil maquillé,
je survole, hautain,
je m'effrondre, en pleurs,
dieu ou roi , inutile,
Cavalier de Cerf-pantin, nez rouge
et pion clown triste.
Au jour,
Je m'échappe, en mal logé ,dans nos cirques-capitales,
je fuse, glissant, entré en piste,
dans un élan d'exécration abyssale,
je règne, avance mon fou, déplace ma reine,
De toutes parts, je scrute, captif du rayon lumière,
je m'étourdis en remparts,
je me réveille en rampant,
je glisse, sang sec d'après mue,
enfin je me love, venimeux.
Si tu me retrouves entre mes murs-murailles, alors j'en ris
langue fourchue,
tour à tour serpent de nerf
et clown joyeux.
A la nuit,
je recommence,
sempiternel, oeil fendu,
volant d'échecs en échecs,
oiseau déchu, mat.
Serres acérées,
j'attends mon jour:
Crains moi, humanité devenue bec de lièvre!"

J'avais bondi de mon canapé sur-le-champ et ré-emballé ce truc dans son papier kraft.
Jamais je n'ai marché aussi vite de Chinatown à Rochor Street de ma vie sous cette chaleur humide. Le vieux était toujours là.
J'avais fait dans le très court :
"Tens, je te rends ton bazar, c'est un faux. Quinze dols"
Il n'a accepté de toper l'affaire qu'après avoir étudié les deux bouquins qui allaient faire sa journée:
Le "temple du soleil" de Hergé et " Les sept boules de cristal", du même auteur.
A la librairie, ils m'ont carrément pris pour un dingue quand j'ai demandé que ces deux volumes soient déplacés au rayon adulte.
Pas grave. J'ai débouché un mezcal avant de sombrer sur mon pieu.

PW

[Gobu]

"...en Chine, il faut se souvenir que le faux peut souvent avoir plus de deux mille ans." (Lucien Bodard)

Ca me fait un peu penser à ça. Le monologue de l'ophidien à rémiges est brillament baroque (et inversement). J'aime beaucoup l'ambiance de ce récit, Big Tchief.

Ca fait un bout de temps que j'ai renoncé au mezcal. On était trop potes : moi aussi je commençais à me réveiller avec des serpents à plumes sous ma couette. On ramène n'importe quoi dans son lit, quand on a abusé.

Ceci étant, je me demande si le marché des pouilleux de Singa est l'endroit rêvé pour dénicher des reliques précolombiennes. Même fausses...

Amitiés

Gobu

[Invité]

Bonjour Gobu,

Oui:

Ceci étant, je me demande si le marché des pouilleux de Singa est l'endroit rêvé pour dénicher des reliques précolombiennes

j'ai donc choisi un titre réaliste. :-)

J'aime bien mon texte aussi mais il va falloir que je me débarasse de ces "là"
que je colle partout.C'est une obssession ce truc. Quelque soit l'heure ou je rédige, ce défaut se pointe, et le pire c'est que je ne le note qu'après 20 relectures.
C'est pourtant pas le mezcal, qui n'est pas importé ici.

Amitiés

PW

Bon vent.

[Krystelle]

Quelques maladresses dans l'écriture, des répétitions pas très heureuses, ici par exemple :
"mais là, c'était le hasard qui m'avait propulsé là"
"Je ne me rappelle plus quand j'ai sombré dans le sommeil. Quand j'ai soulevé les paupières".
Pour le reste, le tout me semble un peu confus, brumeux. L'écriture est souvent rapide, trop peut-être pour que l'on parvienne vraiment à se plonger dans ton texte.
La diatribe du serpent ne me paraît pas convaincante. Certes les jeux sur les sons et les mots donnent un côté plaisant à ce passage mais il semble écrit au fil de la plume, lâché sur papier trop vite.

Pour résumer, il y a, dans ce texte, des idées intéressantes, une trame qui pourrait susciter l'intérêt du lecteur mais il manque du liant, l'écriture n'est pas assez posée à mon sens.

[Invité]

Merci de ton conseil, je me rend compte au fil du temps que si je prennais un peu plus le temps au lieu de dérouler, je pourrais au moins multiplier la quàlité de mes textes par 3.14116.
Je vais lire un peu plus de modèles et arréter de prendre chaque texte comme un "exo live" car rien ne m'y oblige.
Je ne vais rien poster cette semaine et travailler un texte.

:-)

[bertrand-môgendre]

j'aime bien l'idée, de cet apéri-court.
La fin du texte va vite et bien (sauf

qui allaient faire sa journée

pas très heureux.
Pour le monologue, t'es-tu vraiment mis dans la peau de ton serpent à plumes ? Si non, reprends un peu de mezcal, ça facilite l'imagination (c'est ce qu'on dit).
Allez, encore un autre.

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