Dimanches
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Phylisse
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Frédéric Prunier
loic
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Dimanches
Dimanches
C’est le destin pluvieux de ces petites gens
Elles promènent l’ennui, cheminant sur la route
Confins de vieux hivers
Dimanches après midi.
Les femmes vont devant charriant les enfants
Elles cancanent en basses cours, suries d’histoires funestes
Pull-overs en jacquard, colorés comme faisans
Des hommes graves les suivent, cinglants en phrases courtes
Jugements imbéciles, colorés de rancœurs, empreints de jalousies.
Ils cheminent dans l’ennui promenant sur la route leurs colères naïves
C’est qu’ils ont une grande gueule ! La semaine à l’atelier.
Et leurs silhouettes mortes
Dissoutes par la pluie
S’enfoncent dans le décor
Aux courbes d’une vie.
C’est le destin pluvieux de ces petites gens
Elles promènent l’ennui, cheminant sur la route
Confins de vieux hivers
Dimanches après midi.
Les femmes vont devant charriant les enfants
Elles cancanent en basses cours, suries d’histoires funestes
Pull-overs en jacquard, colorés comme faisans
Des hommes graves les suivent, cinglants en phrases courtes
Jugements imbéciles, colorés de rancœurs, empreints de jalousies.
Ils cheminent dans l’ennui promenant sur la route leurs colères naïves
C’est qu’ils ont une grande gueule ! La semaine à l’atelier.
Et leurs silhouettes mortes
Dissoutes par la pluie
S’enfoncent dans le décor
Aux courbes d’une vie.
Re: Dimanches
D'un gris décoloré, ces petites vies, bien rendues ; du minuscule calibré avec soin.
Répétition gênante ici :
Répétition gênante ici :
Ta poésie m'évoque Satie, Loïc, même mélancoliques et lancinantes mélodies...Pull-overs en jacquard, colorés comme faisans
Des hommes graves les suivent, cinglants en phrases courtes
Jugements imbéciles, colorés de rancœurs, empreints de jalousies.
Invité- Invité
Re: Dimanches
les pulls jacquard me temporalisent ce texte
dans mon temps d'enfance à moi
quand ma mère, avec sa belle machine à tricoter
s'évertuait à me fabriquer des pulls
que je ne voulais pas porter...
j'étais peut-être un sale gosse?
....
voilà, voilà mon commentaire
c'est à dire
que ce texte
ce petit bout de poème
m'a fait ouvrir ma fenêtre
...
et je crois que ça s'appellerions de la poésie...
dans mon temps d'enfance à moi
quand ma mère, avec sa belle machine à tricoter
s'évertuait à me fabriquer des pulls
que je ne voulais pas porter...
j'étais peut-être un sale gosse?
....
voilà, voilà mon commentaire
c'est à dire
que ce texte
ce petit bout de poème
m'a fait ouvrir ma fenêtre
...
et je crois que ça s'appellerions de la poésie...
Re: Dimanches
Je vais piquer dans le commentaire des autres.
Oh! Oui "ces petites vies bien rendues" comme le dit si bien Coline Dé
Et cette "fenêtre" qui s"ouvre
Moi ausii le jacquard me parle... Souvent il était de couleur bleu canard. Hou!!!! Je comprends Frédéric ( Mais! Sale gosse qui ne connaissait rien à la mode!!!!!)
Oh! Oui "ces petites vies bien rendues" comme le dit si bien Coline Dé
Et cette "fenêtre" qui s"ouvre
Moi ausii le jacquard me parle... Souvent il était de couleur bleu canard. Hou!!!! Je comprends Frédéric ( Mais! Sale gosse qui ne connaissait rien à la mode!!!!!)
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Dimanches
Curieusement je suis troublée par "Elles" : petites gens est bien au féminin, mais j'attends un sujet masculin.
Gênée en outre par les petites gens, par ce que ce mot implique de hauteur de la part du locuteur - un peu Victor Hugo et ses chers misérables, ce sont tout au plus des gens ordinaires.
La photo est bien vieille, je ne vois plus personne aujourd'hui à pied sur les routes du dimanche après midi, il y a tant de chaînes avec les paraboles.
Pour le reste rien n'a changé, toujours la même jalousie, la même aigreur à l'égard de l'autre, celui de l'autre rive a remplacé celui de l'autre clocher, supposé plus chanceux, plus favorisé, plus privilégié.
Gênée en outre par les petites gens, par ce que ce mot implique de hauteur de la part du locuteur - un peu Victor Hugo et ses chers misérables, ce sont tout au plus des gens ordinaires.
La photo est bien vieille, je ne vois plus personne aujourd'hui à pied sur les routes du dimanche après midi, il y a tant de chaînes avec les paraboles.
Pour le reste rien n'a changé, toujours la même jalousie, la même aigreur à l'égard de l'autre, celui de l'autre rive a remplacé celui de l'autre clocher, supposé plus chanceux, plus favorisé, plus privilégié.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Dimanches
La répétition de colorés a déjà été soulignée.
Je me demande si Jugements imbéciles, colorés de rancœurs, empreints de jalousies se rapporte aux hommes ou aux petites gens, parce que j'ai un peu de mal à associer cette image aux hommes. Non pas qu'ils ne causent pas comme les bonnes femmes mais je les devinais ici plus taiseux, grommelant en leur for intérieur tout le mal qu'ils pensent de ces dimanches du paraître.
Ces remarques mises à part, tu dépeins avec justesse un univers étriqué qui en relève pas du passé pour certains, ce genre de scène doit encore exister. Quelque part.
Je me demande si Jugements imbéciles, colorés de rancœurs, empreints de jalousies se rapporte aux hommes ou aux petites gens, parce que j'ai un peu de mal à associer cette image aux hommes. Non pas qu'ils ne causent pas comme les bonnes femmes mais je les devinais ici plus taiseux, grommelant en leur for intérieur tout le mal qu'ils pensent de ces dimanches du paraître.
Ces remarques mises à part, tu dépeins avec justesse un univers étriqué qui en relève pas du passé pour certains, ce genre de scène doit encore exister. Quelque part.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Dimanches
la beauté minimaliste de cette écriture m'épate
et ce n'est pas la première fois qu'elle me touche
Invité- Invité
Re: Dimanches
Mes deux ombres à ce tableau réussi : les femmes qui cancannent (rhhho , quel cliché! même volontaire...justement la force habituelle de ton style c'est de contourner ce genre de lieu commun) et "promenant sur la route" : inutilement redondant, pour le sens et pour la musicalité.
Qui aime bien...
Qui aime bien...
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Dimanches
Le vocabulaire utilisé donne une belle authenticité à ce poème. Ainsi "petites gens" - "charriant les enfants" - "histoires funestes" - "cinglants en phrases courtes"...
Tout un monde en l'espace de quelques lignes, de ces mondes que l'on a peu l'occasion de lire en poésie, et c'est toute la force de ton écriture Loïc à chaque fois que je te lis même si je commente rarement, ne sachant trop que dire. Mais j'apprécie beaucoup.
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Dimanches
J'aime. J'imagine la scène... j'ai pensé aux textes "Les saltimbanques" d'Apollinaire, aux "Bohémiens" de Baudelaire, à tous ces marcheurs du dimanche... qui existent encore chez nous. L'appel de la forêt est toujours aussi impérieux.
Je ne vais pas citer les petites imperfections déjà relevées... Juste ceci que je trouve impropre :
"Et leurs silhouettes mortes
Dissoutes par la pluie"
Dissoutes ? Pourquoi pas délavées ou estompées ou brouillées ? C'est vrai que dissoutes est plus... définitif !
Je ne vais pas citer les petites imperfections déjà relevées... Juste ceci que je trouve impropre :
"Et leurs silhouettes mortes
Dissoutes par la pluie"
Dissoutes ? Pourquoi pas délavées ou estompées ou brouillées ? C'est vrai que dissoutes est plus... définitif !
Invité- Invité
Re: Dimanches
Dimanches
C’est le destin pluvieux de ces petites gens
Elles promènent l’ennui, cheminant sur la route
Confins de vieux hivers
Dimanches après midi.
Les femmes vont devant charriant les enfants
Caquetantes en basses cours, suries d’histoires funestes
Pull-overs en jacquard, colorés comme faisans
Des hommes graves les suivent,
Ils cinglent en phrases courtes leurs jugements imbéciles
Tribune des rancœurs aux empreintes jalouses.
Ils cheminent dans l’ennui promenant sur la route leurs colères naïves
C’est qu’ils ont une grande gueule ! La semaine à l’atelier.
Et leurs silhouettes mortes
Dissoutes par la pluie
S’enfoncent dans le décor
Aux courbes d’une vie.
C’est le destin pluvieux de ces petites gens
Elles promènent l’ennui, cheminant sur la route
Confins de vieux hivers
Dimanches après midi.
Les femmes vont devant charriant les enfants
Caquetantes en basses cours, suries d’histoires funestes
Pull-overs en jacquard, colorés comme faisans
Des hommes graves les suivent,
Ils cinglent en phrases courtes leurs jugements imbéciles
Tribune des rancœurs aux empreintes jalouses.
Ils cheminent dans l’ennui promenant sur la route leurs colères naïves
C’est qu’ils ont une grande gueule ! La semaine à l’atelier.
Et leurs silhouettes mortes
Dissoutes par la pluie
S’enfoncent dans le décor
Aux courbes d’une vie.
Re: Dimanches
C'est précis, économe comme un couteau à éplucher les vies.
Douloureux comme un cancer.
Il y a une mise en place de nature (déjà ?) morte
(ici le lièvre, là les citrons, par là le poisson....)
et ces deux vers,
Confins de vieux hivers
Dimanches après midi
Ca tombe comme un robinet qui fuit merveilleusement.
Orfèvre, va...
Pourquoi renaclerais-je sur le coloré comme faisans ?
Un peu pourtant. Pas pour la répétition, il y a assez de synonymes à colorés.
L'absence d'article, je pense.
Le jacquard, qui jacasse à l'oreille après les cancannes,
et les faisans m'allaient pourtant bien.
Les corrections de la deuxième version ne m'apportent, ni ne m'enlèvent.
Grand plaisir à le (re)lire.
Douloureux comme un cancer.
Il y a une mise en place de nature (déjà ?) morte
(ici le lièvre, là les citrons, par là le poisson....)
et ces deux vers,
Confins de vieux hivers
Dimanches après midi
Ca tombe comme un robinet qui fuit merveilleusement.
Orfèvre, va...
Pourquoi renaclerais-je sur le coloré comme faisans ?
Un peu pourtant. Pas pour la répétition, il y a assez de synonymes à colorés.
L'absence d'article, je pense.
Le jacquard, qui jacasse à l'oreille après les cancannes,
et les faisans m'allaient pourtant bien.
Les corrections de la deuxième version ne m'apportent, ni ne m'enlèvent.
Grand plaisir à le (re)lire.
Ariel- Nombre de messages : 160
Age : 68
Localisation : Finistère, ascendant CévennE
Date d'inscription : 03/10/2011
ces petites touches de vie
la deuxième version est meilleure.......
Loic, notre Atget avec un stylo
bien à toi
Loic, notre Atget avec un stylo
bien à toi
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Dimanches
J'adore!
ellastique- Nombre de messages : 45
Age : 36
Localisation : Variable
Date d'inscription : 08/09/2011
Re: Dimanches
Ce texte de Loïc m'avait échappé, il me rattrape. Oui Loïc peint, avec des mots. Sa touche est à lui, rien qu'à lui, et pourtant nous atteint. Parce qu'elle pose de la lumière sur des ombres, sur des enfuis, sur les rouilles de la modernité.
Mais bon sang que je défendrais la "Route". Au bourg ce serait la Grand'rue, au village c'est la route. Le tracé royal pour la poste et les diligences. Lors, on abandonne le chemin des cheminots pour la route, pour le grand ruban, bientôt asphalté par Mc Adam, le ruban de la grandeur. On fait comme nobles et bourgeois qui l'empruntent en voiture attelée, mais les petites gens se contentent de la suivre à pied, se garant lorsque s'annonce l'attelage. Bon voyage M. Dumollet... La route est par définition plus grande que le chemin, plus reliante que la rue. Elle est grandeur. Et se grandissent à elle les petites gens .
Mais bon sang que je défendrais la "Route". Au bourg ce serait la Grand'rue, au village c'est la route. Le tracé royal pour la poste et les diligences. Lors, on abandonne le chemin des cheminots pour la route, pour le grand ruban, bientôt asphalté par Mc Adam, le ruban de la grandeur. On fait comme nobles et bourgeois qui l'empruntent en voiture attelée, mais les petites gens se contentent de la suivre à pied, se garant lorsque s'annonce l'attelage. Bon voyage M. Dumollet... La route est par définition plus grande que le chemin, plus reliante que la rue. Elle est grandeur. Et se grandissent à elle les petites gens .
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