L'éléphant et le papillon (Les faux amours)

[lol47]

Le long jour n’en finit plus jusqu’à se confondre avec la nuit. Un adverbe qui meurt, c’est la révélation de l’amour, a dit le poète.
Apportez-moi des secondes, des minutes et des heures, j’en ferai des horizons d’avenir, des liens sans compromissions, des cœurs pour deux.
Sans retenue de l’imagination, il y a encore de telles choses à dire, à respirer… Songe d'une nuit crasse vouée au mélodrame.

Toute prophétie est bonne à saisir même en bord de rive, là où la mort et son visage boueux attendent, supérieurs.
Jacqueline ça l’agace. Ca l’agace tout ça. De m’entendre rire. Pure provocation. Je ne me suis jamais caché de mon goût pour le faisandage .
Le genre humain. Il y a longtemps qu’il m’a quitté et qu’il ne s’invite plus à ma table.
La seule sincérité de l’homme, c’est son érection.

En cela, la vieillesse a ceci de supérieur à la jeunesse, il ne lui reste pas à prouver. A s’éprouver, s’époumoner afin d’apparaître.
Pour différentes raisons, bonnes ou mauvaises, l’appréhension de devenir vieux ne m’a jamais effleuré.
J’ai toujours voulu être vieux.
Un vieil éléphant qui occuperait son temps à la chasse aux papillons.
L’amour est un organisme vivant qui prend du poids, maigrit, puis reprend du poids, une rengaine domestique, à laquelle se mélangent le soufre et le plomb.
Fétichisme prévisible. J’ai dit ça à Jacqueline.

Ses yeux de mouche, sa bouche sentent le mauvais cambouis. Affectée comme une acrobate en perdition.
Jacqueline, je crois qu’elle ne sera jamais rigolote. Ou alors si, un jour les pieds devant.
Je la porterai jusqu’à sa dernière demeure, une scène encombrée, naphtaline et brillantine seront présentes, comparses de son dernier voyage.
Et l’éléphant dira au revoir au papillon.
Allez ouste !!!
Et mes yeux diront bon vent à son doux patrimoine fessier.

Nos vies aux enchères, c’est ça l’existence , un jeu de ballon pour s’occuper les mains, deux ou trois mots d’amour jetés en catastrophe, un billet de mauvaise humeur qui s’éternise. L’impression d’un pari trop difficile, truqué et vulgaire.
L’autorité de l’œil du monde. Elle nous lie, nous épie, nous considère comme des hommes-varices. Une salade de museaux plus loin…plouf, plouf !
Échancrure de virtuosité, elle nous massacre à sa guise. Dantesque, avais-je dit à Jacqueline.

Les langues informelles quittent le terre-plein prêtes à se mettre en branle.
Caisse-enregistreuse de la parole: salut Jacqueline ! Ta morale ne dépassait pas le bout de tes seins. c'était ta minute ethnographique.Calembour anonyme, femme phallique, papillon obscène.
Ce sera beau et triste à pleurer ce soir à la maison, je prendrai par le boulevard pour revenir, mon fusil chargé sur l’épaule et mes décorations. Au pas d'éléphant, mimant la vie tout au plaisir de sa perte.


La complaisance est une ambition médiocre et parfois, on le paie cher. Péché à crédit.

[Janis]

C'est bon, ça !

(j'y reviendrai, j'ai pas le temps, mais c'est bon à lire !)

[elea]

J’ai beaucoup aimé, à la fois le rythme, la manière de dire tout en non-dits et le fond.

À la première lecture je me suis laissée bercer par les mots, les images. Avec une impression de bout-à-bout pas désagréable mais un peu déconcertante.
À la seconde j’ai aimé comprendre entre les lignes, m’attacher à ce que ce texte dit, le décortiquer un peu, presque le décrypter.
J’ai adhéré aux deux, j'aime bien qu'un texte ne soit pas accessible de suite et permette plusieurs niveaux de lecture.
Merci.

[Sahkti]

Apportez-moi des secondes, des minutes et des heures, j’en ferai des horizons d’avenir
Ha oui...

Un personnage se dessine au fil des lignes, se mêlant à des impressions de vie, parfois péremptoires certes mais souvent bien senties et Jacqueline déambule parce que... que faire d'autre finalement ? Assez bien vu.

[Invité]

Je suis un tout petit peu à côté, Lol, j'ai eu l'impression de voir les coutures.
Il y a des trucs qui me plaisent mais.
J'y reviendrai, parce que ça m'étonne !

[Invité]

Une mise bout à bout, qui, même à la deuxième lecture, n'a pas disparu. Dommage, car il y a de belles et bonnes choses, mais le tout manque de liant. Huile, oeuf, moutarde et vinaigre mis à côte à côte ne font pas une mayonnaise.

[Invité]

Impression aussi de pensées jetées bout à bout, pourtant c'est vrai qu'en relisant, le personnage de Jacqueline est très présent, elle est le vrai fil de cette réflexion.
Tout cela reste quand même très abstrait, et tient le lecteur en-dehors, je ne suis pas arrivée à me sentir impliquée. J'aurais peut-être souhaité des changements de ton, de rythme, des images fortes comme tu sais le faire. Là j'ai le sentiment d'une trop grand neutralité et que le texte ne décolle pas vraiment.

Une petite faute de goût ici, avec la répétition très proche des démonstratifs :
"En cela, la vieillesse a ceci de supérieur "

[Contenu sponsorisé]