Panique à l'atelier

[Phylisse]

Un jour tu m'as ouvert ta porte, et à pas de vie je suis entrée dans ton atelier.

Penchée sur l'établi, j'ai attrapé le rabot, lissé une planche, et j'ai posé dessus notre puzzle. Mais il manquait des morceaux. Tu m'as offert alors un air de rap (qui valait pas un clou, mais j'ai rien dit, j'suis pas complètement marteau), et puis tu t'es mis à danser entre mandrins et maillets.

C'est là que tes chevilles ont commencé à enfler, et c'est aussi à cet instant que je me suis cognée en voulant attraper la guimbarde*.

Tout est parti en vrille !

J'ai renversé la boîte à outils... Y avait des fraises sur le plancher, un chinois dans un coin, un pied de biche dans la pince crocodile, un valet* sur une pointe... On a fini complètement d'équerre et on s'est dit qu'un tour en forêt nous ferait le plus grand bien.

T'as pris la clé, j'ai pris la mollette, t'as déroulé le fil, j'ai mis du plomb sous ton aile, et on a filé à l'anglaise.

J'en pince pour toi, Monseigneur, mais tu le sais déjà.

* La guimbarde est également un petit rabot de menuisier pour aplanir le fond des creux dans les moulures.
* Le valet est un outil coudé pour maintenir le bois sur l'établi

[Invité]

Quel plaisir de pousser la porte et de suivre les conciliabules de tous ces outils. Bien tourné!

[Invité]

De la belle ouvrage.
Tu pourrais la rimailler sur du papier de vers.

[Invité]

Le risque avec ce genre d'exercice c'est que ça devienne "trop", surtout condensé en si petit format.
Or ici, rien de tout ça, je trouve un air espiègle à ce texte, quelque chose de frais, de léger, pétillant. Et en plus il y a un fil directeur, je veux dire que l'exercice n'est pas gratuit.

J'ai juste eu une hésitation ici : "C'est là que tes chevilles ont commencé à enfler," où j'ai pensé que l'histoire tournerait peut-être autrement.

Juste pour le plaisir, ça me rappelle cet ancien poème de Sentimentic : http://www.vosecrits.com/t5361-la-punition-de-leonard-petit-divertissement

[Invité]

Elle a beau aimer les hommes bien outillés, elle arrive quand même à écrire un trusquin, je veux dire un truc sain, bien sûr.
Y aurait-il quelques contrepets subtilement planqués derrière la servante d'atelier ?
Si c'est le cas on n'a pas fini d'être sciés !!!

[Phylisse]

Un belle chute sur ce poème, Easter, merci du partage.

Aseptans, pas de contrepet à ma connaissance. En revanche le titre, une fois publié sur le forum, m'est apparu un brin évocateur, ce qui n'était pas volontaire.

Je craignais de n'être pas à niveau ou de m'y être prise comme un manche :-)

Merci à tous d'avoir apprécié ce petit exercice.

[Rebecca]

ben je vais pas dire mieux qu'Easter : frais léger pétillant mutin une petite écharpée belle

[Janis]

ah oui, coquin et enjoué, et j'aime beaucoup la dernière phrase.
Comme easter, les chevilles qui enflent m'ont un peu perturbée
juste le temps de le lire et hop j'étais emportée par le charme de la suite

[Invité]

Un bon moment de lecture mutine (certes trop bref, mais il ne manque pas de morceaux).

[Invité]

Comme dirait Janis : mon haleine présenterait-elle des traces aillées qui la rendrait difficilement indiscernable ? :-)))

[Sahkti]

Les deux précisions de vocabulaire, à la fin, me paraissent superflues. Tant qu'à jouer la carte du presque too much dans ce genre d'exercice en glissant un maximum de mots thématiques, autant laisser le lecteur dans la magie du sens (et puis y a google si jamais...) et ne pas briser la musicalité du rythme par ce type de détails.
Ceci mis à part (mais j'avoue que ça a a tempéré mon ardeur), j'ai apprécié la rondeur de l'ensemble, sa vivacité, même si dans un tel format, le risque est grand de voir l'effet trop prononcé, comme l'a souligné easter (et perso, je ne le trouve pas complètement écarté ce risque mais le texte en lui-même demeure tout de même pas mal plaisant).

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